
De la colonne par rapport à fa conflru&ion.
Colonne d’ajfemblage. Colonne formée de membrures
de b o is , affeinblées, collées & chevillées, qui eft:
creufe, faite au tour & le plus fouvent cannelée,
comme les colonnes de la plupart des rétables d'autel
en menuiferie.
Colonne incruf.ce. C ’eft une colonne faite de plii-
fieurs côtes ou tranches minces de marbre ra re ,
maftiquées fur un noyau de pierre, de briques ou
de tuf. On incrufte les colonnes autant peur épargner
une matière précieufe, comme le jafpe oriental,
le lapis , l’aga the, & c . que pour en faire parokre
des morceaux d’une grandeur extraordinaire, par
le moyen d’un maftic de même cou leur, & qui
rend les joints imperceptibles.
Colonne jumelée ou gcmdée.- Colonne dont le fut
eft fait de ' trois côtés de pierre d u re , pofée en
délits ( à l’imitation de trois gemelles de bois qui
fortifient le grand mât d’un vaiffeau) , Si retenue
par le bas avec des goujons, & par le haut a vec des
crampons de fer ou de bronze. Elle doit être cannelée
pour rendre les joints moins fenfibles. Telles
font les quatre colonnes corinthiennes d’un des
côtés de la cour du château d’E couen, bâti par
Jean Bullant.
Colonne de maçonnerie. C ’eft celle qui eft faite de
moellon bien giflant, enduit de p lâtre, ou en brique
par carreaux triangulaires , & recouverte de ftuc ,
comme on en voit à V en ife , ou enfin de brique
apparente , comme on en voit à l’orangerie du
château de Lonné , près d’Alençon.
Colonne par tambours. On nomme ainfi celle dont
le fut fe compofe de plufîeurs aflifes de pierre ou
blocs de marbre, inférieurs en hauteur à la largeur
du diamètre. C ’eft celle qu’Ulpian appelle columna
. fruSlilis vel adpaEla > Si qui eft oppofée à columna
folida vel integra, c’eft-à-dire, colonne d’une feule
pièce.
Colonne par tronçons. C e n’eft point la même que la
précédente. C e lle-c i eft faite de deux, trois ou quatre
morceaux de pierre ou de marbre, & qui diffèrent
de ceux qu’on appelle tambours, en ce que leûr
hauteur furpaffe la largeur du diamètre de la
colonne. O n peut donner cette dénomination aux
colonnes formées de tronçons de bronze, chacun
d’un je t , dont les joints font recouverts par des
ceintures de feuilles, comme les colonnes du baldaquin
de S. Pierre à Rome.
Colonne variée. Colonne compofée de diverfes
matières m comme de marbre & de pierre, dîfpofées
par tambours de différentes hauteurs & de diverfes
couleurs, dont les plus bas fervent de bandes ou
de ceintures, qui excèdent le fut de-pierre qui eft
cannelé. Telles font les colonnes ioniques du gros
pavillon du château des. Tuileries du côté de l a .
cour, les bandes de ces colonnes étant de marbre,
& les tambours de pierre, Les colonnes variées les
plus riches font toutes de marbre de deux couleurs
l’une pour le f û t , & l’autre pour les bandes.
O n peut aufli appeller colonnes variées, toutes
celles qui ont des ornemens- poftiches de bronze
doré.
De îa colonne par rapport à fa forme.
Colonne en balafre. Efpèce de pilier rond, tourné
en baluftre ralongé à deux points, avec bafe &
chapiteau, qui fait l’office de colonne d’une manière
gothique Si peu folide. Il y a des colonnes en balafre
dans la cour du château de Chantilly, & au meneau
de la croifée du milieu de Phôtel-de-ville de Toulon ,
du deffin du célèbre Pujet.
On appelle aufli colonnes en balafres, les baluftres
de clôture dans les églifes.
Colonne bandée. Colonne qui a d’efpace en efpace
des ceintures ou bandes unies Ou fculptées, qui;
excèdent le nud de fon fût cannelé, comme les
colonnes ioniques du château des Tuileries , Si les
colonnes compofites du portail de S, Etienne*-du-
Mônt à Paris.
Colonnes en bas-relief. On peut donner ce nom aux:
pilaftres. ( Voye^ Pilastre ).
