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fans vont à pied ; oit fe ffoiit porter dîtes des voir
turès pédefires.
, C’èit .ce qui fait que: la plupart desj ponts ont "
des: efcàliers, ou vont en montant, comme celui que
Çhambers a vu là Canton , & dont le- deffin fe
trouve à la fig. 375 : celui-ci efl tout de bois , à la
réferve d'un garde-fou de briques ou terre cuite,
& des piliers, faits de pierre jM) couverts’d’un en-
duic.de plâtre. Ge fera en dire affez .fiif -.ce pont
<X. fur .ce que d’autres, doivent ê tre , que d’avertir
•qu’il fe trouve; dans le jardin d’un marchand à
Canton.-: •:•-■ ■ ;' •>••;,? i S ■: •- - |
11 faut fans doute fe garder des exagérations de ?
f<nieloues. écrivains qui ne voient l'es monumens
des peuples lointains 'qu’avec le télefcope; du mer-
■ : veilleux. M. de Paw réfute allez bien les def- ■
■ triplions fantaifiques de ce i fameux pont volant',
dont on a tant parlé en Europe, & dont on a gravé ;
tant de fois la figure ; il faut dire ici qu’il n’a ja- ‘
- mais éxifté comme il efb décrit dans les livres. Il ;
faut dire même que celui qui l’a inventé, à auffi
peu lifé de fa raifon qu’il a peu compté , fur celle
de fes le&enrs. L’on né doit pas s’étonner qu’un
habile architeâe françcis, Boffrand , quien a examiné
les dimenfions , ait déclaré qu’elles font chimériques
en tout point, earelies le font indubitablement
, & on s’apperçoit, au premier coup-d’oeil,
qu’on n’a pu faire un tel p on t,'n i par le. moyen :
d’un arc romain, ni-par le moyen -d’un are goe
thique, qui efl néanmoins le plus communément ;
•employé à la- Chine. Ce- qui peut avoir donné lieu
àtoutes ces fables abfurdcs, par.lefqueHesnos voya- ;
geurs d’Europe n’ont que trop bien fervi la ^va-
- nité des Chinois, c’efl qu’un torrent où quelque rivière
fort rapide , comme elles le font fouvent dans I
ce pays hériffè dé tant de montagnes , _s’efl p ro-:
bablement ouvert un paflage fous des1 rochers,
dont le pied portoit fur une couche terreüfe & én
aura excavé les bords, phénomène qui n’eft point
fans,exemple dans les Alpes.
Les ponts de fer’font ufités à la Chine; .fi.
l’on. penfe que ceg paffages fi multipliés ont moins
befoin de folidité dans leifrs traverfes que. dans
les .piliers qui les fùpportent ; fi l'on.fait attention
que la -légèreté qui caraétérife .tous7 les ouvragés1
de la Chine, a fa fource dans‘une certaine économie
de moyens & dans le befoin d’occuper fans
cefle une multitude innombrable d’ouvriers ; fi l’on
fe fouvient de ce qui a. été. déjà d it, que.les pontsj
ne fervent qu’au paffage des gens de pied , on ne.
s’étonnera plus de l’emploi fréquent que les Chinois'
font du fer dans de telles eonflruélions. 'Pour la
plupart, / ces ponts de fer, tel que celui qu’on voit;
en un endroit de la province de Juanan , confif-
tent en piliers drefTés d’efpace en efpace, entre leP
quels on a tendu des chaînes de fer. . On voit
qu’une telle pratique fuppofe moins de hardieffe
dans l’invention & l’exécutionqu’elle ne demande
- d’attention & de furvciilance -pour prévenir les'
dangers auxquels la rouille occafionnée .par l’hu-
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midité ■ & les! brouillards de la rivière, peut èxpôferles
chaînes qu’elle attaqué.
■ 'Cependant les Chinois entendent depuis très-
long-temps l’art dé faire des voûtes , fk s’ils mettent
d’autres procédés en ufage dans l’édinca-
tion de plufieurs de leurs ponts, plufieurs autres
prouvent aufli que ce n’eft point par ignorance
de la pratique de voûter. On voit de ces-
ponts archês: & voûtés dans: les defiins qu’ils-
font eux-mêmes fur les meubles 8t les papiers.
Les. voûtes, félon le père du Halde , font cônfiriütes
de pierres arcuées, longues de cinq, à fix pieds
& épatées de cinq à fix pouces, feulement ; il y
en. a qui font anguleufes ou polygones. Comme
ces arches ont peu d’épâiffeur par le haut, elles
en font plus foibles , mais aufli 11’ypaffe-t-ilpomr
de charrettes» On paffe ces: ponts en montant des
efcaliers plats 8c doux, dont les degrés ou marches
n’ont pas trois pouces, d’épaïffeur.
