
d’une hauteur prodigieufe. En général, lajTî'oportion
de ces colonnes eft très-élégance ; elles ont plus de
dix diamètres de hauteur , & le couronnement de
l ’édifice eft très-riche. Il eft même d’une efpèce fin-
gulière. On foupçonneroit qu’il auroit été fait après
coup , fi l’ornement qui le forme, la frife fur laquelle
font fculptées les figures, & l’architrave où eft l’Inf-
fcription ne paroiffoient pas avoir été travaillées dans
le même tems. (V o y e z Couronnement.').
L a frife eft décorée de bas-reliefs , dont il eft allez
difficile de pouvoir donner une explication précife. Ce
font des efpèces de luttes ou de combats, dont il ne
paroît pas cependant qu’on puiffe tirer aucune analogie
relative aux jeux dont l’InLcription fait mention. On
peut en voir les deffins faits en grand dans l’oüVrage
de M. Stuart.
L e monument de Lyficrate fe trouve aujourd’hui
engagé dans une mauvaife maifon : fon intérieur
n’offre rien de remarquable , ni pour la conftruCtion,
ni par rapport à la décoration ; il forme une pièce
circulaire & voûtée.
Contre le rocher de la citadelle d’Athènes eft
appuyé un monument confacré à la gloire de T hra-
fillus. C ’eft une maffe quarrée furmontée d’un couronnement
où l’on voit un refte de ftatue & des
Infcriptions. L ’entablement, dont le caractère femble
Dorique , quoiqu’il n’ait pas toutes les parties qui
càractérifent cet ordre , eft loutenu par trois pilaffres
entre lefquels on voit des marbres qui n’entroient
pas originairement dans la compofition de l’édifice.
L ’intérieur eft une niche creufée dans la roche , &
forme le dedans d’une petite églife appellée par la
Grecs Pana gin SpiliotiJJa.
U n des plus curieux édifices d’Athènes eft la Tour
des Vents qui fervoit en même tems d’horloge à la
ville. Mais fa deftination principale étoit de faire
connoître le vent qui fouffloit. Vitruve parle de ce
monument ; il nous apprend qu’ Andronic en avoit
été l’architeCte. (V o y e z Andronic.') C ’eft une tour
©Ctogône bâtie en marbre. Sur chacune des faces de
l’octogone , eft fculptée la figure du vent oppofé,
& en face de l’ endroit d’où il vient. Au-defTus s’éle-
voit une pyramide de marbre qui ne fubfifte plus :
elle étoit couronnée par un triton d’airain , q u i , de
fa main droite étendue, tenoit une verge. L a machine
étoit ajuftée de manière que les vents , faifant tourner
le triton, il fe trouvoit toujours en face de celui qui
fouffloit , & au-defTus de fon image qu’il indiquoit
avec la verge. Vitruve-nous dit qu’outre les huit
vents principaux, on en comptoit encore d’autres.
E t , félon la diviûon des Romains, il en place vingt-
quatre dans le tour de l’horizon. Les modernes, comme
on le f a i t , en ont multiplié le nombre jufqu’à trente-
deux.
Quoique Vitruve ne dife pas que les Grecs divi-
faffent leur Schéma de la même manière que les
Romains , quoique les voyageurs modernes ne l’ayent
pas ioupçonné à l’infpedion de l’édifice que nous
décrivons , cependant ( c’eft M. le Roy qui parle)
en le confîdérant » tout femble indiquer que les Grecs
comptoient auffi bien que les Romains , & avant eux,
vingt-quatre vents dans le tour de l’horizon. Il y a
tout lieu de croire même qu’ils ja e négligeoient pas
de les faire reconnoîtr'e dans les édifices, ou dans les
machines deftinées à indiquer ceux qui fouffloient ;
.car la couverture de la tour des vents eft diftribuée
en vingt-quatre morceaux de marbre égaux , qui
pofent par leurs extrémités fur le corps de la tou r,
& qui fe réuniffent en pointe au fommet du comble.
En examinant ce,tte conftruCtion , je foupçonnai d’abord
qu’Andronicus qui avoit difpofé la tour des
vents avec tant d’art & de génie , n’avoit pas mis
au hazard ce nombre de pierres dans la voûte de
cet édifice ; & , m’étant rappellé que les Romains
divifoient leur compas en ving-quatre parties , je pen-
fai que ces divifions de pierres qui fe manifeftent d’une
manière fi fenfible au-defliis de la tour , avoient peut-
être été faites pour indiquer les vingt-quatre vents
qu’ils diftinguoient. Enfin cette opinion me parut
encore plus vraifemblable , lorfque je m’apperçus que
cette divifîon de l’édifice , en vingt-quatre parties
éga le s, eft encore marquée dans la corniche par des
têtes qui répondent à l’extrémité des pierres de la
couverture.
