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parties de ces figures j & l'on trempe leurs draperies
rie toile dans du plâtre clair. Enfin on peint le tout
en couleurs de divers marbres ou métaux.
Mais on entend plus communément par le nom
d'architeSlure feinte, celle dont on a parlé en premier,
& qui s’exécute quelquefois à l’huile , le plus fouvent
à frefque , foit fur des murs mitoyens , foit fur des
façades de palais , (oit dans des intérieurs de grandes
falles. Cette forte de décoration eft rare à Paris,
ainfi que dans tous les pays qui n’ont point d’enduits
convenables à ce genre de peinture , & qui ne font
point d’ufage de la frefque. Cependant le château de
M a r li, & les pavillons qui l’accompagnent, nous en
fournirent un exemple remarquable : il eft vrai qu’ils
nous montrent en même tems, quelles font les dégradations
auxquelles elle eft fujette dans les climats
froids & pluvieux.
Certainement les peintures extérieures du château
de Marli ont été faites avec beaucoup de foin. Elles,
étoient encore très-brillantes à la fin du règne de
Louis X IV j & il femhloit que- tous fes pavillons,
fufient véritablement ornés de colonnes , de pila—
lir e s , &c. Mais les injures du tems & la vétufté ont
fait difparoître une partie de ces peintures , & ont
altéré le refte ; de manière que l’ illufîon eft tout à
fait détruite. On convient généralement ic i , que Y architecture
feinte , & en général la peinture à frefque,
ne peut être employée avec un fuccès durable que
dans l’intérieur des édifices.
Il n’en eft pas de même de l’Italie , où la nature
du climat & des enduits , 8c la grande pratique de
la frefque ont rendu ce genre de décoration auffi
durable que facile ; & où l’ufage confiant de cette
peinture, donne les moyens de réparer aifément, &
a peu de frais , les dommages de la vétufté , & les
altérations du tems. C ’eft particulièrement à Gènes
que Y architecture feinte fe voit dans tout fon éc la t, &
a déployé toute fa magnificence. Il n’eft point de
palais où elle ne fe trouve employée , tantôt feule ,
tantôt concurrement avec Y architeSlure réelle. ,Sur tous
les murs extérieurs des maifons , font repréfentés des
colonnes, des pfiaftres , des niches , des ftatues , des
baluftrades , des bas-reliefs , & même des tableaux
hiftoriqùès & allégoriques. Les maifons mêmes particulières
prennent aifément, au moyen de ces décorations
peu difpendieufes, l’air & la reffemblance des
plus riches palais. Dans ceu x -c i, le luxe de la peinture
y eft porté au dernier dégré , & il n’eft pas rare
d ’y voir la dorure , même à l’extérieur , s’y mêler à
l ’éclat & à la variété des marbres réels & factices.
L e même goût fe retrouve à V en ife , à Bologne ,
à Rome j mais il femble qu’ il y foit tombé en défué-
tude pour les décorations des dehors. Il étoit plus en
vio-ueur dans le feiziéme fiècle ; & l’on voit encore,
fur-toutà R om e , des relies de cçs peintures à frefque
& en grifaille de la main des plus habiles maîtres
rie ce tems. Cependant , depuis long-tems , Y architeSlure
feinte n’eft en ufage que pour l’embellilfement
ries intérieurs.
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Les anciens en usèrent de la même manière. Les
thermes de T ite , les peintures d’Herculanum , de
Pompeii , de Stabia & de plufïeurs autres endroits.
attellent l’emploi de ce genre dans la décoration dés
murs intérieurs. La plupart de ces peintures antiques
ne font même que des vues perfpe&ives d’architeélures
étrangères , (V o y e z Àrabefque ) dont le mélange &
le contrafte bizarre flattoientle goût ufé des Romains.
