•aroîüre plutôt une partie de la corniche du piédef-
t a l , aucune partie de la bafe de la colonne.
L e feptième Abus eft de faire ce qu’on appelle
une corniche architravée , en confondant l’architrave
Se la frife avec la corniche 3 cela fe fait lors qu’on
n’a pas alfez.de place pour un entablement complet 3
l'Abu s confifte en ce qu’on veut faire palier pour
un ordre , ce qui ne i’eft point 3 car il vaudroit
mieux ne point faire d’ordre , Se fupprimer les colonnes
& les pilaftres.
Le huitième Abus eft d’interrompre l’entablement
d’un ordre , & de^ faire aller la corniche du fronton
, de manière qu’elle monte au-delfus d’une colonne
, d’un pilaftre , ou d’un pied d ro it , vis-à-vis
duquel l’entablement eft interrompu , pour rede(cendre
fur l’autre endroit où l’entablement recommence ,
fans qu’il y ait d’architrave, de frife ni de corniche
qui traverfe au-delTous.
Il y a encore d’autres Abus de moindre importance
, comme de faire profiler des impolies contre
des colonnes 5 de faire qu’elles ayent plus de faillie,
que le pilaftre contre lequel elles fe profilent, comme
à S.-Pierre de Rome 5 de faire que la comiche du
haut d’un étage', ferve d’appui à une terrafie , ou
aux fenêtres d’un autre étage qui eft au-delfus 5 de
continuer la plate-bande de l’appui des fenêtres, de
manière qu’elle falfe une ceinture au bâtiment 3 de
recouper les coins des chambranles , & leur faire
des efpèces d’oreillons 5 de mettre aux côtés des portes
& des fenêtres, fous les corniches qui les~couvrent,
des confoles qui ne foutiennent point ces corniches ,
n’y ayant point de raifoiv de vouloir que ce qui eft
fait pour foutenir , ne foutienne rien j de placer des
frontons dans le fens oppofé à la direélion-du to it,
comme cela fe voit dans une infinité d’hôtels à Paris ,
oit le fronton qui n’y eft que de pure décoration ,
.contredit toutes les idées de vraifemblance, & choque
autant l’oeil que la raifon j d’orner extérieurement
de plufieurs ordres , qui fuppofent plufieurs étages ,
des édifices tels que nos temples qui ne comportent
qu’un rez-de-chauflé 3 de mettre des baluftres qui
luppofent une terrafie aux couronnemens des édifices,
dont le toit eft apparent 5 de placer des frontons ,
qui font l’indication d’un toit , dans les endroits
couverts, Se dans des intérieurs qu’on ne peut point
fuppofer ouverts ; d’infcrire plufieurs frontons l’un
dans l’autre , comme on le voit au pavillon des
Caryatides dans la cour du Louvre.
L a différence entre les Abus Sc les vices , confifte
en ce que ces derniers dénaturent les parties de
VArchitecture, ou dégradent les principes , & que
les premiers ne fo n t . que les ' confondre , en mécon-
noilfant leur efprit. Mais les plus grands v ice s ,
naifieht des plus légers Abus.
A B Y D O S , ancienne ville d’Egypte 5 elle é to it ,
félon Pline , au-deflbus de Diofpolis & de T.entyris , •
en defcendant le Nil vers le D elta , à fept-mille cinq-
cents pas de ce fleuve en tirant vers la Lybie 3 elle
étoit remarquable par le temple d’O fir is , & le palais
de Memnon. Strabon dit que ce palais étoit
merveilleufement bâti 5 qu’il y avoit une fource dans
un lieu profond , où l’on defcendoit par un efcalier
en limaçon, dont les pierres étoient remarquable#
par leur grandeur & leur arrangement. Paul Lucas f
a vu plufieurs belles colonnes d on t, la plupart font
encore fur pied , & qui fervent d’appui à quelque#
maifons bâties .de terre ; il y a vu à chaque , pas
des colonnes renverfées, avec leurs chapiteaux d'un
beau granit, & les reftes précieux d’un temple où
l’on a pratiqué quelques boutiques d’artifans. L a
plupart des pierres qui fervoient.. à. cet édifice ,
font remplies de figures en bas -relief, où l’on distingue
encore cèlles d’Ofiris , d’Anûbis & des autres
divinités de l’E g yp te , fans parler d’un grand nombre
d’hiéroglyphes.
A C A D É M IC IE N , f. m. membre d’une fociété
qui a le nom d’A cadémie, & pour objet les arts »
les fciences ou les belles-lettres , &e. à l’avancement
& perfection defquels elle eft deftinée.