Les voyageurs ne s’accordent pas fur l’explication 1
des emblèmes qui caraCtérifent les huit vents principaux
fculptés autour de l’édifice. Schiron ou le Nord-
Oueft eft repréfenté tenant un yafe qu’il renverfe.
Zéphiron eft un jeune-homme prefque nu , qui tient
des fleurs dans fon manteau ; il fouffle du côté de
l’Occident. L e fculpteur a repréfenté Borée fous la
forme d’un vieillard qui tient une coupe de la main
dèoite, & de la gauche un coin de fon manteau. II
a défigné de même le vent du Nord-eft ou Cédas,
par un vieillard tenant de fes deux mains un bouclier,
& répandant fur la terre de la grêle, ou fuivant d’autres
des olives qui y font contenues. Apeliotes tient dans fon
manteau les productions les plus précieufes de la Nature,
des épis, du miel & des fruits. A ce vent qui vient de
l’Orient fuccède Eurus ou le Sud-eft , qui n’eft
diftimgué par aucun fymbole ; mais qui femble plus
enveloppé que tous les autres dans le manteau qui
le couvre ; enfin Notus , ou le vent du m id i, tient
encore mi va£è comme Schiron, mais d’une autre
forme ; & Libs, ou le vent du Sud-oueft , femble
pouffer & divifer l’eau de la mer avec une proue de
vaifTeau qu’il tient de fes deux mains. Tous ces vents
ont des ailes ; il y en a fix qui ont les jambes couvertes
, en partie, par des efpèces de bottines. Libs
& Zéphiron Cont les feuls qui n’en ayent pas ; ce
dernier, comme nous l’avons dit , étant prefqu’en- I
tièrement nu. C e monument au refte annonce par
le goût de fon architecture, de fes profils, & même
par la médiocrité de la fculpture , qu’il fut éleve
après Périclès, & dans un tems ou l’architeéture çom-
mençoit à dégénérer.
Les édifices dont on vient de donner la defeription,
furent
furent érigés par les Athéniens avant la domination
des Romains. Ceux dont on va parler furent conftruits
ou reftaurés, lorfqu’Athènes fut foumife à Rome.
Entre ceux-c i, le plus ancien eft un portique com-
pofé de quatre colonnes Doriques qui loutiennent un
entablement couronné par un fronton , dont le fom-
met foutient un piédeftal b a s , fur la face du quel
on lit en caraftères Grecs : Le peuple à Lucius Céfar}
fils d'Augufte Céfar, Dieu. C ’eft à M. Stuart qu’on
doit cette infcription , ainfi que les autres qui ont
rapport au même édifice. Celle de l’architrave nous
apprend que l’édifice dont ce portique faifoit partie,
avoit été dédié à Minerve par les bienfaits de Céfar
& d’Augufte. C e portique eft fitué dans une rue
d’Athènes ; & l’on paffe nécefTairement par l’entre-
colonne du milieu , pour aller d’un bout de la rue
à l’autre. M. Stuart prétend que c’eft le refte d’un
des dçux Agoras ou marchés d’Athènes. M . le Roy
penfe que c’eft la façade d’un temple élevé par les
Athéniens en1 l’ honneur de Minerve , d’Augufte & de
fa famille, où bien l’entrée d’un des tribunaux de
cette v ille , & plus viaifemblablement celle du Pry-
tanée.
Mais il paroît, d’après les profils, de ce portique D orique
, que cet édifice étoit inférieur par le genre de
fon architecture à ceux que les Athéniens avoient
élevés auparavant. L ’art parvenu à fon plus haut
degré de perfection,du tems de Périclès, dégénéra
fous lé règne d’Augufte. Pour être perfuadé de ce
qu’on avance , il fufïit de comparer , dans le fécond
volume des ruines de la Grèce , ‘’les détails de ce portique
, avec ceux des temples de ^Minerve & de T h é-
fée, contenus dans le premier tome. On vérra que
les colonnes du portique, en queftion , font d’une
proportion plus élevée que celle des autres monumens
qu’on vient de citer. On fera moins étonné de ce
changement, fi l’on confidère que l’ordre Dorique a
toujours été en s’élevant chez les Grecs & les Romains.
