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écroulées, à l’exception de celles des caves, &
on n’a trouvé aux portes des chambres que du
bois brûlé. On voit enfui te > à ne pas en douter,
que les plus belles chambres & celles qui étoient
entièrement peintes, tant des maifons de campagne
que des habitations de la ville, ne rece-
voient le jour que par des portes qu’on faifoit,
à c.iufe de cela, extraordinairement hautes &
larges. Je ne parle ici que des maifons de Pompéii ;
car nous avons des preuves certaines que les autres
maifons des anciens étoient éclairées par des fenêtres.
( Voyeç Maison & Fenêtre.)
Je ne ferai point, dit encore ailleurs Winckel-
mann , de recherches fur les chambres des anciens,
& je ne citerai point ce qu’on en trouve dans
les anciens écrivains, parce que cela a déjà été
dit en grande partie, & qu’on ne peut en donner
une idée exaéie fans planches; je me contenterai
donc de parler de ce que j’ai vu moi-même. Les
chambres des anciens, & particulièrement celles
oii ils couchoient, étoient pour la plupart voûtées
par le haut, ainfi que Varron nous l’apprend;
c’étoit de cette manière qu’étoit faite celle que
Pline décrit dans fon Laurentum, & l’on foupçonne
que de pareilles chambres, qu’on a trouvées au
fécond étage de la villa Adrienne, étoient des
chambres à coucher, parce qu’il y avoit une grande
niche qui fervoit d’alcove & dans laquelle étoit
placé le lit. Les chambres de Pline avoient des
fenêtres tout autour ; dans l’une d’elles cependant
le jour tomboit d’en haut par une ouverture qui
fe fermoit fans doute pendant la nuit.
11 paroît, par la belle maifon de campagne près
de Pompéii, par les ruines de la villa Adrienne, &
par celles d’une villa découverte^ il y a quelques
années à Tufculum, que les chambres des anciens
étoient fort petites. Celle dans laquelle s’eft trouvée
à Herculanum la bibliothèque composée de plus
de mille rouleaux, étoit li petite , qu’en étendant
les deux bras on pouvoir prefque toucher l’une
8c l’autre muraille. A quelques appartemens de
Tufculum, il y avoir une efpèce d’antichambre
dont la largeur ne paffoit pas celle d’une allée
étroite, & c’eft là que fe tenoit le portier ou
celui qui annonçcit au maître de la maifon les
perfonnes qui venoient lui faire vifite. Il paroît
que la chambre intérieure du maître n’avoit point
de porte, car on n’y trouve aucune efpèce de
fermeture, & il fe pour roi L_qu’on fe fût contenté
d’y pendre un voile ou rideau , appellé par les
anciens, vélum admijjîonis»
Tous ces détails femblent prouver que la vie
domeflique des anciens étoit en général fort
modefte & fans le moindre luxe ; que leurs maifons
étoient fimples, & leurs appartemens fort
petits. G’eft ce qu’on peut inférer encore d’un
paffage deDémofthène , où il dit : « Thémillocle
» & Cimon , ces hommes d’ailleurs fi adonnés
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» au luxe, n’habitoient point de maifons plus ma*
» gnifiques que leurs voifins" ».
De toutes les notions qui nous font parvenues
de l’antiquité, il réfulte donc que les chambres
des anciens étoient en général d’une petite dimen-
fion ; q.u’elles étoient pour l’ordinaire voûtées ;
que fouvent elles ne recevoient de jour que par
l’ouverture pratiquée au-deffus de la porte ; que
les fenêtres dans celles qui en avoient, étoient
élevées de manière à ne pas permettre de regai-,
der au-dehors (yoyeç F e n ê t r e ) ; qu’elles avoient,
en place de cheminée, des hypocauftes & conduits
de chaleur (voyq; C h e m i n é e ) ; que leurs murs
étoient enduits d’une couche de ftuc propre à recevoir
les peintures dont on les ornoit ; qu’en général
la fimpîicité, la propreté en faifoient les
principaux caractères. Quant à l’ordre, à la dif-
tribution que l’ufage avoir pu établir dans les appartemens
, fi toutefois il régnoit fur cet objet,
comme chez les modernes, une certaine uniformité
de mode & d’étiquette , on ne fauroit trouver
de renfeignemens plus précis que dans les
deux lettres de Pline le jeune, rapportées au
mot C a m p a g n e . ( Voye^ encore M a i s o n ).
