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*ion 8c l’ornement des balcons. Ils ne doivent jamais
être employées que comme accefloires de néceflité à
un batiment. L a (implicite dans la forme, & la folidité
même apparente dans la conftruétion , font les principes
qui doivent guider la compofition de ces objets
étrangers à la bonne architecture , & que le bon
goût profcrira fans doute un jou r , s'il peut jamais
prévaloir contre le bon ton.
B A L D A Q U IN , f. m. vient de l ’Italien Baldachino.
O n a donné ce nom à une efpèce de dais ou d’amor-
tiflement pofé fur des colonnes , comme celui de S .-
Pierre à R ome, ou fufpendu en l’a i r , comme étoit
celui de S.-Sulpice à Paris.
Le baldaquin, tel qu’on vient de le définir , eft
une invention moderne. Mais fon origine remonte
au x premiers fiècles de l’églife. On Voit qu’il a pris
la place des anciens ciboires , dont il emprunta la
forme & les ufages. Les ciboires font de petites coupoles
portées fur quatre colonnes. On en voit encore
a un grand nombre d’autels à Rome. Ils étoient
autrefois d’un ufage général & prefcrit par les rites
de l'églife. Sa.ntti Patres ut coelurn, qni fupra facram
menfam eminet, fornicern conficiunt, &c. D ’après ce
paflage, & d’autres autorités mal-entendues , quel-
2ues favans avoient imaginé que le ciborium étoit la
loupole ou le Dôme des églifes. Cependant le ciborium
, comme le prouve la fuite de ce paflage, étoit
loutenu par des colonnes, à quatuor columnis ejus
q uoi ciborium appellatur, Sec. ce qui ne peut convenir
aux Coupoles & aux Dômes. Le mot de ciborium
ne peut donc s’appliquer qu’à ces calottes en
forme de coupe renverfée , & qui donnèrent leur
nom à tout ce qui étoit fait pour les foutenir. Il
eft certain, d’après S. Grégoire de Tours , Paul le
Silentiaire , qui décrit le ciboire de S te Sophie de
Çonftantinople , & d’après ceux qu'on voit encore
en Italie , que ces petits édifices placés au-deflus de
l ’autel, élevés quelquefois à une très-grande hauteur,
n’étoient qu’une décoration intérieure & étrangère
au refte de l’églife. ( Voye^ C iboire. )
On voit d é jà , dans ces ciboires, le modèle général
des baldaquins > mais la forme de dais & de ces
pentes qui indiquent un ufage plus relatif à un lit
qu’à un. au te l,- trouve auflî fa fource dans les anciens
ciboires. Il paroît qu’anciennement des voiles ou des
rideaux attachés & fufpendus tout autour , cachoient
myftérieufement au peuple la vue de l’au te l, & ne
fe tiroient, ou ne fc relevoient que pendant le tems
des cérémonies. Delà l’idée du d a is, ou de cette
efpèce d ’ impérial, dont l’analogie rappelle toujours
l ’ufage ancien des rideaux.
L ’archite&ure moderne , en adoptant la forme des
b a ld a q u in s s’eft tellement éloignée par les cômpbr
(irions bizarres qu’elle en a f a i t e s d e la diïpcfition
des anciens ciboires , qü‘on a peine fouveiit à ÿ
retrouver l’origine que nous venons de leur donner.
Cependant on ne fauroit la méconnoîtjre dans ceux
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u’on voit à Rome, & qui n’ont pu s’éloigner trop
u genre & de la nature des modèles qui y exiftetu
encore.
Si l’on n’avoit aucun égard . à l’ancienneté de
l’ ufage , 8c aux idées religieufes qui y font attachées;
fi l’on ne confultoit que les règles du g oû t, peut-
être on feroit tenté de rejetter entièrement cette
méthode de décorer les autels. On eft forcé d'avouer
qu’elle eft puérile 8c mefquine dans les ciboires, fie
plus défe&ueufe encore dans les vaftes compofitions
qui en ont pris la place. L e plus beat! de tous les
baldaquins, & qu*on doit regarder comme le chef-
d’oeuvre de ce genre , celui ae S. Pierre à , Rome,
placé fous le Dôme de cette égüfe , n’eft qu’une
efpèce de pléonafme en architecture. L'oe il pouvoit-
il demander , au-deflus de l ’autel , rien de plus magnifique
que la vafte coupole deftinée a lui fervir
de couronnement. Mais le goût ne peut pas toujours
donner la lo i , fur-tout dans les édifices facrés. Il s’y
rencontre des ufages que le tems , l’habitude, lj
religion même ont autorifés , & auxquels l'art eft
obligé de fe conformer. De ce nombre eft , comme
on l’a vu , celui des ciboires r ou de ces petites
enceintes couronnées d’une coupole fous laquelle fe
trbuvoit placé l’autel. Il en exiftoit un femblable
dans l’ancienne Bafilique de S. Pierre. ( Grégoire de
Tours y comptoit cent colonnes de marbre, non
comprimes celles qui foutenoient le ciboire. ) Lors de
fa reconftruétion, l’on ne crut point devoir renoncer
à l’ufage du ciboire ; mais on s’occupa d’en aggran-
dir la Forme & de l’embellir de toutes les richefles
de l’art & de la matière. L e Bernin fut chargé de
cette entreprife. Il changea l’ancienne forme de coupe
en celle d’un dais , 8c c’eft à lui qu’on doit rapportée
l’invention du baldaquin proprement dit.
