
tr'e , ; pour former • l’embrafement * afin d’en faciliter '
l ’ouverture. On diftingue trois efpèces d' arrière-vouf-
fures : v
i ° . Si rembrafement eft terminé par un arc ( fig._
1 9 des pl. relatives a la conjlrutfion ) , on l’appelle
&rnère-voujfure de Marfeillc.
2°; Quand l’embrafement eft terminé par une ligne :
d ro ite , (fig. 2.0 ibid.) , on l’appellearri'ere-voujfure de
Montpellier.
3 °, Lorfque d’après une feuillure quarréè on fait
un embrafement terminé par une ligne coürbe , telle
que la demie-circonférence d’un cercle ou d’une
e llipfej ( fig . 21 ib id .) on l’appelle arrière-v0ujfure
de St Antoine. On l’a nomme ainfî , ’• parce que les
portes de l’arc triomphal de la rue St Antoine qu’on '
a abb a tu , étoient conftruites de cétte manière du :
côté de la ville.
Les deux premières arnere-voujjiires. font; indifp.eii- :
fables 5 car autrement on ne pourroit pas ouyrir entiè- j
rement une porte ou croifée ceintrée par le h a u t , & i
la faire joindre contre les piédroits. C ’eft pourquoi
les arriéré-voujfurcs de Marfeille & de Montpellier ,
doivent fe terminer contre lès embrafemens des. piédroits
par une courbe femblable. à celle de la feuillure
,>qui reçoit la porte lorfqu’elle eft fermée ; afin
q u e lle puifléfe joindre to.ut-à-fait contre les embrafemens
des piédroits dans toute la hauteur.
Quant à l ’arrière-voujfure de St Antoine , elle n’eft
néeefïïtée , que lorfque , derrière, une porte quarree,
on eft obligé de. 'raccorder les. embrafemens ayee un
ceintre circulaire ou elliptique. C e t arrangement: qui
a un certain mérite par. rapport à l’appareilg quand
il eft bien exécuté , ne produit jamais un bon effet,
relativement à la décoration. Les appareilleurs ont
cherché à augmenter la difficulté, en faifant les joints
courbes', afin de raccorder avec plus de grâce les
joints qui forment la tête de l’arc terminant l’embra- '
fement avec la ligne droite de la feuillure. ( Voye{
la fig. 21 ibid. ) Cependant, en bonne conftruCtion ,
les joints courbes font vicieux , parce que les pierres
âinfi taillées , fout fujettes à (e rompre au moindre
effort „ lorfque les furfaces qui doivent fe touchér ne
font pas bien concentriques 3 ce qui eft très-difficile
à éxécuter. Un conftruCreur qui a du goût doit toujours
préférer la beauté de la forme a tout - ce qui
n’a de mérite que par-la difficulté de l’exécution. Les
architectes actuels ne font plus parade de cette efpèce
de eonftruçtion , & n e l’employent plus fans néceffité.
(V o y e z coupe de pierres & vouffure.')
A R R O N D IR , v . aét. Former une portion de cercle.
O n dit arrondir un an^Le , -c’eft-à-dire fupprimer fa
pointe & la former en portion de cercle.
A R R O S A G E , f. m. (terme £ architecture hydraulique.)
C ’eft l’art de conduire les eaux pour arrofer
un terrain. On en doit les premières idées aux Egyptiens
qui faifoient des canaux pour répandre les
eaux du N il dans les endroits les plus éloignés. Ils y
employoient deux moyens J: celui des canaux, lorfque
la pente du terrain pouvoit le permettre , &
celui des machines pour porter les eaux dans les lieux
les plus élevés. O n dit que ce fut pour faciliter cette
opération, qu’Archimède inventa , dans un voyage
qu’ il fit en Egypte , la vis qui porte fon nom. Les
Italiens & les Éfpagnols ufent encore des mêmes procédés
pour arrofer leurs campagnes : ils ont été
imités par'les habitans du Dauphiné, de la Provence
& du Rouffillon. f V o y e z Canal.) •
A R S E N A L ( Voye%_ A rcenae. )
A R S IN O E , Ancienrie ville d’E g yp te , chef-lieu
d’un nome qui en portoit le nom , étoit fi tuée à
'l’occident du N i l , au-dëffus de Memphis. C ’eft la
..même ville qu’on nommoit auparavant ville des
■ Crocodiles, parce que cet animal y étoit honoré.