Des chambres che^les modernes•
On diftingue , dit J. F. Blondel , dans la diftri-
bution d’un bâtiment confidérable, fixefpècesde
chambres de celles qu’on nomme chambres^coucher.
Cette dernière condition qui caraélérife aujourd’hui
une chambre , n’étoit pas admife par les anciens
archite&es. Ils nommoient indiftinélement chambres
toutes les pièces .habitées par les maîtres, à l’exception
des veftibules , des falons , des périftilés
& des galeries. Les fix fortes de chambres dont on
a parlé , s’appellent, chambre à coucher, chambre de
parade, chambre en ejlrade , chambre en niche , chambre
en alcôve & chambre en galetas. Nous allons
faire connoître ces différentes chambres, en fuivant
cet ordre.
Chambre à coucher. C’eft celle où l’on couche,
où le lit eft ifolé & fitué en face dès croifées,
à moins qu’on ne foit obligé de. le placer ailleurs par
quelque fujétion involontaire ; ce qu’on doit
éviter dans la diftribution d’un bâtiment. Une
chambre à coucher doit être expofée au midi, &
comme c’eft le lieu le plus habité, fa décoration
comporte de laricheffe, mais plutôt celle qui réfulte
des étoffes & des ameublemens, que de
l’archite&ure proprement dite. Les meubles concourent
au caraffère particulier de chaque pièce, &
ils y contribuent plus qu’on ne penfe. Aufli leur-
deflin & leur .ordonnance feront décidés par l'ar-
tifte qui a donné l’enfemble de la décoration , &
non par le tapiftier qui ne doit qu’exécuter. Il
arrive trop fouvent que le tapiftier décide de tout
l’ameublement ; il le fait fans égard à aucune des
nuances 6c des bienféances que IpcsU indique 9
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& l’accord eft manqué. L’archite&e doit donc pré-
fider à tous ces détails ; aucun n’eft indifférent à
l’objet qu’il veut remplir.
Chambre de parade. C’eft celle qui, dans les palais,
fait partie des appartemens qu’on appelleaufii de parade.
Cette chambre ne comporte d’autre différence
avec la précédente, que plus de magnificence & de
luxe, puifqu’elle ne fert qu’à l’oftentation. Il y
a ordinairement au fond un lit magnifiquement
décoré ; il eft, ou dans une riche alcôve, ou le pare
par une baluftrade formée par des baluftres a hauteur
d’appui, au-deffus de laquelle s’élèvent des
colonnes qui portent un entablement. ( Vofe^ A l-
COVE ).
La baluftrade fépare ordinairement cet endroit
du refte de la pièce, de manière que cette enceinte
eft garnie d’étoffes, lorfque le refte eft revêtu de,
menuiferie. Au refte, tous ces détails d ameublement
font tellement fournis, foit à l’empire de la
mode, foit au goût local des différens pays , que
le feul précepte à donner fur cet objet a 1 architecte,
eft d’accorder, le mieux qu’il pourra, la convenance
avec le goût. On peut cependant pref-
crire la forme que doit avoir cette efpece de
chambre. Elle doit êtr^'telle que,
i°. La profondeur excède la largeur , de manière
que depuis le lit la chambre foit quarree.
2°. Les croifées foient oppofées au lit.
3®. cLes cheminées foient placées de maniéré
qu’elles marquent le milieu de la pièce, & fe
trouvent du côté oppofé à la principale entree.
Chambre en ejlrade. C’eft celle où plufieurs gradins
forment une élévation à la place qu’occupe le lit.
Cette méthode étoit en ufage le fiècle dernier,
mais on a reconnu que cette inégalité qui interrompt
le niveau d’une pièce , avoit des inconvé-
niens.