A C A D E M IE , c’étoit à Athènes ùn ja rdin, ou
une maifon fituée dans le Céramique, un des faux-
bourgs de cette ville qui ën étoit éloigné d’environ
un mille. Les philofopnes s’y alfembloient. Le nom
à' Académie fut donné à cette maifon ou ja rdin, à
càufe d’un certain A cadémus, citoyen d’Athènes qui
en ét-oit pofieflèur, & qui enfitpréfent aux philofophes
pour s’y rafiembler. C e mot Académie , fe; prend
ordinairement pour une fociété de fçav.ans. Sous une
autre acception, c’eft un lieu compofé fie plufieurs
falles- , où s’afiemblent des fçavans , des gens de
lettres & dtalitres perfonnes qui font profëflion d’art.s
libéraux.
. A C A D ÉM IE R O Y A L E D ’A R C H IT E C T U R E
( 1’ ) 3 elle fut établie en 1671 , par les foins du
grand Colbert. D ’abord elle étoit compofée d’A r-
chiteéles célébrés , d’un profefleur, & d’un fecré-
taire. On devoit toujours choifir ces derniers parmi
les ArchiteCles du roi. Pour être académicien, il
falloit obtenir des brevets. Louis X V . confirma par
lettres-patentes du mois de Février 1 7 1 7 , cette
Académie dont il fe déclara le protecteur. On lui donna
pour lors de nouveaux réglemens , qui portent qu’elle
doit recevoir les ordres du roi , par le .directeur général
des bâtimens 3 & qu’elle doit être compofée
de fieux clafles de feize académiciens chacune 5
dans la première clafie font compris, un profefleur
& un fecrétaire perpétuel : celui-ci eft à la nomination
du directeur général des bâtimens 3 les académiciens
de cette clafie ne peuvent point faire les
fondions d’entrepreneur 3 ceux de la fécondé peuvent
entreprendre dans les bâtimens du roi feulement.
Lors qu’une place eft vacante dans la première ,
l’Académie élit , à la pluralité des v o ix , trois fujets
de la fécondé , parmi lefquels le roi en choifit un 3
l’Académie élit de même trois fujets pour remplir
les places de la fécondé clafie 3 & , le roi en nomme
un des trois. I l y a, deux clajjes a honnoruïre s ajfociés
libres.
On compte fencore dans cette Académie douze
aflociés correfpondants , dont neuf réfident dans les
pays étrangers, & trois dans le royaume à cinquante
lieues au moins de diftance de la capitale. Les officiers
des bâtimens du r o i , fçavoir : les intendants, les
contrôleurs-généraux , &c. ont féance aux aflemblées
de l’Académie , quoiqu’ils ne foient pas Architectes.
Le premier Architecte du roi eft directeur de l'Académie
5 il y a deux profefteurs dont l’un enfeigne l’Architecture
, l ’autre la géométrie ou le toifé , la coupe,
la méchanique, Sec. On diftribue tous les an s, à la
S .-L o u is , deux médailles aux élèves 5 la première
qui eft d’o r , donne droit d’être penfionaire à Y A -
cadémie de Rome. M. J. F. Blondel connu par fou
zèle pour les progrès de l ’Architecture , avoit obtenu
du feû roi , par l’entremife de M. le marquis de
Marigni, q u e , pour avoir droit de concourir aux
grands p r ix , les . élèves dévoient remporter auparavant
, quelques uns .des petits prix jaonfiftant en
médailles d’argent , qu’on diftribue tous les mois.
L ’Académie d’Achitedure tient fes féances tous les
lundis , depuis trois heures jufqu’à cinq , au Louvre,
dans un fallon de l’appartement de la reine.
A C A D E M IE , c’eft encore le nom d’un lie u ,,
compofé de logemens , de falles & manège où l’on
apprend à monter à ch ev a l, & les autres exercices
du corps : Vitruve appelle ce lieu Ephcebeum, du
mot Ephcebus , jeune garçon.
A C A D É M IQ U E , qui appartient à l’Académie ,
fb dit afiez fou vent du goût & du ftyle que les
étudians contractent dans les écoles , & qu'on a vu
bien des fois s'éloigner des vrais, principes de l’a r t ,
& de la marche de la nature. C e goût ou ce ftyle de
convention qu’on appelle Académique, pour l’oppofer
à celui de la nature , eft ordinairement le fruit de
•la routine , de l ’exemple, Sc de l’efprit d’imitation
aveugle , qui s’empare des jeunes g ens, & qui leur
fait préférer les modèles des artiftes vivans, a ceux
de l’antiquité Se des grands maîtres. Il proyient de
l’habitude de fe comparer à tout ce qui nous entoure ,
de l’émulation même qui refsèrê fouvent l’ambition
dans le cercle étroit de la jaloufie. Il eft aufli l’effet
de cet efprit de corps , qui vient à bout de mettre
tout au même niveau , Sc qui préfère , à l’audace du
"g én ie , l’indulgence de la médiocrité.