Colonne cannelée ou firiée. Colonne qui a fon fut
orné de cannelures dans toute fa hauteur, ou dans,
les deux fiers d’en haut. ( Voyeç C annelures).
Colonne cannelée ornée, eft celle qui a dans fës
cannelures des ornemens de feuillages & fleurons ,
qui en rempliffent le tiers inférieur par intervalles >
Sc quelquefois aufli de petites branches ou bouquets
de laurier , de chêne , d’olivier , de lierre-, Sic.
comme on en voit à l’ordre ionique des Tuileries
& aux autels de plùfieurs églifes. Cette forte de
colonne convient particuliérement aux ouvrages de
menuiferie.
Colonne cannelée rudaitée. C ’eft une colonne dont les
cannelures font remplies de ca b le s , de ro fe au x,
ou de bâtons, foit jufqu’au tiers de fon fu t , foitr
dans toute fa hauteur. ( Voye^ C annelure & R u-
denture ).
Colonnes à cannelure torfe. Colonne dont le fut d roit
eft entouré de cannelures à côtes tournées en lignes-
fpirales ou en forme de vis. Il y en a plufteurs exemples
dans l ’antique, entre autres au temple de Spoleto.
Colonne cylindrique.G eft le nom qu’on peut donner
à une colonne qui n’a ni renflement, ni diminution*
comme les piliers gothiques.
Colonne coloffale. C ’eft une colonne qui eft d’une
fi prodigieufe grandeur, qu’elle ne peut entrer dans
une ordonnance d’architeéfure , oc qui doit être
ifolée au milieu d’une place , comme la colonne
Trajane , qui a de diamètre douze pieds & un
huitième , fur cent pieds de h au t, compris la bafe
& le chapiteau ; le piédeftal en a dix-h uit, &
l’amortiffement feize oi demi ; il eft chargé d’une
ftatue de bonze de treize pieds de haut ; le tout
fait cent quarante fépt pieds antiques romains du
Capitole, qui reviennent à cent trente-quatre pieds
trois pouces neuf lignes de notre pied - de - roi.
\ V o y i{ T rajane C olonne).
La colonne Antonine eft aufli une colonne coloffale
; on peut en voir le détail & la dsfeription..
à l’article A ntonine C olonne.
A l’article A l e x a n d r i e , on a rapporté les mesures
de la fameufecolonne coloffale, é le v é e , félon
les u n s , à Pompée, dont elle a pris le nom ; & félon
M. Sava ri, à l'empereur- Sévère. ( O n rcnvçie le
lefteur à cet article ) . -
O n compte en Angleterre plufteurs colonnes colof-
fd e s ; la plus fameufe eft celle qu’on appelle le mo-
miment. Elle eft la plus haute que l’on connoiffe,
fon élévation étant d'e deux cenè deux pieds an -
g lo is , qui reviennent à cent qnatre- vingt-neufpieds
quatre pouces & demi de r o i , compris le piédeftal
,êc l’amortiflement. ( Voye^ Colossal ).
Colonne compofée. C e n’eft pas le fynony me dé co-
lonnne comporte. Cette dernière dénomination indique
un des cinq ordres d’architééhire. Par colonne
compofée, on entend celle dont la compofmon
& les ornemens Portent de la forme ordinaire &
des ufages reçus. Telles font , par exemple , les
colonnes que Villapende fuppofe a voir orné le temple
de Salomon ; telles font encore quelques inventions
de Boromini.
Colonne cetoritiaue. Colonne ornée de feuillages ou
de fleurs , tournée en ligne fpirale à l’entour de fon
f û t , foit par couronne , foit par feftons , comme
celles dont les 'anciens fe fervoient pouf élever
des ftatues. Ce s colonnes conviennent aux arcs
de triomphe, pour les entrées ou pour des fêtes ;
.on les met aufli en oeuvre dans les décorations
de théâtre.
: Colonne, diminuée. Colonne qui eft fans renflement,
& dont la diminution commence dès le pied de
fon fû t , à l’imitation des arbres. Telles fon t, la
plupa rt, les colonnes d’ordre dorique de l’ancienne
maniéré g re cq u e , qu’on v o it aux temples de cet
ordre. ( Voye^ D orique ).
