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:s de cet .arcîntefte que fur< le
troifièaae cloître d’ordre ionique que l ’on voit à
C. -Ssveriu dans la même ville: , & l’églife de
Pontanus.
CIEL DE CARRIÈRE , f. m. C ’eftlepremier
_ ' V__ banc où Fon arrive e_n c_re„ uif_an_t _l_e_ _1pu_it_s _q_u:i Jd-o.i:t.
Servit■ d’ouverture à une carrière. On perce
Fépai.fleur de ce banc pour tirer la pierre qui eft
es, & à partir de fon orifice, il fert de plafond
à toute l ’étendue de la fouille. La pierre de
c e ckl eft propre aux fondations. Le mot -ciel, dans
cette acception, frit ciels au pluriel.
CIERGES D ’EAU.. On appelle: airifi des jets
qui , placés fur une même ligne , font égaux
entre eux par l ’efpace , la hauteur & le volume. Ils
ornent ordinairement la tête d’un canal ou dune
cafcade. On les appelle grille d’eau, quand ils font
•trèsrprès les uns des autres.
CIGOLI (Louis-Cardi de) , naquit l'an 1559,
dansun ancien château de ce nom, près San Miniato, .
ville du Florentin. Il fut du nombre de ces artiftes
qui, regardant les arts comme inféparabîes , les
cultivèrent tous, & ne dureni_pas foupçonner qu’il
viendreitim fiècle où l ’on romproit cette alliance,
& où chacun de ces arts même feroit encore fiib-
divifé. Cigoli cultiva de bonne heure la peinture
&-rarchiteâure. Quoiqu’il ne trouve ici fa place
que comme architecte, nous devons un moment
honorer en lui le peintre, & pour le faire con-
noître en un feul trait, nous dirons qu’il fut vainqueur
du Baroche & du Caravage, avec lefquels
H éteit entré en concurrence, & qu’il fut furnommé
•le Correge Florentin.
Il n’obtint pas moins de réputation dans l’autre
■ art qu’il profeffoit, & qu’il avoit appris avec la
perfpeftive & les mathématiques dans l’école de
Bernard Buontalent, arcfcitefte célèbre. Celui - c i
préfenta fon élève au grand duc Ferdinand I , qui
le chargea bientôt, fur fbn témoignage, de diriger
les décorations projetées pour la fête des
noces de Marie avec Henri I V , roi de France.
- Le fuccès qu’obtint Cigoli engagea Ferdinand à
l ’employer. Cet ar lifte lui préfenta lé projet qu’il
avoir médité, d’après fès ordres, pour agrandir &
terminer entièrement la place & le palais Pitti , fans
que l’on changeât rien aux anciennes éoriftraftions.
11 préfenta également au fuccefTeur de Ferdinand ,
Corne II , un modèle pour le nouveau palais
que ce prince avoit réfolu d’élever à Rome, dans
la place Madama ; & fous le règne de l ’un & de
l ’autre, il eut la fatisfaâion de voir plufieurs édifices
exécutés à Florence, conformémentàfès deffins.
Nous citerons l ’efcalier & la porte du jardin des
Gaddi ; la Loggia- dei Tornaquinci; la porte dumo-
naftère de Sainte-Félicité : le Cortile dell Stroqgi, & le
palais Ranuccini. Dans toutes ces produirions on
reconnoît un homme dominé par le goût des bof-
Fages, & qui, affervi à l’autorité feüle de Michel-Ange
& de Buontaltriti £ n ’a gaffé qu’indifféremment dec
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Tant les rfîôfiîifftens antiques. En général 11 paroh
que Cigoli avoit le génie imitateur. Dans fes tableaux
on retrouve la touche & l ’efprit des maîtres
quïi étudioit ou qu’il rivalifoit, dans fes édifices,
les profils, les enroulemens, les brifures 8c
les fortes faillies qu’avoient employés les archi-
teftes qu’il prenoit pour modèles. Sa porte du mo*
naftère de Sainte-Félicité n’efi prefqu’une copie de
celle de 1 ’Eglife Sainte-Appollonie par Michel-Ange ;
mais quoiqu’il ne puifiè fe défendre d imiter, on
voit qu’il cherche à fe donner un caraftere. Sa
façade du palais Ranuccini a celui d’une mâle fo*
lidité; mais peut-être eft-elle un peu lourde par fa
fimplicité même. Celle qui règne dans le carré
long que présente le Cortile dello Stro^gi, éft un
mélange de hardieffe & de bifarrerie : l’oeil efl pref-
que aufii-tôt rebuté qu’étenné de la variété des
formes fur une galerie ouverte dans fon pourtour
par huit arcades qui, dans l’intervalle de l ’une
à l’autre, n’ont pour tout Support que deux co-*
lonnes ; l’artifte a élevé deux étages, éclaires chacun
pas vingt croifées ornées ou plutôt chargées
de chambranles, de bâluferes, de pilaftrcs & de
frontons. Il réfulte de cet cnfcmbls une niaSTe im-
pofante, mais défe&ueufe, puîfqu’elle offre le fpec-
tacle de la force portée par la foibleffe, fpsftacle
que nous avons déjà condamné, parce qu’il eft hors
de la nature , à laquelle nous ne collerons de rap-*
peller tous ceux qui cultivent les arts.
