
foibles veftiges ont été retrouvés par M. Hduel.
On y v o i t , d it- il, çà & là des traces de murs
détruits, raccommodés & détruits encore ; des
monceaux de pierres recouverts par des herbages •
& à moitié enfevelis dans le fable & la pouflîère
que le v en t ap porté, & que la fuccemon des
fiècles y accumule. Plus loin font des collines
toutes percées par des grottes fépulcrales. D'autres
tombeaux font creufés dans le fo l ; d’autres le
font dans de petites portions de roches verticales.
D e tous les anciens édifices il ne refié rien de
reconnoiffable que quelques portions de murs
d’ un temple où j'ai compté quatre aflifes qui
s’élèvent encore au-deffus des gradins. La piété
des gens qui habitent les campagnes a confervé
les reftes de cet édifice. Ils en ont fait une chétive
chapelle qu’ ils ont dédiée à la V ie r g e , &
qu’on appelle la Madone de Camerina.
C A M IO N , f. m. ( conflruiïion ). C ’eft un fort
chariot à quatre roues baffes & foirvent maflives,
dont on fe fert pour tranfporter de très-grands
fardeaux.
C AM P PR É TO R IEN . C ’êtoit,.chezles Romains,
une grande enceinte de bâtimens qui rehfermoit
plufieurs habitations pour loger les foldats de la
.garde.
C AM P A G N E ( m a iso n d e ) . O n appelle de ce
fom général toute maïfon fituée hors des v ille s ,
& particuliérement celles qui font conftruites pour
J’agrément.
Le plus ou le moins d’u tilité , de grandeur ou
de luxe , de proximité des v ille s , fait donner à
ces maifons des noms différens : on fera fentir &
connoîtrè dans la fuite ces diffinâions. O n les
retrouve également chez les anciens dans les
mots tus , v illa , caflelluffi) fuhurbanum.
C e t article v a fe divifer en deux parties : l’une
traitera des maifons de campagne des anciens, & fera
de fimple defcription : l’ autre des maifons de campagne
modernes, & ne fera que de théorie.
Des, maifons de campagne des anciens.
O n ne. croit pas que jamais peuple ait porté
l e goût pour la v ie champêtre à un plus haut
degré que les G re c s , & fur-tout les Athéniens.
Polybe parle d’une race fingulière d’hommes,
qu’on v it jadis répandus au fond des fertiles v allées
de l’Elide , & qui aimoient fi paflionnément
la v ie champêtre , qu’ils n’eurent jamais la curio-
fité d’entrer dans l’enceinte d’une ville. Ils vivoient
a in f i, & ainfi avoient v é cu leurs pères & leurs
aïeux. Cependant on peut affùrer que les Athéniens
ne leur cédèrent rien à cet éga rd; & la
plupart d’entre eux reftèrent conftamment difperfés
par peuplades, jufqu’au moment où éclata la
guerre du Péloponnèfe^ l’an 431 avant notre ère.
C e fut dans ces eirconftances accablantes que
les habitans de l’Atrique quittèrent en pleurant
ces valiéps éft ces collines fi chéries où étoisnt
les temples de leurs dieux & les tombeaux de
leurs ancêtres toujours préfens à leur mémoire. '
Jamais aucune émigration, dit Thucydide , n’offrit
une image plus attriftante ; &•. jamais des cultivateurs
n’abandonnèrent leurs campagnes avec
plus de regrets. Les habitations qu’ ils y avoient
conftruites l’emportoient de beaucoup par l’élégance
de leurs formes & la richeffe-de leurs ameu-
blemens furie s maifons d’Ath èn e s , comme ôn le
fait par le témoignage même d’Ifocrate, Areopagit,
■ p. 23 5 , édit. d'Oxford. C e t auteur allure, que
l’amour des fpeélacles qui avoir tant d’empire fur
l’efprit & l’imagination des G re c s , ne pouvoit
jadis attirer les Athéniens des campagnes à la ville.
Iis préféraient lgs paifibies amufemens qu’ils pou-
voient fe procurer dans un liameau, aux'-repré-
fentations théâtrales & aux fêtes les plus brillantes
de la capitale , & d’une capitale dont ils étoient
eux-mêmes citoyens.
