
autres j mais on appelle ; particulièrement de ce nom
les premières pièces d’entrée des appartemèns, Les
ufages de ces pièces & leurs formes , varient fui-
vant les pays. En Ita lie, dans les palais des Princes,
les premières Antichambres font d’une grandeur extraordinaire
5 elles font prefque toujours voûtées, &
elles occupent ordinairement deux étages ou rangs
de croifées : c’eft ordinairement là qu’eft placé le
dais»
En France les Antichambres font bien , moins grandes
, fur-tout dans les palais modernes. L a première
Antichambre eft la pièce commune qui fuit le vefti-
bule ou le palier de l’efcalier, & dans laquelle fe
tiennent les domeftiquesj elle doit être par couféquent
proportionnée au nombre de gens deftinés à l’occuper.
Sâ décoration eft ordinairement fimple 3 elle ne comporte
que des ornemens mâles & , pour ainfi dire ,
fans art. L a fymmetrie des croifées, boifages, &c.
en fait ordinairement tout le mérite. Les objets de
prix y feraient déplacés. En général, on échauffe
cette pièce avec un poêle placé dans une niche, &
la chaleur s’en communique , fî l’on veut , à la
fécondé Antichambre , la niche étant dans l’épaiffeur
du mur. On pratique aufli dans cette pièce des armoires
. pour la commodité intérieure.
Les fécondés Antichambres comportent plus d’or-
nemens ; c’eft ordinairement là qu’attendent les perfor\-
nes qui ont à parler au maître. Ces fortes de pièces
fervent aufll quelquefois de falles à manger, fouvent
même de falles d’aflèmblée : le genre de décoration
en eft par conféquent mixte & arbitraire.
Les troifiémes Antichambres, dans les palais ou
il s’en trouve, font plutôt une efpéce de petit fallon
ou d’avant cabinet dans lequel les gens d’une certaine
diftinétion attendent que le fallon ou le cabinet
foit. ouvert. Ces pièces , quoique moins décorées
que celles qui fuivent , font pourtant fufceptibles de
tous les genres d’ammeublement, d’ornemens, & de
richeffes üfitées dans chaque pays. Il n’y a point
d ’autres régies à prefcrire pour l’ornement de ces
pièces, que d’y obferver le caractère qui leur eft
propre, & la gradation de richeffe qui convient à
chacune , fuivant fa deftination. ( Voye\- A p part em
en t. )
ANTI-CO U R , Voye£ A vant-cour.
ANTIMACHIDES. Il travailla par ordre de
Pififtrate au temple de Jupiter Olympien. ( Voye^
A ntistates.)
A N T IN O É et A N T IN O P O L IS . Aujourd’hui
Infiné fe trouve à 50 ou 55 lieues du Caire fur
le bord oriental du Nil\: cette ville fut bâtie par
l ’empereur Adrien en l'honneur du bel Antinous,
fon fav.ori. On en voit encore des reftes affez c o n - ,
lîdérables , dont le P. du Bernat & Paul Lucas
nous ont donné la defcription.
La ville étoit coupée par deux grandes rues larges
d’environ 45 pieds longues de g yo. p a s , qui
aboutifloienc à quatre grandes portes. De cçs deux
rues, qui formoient une efpéce de croix , on en
avoit tiré plufieurs autres de traverfe qui étoienç
moins larges , mais d’une égale longueur , & toutes
alignées. Il régnoit le long de ces rues, comme on
le voit encore par quelques veftiges , deux galeries
de cinq à fix pieds de large qui étoient portées d’u»
côté par les maifons, & de l’autre par des colonnes
de pierre très-bien travaillées 5 enforte_que cette
ville étoit un continuel périftyle où l’on étoit à
couvert des ardeurs du ioleil & des autres injures
de l’air. On voit encore plufieurs de ces colonnes
renverfées. dans tous, les quartiers de la v ille , & quelques
reftes d’arcades, Les débris qu’on rencontre
par-tout font qu’on ne peut marcher aujourd’hui
qu’au milieu «les rues, On remarque hors de la
ville mie place longue d’environ 800 pas , & large
feulement, de 70. C ’étoit , fans doute , le Cirque
où l’on célébrait les jeux établis par l’empereur,
en l’honneur d’Antinous. C e lieu eft environné. de
très-grofles pierres : il y en a jufqu’à huit , rangées
les unesjfur les autres, qui formoient , probablement,
une efpéce d’amphithéâtre.
