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defcend vers la Garonne , où eft le port. Il étoit
bâti de grandes p ierres, aufli dures & auffi blanches
qu’eft notre liais. Sa figure étoit un quarré oblon g,
de quinze toifes en longueur fur onze de large ;
fa hauteur étoit de vingt-deux pieds : tout autour
étoient rangées vingt-quatre colonnes, huit fur les
grandes faces , & ü x aux petites. C e quarré, qui
etoit comme une bafe ou ftylobate continu , étoit
prefque tout folide de maçonnerie, revêtu en dehors
de grandes pierres ta illé es , & rempli en dedans
de moilons bloqués , ou jettés pêle-mêle avec
le mortier, n’y ayant de vuide que pour une ca ve
qui étoit dans le b a s , & dont la voûte ou plancher
n ’avoir pas plus de neuf pieds d e haut. C e plancher
étoit tout droit & tout p la t , & n’étoit point fou-
tenu par la coupe des pierres , mais par l’épaiffeur
du mafiif, qui avoit plusfie douze pieds, félon la
méthode des anciens , qui donnoient aux planchers
plus de deux pieds d’épaiffeur, fans compter les
poutres & les folives. C ’eft ainfi que V itru v e l’en-
ieigne au premier chapitre de fon feptième livre.
» C e plancher pardeffous étoit fait comme le
ciel d’une c a rrière, & il paroiffoit que les murs
d’alentour ayant été bâtis, on avoit laiffé la terre
en dedans, à la hauteur que de voit avoir le plancher
, & que fur cette terre on avoit jetté le mortier
& les pierres , dont on avoit rempli le refte
jufqu’en h au t, & que le maffif étant fec , on avoit
ôté la terre de deffous. Ce tte forte de planchers ,
de même que les autres décrits par V itru v e , pour-
roient être appellés des planchers fu fils9 étant faits
d’une matière cou lan te, que l’on jette comme en
moule.
» C e ftylobate continu étoit dou ble, y en ayant
un pofé fur un autre ; & il y a lieu de croire que
celui de deffous étoit pour gagner la hauteur de
la pente de la co llin e, & que le fécond commen-
çoit au droit du rez-de-chauffée de l’entrée : de
manière que l’on montoit fur l’aire où les colonnes
étoient placées , par un perron de vingt-une marches.
. » Les colonnes avoient quatre pieds & demi de
diamètre, & n’étoient diftantes l’une de l’autre que
de fept pieds, ce qui faifoit que leur difpofition
âpprochoit du genre pycn oftyle. Elles étoient cannelées
, & compofées de plufieurs aflifes ou tambours
de deux pieds de hauteur : ces tambours,
de même que tout le refte des pierres taillées ,
étoient pofés fans mortier & fans tenon ; les joints
en étoient prefque imperceptibles. La plupart des
bafes n’étoient que commencées à tailler. Les cann
e lu r e s f o u s l’aftragale du haut de la co lo n n e ,
n’étoient point en manière de niche, comme elles
le font ordinairement ; mais elles avoient la figure
contraire.
» Les chapiteaux étoient félon la proportion que
V itru v e en feign e, n’a y aat pas plus de hauteur que
le diamètre du bas de la colonne ; ils étoient a u fli,
félon le précepte de cet éc rivain, taillés à feuilles
d’acanthe.
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. »> L ’architrave étoit compofé d’un fommier, pofé
fur chaque c o lo n n e , & d’un claveau au milieu
appuyé fur deux fommiers ; cet architrave faifoit
un reffaut d’environ fix pouces au droit de chaque
colonne, pour foutenir des caryatides en bas-relief
de dix pieds de hauteur, adoffées contre les piédroits
des arcades , qui étoient au-deffus de l’architrave
à la place de la frife. Les caryatides avoient
la tête fous les impoftes des arcades, & au droit
de chaque caryatide au-deffus de l’ impofte, il y
avoit un v a f e , dont le pied fe terminoit en pointe,
à la manière des urnes ou vafes à renfermer le
vin.
» Ces arcades formoient un autre architravepa>
reil au premier , au-deffus duquel il n’y avoit rien.
Le dedans comme le dehors étoit orné de caryatides
; elles étoient au nombre de quarante-quatre,
parce qu’il ne pouvoit y en avoir en dedans, au
droit des colonnes des angles.