D’autres ponts, au lieu d’arches ou de voûtes,
ont: trois ou quatre grandes pierres pofées fur des
piles, en forme de’planches. Il y en a ou ces pierres
ont dix, douze, quinze 8c dix-huit pieds de longueur».
Après avoir maçonné des culées, quand lé pont
doit être d’une feule arche, on lève dès piles : quand
il doit en avoir plufieurs, on choifit des pierres
de quatre 011 cinq pieds de Ion g , fur un demi-pied
de large, qu’on pofe alternativement debout dans
.toute leur hauteur, 8c de plat ou couchées de
long, en forte que celles qui doivent faire la clef
foient pofées de plat. Le fommet de l’arche n a
d’ordinaire que l’épaiSeur .d’une dé ces pierres.
Parmi le grand nombre de pônts de tout-, genre ,
on en voit d’une belle- ftru&uie. Celui qui s’appelle
Lou-ko-kiao, à deux lieues 8c 'demie de Pékin,
vers l’oueft , 8c qui fut renverfè en partie
par une fubiteinondation , étoit un des plus beaux
qu’on put voir. Il étoit tout de marbre blanc bien
travaillé ; des colonnes, au nombre dé. foixânte 8s
dix de chaque côté, ornoient fes bords. Elles éfoient
. feparées par des cartouches d’un beau marbre , où
• l’on avoit fculpté délicatement des fleurs , des feuil-
- lages , des oifeaux 8c diverfes fortes d’animaux»
• Les piles qui foutiennent les ponts font toujours
des maflifs de pierre , capables de rompre la
force de l’eau , 8c dont l’efpacèment 8c la hauteur
laiffent un libre paffage aux plus groffes barques.
Il n’y a guère de ponts plus confidérables
que. celui qu’on .voit à Fou-Tcheou-Fou^, capitale
de la province de Fo - kicn. La rivière qui paffe
auprès de cette, ville eft large d’une demi-lieue.;
elle fe divife quelquefois en petits bras , 8c. quelquefois
elle efl coupée par de petites Mes. De
ces parties on a fait en tout en joignant les ifles
par des ponts qui tous enfemble. ont huit ftades
ou lys., 8c 76 toifes chinoifes. Un feul-, qui efl le
principal, a plus de cent arcades , bâties de pierre
- blanches & garnies fur les deux côtés de baluf-
trades en fculpttïfe.
Mais, le plus beau de tous les ponts , félon k
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être du Halde , eft celui’ de Sueno, Tckott-Fou.' Il
eft'bâù fur la pointe (l’un bras de mer, qu’il faudrait
fans ce fecours, paffer en barque ; & fouvent
avec danger. Il a 2,520 pieds chinois de longueur
‘ & vingt de largeur. Il efl foutenu pare 5 a gros pi.
Jiefs, 116 (te chaque côté. Toutes les pierres, tant
celles qui traverfent d’un pilier à l’autre, en largeur,
mie celles qui portent furces traverfiers'j & qui.fa
joignfent enfemble, font d’une égale longueur &
d e là même'couleur, qui efl griiâtre. L’epatffenr
cft auffi la même. On ne comprend pas aifement
où. l’on a pu trouver , & comment on a taille
tant de roohèrs également épais 8c egalement larges,
ni comment on a pu les placer, malgré, leur poids
énorme, fur des piliers affez- hauts pour laiifcr
paffer de gros-bâtimens qui viennent de la mer.
Les orneniens n’y manquent pas ; iis font faits
de la même efpècé de pierre, que - le refte du
pont. Tout ce qu’on voit ailleurs efl beaucoup
moins confidérable, quelque eftime qu on en fàffe
dans le pays. .
Ce qu’on vient de lire fait allez voir-' que les
Chinois ne manquent pas de magnificence dans
les.entreprifes utiles. Ils font, pour la chofe pu-
bliqiie auffi prodigues- qü’économes dans ce qui
Tévarde leurs perfonnes 8c les édifices des particuliers.
Cette magnificence paroît encore dans ht
'Conftruétion des quais qui bordent les rivières &
les canaux. On-efl: furpris de leur longueur, de
leur largeur 8c des grands quartiers de piferre dont
ils font revêtus. : - ‘ , ; - ' .
: Mitrailla. lia plupart des villes en ont de .confidérables.