Le Bernin, dans la nouvelle compofition de ce
vafte ouvrage , crut devoir s’éloigner de la forme &
du goût des anciens ciboires , qui , compofés de
membres réguliers & de toutes les parties de l’ architecture
, prefentoient LafpeCt d’un petit édifice ifolé,
& fans rapport avec le refte de la conftruCfcion. Ce
f u t , fans doute . pour éviter l’invraifemblance d’ua
édifice renfermé dans un autre , qu’ il adopta le parti
d ’un dais. Il crut'qu’un objet de fà nature étranger
à l’architeCture, fupporteroit plus facilement toutes
les licences de la décoration > & toute la riche/fé
qu’on vouloir y étaler. H ' réfultoit delà un nouvel
inconvénient, En abandonnant tout parti relatif à lâ
conftruCtion , les côlonnçs & les'membres de l’en;
tablement.qu’ il employoit, fe trôuvojent peu d’accord
avec les formes arbitraires d’un dais , & ne dévoient
former qu’un çompofé d’objéts mal-aflbrtjs , nu|-
lement. faits pour s’allier enfémble,
Il fa llo ir1 tout l’efprit du Bernin pour- fentir les
nuances dé goût qui poüvolent opérer cette alliance.
On voit que cet' ingénieux* artifte' ÿ' appliqua toute
la finefle d e fentimenf dont la Nature l’a vo it doue,
fur-tout1 pour le genre irrégulier»-En mêlant dans cet
1 ouvrage
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ouvrage lès formes de LarchiteCturé , il n’adopta qtie
celles dont l’irrégularité -pouvoit offrir le contrafte le
moins frappant avec la nature de fa compofition. Il
y fit entrer l’ordre compofite en icdloilnes torfes'; il
y introduifit un amortiflement en forme de confoles
renverféeSr, Ç’eft-à-dire tout ce. q u i , fans ;êtré abfolu-
ment étranger à LarchiteCture , fe rapprochoit le plus
des formes analogues à un baldaquin. On fent qu’il
voulut y tenir un certain milieu entre les règles véritables
de L’a r t , & les excès bizarres de la fantaifie.
Èt, en cela , il paroît avoir mieux compris le caractère
de ce "genre don t il eft: l’inventeur , que tous ceu x
qui ;s’y font ' exercés après lu i , & qui font tombés
dans l’ûn des deux extrêmes. D ’après ce la, s’il eft vrai
que la nature d’un baldaquin ne comporte pas toute
l’àuftérité' dés règles-, fi le Bernin, vifiblement .conduit
par les raifons que nous avons rapportées , nous
a fait aflez: entendre q ue , dans, ce genre mixte 8c
équivoque, il chercha moins les principes de l’archi-
teÇhire., que ceux de l’harmonie qui convenoit à
cette efpèce d’invention , doit-on le juger avec une
févérité rigoureufe ? Qu ’on, rejette., fi l’on- v e u t ,
l’idée 4e baldaquin , mais, en l’admettant , il faudra
convenir qu’il étoit difficile d’imaginer un enfemble
plus magnifique , & un mélange plus harmonieux
& plus vraisemblable à la fo is , des formes de l’ar-
çhiteCture, 8c des caprices d e là décoration.
• Le- baldaquin de S.. Pierre eft le plus grand ouvrage,
de bronze qu’on connoifle. L e dais, ou le couronnement
eft porté fur quatre grandes colonnes torfes
compofites, qui pofent fur quatre piédeftaux de marbre
dont les dez font ornés de cartels. Les colonnes ont
des cannelures jufqu’au tiers ; le refte eft orné de
feuilles de laurier & de petits enfans. L ’exécution
de tous les détails de l’ornement & de l’architecture
y eft portée au plus haut degré de perfection. Quatre
grandes figures d’anges, debout fur les colonnes , accompagnent
fort bien le couronnement, qui termine la
mafle totale aufli heureufement que pouvoir le comporter
le genre adopté, Le plan de ce baldaquin eft.
carre, & l’autel fe trouve entre les deux piédeftaux
des deux premières colonnes.