» Des vingt-quatre colonnes de cet éd ifice ,il n’en
reftoit que dix-fepï, & il paroît, par la figure d’He-
lias V in e tu s , que de fon temps ( i l y a environ
cent v ingt an s ) , il y en avoit encore dix-huit. Deux
des colonnes de la face , qui regardoit fur le port,
au droit de la citadelle, étoient fort endommagées
de coups de-canon, qui avoient emporté en quelques
endroits jufqu’au quart d’un tambour, fans
avoir pu les abattre ».
O n peut vo ir la figure de ce monument, remarquable
à plus d’un t it r e , dans le V itru v e de Perrault
, page zip.
Le fameux S p o n , à fon retour de G rèce & d’Ita
lie , avoit examiné les antiquités de Bourdeaux,
& les avoit jugées dignes de fon attention ; il
remarqua fur-tout la porte baffe.
C ’eft un monument dont la conftru&ion folide
s’attribue au fiècle d’A u g u f te , fous lequel o'n.bâ*
tiffoit pour l’éternité. Les Goths & les Vandales,
les Sarrazins, les Normands j dans tous les ravages
qu’ils ont fait fouffrir à cette v i l le , ont refpefté
ce bel ouvrage. Il a été chanté par les plus anciens
poètes :
Bourdeaux, vante ton monument ;
Tel de la vieille Rome étoit le fondement,
Plus augujle ejl la porte baffe
Que le haut portail d'un palais ;
Son antique & fuperbe majfe
Voit les Jîecles couler, fans s'ébranler jamais»
L e palais Galien porte encore le nom de l’empereur
fous lequel1 il fut bâti. C ’étoit un bel amphithéâtre
, que les anciens titres de Bourdeaux
nomment les arènes ; il étoit o v a le , & avoit deux
cens vingt-fept pieds de long , fur cent quarante
de large.
B O U R S E , f. f. lieu où s’affemblent les marchands
, pour traiter des affaires relatives au commerce.
On ne croit pas qu’il y ait eu chez les anciens»
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j^difice qui répohdic ahfohiment h ce quô nous
appelions proprement bourfe» Les bafiliques en te-
noient lieu , en réuniffoient toutes les propriétés,
& renfermoierit tout ce qui avoit rapport au né- j
eoce & aux gens d’affaires. ( Voyeç Basilique.) ;
6 Toutes les villes de commerce modernes ont
un lieu confacré à i’affemblée des négocians, où ;
ils fe rendent tous les jours à une heure marquée, j
Quelquefois c’eft une place entourée de portiques, j
gc plantée d’arbres ; le plus fou vent .c eft un edi- j
ffce confiftant en plufietirs portiques au rez-de- j
chauffée, avec falles & bureaux deftinés. apx banquiers.
O n le nomme place, loge du change, ou bourfe.
La bourfe de Londres (o u royal échange ) ,
bâtie aux dépens de Gresham, après l’incendié de \
la. v ille , en 16 6 6 , paffe pour avoir été élevée |
fur lès deflins d’Inigo Jones : mais on la croit en j
même temps une de fes moindres, produ&ions : elle ;
a deux cens cinq pieds^de long fur cent quatre- 1
vingt de large. Cettpdifice a dans le;milieu u n ;
pavillon décoré 'd’un ;©rdre corinthien, avec un
arc très-hardi, accompagné de deux autres qui font
plus petits. C ’eft du milieu de cette partiè dé la ;
bourfe que s’élèv e une. fupèrbe .tou r , décorée de
trois ordres , fa voir , l’ionique , le corinthien; & le
compofé. O n a condamné l’arcade ruftique , parce '
que les pleins n’ont qu’un quart de la largeur de
l’arc, & font paroître cet-édifice trop ftûble. La
partie fupérieure du bâtiment eft terminée par une
baluftraae, & ornée de ftatues.
On cite encore la bourfe d’Amfterdam, bâtie par
Dankers. Elle fut commencée en 16 0 8 , & finie
en 1613. C e t édifice a deux cens cinquante pieds
de lo n g , & cent quarante d e large. Il eft foutenu
,par trois grandes arcades, fous lefquelles paffent
des canaux. O n - tro u v e , aù tèzrde-chauffée, un
portique qui environne la grande co u r , an-deffus
duquel font des falles , foutenues par quarante-fix
piliers, Chacun d’eux eft numéroté & afiigné à
une nation ou à des marchands du même genre.