Elles 'font tellement élevées, qu’ellés
dérobent la vue à tous les bâtimens. Leur lar-‘
geur efl telle, qu’on peut y aller 'à cheval. Les
murs de Pékin, qui font de briques, ont quarante
pieds de hauteur ; ils font flanqués , de vingt en
, Vingt toifes , de petites tours quarrées à égalé dif-
tânee & très-bien entretenues. Il y a de grandes
rampes en quelques endroits , afin que la cavalerie
puiffe y monter. , , , ... ,
Ce feroit ici le lieu de parler de la grande muraille
où le Van - ly -c z in . Sans difeuter jufqu’à quel
point l’utilité de cette entreprife répond à fagrandeur,
& fi des armées ne doivent pas .être les meilleurs s
remparts d’un pays fur-tout aufli étendu , Ion
doit cependant admirer-la patience de^ ce peuple
dans l’éreftion d’un rempart auquel les Chinois
•donnent, peut - être par hyperbole', • dix mille
lys , mais dont on peut calculer 1 étendue , en
Longeant qu’il embraffe les trois provinces 1-du
Pc-tchcli, du Chrn & du Chtn-fi. Cette muraille,
bâtie dans des- lieux fouvent inacceffibles, eftfor-
tifiée par une fuite de. places militaires, confinâtes
avec égalé dépe'nfe.. Elle commence -par un gros
boulevard de pierres élevé dans la-mer, à l’orient
<le Pékin. Elle efl auffi bien terraffée 8c revente
de briques, auffi. haute , mais-beaucoup plus
large que les murailles des villes Ordinaires de.
l’empire , -c’eft-à-dire > de ao à 2,5 pieds de hau-
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ttar. t e P. Régis 8c ceux qui dreffoier.t avec lui la
carte des provinces , ont fait plufieurs fois tirer la
■ corde par-deffus pour mefurer des bafes de titan-
: gle , 8c prendre avec l’infiniment des points, elci-
■ gués. Ils fo r t toujours 'trouvée bien pavee 8C'
I affez large pour que cinq ou fix cavaliers pul— •
feot marcher de front a-leur. aife. La conutrèiort
de hotte muraille varie dans une • fi grande éten- .
due.:Dans le Chm?i elle commence:à notre que1
de terre battue , elle efl fans créneaux, fans^ enduit
, peu large 8c liante au plus- de quinze pieds.
Ailleurs , elle efl révêtue de briques, & parmi, les ■
tours il y en a quelques-unes-fort, larges, bâties
âüfli en briques fur une bafe de pierres. > ■
4■ Cette - muraille n’a jamais offert, qu’un fonda’.
rempart- aux invasions dés fartares, contre le! quels
elle a été élevée. Et félon quelques, critiques, il
efl permis de'douter que. les hommes aient jamais
entrepris, depuis que le monde exifte , un-travail
tout à la fois plus grand 8c plus inutile.
De l’architeéhire chineife,,’ confidérà dans fesprirt{
cipes fou caraSlre & fou. goût. >
Tous cêux qui écrivent fur Varchitecture _àe là
Chine,.femblent avoir befoin de s’exeufer auprès
de leurs lefleurs, 8c de jufdfier de l’utilité de leurs
fouis 8c de leurs recherches. Çhambers , le feul quf
en ait parlé enarchitefte, emploie également de ce?
préparatifs. Mais- j’avoue que toutes Les raflons
qu’il avance-, pour prouver 1 utilité dont peut
'être la connoiffance de cette, architeéhive , me pa-
roiffent bien futiles. Je ne. crois pas en effet
que lé caprice de ceux qui aiment à parfeineÿ
leurs parcs 8c leurs jardins, de compofitions chi-
noifes , mérite la peine qu’on pourroit prendre
pour flatter leur fantaifie. Je crois encore que {niai
connoiffance del’architecture chinoifc pouvoir tendre
à en propager parmi nous le goût 8c les maximes ,
celui qui aurait contribué à cet effet, pourroit fe
reprocher l’indifcréfion de fou -zèle 8c de fes re-,
cherches* •
Ce n’eft donc fous aucun rapport d’une femblablfl
utilité, qu’après avoir fait connoître Yarchitelhirc de
la Chine dans fes monumens, je me propofe delà
faire connoître encore dans fes principes, fon ca-
raâère 8c fon;goût. Mais je crois qu’il importe -
beaucoup plus- qu’on ne : penfe aux progrès des
ârts, dé connoître 8c d’examiner leurs variétés chez
tous les -peuples , d’approfondir les caufes de ces
variétés, de confidérer avec impartialité leur effence
dans chaque pays, l’efprit qui y domine, l’analogie
des qualités morales de chaque, peuple, avec les
qualités qui forment le type ou.lerearaâère.de fes
arts..Je penfe que ce n’eft que d’une femblable
analyfe que peuvent rèfulter les jugemens qui affit-
rent à un goût la prééminence fur un autre. Ce
n’eft pourtant pas aiifli que l’on juge ordinairement
Varchitecture chinoife. La nouveauté ou letran- ■
eeti de fes formes, flatte les uns, repouffe les autres*
s P p p p %.