Cigoli, ainfi qu'il paroît, ne l’a pas afTez corv
fultée dans fes édifices : cependant le Pape Paul V
ne balança pas à lui demander plufieurs defllrs
pour des raccordemesis qu’il croyoit néceffaires à
la bafilique de S. Pierre. Les projets que donna
alors Cigoli furent univerfeUement approuvés , Sç
toutes les fois que cet artifte vint féjonrnér à
Rome, le pape ne manqua pas de lui faire exercer
fes divers talens. Enfin, aufii fatisfoit des produisions
de fon compas que de celles de fon pinceau
, il lui fit obtenir du grand-maître de Malte
des lettres d'admiflion au grade de chevalier fér-
vant de l’ordre. Ces lettres arrivèrent au moment
où Cigoli malade n’attendoit plus que la mort.
Elle le frappa l’an 1613, la 54e de fon âge. . Son
corps, couvert des habits de chevalier , fut enfe-
Veli d’une manière digne du génie qui l’avoit animé
& la dignité à laquelle il vénoit d’être élevé.
Cigoli a laiffé plufiéùrs ouvrages manuferits,
parmi lefquels eft un traité des proportions générales
& particulières des cinq ordres.
Nous n’avons point parlé du piédefial de la
ftatue équeftre de Henri I V à Paris, dont le deflin
eft de Cigoli. Ce piédeftal a fans doute donné
l’idée de celui de la place des yiSoires ; cependant
nous ne croyons pas que cet artifte ait été le premier
qui ait repréfenfé des peuples fous la figure
d’efclaves, enchaînés aux pieds de la fiatue dô
leur vainqueur. Ces images, qui paroiffent noble*
aux yeux .de l’orgueil, font viles aux yeux de la
raifon, comme la flatterie qui les a inventées. Akitifi
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.sens ne défaillerons pas l’ouvrage de Cigoli, ffiaiS j
nous applaudirons à la Ici qui, en ordonnant la
dcfh-uéaon de tous les-nionumens de defpotifme
d’cfçlavage, a vengé l’humanité & rendu 1 honneur
a'ux arts.
• CIMAISE , f. f . , de kv^cltiov , modicus fine-
tus , ou kv[.’.strict?, undofus ; nom générique, félon
■plufieurs , de toutes les moulures ondées & formées
de portions de cercle : cependant Vitruve
n’a distingué que deux cimaifes, la dorique & la
lesbienne ; d’après cela , il ne paroît pas que ce nom
puifle être indifféremment donné à la plupart des
membres qui compofent une corniche: d’ailleurs,
en confidérant ces deux cimaifes, on verra qu’elles
repréfentent parfaitement une ondulation, & qu’en
conséquence il n'appartient qu’à elles d’en porter
le nom;- ■
.Moitié concaves & moitié convexes , ces cimaifes
ne diffèrent., entre elles que par la pofi-
tion : l’une eft la doue ire ou gcule droite, go la entra,
l’autre eft le talon ou geule renverfée, gola rovofeia.
Cimaise, chez les modernes, efl le nom de
toute moulure qui termine une corniche quelconque
; on le fait dériver du mot cime ,- qui vient du
lann'cima, dont Pline fe fert pour exprimer la y
pointe ou la cime des herbes.
Cimaise lesbienne. C’efl un talon, félon V i-
truve. ( Voye{ Talon.)
Cimaise dorique. C ’eft un cavet.
Cimaise toscane. G’eft un ove ou quart de
rond. ‘
Il y a des auteurs qui écrivent fimaife, du latin
Jimus camus j faufîè étymologie , puifque la beaute
de cette moulure efl d’avoir la faillie égalé a fa
hauteur.