Richard Pockocke vifita les ruines d’A rfinoï j &
d’après fa defeription, nous comprendrons enfemble
fès monumens , & ceux d’une ville voifine qui
paroît avoir été une autre Arfînoè, *contigiie à la
première, & que l’on confondoit fouvent avec elle,
quoiqu’elle en fût ' diftinguée par le nom . de
Cléopatride.
De l ’un & de l’autre côté, du chemin qui mène
à cette dernière ville , on voit deux pyramides :
elles étoient conftruites affez fingulièremejit, en groffes
pierres de taille qui- formoient des bâtime-ns foliJes,
dans les coins 8c dans le milieu. Il paroît, que les
deux premières affifes pofoient fur le fondement,
& que les autres. aboutiffoient des murailles aux
maffifs entre lefquels elles étoient comprifes. Il refte
encore dix affiles ,dè . pierres dans les piles du milieu
3. 8c une»au-deffus du terrain, dans les autres
parties. Comme l’on- étoit obligé de tirer la pierre
de loin , il paroît qu’on imagina cette façon de
; b âtir, pour épargner la dépenfe des matériaux.
Quant à la capitalé du nome Arfinoïte , où , félon
Strabon, Menés avoit bâti un tombeau , une
pyramide & un labyrinthe, il eft à croire qu’il n’en
reftè plus que l’emplacement.
Pockocke ne vit aux environs que des décombres
, & les ruines de la muraille d’un édifice rond,
qui paroît avoir été de briques. L a face qui regarde
l’orient • étoit incruftée avëc une efpèce de pétrification
, pareille à celle qu’on trouve dans les anciens
aqueducs. Les habitans dilent que c’étoit un bain^
& il peut fe faire que ce foit un ancien édifice
qu’on ait employé à cet ufage.
Environ, trois milles au fud-oue ft, il exifte un
obélifque de granit rouge, d’une difpofition particulière.
Il a 4 pieds 2 .pouces de large , du côté du
nord3 6 pieds 6 pouces, du côté de l’e ft3& 43 pieds
de hauteur. Chacune de fes faces eft divifée. par
des lignes en trois colonnes, dont ’celle du -milieu-
a 1 pied de large. L a manière dont lés hiéroglyphes
y font difpofés eft affez fingulière : ils font entremêlés
oc féparés par quatre étages de figures humaines,.
fix fur chaque lign e, de 18 pouces de hauteur, dont
! la plupart ont des têtes de faucon &-un chaperon,
I pointu. Les caractères hiéroglyphiques font divifés
[ en 16 colonnes. L ’obélifque eft fendue au fommet,
[ de la largeur d’environ 3 pouces , du nord au fud.
Ileftfort endommagé tout au tour, à la hauteur de 10
| pieds, mais plus du côté du fud qu’ailleurs. Celui
[ de l’oueft eft prefqu’entièrement effacé, & les angles,
I fud-oueft 8c fud-eft font écornés , à la hauteur de
1 20 pieds. Le tout eft fort f a le , à caufe des oifeaux
[ qui fe perchent deffus., enforte qu’il ferait difficile
I d,’en copier les hiéroglyphes1.
[ A R T , f. m. On ne fauroit définir les arts du génie
I d’une manière auffi fimple & aufîi précife qu’on le
K croit ordinairement. Le mot art emporte avec lui
K différentes acceptions, auxquelles l’ufage & la forme
I du langage ont imprimé des modifications très
I diverfes.
K Si l’on définit un art abftraCtivement 8f. en lui-
I même, c’eft un agent faétice, dont lés refforts, mis .
I en mouvement, éveillent en nous les idées ou les
laffeCtions dont la nature a mis en nous" le principe
12c la caufe.
I Défini méthodiquement & par rapport aux ab-
férvations -qui'en réfnltent, un a r te ti unecolleérion
■ de règles pour faire b ien , ce qui peut être fait bien
■ ou mal. C ’éft un centre ou point de réunion auquel
Ion rapporte les obfervations déjà faites , pouFen.
I former ^un fyftême de règles ou d’inftrumens tendans
a un même but.
I Mais tout ar t, avant de fe définir, doit fe confi-
Idérer fous trois points de vue :
K Dans fon ejjence, par rapport à lui-même.
I Dans fes m o y e n s par rapport à l’artifté qui
l î ’éxercë. -
I Dans fa fin , par rapport à n ou s, & aux impref-
|fions qu’il nous fait éprouver.
I Quoique- tous les beaux-arts foient enfans d’une
■ mère commune , & remontent à une même origine ,
lil n’en eft pas moins vrai qu’ils peuvent différer .
