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les yeux fur la fig. 383 , où l’on voit que les |
poutres tranfverfales , an lieu de porter fur la co-
lonne, la traverfent dans la partie fupérieure ^de
fon fut. La charpente des combles rieft quun
bâtis léger de bambous, placés les uns au-denus
des autres, & foutenus par des taffeaux aufli légers
, à la manière des grilles d’une cage,, 8c qui
a1 minuent de groiTeur à mefurê qu’ils s élevent.
L e s extrémités de ces folives tranlverfales fortent
extérieurement ou de la colonne quils traverfent,
ou des murs eux-mêmes {voye^fig. 3 79 ) , &
fupportent la partie du comble qui déborde le
bâtiment. Les Chinois, dit Chambers, ainü que les
Goths , laifTent toujours en vue la charpente du
dedans du plancher. Souvent les poutres 8c les.
colonnes font faites de bois précieux, & quelquefois
elles font enrichies de marqueterie, d’ivoire,
de cuivre , & de nacre de perle.
Colonnes. Les colonnes font du moins aufli communes
dans les édifices des Chinois que dans ceux
des Européens. Elles fervent au foutien du toit,
8c font d’ordinaire de bois avec des hafes de pierre
ou de marbre. Il ne s’y" trouve point de chapiteaux
; mais le haut de leur fut eft traverfe, 'comme
on l’a dit, par les folives. Leur hauteur eft de huit
a douze diamètres. La diminution s’y fait graduellement
de bas en haut. Le bas du fut fe termine
en ove , fàifant l’effet du congé des colonnes antiques.
Les bafos montrent une grande diverfitéde
profils ; il n’y en a point de fort beaux, mais les
lus réguliers qu’ait vu Chambers font les fix
ont les defiins font rapportés (fig. 383 ).
Des fix figures fufdites ôu efpèces de colonnes ,
la première eft prifo des colonnades qui environnent
la cour de la pagode de Cochinchme. La colonne
a environ neuf diamètres en hauteur, & la
bafè deux : ce profil eft très-commun à la Chine.
La féconde eft prife de l’un des temples de la
même pagode. C’ëft le feuï endroit ou Chambers
ait vu des colonnes de cette efpèce. Elles ont
de même, environ neuf diamètres de haut, & leur
bafe en a deux.
La troifîème eft tirée de la colonnade de la grande
çour de la pagode de Ho-nang. La hauteur de la
colonne eft de neuf diamètres, & celle de la bafe
d’un. Les bouts des folives qui la traverfent dans
fon extrémité fupérieure, font ornés de tête de
monftres qui fe terminent en feuillages, & les con-
foles qui les foutiennent, fortent de la bouche de
mafearons taillés en demi-relief fur les colonnes.
La quatrième a été tirée d’une petite pagode dans
le fauxbourg de Canton. La hauteur des colonnes
eft de huit diamètres & demi , & celle de la
bafe de trois quarts de diamètre. Les bouts des
poutres ont des fêtes de dragon ,& toute la charpente
du plancher eft ornée de repréfentations
.de monftres & de feuillages en marqueterie, de cui-
ÿ r e , d’ébène, d’ivoire & de nacre de perle.
La cinquième efpèce fe voit dans prefque toutes les
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maifons des Chinois. Elles ont de huit à douze di#
mètres de hauteur 8c quelquefois plus. La hauteur
de la bafe eft d’un demi à deux tiers de diamètre.
Son profil reffemble à l’une des bafes tofeanes de
Palladio.
La fixième forme fe trouve dans prefque toutes
les pagodes, avec quelques petites variétés. Le modèle
dont eft pris ce defiàn, fe trouve dans une
petite*pagode de la rue où font les faéloreries européennes.
Les colonnes font de pierre 8c de figure
oaogone ; huit diamètres du'jcercle circonfcrit, est
font la hauteur. Elles riont point de diminution.
Leurs bafes font les plus régulières de celles qu’on
voit à Canton ; elles reffemblent fort à la bafe at-
tique des anciens , 8c elles ont en hauteur le
double d’un des côtés de la colonne*.
Les divifions particulières de tous ces- profils
font marquées à côté de chacun de ces définis.
Les colonnes de la Chine,!‘ comme on le voit,'
n’ont point de chapiteau. Deux caufes principales
ont produit la privation de cette partie fi généralement
reçue dans l’architeélure des autres peuples.