:
Sur la colline du Mufée , on ne trouve plus rien
qui ait rapport au poëte célèbre qui y faifoit fon
lejour, & qui lui avoit donné fon nom. Mais on y
Voit encore le monument élevé à un Syrien dont il
mit mention. Il fe nommoit Caïus Julius Antiochus
rhilopapus. L ’édifice for'moic, par fon plan, une por-
tion de cercle. Il y avoit trois niches à fa façade dont
1 .^e re^e SI110 ùeux. Dans celle qui occupoit le
milieu, on remarque la ftatue de Philopapus. On lit
ur le piédeftal de la figure , Philopapus fils d*Epi-
p ane de Béfa. L a ftatue qui eft à gauche , dans une
me ie quarree, a fur fon focle cette infcription, le roi
ntiochus fiU cC Antiochus. Dans le foubafTement
ont trois bas-reliefs au-deffous des niches; celui du
^fT16 u ^Pr^ ente un triomphe 5 la fculpture en eft
t a Z j 6* ■ ne Auroit en dire autant de l’archie
f te ce monument : les pilaftres font ornés d’un
T 1* Peut %*re juger du mauvais goût
Archt lecture* Tome /,
Au Bazar d’Athènes on voit des reftes d’un édifice
immenfe , fur la dénomination duquel les voyageurs
ne font pas d’accord. On peut , en confîdérant les
ruines de cet édifice, repréfenté pl. 6. t. z . des ruines
de la Grèce y fe former, d’un coup-d’ceil, une idée
de ce qu’il étoit autrefois. L ’avant - corps, & les colonnes
couronnées d’entablement refTautés qu’on y remarque
, femblent indiquer que cette partie n’étoit pas
le corps de l ’édifice ; mais qu’elle appartenoit aux
murs qui en formoient l’enceinte. II eft étonnant que
Spon s ’y foit mépris. 5 qu’il ait regardé cette façade,
& les côtés qui y répondent, comme l’extérieur d«
corps d’un temple , & non pas comme les murs d’une
enceinte. Whéler , fon compagnon de voyage , a
mieux compris la difpofîtion ae ce monument, v o ic i
qu’elle elle étoit: les trois colonnes cannelées, fituées
à droite de la rue , faifoient partie du veftibule dû.
milieu. Celles qu’on voit lifles , couronnées d’en-
tablemens profilés , ornoient les murs qui étoient
de chaque côté. L ’entablement lifTe qu’on découvre
à l’extrémité de la ruine , couronnoit un mur qui
s’avançoit, & à l’extrémité duquel étoit un pilaftre.
Sa principale utilité paroît être de féparer, d’une manière
fenfible, deux efpèces de décorations différentes
, celle des murs de l’enceinte qui étoit fort fimple?,
& celle de la façade de cette même enceinte qui. étoit
décorée avec beaucoup de richefTe & de magnificence.
Cette enceinte , dont une grande partie fubfifte
encore, a environ 1400 pieds de circuit. Une colonne
qu’on voit encore debout dans l’intérieur, éloignée du .
mur de la largeur , à-peu-près d’un portique , a fait
juger qu’il y en avoit un tout au tour. On voit aufU
au milieu de l’enceinte , par rapport à fa largeur ,
quelques telles d’ün édifice qui occupoit prefque le
quart de cette largeur. Il eft fitué beaucoup plus près
du fond de l’enceinte que de l’entrée , & cette enceinte
forme un reCtangle dont la longueur eft à la largeur,
à-péu-près, comme 3 à 2,. Enfin l ’édifice que nous
décrivons é to it , vraifemblablement, ainfi compoféa
il avoit une enceinte afTez v a fte, ornée dans,l'intérieur
d’un portique qui régnoit tout au tour des
murs, & au milieu de l’enceinte, s’élevoit un édifice,
dont le plan forinoit, probablement, unparallélograme,
comme l’enceinte même.
Les ruines qu’on voit au milieu de l’enceinte offrent
deux idées différentes : quelques-unes de leurs parties
femblent modernes , irrégulières, & n’ayant rien
d’antique; d’autres, telles que trois colonnes & un
pilaftre , efpacées également & fituées parallèlement
aux côtés latéraux de l’encèinte, femblent annoncer
qu’elles font les" reftes d’un bâtiment ancien & régulier.
Les voyageurs modernes ont formé des conjectures
différentes fur ces ruines. Spon & Whéler ont
penfé qu’elles étoient les reftes du temple de. Jupiter
Olympien. M M , Stuart & Révett ont cru qu’elles
faifoient partie du Pæcile. M. le Roy , après avoir
embraffé l ’opinion de Spon , s’eft retraété , mais fans
acquiefcer. à celle de M. Stuart : _■ il forme une nouvelle
conjecture & penfé que ce pouvoit-être le. temple
de Xuïion Lucine, bâti p.ar Adrien.