A C A N T H E , f. f. ce mot eft le nom d’une plante,
Sc par conféquent n’eft pas un terme d’Architeéfcure 3
mais il appartient à ' cet Art par l’application
qu’on a faite de cette efpèce de plante aux or-
nemens de l’Architecture, & fur-tout à la décoration
du chapiteau Corinthien.
On diftingue deux fortes d'Acanthes , l’une fau-
yage Sc l’autre cultivée. 5 là première s’appelle en
grec Acantha , qui lignifie épine 5 on la diftingue
de l’autre par fes feuilles plus finement découpées,
& dont chaque fegment fe termine par un piquant
afiez roide Si fort aigu : le verd en eft aulfi plus
obfcur 3 les fculpteurs gothiques ont copié dans leurs
ornemens l'Acanthe épineufej comme on le voit à
plufieurs Eglifes. %
L a fécondé efpèce eft appeilée, en latin , Branca
l/rfina , parce qu’on prétend qu’elle refiemble ait
pied d’un ours 5 fes feuilles font larges , lifies, découpées
afiez profondément en plufieurs fegmens qui
font encore découpés en de plus-petits lobes charnus*
d’un verd ob fcur, luifant en deffus, & plus pâle en
deffous. Entre fes feuilles s’élève une tige haute de
trois ou quatre pieds, de la grofièur du do ig t, gar-*
nie, vers fa partie moyenne, de quelques petites
feuilles au-defiiis, defquelles s’élève un bel épi de
fleurs très-piquant. Sur les côtes de Barbarie cette
plante fert de haie aux jardins. Cette dernière efpèce,
bien différente de la première que la culture ne
change pas , eft celle qui fut appliquée, fuivant la
tradition des Grecs,, par le fculpteur Callimaqu©
{.Voyez C allimaque) à la décoration du chapiteau
Corinthien, {Voyeq C orinthiên) auquel on em--
ployoit auparavant la feuille de l’olive ou celle du
laurier.
T o u t le monde connoît l’aventure d e là corbeille
recouverte d’une tuile placée fur le tombeau d’une
jeune f ille , Sc le hazard heureux qui donna lieu à
la compofition du chapiteau connu fous le nom d#
Corinthien. On a voulu ranger cette hiftoire au
nombre des fables inventées à plaifir par la vanité
Grecque, pour s’approprier des découvertes étrangères.
Mais il faut diftinguer, dans, le chapiteau C o rinthien,
deux chofes fort différentes & très-indépendantes
l’une de l’autre : fa forme & fa décora-i
tion. Quant à la forme, il eft certain que le chapiteau
Corinthien exiftoit :Jong-temps avant C a i-
limaque, & que les'Grecs l’empruntèrent de l’Egypte.
( Voyeçchap. C orinthien) L ’idée de fa décoration
paroît également imitée des Egyptiens, qui environ-
noient ce chapiteau de' feuilles Sc de plantes facrées.
{Voyez A rch. Egypt. ) Mais rien n’empêche que.
Callimaque ait du , à la rencontre de la corbeille,
l’idée de fubftituer l'Acanthe aux autres plantes ou
feuilles en ufage avant lui dans l’Egypte & dans la
Grèce} Se que rarrangement fortuit de cette Acanthe
ne lui ait fuggéré cet ordre Sc cette difpofition de.
feuilles dont f ufage femble avoir fait depuis une loi
pour ce chapiteau. Cependant la très-grande variété
qu’on obferve chez les anciens dans la décoration du
chapiteau Corinthien, prouve afiez que fa forme ou
fon type fut toujours indépendant de l'ornement ac-
cefibir que la religion, 1 allégorie & le goût des
fculpteurs furent y appliquer de tant de manières differentes
3 & , par .confequent, Callimaque peut avoir
été l’inventeur du chapiteau à feuilles d’ Acanthe,
fan# qu’on puiffe , ni qu’on doive lui attribuer, 'quant
à la forme & quant à l’eflence, l’invention entière du
chapiteau connu fous le nom de Corinthien. Voyez
chap. C orinthien.
A C H E M IN , ville de la haute Egypte , fituée fur
une petite hauteur, diftante d’u n ■ nulle à l ’orient du