L a ville avoit quatre grandes portes : celles
qui étoient au Septentrion & au L e vant, font ruinées
à n’être plus reconnoiffables par leurs formes 3 les
deux autres du côté du M id i, & du côté du Cou-i
ch ant, font affez entières. On en voit les deffins
dans Montfaucon , Tom^ 3 p. 156.
L a porte du Midi eft une efpéce d’arc-de-triom-
phe qui a - trois grandes arcades voûtées. L ’arc du
milieu a environ i i pieds de la rg e , & 40 de hauteur
5 elle fe fermoir pa r deux grands battans de
bois couverts de fer qui ont été dans la fuite tranf-
portés au Caire pour y fermer une voûte. Les deux
petites arcades ont 14 pieds de haut fur 10 à h
de large 3 elles ont au-defTus d’elles une ouverture
qùarrée.
L a largeur de tout cet édifice eft d’environ 66
jùeds, l’epaiffeur de 15 ôu 2.0, la hauteur,.de 4^..
Les deux façades font enrichies de huit pilaftres
corinthiens en bas-reliefs cannelés depuis le milieu
jufqu’à leur bafe. L a faillie des angles de leurs chapiteaux
eft fi grande qu’elle a donné occafion aux
Mores d’appeller cette porte abou-el-queroum , c’eft-
à-dire le père des cornes.
Vis-à-vis de ces huit pilaftres , & à cinq ou fix
pas de-là , huit colonnes corinthiennes de pierre
blanche avoient été élevées , on ne fait -pour quel
ufage. Leurs fufL. étoient compofés de cinq pièces
égales & cannelées depuis le bas jufqu’au milieu,
Le tems a refpeété -deux de ces colonnes. Selon
Paul Lu ca s , elles ont 40 pieds de hauteur,. & 14
à 1 ƒ pieds de circonférence. Les chapiteaux font
faits de deux morceaux , & ont chacun 7 pieds £ de
diamètre.
L a porte du Couchant eft auffi entière que celle.
du ôiidi : niais a’un goût différent. Elle a pareillement
trois portes ou trois grands paffages voûtés.
La voûte du milieu eft de 16 pieds de la rg e , &
d ’environ zo pieds de haut. Les deux autres ont
moitié moins d’élévation & de largeur II y a pareillement
au-deffils des trois portes , trois grandes
ouvertures quarrées qui font une efpéce de platte-
forme 5 Celle du milieu eft beaucoup plus grande
que les deux autres 5 on y monte par deux efca-
liers, d’environ 50 marches, pratiqués dans l’épaiffeur
des murs des deux côtés. Ge monument entier a
près de pieds de façade , 35 de hauteur & 4^
de profondeur.
Paul Lucas ne convient pas que ces édifices ayent
été des portes de -ville ; il les croit des reftes de
quelques palais 5 il fie fonde fur le grand nombre
de colonnes de porphyre & de granit qui font aux
environs, & dont il refte encore une vingtaine fur
pied. . &
A N T IO C H E , ancienne ville de la Syrie dont
elle étoit la capitale, fondée par' Seleucus Nicanor
qui lui donna le nom de fon pere Antiochus, Elle
fut une des plus confidérables de l’O rien t, & la
réfidence des rois de Macédoine pendant plufieurs
fiécles ; depuis elle le fut encore des gouverneurs
que Rome envoyoit dans cette province 3 ce qui
la fit appeller la reine de l’Orient.
L a nouvelle Ahtioche bien différente de l’ancienne ,
a cependant confêrvé prefque toute l’enCeinte de fes
antiques murailles, dont on prétend que le circuit
eft d’environ dix mille pas. Elles font bâties fur le
haut des montagnes, & pafTent par les endroits les
plus efcarpés 5 mais quoi qu’elles foient édifiées fur
la roche vive , & avec tout l’art pofiible , elles
n’ont pas pu réfifter aux différantes fecouffes des
tremblemens de terre. L a muraille pourtant qui eft
du côté du Couchant ne s’en eft point reffentie,
parce qu’elle eft extrêmement folide , & foutenue
de diftance en diftance par de groffes tours quarrées
à plufieurs étages. Il paraît que c’eft celle que fit
bâtir Séleucus ; on n’y voit pas la moindre brèche.
