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moulures Sc de fculptures. O n connoîc mieux la
boucle fous le nom de heurtoir. ( Voye{ ce mot.)
Boucles : petits ornemens en forme d’anneaux
la ffé s , fur une moulure ron d e, tels qu’une baguette
, un aftragale.
B O U C L IE R , f. m. C e fut un ufage chez les
Gre cs 8c les Roma ins, de fufpendre dans les temples
les boucliers pris aux ennemis. Ceu x qu’on y
v o y o it étoient de deux fortes ; les uns ré e ls , les
autres v o tifs , ou qui n’étoient que la repréfentation
des premiers. Ce s derniers étoient des efpèces de
difques de métal que l’on confacroit, foit à la
mémoire d’un héros , foit en aftion de grâces d’une
v iâ o ire . La fculpture s’empara de cette pratique ;
elle fournit bientôt un genre d’ornemens propre
à Fatchite&ure, & dont l’emploi s’eft perpétué
ju fq u à nos jours.
C ’eft particuliérement dans les frifes des édifices
qu’ il trouve fa place : c’eft auffi là , fuivant V inc-
kelmann , qu’on en plaça lés originaux dans les
premiers temples.
« Lorfque dans la fuite cm ferma les efpaces
qu’on appelle métopes, on fongea à leur donner
quelques ornemens : ces ornemens durent leur origine
aux boucliers dont on décoroit la frife de l’entablement,
8c qu’on fufpendoit, félon toute apparence
, aux métopes. A u temple d’Apollon à
Delphes , on ayoit fufpendu des boucliers d’or,
faits des dépouilles des Perfes , après la bataille de
Marathon ; & ceux que le conful Mummius fit
attacher à la frife du temple dorique de Jupiter
a Elis , étoient dorés. Les armes du- poète A le é e ,
qu’il abandonna en fuyant , & que les Athéniens
pendirent ait temple de P â lla s, au S ig e e ,
étoient probablement placés au même endroit de
l ’entablement. Dans le premier paffage de Pau-
fanias, que nous venons de cite r , les traducteurs
latins , & les autres ont lu le chapiteau au lieu
de l’entablement & d e là frife ; cependant s'ttiçvxiov
fignifie bien réellement une partie de l’entablement
qui va d une colonne à uile autre ; mais ici comine
ailleurs, il eft pris pour l’entablement en tie r , ou
bien pour la frife en particulier. A u re f te , il y
avoit auffi des boucliers attachés aux colonnes du
temple de Jupiter à Rome.
a Ce s boucliers réels donnèrent dans la fuite lieu
de placer des boucliers en. bas - relie f dans les métop
e s , & cet ornement a été employé auffi par
les architeâes des temps poftérieurs, dans l’ordre
dorique, comme on peut le vo ir à plufieurs palais
de R ome, qu’on a décorés pareillement d’autres
armes & trophées militaires, femblables à ceux du
temple de Jupiter Capitolin ».
Les boucliers qu’on emploie dans les frife s , font
ordinairement ovales ; ils font chargés de têtes ou
gueules de go rgon e, de lion , ou d’autres animaux.
C e u x qu’on appelle navales font diftingués par deux
enroulement.
BO U D IN . ( Voye^ TOR F. )
B O U D O IR , f. m. C e mot fe dit.d’un petit ca-
B O U
binet otl l’on fe retire pour être feul. Dans la dif.
tribution des appartemens , c’eft une petite pièce
voifine de la chambre à coucher 8c du cabinet de
toilette , & particuliérement à l’ufage des femmes.
L e cara&ère propre d’un boudoir eft celui de la mol-
le f fe , du luxe 8c de la galanterie. On y ménage
ordinairement un jour doux , fur-tout des points
de vue agréables à l’extérieur. Si l’on peut fe procurer
l’afpeô d’un jardin particulier, les berceaux,
les treillages, les volières y feront un bon effet.
A u défaut de la nature, l’art peut prêter fes ref-
fources , 8c , par la magie de la peinture ou de la
perfpeétive , produire d’heureufes il lu fions. La décoration
intérieure d’un boudoir ne refufe ni les
tableaux, ni les ftatues ; mais la petiteffe du local
les admet rarement : du moins que leur proportion
y foit en rapport avec celle de la p iè c e , 8c que
les fujets s’accordent avec fon carafrère. Les re*
cherches de l’ameublement font le principal mérite
des boudoirs. -On y admet les g la ce s , le.s étoffes
choifies , des vafes élègans, des m eubles précieux,
tous objets néanmoins qui tiennent plus a la le*
géreté du g o û t , qu’aux richeffes de l’art.
