
ïïionie avec le refte, ou plutôt elle opère une discordance
fenfible & choquante.
» Dans d’autres églifes on a élevé les colonnes
ou pilaftres fur un focle allez haut pour atteindre
à la hauteur des ftales. C’eft ainfi que la chofe eft
exécutée à Saint-Sulpice & à Saint - Roch. Cette
difpofition, moins défeâueufe que laprécédente,
l’eu pourtant encore trop. Ne fait-on pas que rien
ne diminue tant l’effet d’une ordonnance d'architecture
-, que ces grands focles fur lefquels elle fe
trouve guindée ?
»Dans le plan de la nouvelle églife. de Sainte-
Geneviève , l’incommodité des Raies a obligé d’élever
les collatéraux de plufieurs marches au-deffus
du pavé de la nef. Cette élévation rend les communications
plus difficiles , & eft Sujette à plus d’un-
inconvénient , fur-tout dans les jours de foule.
Mais il falloit dans le choeur un efpace où l’on
pût mettre des Raies fans mafquer la bafe des
colonnes ; cette néceffité embarraflante eft le motif
qui a fait hafarder ime élévation fi bifarre. Ainfi,
pour éviter un abus on eft tombé dans un autre.
» L’attachement qu’on a pour les anciens ufages
empêchera peut-être qu’on renonce jamais à la
gothique, idée des ftales , quoiqu’elles Aillent un
très-mauvais effet dans nos églifes que leurs
formes foient dépourvues de tout agrément. Puif-
qu’on ne peut s’en palier, je voudrois du moins
qu’on évitât de les plaquer contre les colonnes des
collatéraux. On pourroit dans le centre de la croifée,
çonftruire un choeur parfaitement ifolé , & placer
l’autel au milieu de ce choeur. On fatisferoit alors
facilement à la bienféance , qui veut, que comme
'l ’cglife entière eft éleyée de plufieurs marches au-
deffus du niveau de la rue, le choeur foit élevé de
plufieurs marches' àu-dêfïùs du pavé de l’églife, &
que par la fuite de cette gradation le fanâuaire
s’élève de plufieurs marches au-deffus du pavé du
choeur ».
Dans une églife en croix il feroit facile de donner
au point central de la croifée toute la largeur
delà nef & des deux collatéraux. Alors on auroit
un très-grand efpace quarré , autour duquel on cir-
culeroit. Cette difpofition laifferoit la facilité de
faire porter tontes les bafes des colonnes à erud fur
le pavé. Le fpe&acle des cérémonies feroit vu
commodément de toute part, & l’autel libre &
ifolé pourroit recevoir les plus belles formes. ( V'g§m
Autel. )
Il réfulte de tout ce qu’on a dit & des plus
beaux exemples qu’on peut citer , que la difpofition
& la décoration des choeurs, fource de tant d’inventions
plus bifarres les unes que les autres, peuvent
fe ramener à deux points bien fimples &
fixés par le lieu qu’occupe l’autel, félon les deux
méthodes principales de çonftruire les églifes. Si
Je temple eft en croix, le lieu de l’autel eft indubitablement
le point central de la croifée ; c’eft-là
que doit être le choeur, & fon enceinte ne fauroit
être mieux formée que celle qu’on admire à l’églife 1
& fous la coupole de Sainte-Marie-des-FIeurs li
Florence. Si l’églife n’a qu’une nef, c’eft dans le
fond & dans l’hémicycle qui la termine , comme
dans les bafiliques, que doivent fe trouver les
fièges des prêtres, qui conftituent ce qu’on appelle
le choeur.
CHRYSÈS, archite&e , naquit à Alexandrie. Il
fe rendit célèbre par l’invention de plufieurs machines
, & fut employé par Juftinien quelques
années avant Anthémius & Ifidore. Il l’envoya à
Dura ou Anajlafiopolis , ville de Méfopotamie ,
très-importante alors par la réfidence du général
de cette province , & parce qu’elle étoit en face
-de Nifibe , qui appartenoit aux Perfes.
Le petit fleuve Corde qui baignoit les murs de
Dura, les franchiffoit fouvent par fes crues, &
inondoit la ville. Chryfès la délivra de ce fléau. Il
remplit l’intervalle des rochers qui -laifloient ce
fleuve s’échapper de toutes parts , & oppofant à
l’impêtuofité de fon cours une vafte digue , ou
plutôt peut-être une conftruétion femblable à celle
que nous appelions éclufe , il le força à s’écouler
avec tranquillité, & à ne plus nuire à la cité qui
dêfendoit fes bords.