Chambre en niche. C ’eft une chambre au fond de
laquelle eft une efpèce de niche , où l’on place le
lit. Aux côtés de cette niche font deux degage-
mens que l’on ferme avec des portes, fur lef-
quelles on met des glaces aux lieux de tableaux,
pour donner du jour aux dégagemens , & éviter
de faire des portes vitrées qui produifent toujours
un mauvais effet. Les chambres en niche
ne fe pratiquent que dans les petits appartemens,
foit adjacens à ceux de parada, foit dans les maifons
des particuliers. On décore ces chambres de tapif-
feries avec des bordures, pofant fur un lambris, 8c le
fond du lit fe tapiffe de même. Quoique ce genre
de pièce foit devenu très à la mode en France,
néanmoins il faut convenir que le fervice y eft
plus difficile que dans aucun autre endroit. C’eft
pourquoi l’on affeâe fouvent d’ouvrir le fond de
ces niches par des conliffes ou par des flores qui
procurent la facilité de circuler autour du lit.
Chambre en alcôve. Chambre à coucher, dans laquelle
eft une alcoye où eft placé le lit ; elle ne
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diffère des autres que par-là. ( Voye^ A lcôve )•
Chambre en galetas. Chambre pratiquée & la lubrifiée
dans le comble d’un bâtiment. Elle eft def-
tinée aux officiers de la maifon, ou aux principaux
domeftiques.
C hambre C ivile ou C riminelle , falle avec .
tribunal, dans laquelle le juge civil ou criminel
rend la juftice.
C hambre de C ommunauté. C*eft une falle
où plufieurs perfonnes de même profeffion s’aflem-
blent pour traiter de leurs affaires. On la nomme
aufli Bureau ( Voye{ ce mot).
. C hambre de Po r t. C ’eft la partie du baffin
d’un port de mer la plus retirée, & la moins
profonde, où l’on tient les vaiffeaux défarmés
& calfatés. On la nomme aufli Darjine.
C hambre d’Ecluse. Efpèce de canal compris
entre les deux portes d’une éclufe. ( Voye\[ Ecluse
6* C anal ).
CHAMP, f. m. C’eft l’efpace qui refte autour
d’un cadre, ou le fond d’un ornement 8c d’un
compartiment; c’eft enfin la furface fur laquelle
s’élève en faillie tout objet de fculpture , foit
qu’il foit du même morceau que le fond , foit qu’il
y foit appliqué après coup. ( Voye^ Bas-relief).
Champ fignifie encore dans l’art de bâtir, la
face la plus étroite d’une pièce de bois , de fer ou
de métal, ou d’une pierre , relativement à fapo-
fition. Ainfi l’on dit qu’une pièce de bois eftpofée
de champ , lorfqu’elle porte fur fa face la plus
étroite, qui défigne fon épaiffeur. ( Voye^ Poser ,
Poutre & Solive ).
C h amp. Ce mot qui vient du latin campus;
fignifioit chez les romains un lieu ouvert, une
place publique où les jeunes gens s’affembloient
pour faire leurs exercices, pour y célébrer certains
fpe&acles, &c. & où les citoyens tenoient
aufli leurs comices , c’eft-à-dire, les affemblées
dans lefquelles il s’agiffoit de délibérer de quel-,
que affaire publique.
On comptoit à Rome un grand nombre de
champs : le plus célèbre , le plus vafte & le plus
orné de temples & de monuinens, étoit le champ-
de-mars : il s’étendoit depuis la porte Flaminia ,
jufqu’au pont S. Ange , & fa largeur étoit proportionnée
à fa longueur. (Voye^ le dùftion. d’antiq.).
C hamps-Elysées. C’étoit, chez les anciens, le
nom qu’on donnoit à des lieux voifins des villes,
& confacrés à la fèpulture des morts. Ce nom eft
refté à certains cimetières, dont on voit encore
les reftes , particulièrement à la ville de Pouzzol
en Italie, & à celle d’Arles en Provence. Les Turcs
imitent encore le genre des fépultures d’Arles :
ils n’enterrent jamais un corps fur un autre, 8c
le grand nombre des tombeaux qu’ils élèvent,
forme un afpeéfc femblable à celui d’une ville,
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