chaque tour une circonférence de trente-un pieds
trois feptièmes, tandis,qu’il s’enveloppera quatre
pieds cinq feptièmes de cable fur le treuil.
Le fardeau né toit pas immédiatement attaché
au cable ; il répondoit à des moufles triples, qui
n® faifoient parcourir à fa ma fie que la fixième
partie de la longueur du cable dont le treuil
s’enveloppoit , c’eft-à-dire, neuf pouces trois feptièmes;
de forte que le chemin que parcouroit
la puifiance, étoit à celui qu’elle faifoit faire au ,
fardeau , comme trente-un pieds trois feptièmes eft
à neuf pouces trois feptièmes a e’eft à-dire, comme
un eft à quarante-trois. O t , on démontre en mécanique
, que dans le cas d’équilibre , il faut que
la force motrice foit au poids, en raifon inverfe
des efpàces parcourus ; d’où il rèfulte que les
hommes appliqués aux barres du cabejlan dont nous j
venons de parler, produifoient un effort quarante- j
trois fois plus grand que la force naturelle avec ■
laquelle ils agifioient. Cette force ayant été trou- ;
vée égale à 1600 livres, l’effort de chacun des j
deux cabejians de S. Pétesbourg fera de foixante- i
huit mille & huit cens ; ce qui fera cent trente-
fiept mille fix cens pour les deux, c’eft-à-dire la
vingt-deuxième partie du poids du fardeau. Il eft
vrai -qu’il ne s’agiffoit pas de le foulever , mais
feulement de le traîner ; & que, pour faciliter
cette opération , on l’avoit pofé. fur des boules
de métal qui rouloient dans des couliffesde même
matière ; de forte que le frottement étoit le moindre
poflible. Comme il peut fe trouver des cir-
conftances où l’on foit bien aife de favoir combien
des rouleaux peuvent diminuer le frottement,
bous allons rapporter le réfultat de plnfieurs expériences
que nous avons faites à ce fujet.
Pour traîner fur un plan horifontal, formé
par des pièces de bois, une pierre pefant un millier,
il a fallu environ les deux tiers de fon poids. Lorf-
que la même pierre a été pofée fur des rouleaux
de bois de trois pouces de diamètre, il n’a fallu
que la quarantième partie de fon poids pour la
faire aller ; & la cinquantième, quànd elle a été
placée fur des rouleaux de fix pouces ( Voye^
R o u l e a u ). Un peu moins de la cinquantième
partie du poids de la pierre a fuffi pour la faire
mouvoir fur des boules de fix pouces de diamètre ,
2]uflées dans des couliffes d’un diamètre égal ; ce
qui prouve que les boules produifent prefque
autant de frottement que les rouleaux. Cependant
M. le comte de Carbury dit qu’il n’a pas pu faire
mouvoir fon rocher fur des rouleaux de fe r ,
quoiqu’il y employât le donble de la force qui
fe faifoit aller, étant pofé fur des boules. Voici,
fuivant nous , quelles peuvent être les ra'rfons
qui ont empêché le fuccès de cette tentative. La
première eft que les rouleaux font fujets à plier
fous le fardeau, lorfqu’ils ne rouient pas entre
deux fu perfides planes , uniformes & également
dures. Une fois qu’ils font courbés, il n’eft plus
poflible qu’ils tournent, fur-tout quand la maffe
eft d’un grand poids : la fécondé raifon , c’eft quç
les rouleaux font expofés à fe tordre, s’ils font
plus chargés d’un côté que de l’autre ; la trot»
fième enfin, c’eft qu’il eft très-difficile de diriger
les rouleaux, dé manière qu’ils foientbien parallèles
entre eux , 8c toujours perpendiculaires à
la route que le fardeau doit fuivre. Sous un poids
auffi énorme que l’étoit le rocher de S. Pétersbourg,
tous ces obftacles ont dû être infurmontables : ainfi
il n’eft pas étonnant que le comte de Carbury ait
été forcé de renoncer à employer les rouleaux.