Un tel fuccès procura d’autres entfeprifes à Chryfès.
Il paroît qu’il fortifia plufieurs villes & particuliérement
Amida, capitale d’un pays de ce nom,
annexé à la Méfopotamie.
On ignore l’année de la naiffance de Chryfès,
ainfi que celle de fa mort.
CHRYSOLITHE , f. f. de or » & de
à/Ôos\, pierre : nom générique donné par les anciens à
toutes les pierres de couleur, où dominoit fur-tout
celle de l’or.
La chryfolithe ne tient à l’architeâure que
parce qu’elle fut fréquemment employée à la décoration
de plufieurs édifices, principalement de ceux
conftruits depuis la tranflation du trône impérial.
Le commerce indifpenfable qu’on avoit alors avec les
Orientaux la rendit très-commune, & le luxe la
prodigua d’autant plus, que le goût étoit devenu
plus rare.
La véritable chryfolithe eft de couleur d’or
mêlée de vert ; elle eft tranfparente & d’un beau feu.
CHYRISOPHUS , architeéle & ftatuaire. Il
quitta l’île de Crète , fa patrie , & vint à Tégée en
Arcadie , exercer les arts qu’il profeflbit. Il éleva
dans cette ville un autel à Proferpine, deux temples
à Bacchus, & un à Apollon, dont il fit une ftatue
dorée.
On ne fait ni en quel temps parut Chyrifophus ,
ni quels maîtres l’inftruifirent ; mais on ne peut
douter de fon habileté , puifque les Tégéates lui
érigèrent une ftatue à coté de celle d’Apollon ,
fon ouvrage.
CH U T E , f. f . , raccordement de plufieurs.ter-»
reins inégaux, pour qu’on puifle aifément. fe tranf*
porter des uns aux autres. Il fe fait par des talus,
glacis, ou perrons. ( Voye^ ces mots. )
Chute d’eau , pente ou égout dhm toit : '
pente d’une conduite depuis le réfervoir jufqu’au
je t , qui, ordinairement, eft au centre d’un baffin.
( Voyei Cascade). ■
Chute de festons , d’ornemens , &c. Ce font
des bouquets pendans, compofés de fleurs, de fruits,
& de divers feuillages. On les placé dans des pa-
neauxr, ou fur des montans qu’on ne multiplie
fouvent que pour les recevoir. Elles appartiennent
à la décoration ; mais comme elles ne font que
des guirlandes qui ont changé de nom relativement
à la manière dont on les emploie, nous parlerons
à l’article de ces dernières, de l’abus qu’on
a fait des unes & des autres, & de l’ufage qu’on
en doit faire.
CIBO IR E, f. m. édifice ifolé, compofé d’une
Voûte d’ogive portée fur quatre colonnes, & ouverte
par quatre arcades.
Ce nom étoit d’abord celui d’une certaine fève
d’Egypte. De la fè v e , il pàffa à la gouffe qui la
renfèrmoit. Celle-ci fervit de coupe dans les fef-
/’tins, & bientôt elle donna fon nom à toutes les
autres coupes ; enfin elle étoit faite en cône : la
voûte dont nous parlons préfentoit cette forme.,
& on l’appella ciboire.
Quelques-uns cependant font venir ce mot de
K'i(èa'ç, KiQcûto? , arche, coffre. Cette origine paroît
mieux convenir aux premiers chrétiens, qui ont fi
fouvent employé le ciboire. En effet, celui-ci cou- !
vrant l’autel oc les cnofes faintes, étoit pour eux
ce que l’arche avoit été pour les Hébreux. Le nom
de ciboire que nous donnons à la coupe qui contient
les hofties confacrées , ne prouve point contre '
cette dernière étymologie ; car dans le temps où
l’édifice ciboire étoit d’un ufage univerfel, on ren-
fermoit les hofties dans une colombe d’argent ou
une tour d’ivoire, que l’on fulpendoit à fa voûte ;
mais c e q u i , félon nous, la confirme encore ,
c’eft qu’on appelloit ciboire l’autel qui contenoit
dans fon fein le corps d’un martyr, ou qui étoit
Amplement érigé au-deffus de fa fépulture c’eft
•qu’enfin on appelle encore en Italie, ‘ciborio , tout
tabernacle entièrement ifolé : ainfi nous croirons
donc avec Paulin, que l’idée de l’arche donna aux
chrétiens celle du ciboire. Area teflaménti ad inf-
tar chrifiiani ciborium, àdinvenere. L. II. Epig. 2. ;
On élevoit les ciboires fur les autels & les tombeaux
; quelquefois,il y en avoit plufieurs dans les
églifes, mais le plus fouvent il n’y en avoit qu’un
feu l, qui accompagnoit toujours le grand autel,
& l’efpace qu’il occupoit s’appelloit le faint des
faints, fariSlai fan&orum.