La première eft le fyftême même de la charpente
chinoife, d’après lequel les architraves ou folives
tranfverfales, au lieu de porter fur les poutres
perpendiculaires ouïes colonnes, paffent au travers
, comme] les barreaux d’une grille. L’extrémité
du fût riayant réellement rien à porter| n’y exige
aucune des précautions naturelles que l’impofition
d’un entablement fur des colonnes dut fuggérer
& faire trouver dans le chapiteau | à prefque tous
les peuples. La fécondé railon confifte dans Tufage
des doubles toits dont on a parlé. Le premier toit
n’étant ordinairement qu’un auventd ont la def-
cente cache le . haut des colonnes, toute efpèce
d’embelliffement à cet endroit dutparOÎtre fuperflu.
Ainfila raifon & le plaifir, le befoin 8c l’agrément
, qui par-tout ailleurs ont follicité, ou fépa-
rément, ou de concert, l’ufage du chapiteau, n’ônt
jamais pu, ni d’une manière ni de l’autre r prot»
voquer à la Chine ce membre d’arclîiteclure.
Portes. On vantait réferver à l’article des pay*
hou, ou arcs de triomphe ,.qui font de véritables
portes, ce qu’il y avoit à dire fur cet objet. Mais
les portes des maifons ou des édifiées habitables,
doivent fe diftinguer des portes triomphales. Et à
l’égard des portes des. maifons,. ‘ l’arcniteâure civile
ne nous offre rien de bien particulier. L’on
doit cependant noter, comme une fingularitébien
caraétériftique du goût chinois , cette forme de porte
qu’on voit à la fig.. 379 -, 8c qui eft très-commune
à la Chine. On la retrouve en effet, 8c dans les
defiins des voyageurs européens , & dans ceux
des peintres ou décorateurs du pays. Je veux parler
de ces portes formées par un cercle parfait, 8c.
qui fembieroient mieux convenir à l’entrée d’une
cage ou d’une volière, qu’à .celle d?une maifon. Ce
trait feul, comme on aura occafion de le remarquer
dans la fécondé partie dé cet article, prouve que
l’efprir des Chinois, dansl’archke&ure,n’a jamais
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f t£ jufqu’â rechercher le genre des convenances
s i des rapports entre les formes des objets- 8c la
pâture des ufages. f i B f f i ,
Fenêtres. Cette forme des édifices n offre rien de
remarquable. Ce qui fait a la Chine le plus grand
ornement des croifées, c’eft la variété des chafiis ,
des entrelas, genre de décoration où les Chinois
réuffiffent très-bien. Ils en font d’une terre-glaife
bien conditionnée, dans des moules de bois. Chaque
figure d’une certaine grandeur eft eompofée dè plusieurs
pièces affemblées avec tant de propreté,
qu’on n’apperçoit qu’avec peine les jointures.
Pdlais. Rien, félon les millionnaires de Pékin,
n’annonce plus l’idée d’un palais 8c la grandeur
du maître qui l’habite , foit par l’immenfit-é, la fym*
métrie , l’élévation 8c la régularité , /oit par l’éclat
& là magnificence des bâtimens- innombrables qui
le composent-, que le palais de l’empereur à Pékin.
Le Louvre feroit au large dans une des cours de J
ce palais ; 8c l’on en compte un grand nombre de- !
puis la première entrée jufqu’à-l’appartement le plus
reculé de l’empereur, fans préjudice des latérales-.
Tous les miffionnaires arrivés d’Europe ont été
frappés de l’air de grandeur, de richeffe 8c de puif-
fànce du palais de Pékin. Tous ont avoué que
fi les différentes parties dont il eft compofé, ne
frappent pas la vue comme les grands morceaux
de la haute archkeâure d’Europe, leur enfemble
produit un fpeftacle auquel rien de ce qu’ils avoient
vu ne les avoit prépares.
Ce palais a deux cens, trente fix toifes deux pieds
de l’eft à l’oueft, 8c trois cens deux toifes neuf
pieds du nord au midi. A quoi il faut ajouter que
les trois avant-cours yquoiqu’environnées de bâtimens
, 8c plus grandes que les autres,. ne font pas
comprifes dans ces mefures. Tant de milliers de
toifes , ( la toife chinoife eft de dix pieds"), toutes
«ouvertes ou environnées de. tours-, de galeries ,
de portiques , de falles 8c d’immenfesvbâtimens, pro-
duifenCd’autant plus d’effet, que leurs formes en-
font plus variées,.leurs- proportions plusfimples ,
- leurs plans plus aflbrtis 8c leur enfemble mieux
dirigé an but général : car tout s’embellit à proportion
qu’on »’approche de la fàlle du. trône 8c
des appartemens de. l’empereur.