Colonne en fefceau. Colonne quifemble être une
réunion de plufteurs arbres ; on en trouve de fembla-
bles dans les monumens de l’Egypte. (Voyez Egypte
A r c h it .)* O n vo it aufli dans les églifes. gothiques
- des piliers compofès de plufîeurs petites colonnes
ou perches ifo lé es , qui reçoivent les retombées des'
nervures des v oûtes, comme il y en a aux bas-côtés
de l’églife de Notre-Dame à Paris , où chacun des
piliers par tambour eft entouré de douze petites
colonnes qui ont environ huit pouces de diamètre
fur vingt pieds de hauteur , & qui font le plupart
d’une feule pierre.
Colonne feinte. C ’eft une colonne en peinture fur
une toile tendue à p la t , ou en relief ftir un chaffis
cylindrique , qui imite le marbre , & dont la bafe
& le chapiteau font dorés ou en couleur de bronze.
Ces fortes de colonnes fervent, aux décorations.
Colonne feuillée. Colonne dont le fût eft taille de
’ feuilles de réfend ou d’eau , qui fe recouvrent en
- manière d’écailles , ou comme la tige de la feuille
d’un palmier. O n en voit de la première efpèce
au temple antique de Spoleto. Il y a aufli deux
anciennes colonnes feuillées d’ordre corinthien , au
portail de l’ églife de Notre-Dame à Montpellier.
Colonne fujèlée, fe dit de celle qui reflemble à
un fufeau, parce que fon renflement eft trop fen -
ftble & hors de.la belle proportion, comme cela fe
vo it aux colonnes corinthiennes du portail de l’églife
des filles de Sainte-Marie, rue S.’ Antoine à Paris.
Colonne gothique. C ’eft dans un bâtiment gothique
tout pilier rond qui eft trop court ou trop menu
pour fa hauteur, ayant quelquefois jufqu’à vin g t
diamètres fans diminution ni renflement,- & fans
aucun rapport avec les proportions antiques & les
règles de l’art.
Colonne grêle. Colonne qui eft trop menue & qui
a pins de hauteur que ne le demande l’ordre dont elle
eft.
Colonne hermétique. Efpèce de pilaftre en manière
de terme* qui, au lieu de chapiteau, a une tête
d’homme. Cette colonne eft ainfi appelée , parce
que ces efpëces de cippes étoient ordinairement
furmontés de la tête de Mercure, appelée par les
Grecs hermes. Ces fortes de fupports fe voient au
tombeau du pape Léon X , fait par Mich el-Ange *
ou fur fes deffins. ( Voye^ les mots C aryatide 9
Hermes, T erme).
| Colonne irrégulière^. C ’eft une colonne qui eft n on -
feulement hors, des proportions des cinq ordres ,
mais encore dont le fût, les ornemens, le chapiteau
forcent des règles ordinaires. O n voit beaucoup de
ces colonnes irrégulières dans les décorations ara-
befques & dans les monumens gothiques, fur-tout
dans ceux q u i , comme l’ églife de S. Euftache à
Paris, participent de l’ignorance des fïècles barbares
& des coimoiflances de l’antiquité. O n trouve encore
de ces colonnes dans plufteurs livres d’architeéhire *
apglois, hollandois Si allemands.
Colonne biffe, eft celle dont le fût eft tout uni*
fans cannelures ni ornemens quelconques.
Colonne marine. C e nom fe donne à une colonne
qui eft taillée de glaçons' ou de coquillages par
bandes en boffages , ou continus fur toute la longueur
de fort fut. O n en vo it dans la première
manière , à la grotte du jardin du Luxembourg k
Paris.
Colonne maffve. O n défigne ainfi une colonne plus
courte que ne le preferit l’ordre dont elle eft. O n
comprend aufli fous ce nom les colonnes tofeanes
& les ruftiques.
Colonne ovale. Colonne dont le fût eft applâti *
ou dont le plan eft ovale. Il y a dans l’antique
plufîeurs exemples de colonnes ovales. O n en trouve
dans l’île de Déîos, Les chapiteaux ovales de la
Trinité du Mont à R om e , indiquent affez qu’ils
ont appartenu à des colonnes de même forme. L e
palais Maflimi à Rome en offre deux exemples
modernes ; Si l’on en vo it encore un au portail de
l’églife des PP. de la Merci à Paris. ( Voyeç O vale) .
Colonne à pans, f Voye^ Colonne polygone )„