Il paroît que ces édifices avoient tous à-peu-
près la même forme ; mais la plupart ne pouvoient
devoir leurs ornemens qu’à la libéralité des princes.
Le plus magnifique qui ait éxifté, eft. fans doute
celui que Juftinien fit çonftruire dans Sainte-Sophie
après avoir rebâti ce temple, la douzième année
de fon règne. Sur quatre grandes colonnes de ver-
mejj. s’élevoit une voûte d’argent, au fommet de
laquelle étoit un globe, d’or maffif, du poids de
cent dix-huit livres. Des lys d’or environnoient
ce globe, & s’uniffoient en grouppes ou retomboient
en feftons. Ils pefoient enfemble cent feize livres,
& du milieu d’eux fortoit une croix de foixanto
& quinze livres du même métal, 8c toute étincelante
des pierreries les plus rares & les plus
précieufes.
Souvent aufli les ciboires étoient ornés de
ftatues & de peintures. Les ftatues étoient placées
fur les arcs des voûtes, & les peintures ornoienf
les rideaux qui, entre les colonnes, tomboient de
ces voûtes jufques fur le fo l, 8c ne s’ouvroient que'
dans quelques momens de la célébration des mystères.
Cependant tous les ciboires n’étaloient pas la même
magnificence, & dans beaucoup d’églifes on en
voyoit qui n’étoient compofés que de quatre colonnes
de cuivre , ayant des pentes & des rideaux
fort fimples , & quelquefois même ces colonnes
n’étoient que de marbre ou de pierres ordinaires.
On ne répétera pas ici ce que l’on a dit ailleurs
contre l’abus d’enfermer un édifice dans_.un-
autre ; fans doute que le ciboireétoit prefque
indifpenfable dans les temps où les rites prel-
crivoient l ’ufage des voiles, mais ces rits ayant
changé , le ciboire auroit dû difparoître comme
les voiles qu’il portoit ; cependant on l’a çonfervé,
rajeuni même fous le nom de baldaquin , 8c on
ne s’eft pas apperçu que, privé de fes rideaux, cet
édifice n’offroit plus rien que de vague & d’indéterminé
, & que, quelque élégant qu’il pût devenir,
il n’en feroit pas moins vicieux, puifqu’iî
feroit auffi complètement inutile.
Je renvoie à l’article B aldaquin (voye^ ce mot),
pour y voir le genre & le degré de conformité
que cette invention moderne a avec le ciboire ,
comme aufli pour fentir combien toutes les formes,
même celles qui tiennent aux ulages les plus religieux
, viennent à s’abâtardir lorfque le feul caprice
des ardftes peut en difpofer arbitrairement.
On eft fans doute bien éloigné de foupçonner
aujourd’hui que ces couronnemens bilarres, qui
n’ont plus même la forme d’un baldaquin, ont cependant
leur origine dans le ciboire tel qu’on l ’a
décrit. On pourra fe confoler du mauvais goût de
ces amortiffemens, s’il a pu fervir à défabufer les
yeux de ce vain étalage de richeffes mal émployées,
& s’il peut encore fervir à ramener nos autels à
cette noble fimplicité qui doit en être la plus belle
parure.
CICCIONE ( André). On ne connoît que l ’époque
de fa mort, qui arriva l ’an 1455.
Il fut le plus habile fculptepr 8c architecte Napolitain
qui foit forti de l’école de Mafiiccio fécond.
On lui attribue la conftruéfion du fameux
couvent & de l’églife du Mont- Olivet. Le beau
palais de Barthelemi de Capoue, prince délia Riccia,
près de Sainte-Blaife des Libraires à Naples, eft:
encore un de fes ouvrages. Ce fiit aiifli fur lès
Q q q q î