Raphaël, Michel-Ange & le s premiers décorateurs
, employèrent Y architeSlure feinte avec plus ou
moins de fuccès. En général, le goût de celle-ci eft
toujours dépendant de celui de l’architeSlure réelle j & ,
comme elle n’agit que par illufion, elle.adopte volontiers
les écarts & les abus dont l’art dominant lui
donne l’exemple. Il exifte même parmi les artiftes
qui profeffent ce genre , un préjugé qu’on ne fauroit
trop combattre : ils fe perfuadent que l’architeéhire
licencieufe eft celle qui leur convient ; que leur a rr,
n’ayant point de réa lité, ne doit pas le juger à la
rigueur d’une raifon févère $ qu e , cherchant uniquement
le plaifîr de la vue , & l’illufion des fens , ils
ne font point vtenus de rendre à l’efprit & au jugement
compte de leurs difpofîtions & du plan de
leurs compofitions ; qu’enfîn ils ont b efoin, pour produire
leurs effe ts , de moyens incompatibles avec Ig
pureté d’une fage architecture. N ’eft-il pas vifible au
contraire que cette architeSlure, imitative de l’autre, ne
peut plaire, abftraétion faite du plaifir de l’illufion,
qu autant qu’elle fe rapprochejde fon original , & qu’il
n’eft aucune raifon quipuifle difpenfer la copie de
s’afïujettir aux loixque fon modèle doit fuivre? Cependant
ces paradoxes , qui trouveront leur réfutation
ailleurs, (V o y e z Déco ration, Décorateur) ont perverti
long-tems en Italie le goût de Y architeSlure feinte.
L ’on ne fauroit voir une foule de monumens où
elle eft employée avec toute la magnificence poffible,
fans regretter l’ abus que beaucoup d’habiles gens y
ont fait de leurs talens. De ce nombre eft l ’églife de
St Ignace à Rome, où le P. P o zz i a déployé , dans I
la perfpeétive & la décoration , une intelligence 8c I
un favoir qui euflent produit de bien plus beaux I
effe ts , s’ils euffent été dirigés par un goût plus cor-
re<ft & plus fage.
Ces décorations d’architeSlure licencieufe , ont produit
encore un autre mal en Italie : c’eft que par la
vogue qu’elles ont eue pendant long-tems, & l’efpèce
d’empire que la décoration avoit ufurpé fur Yarchi-
teclure , on vit celle-ci devenir la copie de fa propre
copie, recevoir la loi d’ellç, au lieu de la lui donner,
& fe dégrader par l’imitation de toutes les puérilités,
dont le génie capricieux du décorateur lui avoit fait
contraéler le goût. Réalifant ainfi toutes les fantai-
fies de la décoration , Y architeSlure réelle donnoit à
Y architeSlure feinte des autorités qui paroiffoient invincibles
pour tous les abus , dont le modèle avoit lui-
même confacré l’emploi, en forte qu e , de cette corruption
réciproque , naquit le mauvais goût dont
P architeSlure feinte s’eft trouvé infeéfée, & qui ne fau-
roit fe guérir que par un renouvelleinent entier dans
Y archite élure. réelle,
j i
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Î1 eft encore beaucoup d’erreurs que Ce genre ,
moitié peinture , moitié architeélure, a emprunté aux
caprices des peintres. C e f t particulièrement à l’artifte
qiii le profefle qu’on devroit fouhaiter, dit A lg a-
ro tt i, comme aux héros d’Homère , un génie tutélaire
ou une divinité qui veillât auprès d’e u x , pour
les préferver de tous les écarts auxquels ils font fujets,.
aujourd’hui fur-tout que les lettres & les arts ont
rompu les liens qui les unifient, & ont fait divorce
entr’eux. Gouvernés par une intelligence fupérieure à
eux , ils fauroient éviter toutes les erreurs & ces dif-
convenances dont il fe trouve tant d’exemples. L e fen-
timent de la bienféance les dirigeroit dans toutes
leurs inventions j & on ne les verrroit pas produire des
affemblages d’objets difcordans & fans rapport avec
Je lieu qu’ils veulent orner. On ne parle point ici de
ces erreurs groflîères , & pourtant trop communes ,
comme de peindre dans une voûte & de faire voir
le pavé d’une fa lle , &c. Il eft d’autres méprifes, qui,
pour être moins, révoltantes , n’en font pas moins
répréhenfibles : comme de peindre des décorations
d’architeélure en colonnes percées & fans couverture
dans des chambres à coucher,* de repréfenterdes nuages
qui fupportent Y architeSlure feinte , ou de percer
8c de détruire par des membres d’une architeélure
étrangère, ceux de l’architeélure réelle & dominante.
On compteroit un bien plus .grand nombre d’abus
de ce genre que des autorités célèbres ont confacrés
& perpétués. L e nombre des décorations qu’on peut
propofer pour modèles , eft bien plus petit qu’on
ne penfe. Algarotti , au milieu d’une ville ou ces
fortes de repreientations d’architeSlure feinte font très-
communes , à V enife la patrie des plus célèbres peintres
en ce genre , ne citoit que le palais Pifani peint
par Tiépolo & Mingoçfi où toutes les bienféances de
ce genre , la pureté de l’architeélure , fon accord
avec les figures , la belle ùifpofition , le choix des
formes & la vérité' des détails ne laiffoieut rien à
défirer.
