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couronné d’uli fronton ; ce qui ne fe voit que fur
•les médailles , &à l’arc d’Orange. Le ftyle de ce monument
n’eft pas le même par-tout. La maflè générale
, à en juger par l’étendue de l’Infcription, devoit
être grande & majeftueufe. La corniche n’a point de
larmier. Un foubaffement règne fous la porte & fous
les colonnes; la bafe de ces colonnes n’a point de
plinthe. Il y a aux encoignures de Varc contre les
chapiteaux des colonnes, & au-deflus de l’archivolte,
des médaillons qui renferment des têtes.
L ’arc de Pola en Iflrie, pafle aufiî pour un monument
du fiècle d’Augùfte : du moins la beauté de
fon architeélure & de fes ornemens, le rapport de
coût qu’on y remarque avec les temples de la meme
ville qui font indubitablement du règne de cet empereur
, tout porte à n’en pas reculer plus loin la
date. ( Voye^ à l’article Pola la defcription de cet
arc ). Noüs obferverons feulement ici que les colonnes
ne font point accouplées, comme l’a prétendu fauffe-
inent Serlio , qui a induit en erreur d’autres écrivains
fur cet article. D’après des mefures plus certaines &
plus récentes , il eft confiant que les colonnes des
parties latérales de l’arc ont un diamètre deux tiers
d’entrecolonnemenc ; & que celles de la face font
efpacées de trois quarts de diamètre. Ainfi il ne fauroit
réfulter de-là aucune autorité favorable au fyftême de
i’accouplement des colonnes. ( Voye^_ Accouplement &
P o la .)
U arc de Vérone, appellé de Cajlel Vechio ou de
Gavius, n’a de remarquable que le nom d’un certain
Vitruve qui en fut f architecte, mais très-différent
du fameux Vitruve Pollio, l’auteur du traité d’architecture.
Il y avoit entre les colonnes de cet arc deux
petites niches furmontées d’un fronton. Le ceintre,
& quatre colonnes cannelées font tout ce qui en fub-
fifte.
La partie méridionale de la France , fituée entre
le Dauphiné , le Rhône & la méditerranée offre
plufieurs arcs de triomphe antiques. On ne voit plus
que lesr ruines de ceux de Cavaillon & de Carpen-
tras. Celui de St, Remi eft plus entier ; il n’a qu’une
feule arcade, au-deffus & aux deux côtés de laquelle
font placées des victoires; deux figures d’hommes
mal-traitées par le tems , remplirent les intervalles
que laifTent entr’elles lès deux colonnes cannelées,
dont la porte eft accompagnée.
Entre Aix & Arles, & fur le pont antique de St
Chama, font deux arcs de triomphe aux deux extrémités
du pont ; ce monument des plus curieux a été
deffiné par M. Clé-riffeau ; & doit faire partie du
bel ouvrage des antiquitées de la France , dont on
attend avec impatience la continuation.
Mais le plus beau monument que la France pofféde
en ce genre eft l’arc d’Orange, qu’on croit, fans aucune
certitude, être celui dë C. Marius érigé en l’honneur
de fa viéloire fur les Cimbres , les Teutons &
les Ambrons. Il a 70 pieds de haut, & 66 pieds
de long. Les colonnes font d’ordre Corinthien. Sur
Jes deux petits arcs font de grands trophées d’armes.
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de boucliers ( les uns ovales , les autres hexagones )
d’épées, de dragons & autres animaux qui fervoient
pour les enfeignes militaires. Au-deffus de l’arc du
milieu eft un fronton, & au-defTus de celui-ci un
fécond entablement qui fupporte un attique , dont
l’avant-corps eft orné d’un bas-relief repréfentant
une bataille. Des deux côtés de cet avant-corps, 8c
au-droit des petits arcs font deux piédeftaux en faillie
de l’attique qui indiquent qu’il y avoit autrefois des
ftatues; & probablement le milieu étoit orné d’un
char de triomphe. L a fculpture de cet arc eft fort
belle, parfaitement exécutée, & diftribuée avec beaucoup
d’intelligence & de fageffe.
