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r) de l'architrave font égales ; celle d’en bas eft un
» peu plus petite ».
Les modernes, & Chambray à leur tête , ont
efTayé d’adapter aux ordres dorique & ionique
les figures appeliées perfiques & celles qu'on
nomme vulgairement caryatides . c’eft-à-dire , au
premier de ces ordres les figures viriles , & celles
de femmes au fécond. Cependant ces règles ne fe
.retrouvent que dans quelques livres , & jamais
elles n’ont été mifes à exécution. L’on ne fauroit
donc , ni dans l’antique , ni chez les modernes ,
trouver aucune convention uniforme dans l'application
des caryatides 3 & l’architeâe qui les emploie
encore aujourd’hui ne fauroit trouver d’autres
mefures à cet egard que celles des exemples
en petit nombre qnè le tems r c o n fe r v é e s , ainfi que
des confidératicns de goût qu’on vient d ’énoncer ,
& dont le fentinrent, plus encore que le ju g emen t,
peut apprécier la force«
Aucun ordre, fi l’on pouvoit employer ici ce
n om , n’admet plus volontiers que celui des caryatides
la richeffe des ornemens dans les membres
d’arcniteéhrre qu’on y adapte. La loi générale de
l ’harmonie l’indique affez. Des colonnes auffi riches ■
demandent à porter une architecture ornée! Cependant
Jean Goujon a abufé de cette- permifîion
dans l’entablement qui couronne fes belles caryatides.
Il n’a laiffé aucun repos dans le plus petit
membre; & , outre la confufion, il en eft réfulté
de la lourdeur. On regrette de n’avoir aucune
ecnnohTance de l’entablement porté parles caryatides
d e là V il; a Aiban i; car celu i qu’on y a fubf-
titué , quoique antique , n’eft qu’un compofé de
morceaux de rapports. L’on n’en fauroit apprendre
davantage par la gravure que Piranefi a faite
de ces figures ; & le ra juftement ,- quoique fort
heureux , auquel il a fu ramener tout cet enfem-
b l e , b a n q u e d’autorités fuffifantes. L’entablement
des caryatides d’Athènes eft celui qui préfente le
modèle le plus gracieux & le plus léger du genre
d’ornement qu’il convient de faifir & d’appliquer
au caraftère en queftion.
Les co’onnes ou fupports caryatides étant dés
fts tue s , il n’y a point de doute qu’elles exigent
des piédeflaux d’une élévation proportionnée. A
Athène s , ce piédeftal eft un ftylobate continu.
Mais Jean Goujon a élevé les fiennes fur des
foc!es circulaires ; ce qui a le double avantage
d’introduire de la légèreté dans le tou t, & de rap-
. peller d’une manière adroite l’idée de colonne:,
q u i , fans cela , n’exifteroit que dans la partie fit-
péri.ure par le chapiteau.
C ’eft- affez faire enrendre quelles font les convenances
de goût par -lefquelles l’architeâe ingénieux
& f a g e ,. fa-ura faire pardonner au fpeâateür
l’admifiion des caryatides dans l’architcélure même
la plus grave & la plus raifonnée. Il relie pour
.terminer cet article- , à-fait« taire à- la troifiême
queftion,.
C A R
Ou doit-on employer les caryatides?
Chambray a malheùreufement dit bien peu de
chofes fur l’archite&ure, mais p a r- to u t on fe nichez
lui le laconifme de la raifonl II penfoit fans
doute.beaucoup , car il donne beaucoup à penfer.
V o ic i comme il s’exprime fur les caryatides & fur
leur emploi :
« C e que j’en ai dit fait affez entendre qu’il y
» a peu d’occafions.bù elles puiffent être employées
» judicieufement, quoique la plupart de nos 1110-
» demes fe foient donné une grande licence de
» les introduire indifféremment en toutes fortes
» d’ouvrages. Car non-feulement dans les palais
” des grands princes , dehors & dedans , mais juf-
» qu’aux maifons des particuliers,& dans les églifes
» même 8t les. fépultures , tout en eft rempli ,
» fans aucun egard à la raifon de l’hiftoire & au
» décore ; & bien fouvenr, par une ineptie infuppor-
» table , ils font entrer,, en la place de ces pau«
» vres & miférables captives , des figures véné-
» râbles , comme les vertus , les tnufes, les grâces
» & les. anges mêm e, au lieu que plutôt il;y faii-
» droit attacher & emmenoter les vices.' Mais il
» me fuffit d’avoir averti de c e t abus , fans m’amu-
» fer davantage à. déclamer contre ».