Les cours latérales ne peuvent fe comparer a
celles du milieu, 8c celles qui font, les premières
n’approchent point , pour la magnificence, des plus-
recul éesi II en. eft de même de tout le refte. Les-
dernières qui ne font ni dorées, nï-dë porcelaines
comme le dit la fable, mais d’une fayance.groftière,
émaillée en jaune de citron 8c chargée d’omemens
en relief, enchériffent fur toutes les autres par leur
couronnement:, 8c les angles de 1 arete qui fom>
plus décorés.. Nous ne difons rien des couleurs'
d’or 8c des. vernis qui donnent tant d’éclat, auxs
grands bâtimens, de peur qu’on y tranfporte des
• lices de tabatière 84. de eaflette de toilette..
A parler en général V-architeÏÏure chinoife travaille
for des plans: 8c fur des penfées trop difo
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fétentes de ce qu’on voit en Occident, pour qu’oir
puiffe en juger fagement, quand on ria pas été
à portée de les comparer autrement que par imagination.
Le périftile de Louvre eft certainement le
plus grand morceau d’architecture qu’il y ait à
Paris. A en raifonner d’après1 les principes de 1V--
chitePlure chinoife y ce grand morceau eft poftiche
8c déplacé. Un périftile fr beau 8c Ci magnifique
doit être deftiné pour le roi , 8c le ro i, félon les
ufages de la Chine, ne doit pas fe' promener dans-
une galerie qui- eft à l’entrée de fon palais.
Les périfHles dès bâtimens intérieurs du palais-
font bâtis fur une plate-forme de marbre blanc, au-'
deflùs de laquelle ils ne font élevés que de quelques-
marches ; mais cette plate-forme ,. qui a fa hauteur '
8c fa largeur déterminées, eft ouverte par trois grands ,
efcaliers de marbre qtie féparent les uns des autres ,,
I de balùftràdes de marbre , entre lefquellès- font desgradins
qui po'rtent de grands vafes de bronze &
des figures fymboliques. Il faudroit des volume#
pour décrire en entier’ les différens palais de l’em--
pereur dans la capitale, aux environs, dans les»
provinces 8c au-delà de la grande muraille.*
Temples. On dit communément qu’il y- a dix-
mille miao ou temples d’idoles dans la ville de-
Pékin 8c fa- banlieue' :. la plupart de ceux quL
font dans l’enceinte du palais font beaux , quelques-'
uns magnifiques. Il r iy en a point fûtement dans-5
lès provinces qui puiffent leur être comparés. Le#
miao qui font femés çà & la dans le refte de la
* ville 8c aux environsfont prefque tous bâtis fur
dés plans différens. Quelques-uns font d’une di--
menfion prodigieufe, d’autres ne fe diftinguent que '
par îeur goût. Les plus beaux 8c les mieux entretenus
font ordinairement ceux qui renferment:
un grand nombre de lamas, ou de bonzes 8c bon-*
zeffes. Les foires qui fe renouvellent chaque moi#
dans les différens quartiers, de la ville, fe tiennent:
toutes dans les grands miao, dont les vaftes 8c’
nombreufes cours, toutes bordées de galeries , ..font*
très-propres à ces. ufages. -
Le Tien-tan 8c le Ti-tan font deux temples éga--
lement dédiés au Ghang-ti, mais fous deux titres s
différens : dans l’un y c’eft l’Efprit éternel qu’eni
adore ; dans l’autre, c’eft l’Efprk créateur- 8c. coi:—
fervateur du monde. C’eft par ces deux temples
qu’on peut, cUfent les-miifionnaires de Pékin, juger
de l’architecture chinoife ; 8c d’après les beautés-
qu’on y admire, il feroit, ajoutent---ils ybtan difS--
cile d’accufer cette arcliiteélure de ne connoître:
ni proportions , ni règles,- ni. fymmétrie. Selon*
eux encore , l’empereur ne*peut rien avoir, dans fe#
palais qui foit d’ime architeélure aufii riche, aulfi:
magnifique que le Tien-tan-, Cette loi détend a1
tout ce.qu’on y voit-8c à tout c-e qui-y fort, même,
aux inftrumens de mufique.. Les flûtes y les tambours
employés dans les facrifices, font non-feulement
d’un travail plus exquis, d’une (matière pkts
préciêufe 8c plus choifie que ceux du -palais pliais,