Après avoir rapporté les principaux arcs de triomphe
antiques , & décrit les plus beaux qui nous foient
parvenus 3 nous devons expofer en parallèle les mo-
numens de cette efpèce où les Modernes ont le plus
effayé de fe comparer aux anciens. C ’eft particulièrement
dans ce genre d’architecture , que l ’ambition fi
noble du fiècle de Louis le Grand , s’efforça de
lutter contre toute la gloire & la grandeur des Romains.
-
L a capitale de la France en renferme trois élevés
à la mémoire de Louis X IV . Elle en comptoir, i l
y a peu d’années , un quatrième érigé à l’entrée
du fauxbourg Saint Antoine en l’honneur de Henri II,
que Louis le Grand avoit fait reftaurer & augmenter
de deux autres arcs par François Blondel.
Ainfi cet arc étoit devenu un monument commun
de ces deux Rois , & du goût de leurs, fiècles.
On y voyoit deux belles figures de Paul Ponce,
repréfentant la Seine & la Marne fous les formes
d’un fleuve & d’une rivière. Différentes raifons de
dégagement & de commodité publique , quand il
s’eft agi d’élargir cette entrée de Paris , ont déterminé
a détruire l’arc dont nous parlons. Il 11e s’éleva
même aucune réclamation en faveur de ce précieux,
ouvrage qu’on pouvoit tranfporter & replacer ailleurs.
Il femble cependant que les hommes devroient
allez compter fur les ravages du tems & de la barbarie
pour ne pas en hâter les effets, en prévenant
ainfi leurs coups , & livrant à une ruine anticipée
les monumens de leur pays ? & de la gloire de leurs
ancêtres., /
Une autre fatalité , comme on ne l’ignore pas ,
s’eft oppofé à l’éreétion du fameux arc de triomphe
projetté au bout du fauxbourg St. Antoine , & par
lequel Louis .X IV avoit prétendu effacer toutes les
merveilles des Romains. Tous les plus fameux archi-
tèéfces du fiècle concourrurent à ce projet , 8t le
deffin de Claude Perrault fut préféré. On en jetta
les fondeniens .qui furent faits avec une folidité incroyable.
Le refte de l ’édifice fut élevé en plâtre ,
en attendant qu’on pût faire la dépenfe de le bâtit
en pierre. Malheureufement les finances, étoient épui-
fées ; Louis X JV m o u r u t & avec lui périrent auffi
ce goût du grand , & cet amour des vaftes entreprifes
qui avoiçnt animé fon fiècle, & anobli fon régné. On
détruifit jufqu’aux fondations de ce monument dont
on connaît à peine aujourd’hui la place,Malgré lahaute
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‘opinion que le nom de l’architeéte , & les regrets des
artiftes ont laiffé de cet ouvrage , on peut douter ,
d’après les deffins qu’on en connoit , qu il eut
répondu, & aux vues du monarque, & a 1 idee qu on
s’en forme. On y fent le defir d’innover, de s’éloigner
des anciens , 8c de les furpaffer , plus par la
grandeur de la maffe que par celle des proportions. Ce
monument, comme* la plupart de ceux de Louis le
X IV , eut porté le caractère d’ambition , de fafte
& d’orgueil que ce prince imprima dans tous les
ouvrages de fon règne. Mais ceux que ces dehors
pompeux n’abufent poin t, n’y voyent pas cette grandeur
naturelle aux plus petits ouvrages des anciens,
grandeur fans effo r t , qui n’eut rien d’exagéré, parce
qu’elle fut le réfultat dè leurs moeurs & de leurs
gouvernemens ; grandeur à laquelle on n’arrive point
précifement parce qu’on la recherche ; & qui diffère
autant de celle qu’on affeéte , que le vrai Héros
diffère de l’aéteur qui le repréfente.
Malgré les grandes beautés de tare de triomphe
de la porte St D e ç y s , on peut lui appliquer une
partie dé ces réflexions. Il femble qu’on ait eu principalement
en vue de furpaffer en hauteur, en grandeur
de dimenfion, & en richefTe d’ornemens tous les
arcs des anciens.
Ce t édifice a 73 pieds 9 pouces de large fur 7 1
pieds 9 pouces de hauteur , non compris un focle
continu qui couronne tout l’ouvrage; C e focle a 4
pieds 8 pouces ;de h a u t , & fert d’appui à la plateforme
pratiquée fur ce' m onument, ainfi qu’on peut
le voir ( F ig . 172. ) L a largeur de la porte eft de 14
pieds z pouces, fur 4.6 pieds z pouces de hauteur.