Qu oiqu ’on ait accordé que les caryatides , accompagnées
de toutes les bienféances que le.goût
feul peut d i& e r , étoient fufceptibles de trouver
place parmi les inventions de l’architeâure grave
& raifonnée , on n’a pas moins reconnu qu’elles
étoient en elles-mêmes une licence. O r , tous les
genres d’édifices ne comportent pas une pareil e
licence. Il en eft dont le caraftère eft, absolument
trop férieux pour pouvoir s’accommoder d’une décoration
fi voifine du caprice.
- Ce fiy le figurera bien dans tous les édifices cù
régnera la légèreté , l’agrément & la délicateffe,
comme les théâtres, les lieux de fête & de plai-
fir , les bâtimens de plaifance , enfin tous les endroits
qui fuppofent , dans ceux qui s’y rendent,
une difpofiticn de l’ame aux idées'agréables &
légères,plutôt qu’aux fentimens graves & réfléchis.
On fait ufage particuliérement , & même beaucoup
t ro p , de cette efpèce de colonnes dans les
décorations des fêtes & des réjouiffances publiques
, ou bien dans les catafalques & pompes funèbres.
L ’allégorie fans doute , ainfi que s’en plaint
Chambray , a abufé auffi. de la faculté de donner
de l’intérêt aux caryatides; cependant on ne fauroit
refufer au décorateur le pouvoir d’animer ces re.-
préfentatious par d’ingénieux emblèmes , & de
fuppofer que desfiatues dont il fait des colonnes,
feront celles qui auroiënt , par leur fujet un
rapport plus dired avec l’édifice qu’elles - ornent
Si les caryatides• peuvent prendre la place des
colonnes , elles ne figurent pas cependant par-tout
indifféremment comme celles-ci. Il faut éviter de
, iesfitu er dans des. polirions où elles fer oient dominées
par des maffçs trop confidérahlcs d’archltec- ;
ti re , qui en rapétifferôiènt1l’effet ou les rendrbient' ;
jn vraHemblables. En général',1 'comme les pila il res
colonnes engagées ne prodiiifent,da.ns l’archi-
t du re, que"'clés effets'froids & mefquins , on peut
en dire autant des caryatides- ’en bas-ielisf ou appliquées
à des murs , à dés arcades.
C’eff en plein' relief qu’il convient de les employer.
EU.ei feront àgrpfilesa là vue, fi là charge,
qui leur.e f t;im p o f é e fo r t pas cle ' la niefure,
de la vraisemblance .pliyfiqiie', &, même de la
poflibilité. C’eft pourquoi on les appliquera heu-
reufemerit "à fûppprtèr' quelques corps avancés
comme une loggia, une. tribune'ou; un. fiidcon
enfin*, Août ce qui' n’cfxigèra. que la hauteur ordinaire
d’un entablement.
C A R Y A T ID E , ( ordre ). Si le nom ; d’ordre,
ne convient, en archkeélu-re, qu’à, tout ce qui a
des rapports cle proportions fixés & déterminés
, il. n’y ;a rien à quoi l’on doive moins,le
donner qu’au genre de décoration en queftion..
L’on a vu par, l’article précédent, , que les anciens
fia voient fubordonné cette. Jn.v.çntiqp à-aucune,
règle , ni même à aucun ufage de formes v& X q r -;
nemeris particuliers. On en, trouverp.it bien mpins.
enc.pre parmi les monumens iriodsrnçs* Ii n’-y, a, ,
donc »rien à obfe’rver dans l’application des cary a-,
tides aux' édifices que les convenances de goût
& de vraifemblance. Je penfe en avoir, développé |
fufEfamment les .principales. C ’eft.au ..gpôt-.^Oau
fontiment de l’artjfte à faire le refte:; c ’eft, à-une
lieiireufe intelligence; entre J e ifçiulpi;eur: -& Par-,
ehiteàe;, qu’ il faut's’en rapporter, pour tous des
détails, que la théorie ne, fauroit n i prévoir-, ni
difeuter,
C A S C A D E , f. f. ( jardinage) , C ’eft une chute
d'eau qui tombe d’ un lieu élevé dans un plus bas*
Les eaux font l’agrément des ja rdin s, mais lëur
mouvement en. fait, en . quèlqvre forte ,' la vie.