C e genre de v ie contribua beaucoup à fortifier
leur conftitution, & à les préferver d’une infinité
de maux que les habitans des grandes villès contractent
néceffairement dans les facultés de leur
ame & de leur corps ; puifque c’eft contre le
voeu manifefte de la nature qu’on entaffe en de
fi petits efpaces de fi nombreux troupeaux d’hommes
, q u i , comme les végétaux qu’on plante'trop
p rès , fe dérobent mutuellement les fucs nourriciers
de l’air & de la terre.
Indépendamment de ces confidérations générales
; les Athéniens avoient encore des motifs
particuliers pour ne jamais élever au centre d’A thènes
des édifice'?' fomptueux confacrés à leur
ufage. Ils. craignoient avec raifon de choquer les
principes effentiels d’un gouvernement populaire
& l’égalité qui en formoit la bafe. L e luxe fe
fixa plutôt dans l’ intérieur des campagnes où l’on
jouiffoit de plus de liberté, parce qu’on n’yéto'rt
pas fi immédiatement expofé aux y e u x de la loi
ni aux regards.des jaloux. Les Athéniens confu-
moient une grande partie de leur fortune à orner
ces'habitations qu’on v o y o it répandues dans -l’A frique
, & qu’on y défignoit par le terme d'eftha-
tia. Cependant. comme ils dévoient de tems en
tems réfider dans la capitale, lorfqu’ils étoient
élus fénateurs, ou archontes , ou aréopagites, ces
dignités & ces magiftratures leur impofoient la
néceflité d’entretenir deux maifons, l’une en ville ,
qu’on affe&oit de beaucoup négliger , & une autre
à là campagne, à laquelle on attachoit la plus grande
importance. Vous autres, difoit Périclès en parlant
aux A théniens, vous ri aimeç que vos jardins
& les ouvrages d’oflentation que vous y ave% élevés.
E t dans le fait on ne négligea rien pour multiplier
dans ces retraites champêtres tous les agré-
mens dont elles étoient fufceptibles, en y tranf-
portant les oifeaux & les arbuftes de l’Orient qui
pouvoient réfifter au climat de la G rè ce européenne,
tels que les faifans de la Colchide , les paons des
I In de s , les citronniers de la Médie. O n y embellit
la (tirface de la terre par des bofquets de myrte
& des bofquets de rofiers q«e les Athéniens nomm
e n t Rhodonia. O n y donna mille formes différentes
au buis & t illeu l, qui furent le plus généralement
employés à la décoration des parterres
& des berceaux. ( .
Quelques-unes de ces poffeflions reuniffoient
tant de terres labouré es, tant de vignobles & tant
de bois ta illis , que lles avoient jui'qu’ à quarante
flades, c’eft-à-dire, plus d’une lieue & demie de
circonférence. T e lle étoit celle qu’on découvrait
au pied du mont Parnès , dans la peuplade de Ci-
thèron, & que Démofthène a décrit avec quelque
détail. ( Voyè{ le plaidoyer contre Phénippe ).
Il démontre par une évaluation fucceflive de tous
fes produits, qu’elle .pouvoit rapporter cinq talens
& feize mines , c’eft-à-dire , vingt-trois mille fept
cens-livres tournois par an.
Indépendamment de ces établiffemens formés
pour faciliter les travaux & les opérations de la
culture, on trouvoit au fond de différentes vallées
d’autres habitations champêtres uniquement confa-
crées au pla ifir , telles que la demeure d’Hérode
Atticus, dont les anciens ont parlé comme d’un
féjour romanefque & enchanté. D e s ruiffeaux y
defeendoient en murmurant du mont Pentelique ;
& après avoir erré au fond des b o is , ils alloient
fe perdre dans le lit du grand C é p h ife , qui coule
à peu de diftance d’Athènes. Il y a voit une incroyable
quantité de verdure. La v o ix des- oifeaux
s’y faifoit fans ceffe entendre , & d’épaiffes forêts
entrecoupées par de longues allées interceptoient
les’ rayons du foleil. On y a trouvé de nos jours
des inferiptions & des débris de ftatues qui y
étoient fort multipliées. ( Recherches phil. fur les
Grecs j.
Ponrife former une jufte idée de l’A t t iq u e , il
faut fe la repréfenter comme une grande v ille
divifée en bourgades', qui fe divifoient en habitations
contiguës , ou. éparpillées fur un fol que
l ’induftrie plus que la nature avoient rendu fertile.