A R C H IT E C T U R E G O T H IQ U E , ( Voyez G o thique
A rchitecture.
A R C H IT E C T U R E G R E C Q U E , ( B f f i l Grecque
A rchitecture..
A R C H IT E C T U R E H Y D R A U L IQ U E eft l’art
de bâtir dans, l’eau , & d’en rendre l’ufage plus aifé
& plus commode. Elle a pour objet la conftruélion
des ponts , chauffées , quais , digues, aqueducs,
eclufes, moulins , ( Voyç^ ces mots. ) On y comprend
encore le cours naturel & artificiel des eaux , tant
pour les rendre navigables que pour les conduire aux
difirerens endroits où elles font nécefTaires. (V o y e z
amajjer, ajutage, canal & hydraulique. )
A R C H IT E C T U R E M E X IC A IN E ; ( raye z
Mexicaine A rchitecture. ) 3 1
rencemte l une„ yllle , J ? manière à la mettre à c o * Architecture. Tom,
A R C 1 2 ^
vert des entreprifes des ennemis, & de l’effet des
bombes & du canon. Elle renferme auffi l’art d’attaquer
& de défendre les villes fortifiées, & les par-*
ties de Y architecture hydraulique qui regardent la con-
ftruérion des fo r ts , jettées , risbans , digues, éclufes,
& la défenfe des ports & des côtes. ( V o y e z Le D ic l.
■ d 'A tt Militaire.
h'architeSlure militaire chez les anciens, outre la
fcience. de la fortification , comprenoit celle des machines
de guerre, telles que les catapultes, baliftes,'
fcorpions , béliers , tortues, tours & autres de même
genre, dont V itruve nous a tranfmis la defcription
dans fon dixiéme & dernier Livre. {V o y e fV it r u v e .}
Mais l’ufage du canon a tellement changé le fyftême
moderne de Y architeSlure militaire, que la doélrine des1
anciens eft devenue à cet égard auffi infuffifante „
qu’étrangère aux nouveaux procédés.
C ’eft à Michel San-Michéli qu’on doit Y architeSlure
militaire moderne. Tou s les boulevards dont on fe
fervoit avantlui étoient ronds ou quarrés. San-Michéli
abandonna ce fyftême , & en introduifît un nouveau
en changeant la forme des baftions, qu’il fit triangulaires,
ou plutôt ayant cinq angles, dont deux fond
formés par la rencontre des flancs avec les courtines,
deux autres par les flancs & le s fa ce s , & le cinquième
enfin par la rencontre des deux faces. Il imagina les
chambres baffes des flancs, qui doublent non feulement
le feu des défenfes , mais qui flanquent ou
défendent toute là courtine & la face du baftion
voifin , nétoyent le foffé , (le chemin couvert & le
glacis. L e fecret de cet art confiftoit à faire en forte
que toutes les parties de l’enceinte de la place fuffent
défendues par les flancs des baftions. Si l’on eut continué
de leur donner la forme ronde ou quarrée qu’ils
avoient auparavant, leur front, c’eft-à-dire cet eipace
qui refte dans le triangle formé par les tirs des baftions
voifins , & l’enceinte de la place demeuroient fans
défenfe. C ’eft la découverte que fit San-Michéli : le
maréchal de Vauban , & plufieurs autres ingénieurs
n’ont fait que perfectionner l’invention de cet archi-
tecle. ( Voye£ San-Michéli. )
ARCHITE CTURE MODERNE , (Voye? Mo*
ï>erne A rchitecture.
A R C H IT E C T U R E M O R E SQ U E , (Voye^ M o resque
A rchitecture.
A R C H IT E C T U R E N A V A L E . C ’eft l ’art de
deffiner & de conftruire les bâtimens de mer , foie
pour le commerce , foin pour la guerre, tels que les
vaiffeaux de ro i, les vaifTeaux marchands, les galères
-, les frégates , &c. Elle comprend auffi les parties
de Y architeSlure hydraulique qui regardent la con-
ftru&ion des ports de mer , des jettées, fanaux „
moles, formes, &c. (V o y e z le Dictionnaire de Marine.
A R C H IT E C T U R E P E R S E , (F h y ^ Perse A rchitecture.
,
ARCHITECTURE PERUVIENNE , ( rayer.
Péruvienne & Mexicaine,
R