Elles animent le pa yfa g e, non-feulement a là vue.,
mais au fit à l’o u ie , & leurs impreffions renforcées
'pénètrent l’ame. Aufli dé; tout tems l art. du
jardinage' à fait fervir le s eaux tombantes à Pem
beÛiffement de Tes tableaux. Parmi tous les jetrx
auxquels l’art avoit âffujetti les eaux clans la mai-
fo.n de campagne de Pline le jeune , ep T o fc an e ,
(vo y^ M a i s o n d e c a m p a g n e )' on v o y ô it un
canal où fe précipitoit en écume une nappe d eau ,'
dont la blancheur fe confondoit avec 1 éclat^ du
marbre qui la recevoit & flattoit à la fois 1 oeil
& l’oreille. Ces éxpreftioris, qui font celles de*
Pline lui-même , donnent à entendre que cette
cafeade auroit été du genre de celles que nous
appelions artificielles. _ -
On diftingue en effet dans les jardins , deux
fortes de cafcades , h cafçdde naturelle' & “la caj-
c'àde artificielle. Cette diftinaion eft devenue bien
plus frappante , depuis qu’ on obferve deux ftyles
diffère ns dans la compofuion des-jardins.
La cafcade artificielle eft celle où l’on' voit la
main de l’art qui en compofe , en dirige & en
orne les’ effets. Elle fe divifo encore en plufienrs
efpèces ; tantôt elle tombe èn nap pe, comme 1«
rivière de Marly ; en gotilettes , comme on en
I voit dans les bofquets- de Saint-Cloud ; en rampe .'
1 douce,'comme celle de Seaux; en bu ffets, comme
à Trianbn & à Veffaillcs ;• ou par chiite de perro
n , comme la grande cafcade de Saint-Cloud. La
,compofition., la grandeur & la beauté de ces caj-
■ cades dépendent fur-tout cle la hauteur des fîtes
& du volume des eaux. Il faut défefpérer d e pro- '
duire des cafcades d ans des jardins dont le fol eft
plat:& uniforme. -Toute la. dépe-nfe qui pourroit y f
amener ce.genre de/plaifir n’y produiroit qu’un con-
ire-fens &c un luenfongé difpendietix. Les cafcades :
artificielles peuvectencore fe diviferen deuix fortes ; •
celle où ï’art amène les. eaux par le moyen-Ü'un
I réfqrvoir qui s’emplit à cet effet, & dont le prëfi-
tige ceffe par l’épuifemènt du ■ réfer-vofo-( de ce
J genre font, celles qu’on vient de citer) , & celles
qui; reçoivent d’une fource- abondante ou d’une- '
rivière;, des eaux .toujours tombantes;■& toujours
éçumantes dans1 un canal préparé par l’art pour:-
! e t ï. faire. valoir .& en multiplier tle§ltje«x^;6ç.;-Iqs
1 effets.. T.eiks. font ceU.es qu’on.. apmn;e' dansjee,
jardins de.Frefçati ou clé Tivoli,' près de Rome.;
D e quelqu’efp.ècé q u e . foient. les cafcades arti- <
ficieiles, l’art y confifte fur-tout à favoir combiner.
; tous. lés• moyens.hydrauliques .pour y - augmenter i
le: vblumeirappàrent des eaux pour en• varier les?
I effets, èn mukip-ferdes. reffources par'foes ccn-.
1 traftes lienreux;, iOLi' par,un• double emploi ; fo.it
en: éparpillant, ‘ foït en divifant adroitement des
maflès d’ead quijaus cet artifice, n’auroientprefque
I point de yaleur. C’eft d’abord à la. di fpofit i on générale
&. au .grand parti de deftin que ti.ent le
mérite & le plaifir cle ces Qeffacks hydrauliques;
mais des. détail^, ingénieqx ajouteront aulli utx]
' charme affez piquant, à celui :cfe l’eniemble. Ç n ‘
y introduit des animapx. de tout genre , qui fem-
i filent fe combattre a v ec Us eaux, qu’ils fe lancent.
C e genre1 de. compofi:ion admet tous les caprices
d’ornemens ,& .de. figures. G u y voit des fleuves,
‘ des naïades & des tritons des. ferpens, des chevaux
marins, de,s dragons, des .dauphins, des.
■ griffons des grenouilles qui v.omfffent de l ’eau,,
i^ s’entre-choqu^nt par les maffes d’eati.
.Ces cafcades, feront déeprées-de!tous les orne-,
mens aquatiques. C ’eft-là qu’il convient d’appliquer
les différentes formes de glaçbiis; de rocailles,
d e , .congellations , de pétrifications , coquillages ,
feuilles d’eau|joncs & rofeaux, imitant le naturel,,
dont on revêtit les paremens & la '■ bordure fdtù
baftiu. •
Les cafcades artificielles fiqui font là nuance entre'
celles-ci & les cafcades hàtùrsliés dont on va pà'r-’
lèV, font celles où l'eau , conduiie & dirigée par
l’a r t , tombe à grande maffe dans clcs baffins qui
Y y y 2