Athènes n’étoit que le chef-lieu ou le rendez-vous
de l’Attïque ; cetre ville appa'rtenoit en commun
à tous les habitans : le luxe & la décadence des
moeurs l’embellirent dans la fuite aux dépens des
campagnes; & l’on remarquera que l’effet contraire
eft arrivé à Rome , où le luxe & la molleffe
peuplèrent les campagnes aux dépens de la ville.
Lé plaifir de la campagne, c’eft-à-dire celui de
la nature , eft du nombre de ceux que'nous recherchons
malgré nous, & dans les chofes même
que nous faiforis pour la fuir. Vous planteç des
arbres , dit Horace., dans les lieux que vous entoureç
des plus fuperbes colonnes ; vous nejVtne£ les plus
fuperbes maifons , qu autant qu elles ont la vue fur
quelque vajle campagne ; c’ejl quon a beau vouloir
chajfer la nature , &C.
N impi inter varias nutritur fylva columnàs ,
Laudaturque domus longofque profpicit agros
Rdturam expéllas fured, &c»
Ce t amour naturel de la campagne fut celui des
premiers Romains. Les moeurs antiques ne pouvoient
lui être plus favorables. On n’alloit pas à
Fa campagne; on y v ivo it & on y travaillent. .Les
moeurs nouvelles ne connurent plus de motifs
aufli purs. Mais la molleffe & le luxe ne trouve-
pas moins leur compte dans les maifons de campagne.
La délicateffe ne trouvoit R om e ni affez
commod e, ni affez riante. En e f fe t, les ouvrages
publics y étoient admirables; mais les ouvrages particuliers
n’y répondoient pas. Ces milliers d’îles,
c’eft-à-dire de maifons, ainfi appellées , parce
qu’elles étoient ifo lé e s , dont on vo it dans les anciennes
deferiptions de Rome que fes quartiers
étoient compofés , donnent une grande idée du
nombre des rues qui en devoit réfulter; mais ils font
chercher quelle commodité & quelle beauté pouvoient
avoir ces habitations , fi l’on réfléchit fur-
tout qu’elles étoient fans u n io n , & n’avoient
pas plus d’ordre , & qu’on trouvoit par-tout les
montées & les defeentes des fept montagnes fur
lefquelles l’ancienne Rome étoit - bâtie.
Mais ce qui plus encore que la volupté faifoit
defirer la campagne, c’étoit la vanité. Rome fo-
mentoit & combattoit tour-à-tour cette paflion.
La part qu’on y avo itau commandement de l’uni-'
v e r s , l’enfloit fans mefure , & mille accidens
concouraient à la rabattre. Il n’eft pas même be-
foin de dire combien il en devoit naître d’une conftitution
politique fondée fur l’union la plus compliquée
du pouvoir du p eu p le , du fén a t , de con-
fuls, de tribuns, de cenfeurs, de pontifes & d’autres
magiftrats, de. qui toutdépendoit. La campagne etoit
une reffotirce admirable pour a lle r , foit fe confoler
des défaites qu’on avoit éprouvées dans ce tte mêlée
politique , foit fe préparer à s’y jettèr de nouveau
avec plus de îùccès.
L e fait eft que depuis la chute des moe urs, on
v it régner la paflion la plus démefurée & le luxe
le plus effréné des maifons de campagnes. Strabon
dit de la pierre de P i f e , ç ’eft-à-dire du plus beau
marbre, qu’elle fervoit aux fabriques des Romains,
qui bâûjfent jufquà leurs maifons de campagne, a joute-
t - i l , à la manière des palais des rois de Peife. La.-*
magnificence n’étoît pas fatisfaite, fi ces maifons]
royales n’étoient que fuperbes. Elle vouloit qu’elles-
fuffent nombreufes, & qu’aucun des cantons agréa-,
blés n’en manquât.
C icé ron , un des plus cé lèb res, mais non des
plus riches particuliers de R om e , avoit jufqu a
dix-neuf maifons de campagne ; c’eft le compte que
nous en donne l’auteur de fa v ie . Il paroît meme
qu’il en avoit un plus grand nombre encore. L’ abbé
Chaupy en a trouvé jufqu’à v ingt-quatre, don;
les plus renommées étoient : Arpinate, Tufculanum%
Anùum , Lanuvinum , A fu r e , Formianum , Calenum,
Cumanum , Puteolanurn , Cluvianum , Porripcianum,
Faberianum , Vejlianum, Sinuejfanum, Anaguinum 8c
Frufinate. v . .
Ce lle de toutes qui lui étoit la plus chère étoit