C ’eft dans cette cou r , ou dans fes environs, que
:les négocians fe réunifient pour parler de leurs
affaires. O n v o it au-deffus une grande fa lle , &
.un marché poqr les différentes marchandifés.^
BOUR SE A U , f. m. moulure ron de , qui règne
•dans les grands bâtimens, au haut des toits couverts
d’ardoife. I l y a une bande de plomb au-
dèffus du bourfedit, qu’on nomme bavette. Le petit
•membre rond qui eft fous la bavette fe nomme mcm-
bron. On donne le nom d'annufure ou bafque à la
pièce qui eft au droit des arejlièrés, & fous les
épis ou amortiffemens, parce qu’elle eft compofée
en forme de bafque j. ( Voyeç la planche. 23 des principes
d'architefîure de Fehbien.')
BO US IL LE R , v . àéfi maçonner a vec du chaume
& dç la terre détrempée. Eh ce pays - là àn.h'a ni
pierre ni plâtre ; on ne fa it que boufiller.
C ’eft auffi faire quelque'ouvrage fans fo in , fans
•exa&itude, fans propreté. Ç’ejl un ouvrage quon
a bouÇillè,
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B O U S IL L E U R , f, m. celui qu! travaille en
houfillage. Se dit aufli figurément des mauvais ouvriers
en toutre forte d’ouvrages.
B O U S IN , C ra. ç’eft le deffus des p i e r r e s qui
fortent de la carrière, & qui eft une e f p è c e de
croûte de terre non pétrifiée; il tient du fou ch et,
& on doit l’abattre entièrement. O n l’ôte en équar-
riffant les pierres : cela s’appelle éboufiner une pierre.
B O U T IQ U E , f. f. lieu où les’ marchands étalent
& vendent leurs marchan.difes , & où les ar-
tifans travaillent. C ’eft ordinairement une falle ou verte
, au rez-de-chauffée, fur la rue , dont la face
eft entièrement o u v e r te , & que l’on ferme feulement
avec des chaflîs & portes vitrées.
B O U T IS S E ,«£ fi. c’eft. uné p ie rre,.don t la plus
grande longueur: eft dans lé. corps.du mur. Elle eft
différente-du eafreàu,,>em ceJju’elle préfente moins
de iparément, & qu’elle-a plus de queue.
B O U T O N , fi in', eft un morceau de fer ron d ,
tourné & orné dèprdfilèyqiii fe r t'à tirer à foi un
ventail de porte pour la fermer. I l y en a de fimples
& de cifelés.-Les urïs & ile s âutres font avec ro-
fettes. ‘ . r f . .
Bouton, fe dit encore .d’un gros c lo u , dont la
tête eft faite en diamant', que l’on place fous la
boucle du hèurtbir d’une-porte, pour qu’on puiffe
frapper. deffùsi /( Voye^ Heurtoir. )
! BQ U Z IN . Voÿ,ei Bousin.
B R A M A N T E , eft le furno.m d’un des plus grands
-architectes modernes , dont on trouvera l’hiftoire
au mot Laçarri, qui fut fon véritable nom. ( Voye%
Lazarri. )
B R AM A N T IN O ( Barthelemi) , Milanois, v écu t
vers le milieu du quinzième f iè c le , & fe rendit
faméux dans la peinture & l’architefture. Aprè s
avoir peint differentes falles à R om e ,:& y avoir
fait plufieurs tableaux par ordre de Nicolas^ V , il
mefura toutes t e s ‘antiquités de la Lombardie ; 8c
en donna la defcriptiôn àu public. . ' :
C e t artifte bâtit un grand nombre d’ églifes dans
•le Milanois, parmi lefquelles on vante beaucoup
celle de S. S a t y r e , qui èft magnifique. Elle eft
ornée au défia ns & au dehors de co lon n e s , de
doubles corridors, d’une tribune c é lè b re , & ac*
compâgnée d’ une facriftie remplie de ftatues.
O n prétend que Bramàhtino- fut un de ceux qui
introduifirent le goût de la bonne archite&ure dans
le M i l a n o i s q u e le Bramante profita beaucoup
de fes 'confeils. (Foy<?{ LAZARRI, dit le Bramante. )
B R A N C A U R S IN A . QVôye^ A canthe.)
B R A N C H E , f. £ C e terme .s’applique à plus d’un
ob je t : on d i t , . : '
Branches de b'vOeau.< C e font des règles de bois
mince & de quelques pouces de largeur, formant
l les côtés du biveau ; elles font droites ou courbes
par leurs côt;és, fuivant J.e befojn.
Branches d'ares » n om'qu ’on donne à plufieurs
i portions d’arcs qui prçnrfent naiffance d’un feu !
d fom mier „
R r 2