De tout ce que nous veflons de dire, il réfuhe
que pour faire mouvoir ce rocher fur des boules
incompreffibles , pofées dans des couliffes qui
auroient la même propriété, 8c qui feroient fixées
de manière à être invariables , il n’auroit fallu que
la cinquantième partie de fon poids ; c’eft-à-dire,
qu’un feul cabejlan auroit fuffi. Cependant ceux
qui favent ce que c’eft que de mouvoir de grands
fardeaux, ne pourront difeonvenir qu’il a fallu
au comte de Carbury, qui a dirigé la manoeuvre,
beaucoup d’art & d’intelligence , pour avoir réufli
avec deux feuls cabejians ; d’autant plus qu’il lui
étoit impoffible de fe procurer des matières capables
de réfifter à la preffion d’ un poids auffi
énorme, & de fixer fes couliffes de manière qu’elles
fuffent invariables. Le fuccès du comte de Carbury
a de quoi furprendre, fi l’on compare les
moyens fimples qu’il a mis en ufage à ceux employés
par Fontana pour tranfporter l’obélifque
de S. Pierre de Rome ; quoiqu’il ne pefât pas
un million avec toutes fes armatures, il ne fallut
pas moins de quarante cabejians, de fix cens dix-
huit hommes 8c de foixante & dix chevaux.
On peut regarder l’effort produit par les cabef
tans du comte de Carbury, comme le plus grand
qu’on puiflè attendre de fémblables machines,
eu égard aux matières dont on peut les former.
C A B IN E T , f. m. C ’eft le nom d’une pièce def-
tinée à l’étude, à la ferre des papiers , à la garde
des curiofirés, 8c à divers autres ufages de fociété
dont elle emprunte les noms, ainfi qu’on le verra
par la fuite.
Les anciens avoxent, comme nous, plufieurs
genres de cabinets, 8c plus d’un nom pour en
exprimer la deftination.
Pline emploie fouvent le mot de cubiculum dans
la defeription de fes maifons de Tofcane 8c de
Laurentum, de manière à faire croire qu’il étoit
fouvent le fynonyme de ce que l’on entend par
cabinet. AdneBhur angulo cubiculum in apfide cur-
vatum quod ambitum Jolis fenejlris omnibus fcquitur.
Parieti ejus in bibliothecct fpeciern a-marium infertum ejè
quod non legendos libros , fed leEïitandos capit. Dans
l’angle eft une-pièce.................... qui contient des
armoires remplies de livres choifis. C’étoit, comme
l’on v o it, dans la mai fon de Pline , ce que nous
appellerions cabinet de lecture. Le même mot de
cubiculum s’applique de même à un grand nombre
I d’autres pièces, dont l’ufage 8c la deftination n’ont
ms dû les rendre différentes de celles auxquelles nous
Appliquons aujourd’hui le mot de cabinet ( V uye{
Cubiculum ). # ■
Mais le véritable cabinet chez les anciens s appelait
tablinum (yoye{ ce moi). Du moins, quelle que
foit l’étymologie de ce mot, il femble être le
terme générique , Sc celui qui répond lé plus à
la lignification vague que nous donnons au mot carnet.
Les uns difent que le tablinum étoit un lieu
orné de tableaux ; les autres qu’il étoit deftiné à
ferrer les papiers ou les titres que les Latins ap-
pelloient tabulas ; les autres que c’étoit finalement
un lieu lambriffé de menuiferie 8c de planches,
qu’on nommoit auffi tabulas; d’autres veulent
que ce ne foit qu’une falie. Cette dernière
prétention fe trouve combattue par là proportion
même que Vitruve donne au tablinum.
« Il faut, dit-il, donner au cabinet les deux
tiers de la largeur du veftibule, s’il eft de vingt
pieds; s’il eft de trente à. quarante, on ne lui en
donnera que la moitié ; 8c s’il eft de quarante à cinquante
âon divifera cette largeur en cinq , dont on
donnera deux au cabinet. Les petits veftibules ne doivent
pas fournir les mêmes proportions que les
grands. Si l’on fui voit les proportions des grands veftibules
dans les petits cabinets , les ailes des veftibules
ne feroient d’aucun ufage : fi au contraire on fe
fervoit des proportions des petits veftibules pour les
grands, les ailes 8c les cabinets feroient trop vaftes n.
On voit que. le tablinum, réduit quelquefois à
treize pieds par les proportions de Vitruve, eût
été beaucoup trop petit, pour une falle, 8c qu’on ne
peut le traduire autrement que par le mot de cabinet.
«Sa hauteur, continue Vitruve, doit, fous poutre,
, être égale à fa largeur, quand on aura ajouté à celle-ci
la huitième partie. L’enfoncement des plafonds
doit ajouter à cette hauteur la fixième partie de
la largeur ».