L a largeur de la niche quarrée eft de 31 pieds un
pouce , fur 49 pieds 6. pouces , proportion, ainfi que
celle de la porte, plus baffe que le double de fa
largeur, quoiqu’il paroiffe que François Blondel ait
voulu la lui donner deux fois. { Voye^ ce qu’il en
dit dans fon livre ,■ page 6 z 3. ) Sans doute.,' lors
de l’exécution , il aima mieux donner moins d’élévation
à la porte pour procurer une -plus grande
hauteur à la table qui contient le bas-relief. L ’épaif-
feur du monument, abftraétion faite de la faillie
des pyramides , eft de 15 pieds , & la profondeur
de la porte* n’eft que de i z . L a hauteur de l’entablement
q u i, félon François Blonde l, doit être du
fixiéme de tout l ’édifice, rs a cependant que 9 pieds
1 0 pouces , au lieu de i z pieds. Il en eft de même
des piédeftaux qui , félon lui , doivent avoir le
quart, qui fait 18 pieds , & qui n’ont cependant que
16 pieds 11 pouces, & ainfi de bien d’autres mefures
qu’il a décrites dans fon Livre , par les rapports géométriques
& arithmétiques , & qui diffèrent fenfible-
ment de l’exécution. ( Voyer la proportion de T entablement
, & l’affemblage de les profils à la-fig. 17Z)
C e monument a deux façades, l ’une du côté de la
ville dont nous donnonsle deffin (F ig . ci-deffus),l’autre
du cote du fauxbourg, femblable pour l’ordonnance
a celle dont nous p a r lo n s & ne différant que dans
les ornemens.. L a fculpture fut commencée par Girar-
don „ & continuée par Michel. Anguier..
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Le bas-relief au-deffus de la porte repréfente le paf--
fage du Rhin à Tolhuis. François Blondel fe plaint-,
pag. 619 , de ce que le fculpteur n’a point fuivi
fon fentiment pour la manière de drapper les figures
, fuivant ce qu’il en a enfeigné dans la fécondé'
partie de fon huitième livre , chap. 10. p. 168. Du
côté du fauxbourg dans une table de même forme ,
eft un autre bas-relief repréfentant la prife de M a f -
trich en 1673.-
Dans la frife de l’entablement qui eft au-deffus
de ces deux bas-reliefs eft une Infcription femblable v
en gros caraétère dorés , conçue en ces termes-.
L U D O V I C O M A G N O ’
Au-deffous des tables dont nous venons de parfer
eft une niche quarrée qui reçoit la porte. Celle-ci a
pour claveau la dépouille d’un lion dont la tête 8c
les pattes pendent fur le fommet de l'archivolte j
& dans les angles de la niche quarrée, font placées
deux renommées en bas-relief qui femblenr publier
les viétoires du prince à la gloire duquel cet arc
triomphal a été élevé.
A u bas des deux piédroits de cet édifice > font
deux piédeftaux dans chacun defquels on a percé'
une porte de $ pieds d’ouverture fur le double dé-
hauteur , au-deffus eft placée une* table de marbra-
blanc qui porte des inferiptions en caraélères noirs ÿ
celle à droite eft conçue en ces termes :
QUOD DIEBUS V IX
SEXAGINTA
RHENUM VAHALIM MÔSAM
ISALAM SUPERAVIT
SUBEGIT PROVINCIAS TR E S
CEP IT URBES MUNITAS
QUÀDRAGINTA.
Celle à gauche porte cés mots :
EMENDATA MALE MEMORI
BATAVORUM GENTE
PRÆ-F. E T ÆDIL.. PONI
C . C.
ANN. R. S. M. D C . LXXII..
Les Inferiptions placées fur de pareils piédeftaux^
du côté dü fauxbourg, font différentes de celles-
que nous venons de rapporter. Les voici : dans le pié>-
deftal à droite.,
PRÆF. E T ÆDIL, PONI
C . C.
ANN. R. S. H. M. DC. LXXIIL.
Dans le- piédeftal à gauche^
QUOD TRAJECTUM AD MOSAM
XIII' DJEBUS CEBIT.-