Ces murailles n’ont point de créneaux ; on
peut fe promener tout au tou r, au moyen d’efca-
liers pratiqués. On y apperçoit des reftaurations
du tems des Romains faites èn briques.
L ’interieur d’un fi vafte efpace n’eft pour ainfi dire
rempli que de ruines. A la place des temples, des cirques,
des monumens de tout genre qui l’ embéliffoient
autrefois, l’on ne voit que des monceaux de-pierres,
au milieu defquels on trouve quelques objets dignes
encore de fixer l’attention. E11 entrant du côté de
1 Orient, on voit un canal de figure quarrée de
plus de deux-cents pas de longueur , fur cent de
largeur 3 i l eft revêtu de marbre , & divifé en plufieurs
comparrimens. Il a pour accompagnement un
fort bel aqueduc foutenu par des arches : celui-ci
recevait dés eaux de plufieurs fources, & les pbr-
toit dans le ca n a l, d’ou elles fe diftribùoient ail—
leurs, par plufieurs Conduits fouterrains. Du côté du
midi , l’on voit les reftes d’un fuperbe édifice de
figure hexagone , qu’on croit avoir été le palais de
Séleucus , & des premiers rois de Syrie. Il étoit
fi . vafte que fes ruines occupent prefque toute la
colline fur laquelle il étoit bâti. On y trouve encore
quelques bouts de galerie en portiques, qui étoient
élevés fur des colonnes de marbre d’une groffeur
prodigieufe, & d’ordre corinthien. Dans ce palais, il
y avoit un temple dont on voit encore d’afiez beaux
reftes fur le haut de la montagne qui s’élève au centre
de la ville. On admire aufll les débris de cette
fameule bafilique que Conftantin fit élever en l’honneur
de St-Pierre , & quelques reftes d’un ancien
temple de la fortune que Thébdofe dédia à S,
. Ignace, martyr.
Quant aux grottes fépulcrales , il ne s’en trouve
point aux environs de cette ville 3 mais on en. découvre
dans la montagne qui paroiffent avoir fervi à d ’autres
ufages. Peut-être meme les habitans brûloient?»
ils les corps, félon l’ufage des Grecs.
A N T IQ U A IR E , f. m. ce nom défigne aujourd’hui
celui qui recherche & étudie les monumens de l’antiquité
: il s’applique aufll particuliérement en Italie à
ceux qui font profeflîon de conduire les étrangers & les
curieux, & de leur faire connoître les objets antiques
ou modernes dignes d’ être vus 5 on les appelle ordi-*
nairement Ciceroni.
Il y avoit auffi anciennement dans les principales
villes de la Grèce & de l’Italie , des perfonines de
diftiii&ion , chargées de faire voir aux étrangers ce
qu’il y avoit de curieux, de leur expliquer les inf-
criptions anciennes, & tout ce qui avoit rapport à
l’antiquité. Paufannias appelle ces Antiquaires e%»yn~
t c l ç , interprètes. Les Siciliens leurs donnoient 1®
nom de /j,vçot.yoyot, interprètes des chofes cachées.
A N T IQ U A R IU M , en Grec ctpx^ov, étôic l'endroit
ou l’on enfermoit lés livres anciens, les vafes
antiques , &c. . ' ' .' ."
A N T IQ U E , adj. épithète qu’on donne à tout
édifice , & en matière d’art à tout ouvrao-e , compris
ordinairement depuis le fiécle d’Alexandre te
Grand , jufqu’au régne de l’empereur P h o cas, vers
l’an de J. C . 600 que l’ Italie fut ravagée p a rle s
Gbths & les Vandales. A in fi, d’après la définition dé
ce mot , Une foule de monumens depuis cette ëpo-
poque jufqu’à nos jours , quoiqu’anciens , ne font
point réputés antiques 5 & ceux qui exiftent en Hivers
pays , quoique de beaucoup antérieurs au fiécle d’A lexandre
, ne fe comprennent pas non plus fous l’acception
de ce terme. Il a étéconfacré par les artiftes,
pour défigner & exprimer, par excellence, les monumens
du goût & du ftvle Grec , répandus chez tous
îesr peuples anciens.
Aucune nation n’eut dû , fans doute plus que l’E -
fypte jopir dans fes ôuvràges de la qualification
'antique 3 mais fon goût , par -biefi dés raifons 9