Le cabinet des tableaux s’appelait auffi d’un nom
particulier Pinacotheca. Vitruve n’en détermine pas
les proportions; il fe borne à dire qu’ils doivent être
fpacieux, 8c à recommander de les tourner vers
le nord, parce que ces lieux ayant befoin d’une
lumière toujours égale, ne peuvent l’obtenir que
par cette direction , la feule qui ne faffe point
éprouver les variations fenfibles du foleil 8c des
nuages.
Un donnoit le nom d'Exedra à dçs lieux que
nous appellerions cabinets de converfation. L’exedra
étoit un lieu rempli de fièges deftinés à ceux
qui s’affembloient pour conférer des fciences ( Voye{
Exedra). On en trouvoit dans les gymnafes,
dans les thermes; mais Vitruve nous apprend que
cette pièce faifoit auffi partie des maifons particulières.
Il en indique les proportions ; d’où l’on
doit inférer que Vexedra n’ét'oit là qu’un cabinet
de converfation. Cicéron viént encore à l’appui
de V itruve, lorfqu'il appelle Y exedra cellam adcol-
loquendum; ce qui ne peut lignifier que ce que nons
entendons aujourd’hui par cabinet de converfation.
Il y a peu de chofe à dire fur la décoration
des cabinets chez les anciens. 11 ne nous eft rien
reftè qui puiffe nous apprendre s’il y régnoit un
goût uniforme d’oïucmens, 8c quel étoit le caractère
particulier à cette forte de pièces. On fait
que les peintures repréfeniant Apollon 8c les
Mu fes , qu’on trouve a la tête du fécond volume
du Müfæum d’Herculanùm, décoroient une feule
8c même pièce ; 8c l’on eft allez porté à croire
que cette pièce fut un cabinet d’étude.
Quelle que foir la felidité de cette préfoinp-
tion, on ne la donne ici que pour ce qu’elle eft,
& comme un exemple du genre d’ornemens 8c
d’allégories qui peuvent le mieux convenir à un
cabinet dans l’acception la plus ordinaire de ,ce
mot.
Le cabinet, corifidéré comme lieu d’étude ou de
travail, eft une des pièces effsnfielles 8c conftitu-
tives des appartemens modernes.
Cette pièce doit être éloignée du bruit ; c’eft la
condition la plus importante dans le choix de fa
fituation. Si cet avantage n’eft point abfolument
déterminé par la difpofition du bâtiment, la place
du cabinet eft alors voifine de la chambre à coucher
: mais , dans les grands appartemens , le cabinet
doit être précédé de pièces qui en prennent
elles - mêmes le nom ; 8c il en faut deux
ordinairement pour précéder le cabinet principa1.
On obfervera que la richeffe y doit marcher par
progreflion.
Le cabinet, pour être commode , eft ordinairement
accompagné de trois petites pièces, l’u/-
rière-cabinct, le cabinet fecrel &l \q ferre-papier.
L"arrière-cabinet contient ordinairement les livres.
C ’eft un diminutif du grand cabinet, 8c en con-
féquence fa hauteur doit être relative à fa grandeur.
C ’eft le moyen d’en tirer un double avantage.
Dans la hauteur, on pratique un plancher
qui procure un ferre-papier, où l’on communique
par un petit efcalier placé au fond de Y arrière
cabinet. L’entrée perdue dans les lambris fera
par le dégagement ou même par le cabinet. L ’arrière
cabinet eft confacré à la tranquillité 8c au
travail du maître : perfonne n’y doit entrer. O11
n’y admet que l’ameublement le plus fimple, 8c
le luxe des ornemens y feroit déplacé.
Le cabimt fecret eft celui dans lequel on fait
entrer les perfonnes qui ont quelque chofe de
particulier à dire. Cette pièce ne doit être ni
grande, ni riche, ni fomptueufe.
Le ferre-papier eft une pièce où le fecrétaire
met les papiers dont on a befoin journellement ;
car il y a encore un cabinet d’archives pour mettre
les titres 8c les pièces effentielles d’une maifon.
Quant à l’enfemble du ferre-papier, cette pièce
fera carrelée en marbre ou pierre de liais, pour
éviter les infeÛes. Il y aura dans le pourtour
des corps d’armoires vitrées en grands carreaux
de verre de Bohême , le .tout fermé fous la même
clef. On n’y pratiquer».' point de cheminée : le