Nntr eux dans leur ejjence, dans leurs moyens & dans
Beur fin. L a fraternité qui les unit , n’empêche pas
Iqu ils ayent chacun leur être & leur conformation à
I fa r t , des facultés diffemblables, & une deftination
Ifaraculière.
} C r JttAJ.ua UJVCJLa , ICUA Ud-LLU
loc leur phyfiônomie. doivent varier fuivant les caufe
jqui les produifirent.
Ih dans leurs moyens, parce que chacun j orne par la nature à mi emploi , à un diftrid parti
L ler* s Greffant à des organes différens, ne do:
f r " e Peuto ^ p lo y e r que les refforts qui lui foi:
Befmi^f m & ^ mfirumens analogues aux fens fu
iieiquels il a de l’aéHon. 6
I ü s diffèrent dans leur fin , qui t quoigu’en app;
rence la même , c’eft-à-dire celle de nous p laire,
varie cependant autant que les différens organes qui
nous tranfmettent le plaifir, autant que les faculté»
de l’âme, qui en font fufceptibles, enfin autant que
•nos plaifirs même.
En effet chaque fens a fes jouiffances propres >
& les plaifirs qu’ils communiquent à l’âme , femblent
contracter une différence très ; fenfible , de la variété.
fe.ule des routes qu’ils parcourent.
. Ainfi-, quoique le plaifir dé l’harmonie jfbic. une •
;des fins de la mufique , auffi-bieu que: de. l ’architecture
cependant la nature particulière des ^.organes
par lefquels ces deux arts font arriver à l ’âme ■ les-,
fenfations harmoniques , donne aux plaifirs réfui-,
tans, un caractère, aufft particulier , . :qu’aux moyens^
mis en oeuvre pour parvenir à ce but. C eu x ,qu i ont;
voulu leur prêter des moyens entièrement femblabl&s,
& appliquer â l’harmonie oculaire, les principes de
l’harmonie auriculaire, ne fe font pas appetçus, qu’il
n’y avoit aucun rapport de conftitütion. phyfîquê
entre l ’organe de l’cèil & celui de l’orèîlîé; Ce la
étant, il ne peut y avoir de reffemblancê entre les
impreffions de la vue & celles de l’ouïe 3 & lés proportions
harmoniques de l’un de ces deux arts' ne'peuvent
s’appliquer à l’autre que par analogie. Dès-lo’rs ; i
: les effets quiréfùltent de l’harmonie^, dains chacun d é cès
arts , arrivant à notre âme1, ' parades • routes q u i 1
11e font pas les mêmes , la frappant par des moyens fi
peu femblables, en affedant même des parties diffé-J
rentes, doivent y produire des plaifirs différens. E t
c ’eft cette diverfité de plaifirs qui conftitue, dans le# ’
;arts, la diverfité de leur fin.
\ L a variété des moyens vient aufïi de la différence *
iavee laquelle ils agiffent fur les fens qui ■ font de
ileur reffort. Ainfi les mêmes moyens, en les fuppo-
fant pareils, ne produiraient pa s, fur chaque organe,,
des effets femblables. Les fonsj ou l’union des corps-
fonores dans la mufique , agiffent bien plus puiffa-
ment fur l’âme , par le moyen de T o ü ie , que les-
objets vifibleSj employés par l’architecture. C e u x -c i,
dénués des rapports qui en font les charmes, ne nous' ‘
affecteraient prefqu’en rien,tandis que la nature feule
des fons non-combinés nous toucherait déjà. L a r a i-
fon en eft , que la nature, comme le dit M . M a r -
montel, femble avoir tout fa it ’ pour les yeux , 8c
prefque rien pour les oreiües. Pour mille fenfations
agréables, qui nous viemient par le. fens de la vue-, .
il ne nous en vient peut-être pas une par le fens de
rouie. Dès-lors, l’oreille eft d’autant plus fenfible,
& jouit d’autant plus aifément., que fes plaifirs font
plus rares dans la nature. L ’oe il, au contraire;, raffa-
fié , fi l’on peut dire, de toutes les jouiffances matérielles
, eft plus difficile à affeCter par les combinai-
fons intelleduelles de l’architecture 3 & l’art qui cherche
à produire cet effet par de fimples rapports de
proportions, eft peut-être celui qui a le plus de difficultés
à vaincre , & de mérite quand il y parvient.
Cette divêrfité de moyens eft encore plus fenfible
dans les iaftrumens que chaque art met en îEuvre<
S i j