B O U E U X , adj. fe dit i. dans les arts, des ouvrages
mal finis , d’une moulure mal rechampie,
de la fculpture mal réparée , de la maçonnerie
mal ragré ée, de la menuiferie mal profilée, &c.
B O U F F E R , v . aft. fe dit d’un mur dont l’intérieur
n’a point de liaifon avec les paremens, lef-
quels s’écartent, y laiffent dû v u id e , 8c pouffent
au dehors; .
B O U G E , f. m. petit cab in e t, placé ordinairement
à côté d’une cheminée (8c dans ce cas il y
en a deux ) , qui fert à enfermer différens objets
d* ufage.
Bouge, eft auffi. une petite garde-robe, où il n’y
a place que pour un petit lit.
BO U IL LO N S D ’E A tT , f. m. pl. ( Jardinage.)
nom qu’on donne à tous les jets d’eau qui s’élèvent
à peu de hauteur, en manière de fource vive ; ils
fervent peur garnir les cafcades , goulots , rigoles
, & c .
B O U L A N G E R IE , f. f. c’eft dans un palais,dans
une maifon de campagne, ou dans une communauté
, un bâtiment deftiné à faire le pain, 8c corn-
pofé de plufieurs pièces 9 comme fou rn il, lieu où
font les fours , panneterie, pétrin , farinier &
autres. - ,
B O U L E , f. f. On donne ce nom en général a
tout corps ro n d , de quelque matière qu’il foit,
8c à quelque ufage qu’on le deftiné : il eft fyno*
nyme de globe ; mais globe , ainfi que fphére, ont
d’autres acceptions.
On place fouvent des boules de pierre ou de
marbre dans les édifices quelque infipide que foit
ce genre d’ornemens’, il fe trouve fouvent répété,
foit au bas des rampes, foit fur des piédeftaux dans
les jardins. . ,
Boule d’amortissement, c’eft tout corps fpùe*
rique qui , termine quelque décoration1, comme on
B o ü '*
■ B fflèt à la pointe d’un cloch er, ou fur la lanterné
des dômes, auxquels on a foin de proportionner
fon diamètre. La boule de la coupole de S. Pierre de
Rome eft de b ron ze, avec une armature de fer en
dedans : elle a été faite a vec beaucoup d’artifice :
fon diamètre a plus de huit pieds. Le coi qui
Punit à la lanterne eft creux ; on y a ménagé une
échelle , par le moyen de laquelle on monte dans
l’intérieur de la boule , dont la capacité peut contenir
feize perfonnes.
B O U L E U T E R IUM , étoit chez les Grecs le lieu
d’affemblée du confeil municipal, une efpèce de
bafilique, où les juges d’une ville rendoient la
juftice au peuple. Pline nous parle d’un bâtiment
de cette efpèce 8c de ce nom , qu’on v o y o it dans
la ville de Cizique. Sa charpente étoit faite 8c af-
femblée de là manière la plus ingénieufe : il n’y
entroit aucun ferrement pour la retenir : il n’y
avoit ni c lou s , m chevilles : le tout étoit difpolé
de manière qu’on pouvoit ôter 8c remettre les
folives du plancher, fans ufer d’étais pour foutenir
le refte de l’affemblagc. Cyfici & buleuterion vocant
udificium amplum, fine ferreo clavo, ita difpofitâ con-
ùgnaùone, ut eximantur trabes fine fulturis ac repo-
nantur.
B O U L IN , f. m. petit trou , ou logette qu’on
difpofe autour d’un colombier, pour fervir de nids
aux pigeons , qui y pondent leurs oeufs 8c y couvent
leurs petits. On fait ces boulins de te r re , de
brique 8c même de bois,
BO UL IN G R IN , f. m. C e mot eft compofé de
deux termes anglois , de boule, qui fignifie rond,
8c de green, qui veut dire verd-pré ou gaçon. -
Le boulingrin eft une efpèce de parterre, compofé
de pièces de g a zon , découpées avec bordure
en glacis , 8c orné quelquefois d’arbres verds à fes
encoignures 8c autres endroits., O n en tond quatre
fois l’année le g azon, pour le rendre plus velouté.
Il y a deux fortes de boulingrins, le fimple 8c
le compofé.
Le boulingrin fimple eft formé tout de gazon ,
fans avoir rien qui l’accompagne.