La hauteur de ce monument eft de m pieds
depuis le pavé de l’églife jufqu’au fommet de la
croix ; favoir 11 pieds un quart pour le piédeftal, 48
un tiers pour les colonnes , - 1 1 pour l’entablement,
39 pour le couronnement, & n u n quart pour la
croix. On a fait fouvent la comparaison de fa hau-
teur avec celle du périftyle du Louvre ; on a répété
plufieurs fois que la melure en étoit la même ; mais
e fronton du Louvre n’ayant que 98 pieds de hauteur,
j.? ,, co*1fi;antque le baldaquin de S. Pierre a 14 pieds
u élévation de plus.
Le P, Bonanni dit avoir v a , par les livres de la
j3» Jl1 ue P«erre 1 qu’il eft entré dans cet ouvrage
y 6, 191 livres de bronze, ou i z 9 mille livres poids '
ér.,IDlrC- % on *"eu' e co“ ta plus de cent mille
s Komains. T o u t magnifique qu’eft cet ouvrage, on
™ lauroit cependant le voir fans penfer à la per« des
d rehiteelu re. T om e / .
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nches.dépouîlles du Panthéon, aux dépens defquellesi-1
fut fait; on coùnoîc la fatyre violente qu’attira au Pape:
Barberin l’injure faite au plus beau refte de.l’anciqmcé*
Quod non feccrant Barburi feccrunt Barberitii. ■. t
Après, le ba/daq uin de S. Pierre , on peut« citer
encore celui de Ste Marie Majeure.à Rome. Il eft.
formé d’une efpèce de couronne foutenüe pdr quatre
figures: Celles-ci portent fur des colonnes dé porphyre,
ornées de rinceaux de bronze. Il fut fait parle cavalier
Eu g a, fous le pontificat du Pape Lambertini.
Excepté ce dernier , tous ceux qu’on a faits à
Limitation de celui de S. Pierre, n’en ont été que
des copies plus au moins vicieufes , foit dans le plan ,
foit dans la décoration. Nous ne ferons, donc aucune
mention -, ni du baldaquin du Val-de-Grâce , ni de;
celui des Invalides. L ’enfemble de ces compofitions
n offre qu’une difpofition bizarre, de colonnes torfes,
beaucoup trop févères encore pour ce qu’elles fou -
tiennent, & ne .préfente qu’un affemblage grottefque ,
de palmes, de feuillages & d’enroulemens eontournés
fans deflein & rapprochés fans accord.
B A L E V R E , terme de maçonnerie..( Voye^ le
Dict. de Maçonnerie. )
B A L IV E A U X . ( Voye^ Echasses. )
B A L N E U M . , fignifîoit ou un bain particulier,
ou une pièce des bains. ( Voye{ Bains. )
B A L T E U S ou Prcecinâlio. On appelloit de ce
n om, dans les théâtres & amphithéâtres, un gradin
ordinairement plus large que les autres , fur lequel
on ne s’afleyoit p o in t, mais qui fervoit de palier ou
de repéfoir , & fâcilitoit la circulation intérieure du
peuple dans toute fe circonférence de l’édifice. A l’amphithéâtre
de Vérone, il n’y a point de baltei proprement
dits. Mais un gradin plus étro it, & qui eft le
vingt-huitième, à compter d’en bas , en tient lieu.
A u x théâtres Gre cs, & à ceux de Rome , il y a v o i t ,
après chaque divifion de fept rangs de- fiéges, un
balteus. Cependant, au théâtre d'Herculanum, il ne s’en
eft point t rou vé, à moins qu’on ne veuille donner
ce nom à un efpace de cinq palmes de large qui eft
au pied des trois gradins fupérieurs. A u théâtre do
Pola en Iftrie , il y avoit deux divifîons , chacune
fuivant l’ordinaire , de fept rangs de fiéges, avec ua
palier entre deux.
' Vitruve à prefcrit les règles qu’on devoit fuivre
pour la difpofition des précinttions. ( Voye^ Vitrüye
L y. c. 3. )
B A L U S T R A D E , f. f. Appui formé le plus fou-
vent de baluftres , & couvert d’une tablette en pierre,
en marbre, 8cc. qui termine une terraffe ou un balcon
5 fert d’amortiffement à un édifice, ou de clôture
à un fanctuairé 5 forme l’eftrade d’un trône ou
d’un lit de parade , & la rampe d’un efcalier.
Les baluflrades , aujourd’hui fi à la mode, n’ étoient-
point connues des anciens. On n’en voit aucun
exemple dans les monumens de l’antiquité. Indépendamment
de ce qu’elles terminent un monument
Ce