Le compofé eft divifé en compartimens, 8c orné
d’ifs , d’arbuftes , 8c même de grands arbre s, tels
que maronniers d’In d e , ou tilleuls de Hollande,
quand il eft d’une étendue confidérable.
Ce dernier eft fufceptible d’ime belle décoration
: on le garnit d’arbriffeaux à fleu rs, en caiffe
ou dans des vafes : on y pratique -des fentiers labiés
de diverfes couleurs : dans le renfoncement on
confirait un bàffin, avec une pièce d’eau plate 8c
un jet d’eau.
Les boulingrins ne conviennent qu’aux jardins
d'une grande étendue. Leur place naturelle eft dans
les efpaces découverts , 8c d’une furface p lan e ,
qu’ils parent 8c garniffent tout à la fois. O n en met
auffi dans les bofquets : les arbres qui .compofent
celui-ci ajoutent encore à l’agrément du boulingrin.
On a dit que le boulingrin étoit ordinairement
renfoncé, : cependant on aura foin qu’il ne le foit
Archïieélure. Tome I,
B O U 3 i?
pas trop. O n donne un pied 8c demi de profondeur
dans les petits, 8c deux pieds dans les plus
grands.'Six à fept pieds fuffifent pour la longueur
des talus ; on peut aller jufqu’à huit ou neuf pour
les plus grands.
On c i te , comme un beau modèle en ce genre,'
le boulingrin de S. Cloud. ;
V o y e z , dans la théorie 6» pratique du jardinage,
des modèles de boulingrins, repréfentés dans les'
planches de la première partie , chap. v u .
B O U L IN S , f. m. pl. pièces de bois qu’on fcelie
dans les murs, ou qu’on ferré dans les baies, a v ec
des étrefillons pour échafauder. O n appelle trous
de boulins, les trous que l’échafaudage a produits
dans les murs. V itru v e les nomme columbaria, parce
qu’ils font femblables à ceux où nichent les pigeons
dans les colombiers. ( Voye^ Boulin.)
B O U R D E A U X , v ille de F ran c e , 8c capitale
de la Guienne. Les relies d’édifices romains que
les curieux y remarquent, prouvent allez fa grande
antiquité. Plufieurs exiftent encore : mais le plus
beau de tous , 8c qu’on nommoit le palais des Tu-
télés, fut 'détruit le fiècle paffé : heureufement
Perrault nous en a confervé un deffin exa61, 8c
une defeription. que nous allons rapporter en en-
! tier. .
« J’a i , d it- il, deffiné cet édifice fur le lieu ^
quatre ans avant fa démolition. Il m’a femblé que
je ne devois pas laiffer paffer cette oceafion de
con fe rv e r , 8c de faire paffer à la poftérité, l’idée
de ce fuperbe monument, qui étoit un des plus
magnifiques 8c des plus entiers qui fuffent reftés
en F ran c e , de tous ceux que les Romains y ont
autrefois bâtis. -
» O n ne fait pas certainement, ni quand, ni
par qui cet édifice a été conftruit : il y a feulement
quelques conjeélures qui peuvent faire croire
qu’il eft du temps de l’empereur Claudius , 8c la
principale eft fondée fur ce qu’en fouillant, il y
a environ foixante-dix an s, on a trouvé trois ftatues
antiques, qu’on croit être de l’empereur Claudius,
de Drufus fon père , 8c de Meffalifie fa femme:
car on a t ro u v é , avec ces ftatués, des fragment
de marbre gravés d’inferations’, qui. font voir allez
clairement que deux de ces ftatues étoient l’une
de Drufus , 8c l’autre de l’empereur Claudius ; ce
qui fait croire que la troifième ftatue, qui n’a point
de tê te , eft de Meffaline , 8c que C . Julius, fur-
nommé Vindex-, qui avoit fait ériger ces ftatue s,
8c conftruire les anciens édifices de Bourdeaux,
gouverna les Gaules , au commencement de l’empire
de Clau diu s, auquel temps Meffaline avoit
toute la puiffahee 8c le gouvernement entre les
mains. Il y a apparence que Vinde x , ayant fait
bâtir quelque édifice, il y fit placer les ftatues de
ces princes avec celle de Meffaline. Elles fo n t ,
avec leurs inferiptions, dans la cour de l’hôtel de
v ille de Bourdeaux.
» C e monument étoit au penchant d’une colline
, fur laquelle eft fituée la partie de la v ille qui
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