CIMENT , f. m. ■ ( conjlrutfion ). On défigne
ordinairement par ce mot, les tuileaux pulyérifes,
appelles teflez tufee par Vitruve & Pline. On fe fert
de ciment, au lieu de fable , pour faire une ef-
pèce de mortier propre aux ouvrages de maçonnerie
qui fe font dans l’eau, ou qui doivent en
contenir. * ^ ; "
Perrault, dans fa traduction de Vitruve, a confondu
le Jîgninum opus avec les tejlrz tufoe, quoique
l’un défigne un ouvrage, & l’autre une des
matières qu’on peut employer à, cet ouvrage.
Selon Vitruve, Y opus figninum étoit compofé de
chaux vive fraîchement éteinte, de gros fable, de
gravier, de tuileaux brifés, ou de petites pierres,
dont les plus groffes ne pefoient pas plus de douze
onces. Après avoir bien'broyé ce mélange, on le
couloit dans des encaiffemens & on le battoit avec,
des pilons ferrés. Il réfulte de ce détail, que le
figninum opus dont il efl parlé dans Vitruve ,
n’eft autre chofe que ce que nous appelions béton
, & les Italiens fmalto.
Pline, à la fin du chapitre 11 du livre 3 5 de
' fon hifioire naturelle, dit qu’avec des teffons de
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fêrre eu île pulyérifés 5: hroyéi avec de la chaux,
on faifoit des vafes appelles fgniens , plus felides
que ceux dont provenoient les teffons. On ne
parvencit à procurer cette, folidité aux vafes fi-
gr.iens qû’en mafiivant cette ccmpofiticn dans des ~
inouïes ; c’efl pour cette raifon que Vitruve, Liv.
11, ch. 4 , confeille de battre les enduits faits avec
du fable de rivière comme le fgninv.m, afin de
les rendre plus fermes & plus durables.
Peur faire du bon ciment, il faut choifir cia
tuileau bien cuit, qui ait fervi quelque teins fur
les toits. La brique pilée ne fait pas d’auffi bon
mortier que les tuileaux, parce qu’elle efl moins
cuite. Au défaut de tuileaux, on peut fe fervir de
vieilles poteries de grès.
Le cinient d’eau-ferte provenant de l’argile cuite
oui fért à la diftiller , efr d’un aiifii bon i.xage que
•le tuileau pilé ; il y a même des ouvriers qui le
préfèrent à ce defnier.
Lorfqu’on ne peut fe procurer ni tuileaux, ni
poteries de grès, ni ciment d’eau-forte en allez
grande quantité, on ferme des petites pelotes de
terre glaife , que l’on fait cuire au four, pour les
écrafèr enfuite & s’en fervir au lieu dé ciment.
Quoique cette dernière matière foit inférieure au
tuileau, elle vaut beaucoup mieux que Je fable.
On donne encore le nom de ciment à plufieurs
compofitions, dont les unes contiennent des parties
grafifes ou bitumineufes, & les autres ne font qu’un
mélange de différentes matières broyées avec de
la chaux. Pour les premières, nous renvoyons à
l’article Mastic, & pour Tes fécondés, aux mots
Mortier & Enduit.
CIMENTER, v . aél. ( confruftion). C ’efl lier
avec du ciment, enduire avec du. ciment.
CIMETIÈRE, f. m. Ce mot vient du grec
coimaerion ; dortoir, lieu où l’on dort. La mort,
chez les anciens, fe comparcitau fommeil, & dans
le langage allégorique des poctes , elle en étoit
la foeur. Il n’eft pas étonnant que le mot de cimetière,
ou dortoir1 ait été par eux appliqué aux
lieux deftinés à la fépulture publique.
Il eft difficile que le langage d’un peuple ait de
la délicateffe fans que fes idées la lui aient inspirée.
Mais les idées d?un peuple influent encore
plus fur fes ouvrages que fur fa langue, & c’,eft
j bien dans l’objet de cet article qu’on verra toute
la vérité de cette influence.
S’il falloit le prouver d’avance , il fuffiroit, fans
comparer même les ouvrages des modernes à ceux
des anciens en ce genre, de rappeller le mot de
charnier, que l’ufage a long - temps donné à nos
lieux publics de fépulture, Si l’on verreit qu’entre
les mots & les chofes, il règne prefque toujours
un rapport involontaire d’analogie. Aucun
mot ne convenoit mieux par l’idée groffière &
repouffante qu’il rappelle , que celui de charnier
pour exprimer ces voieries infeéles qui long-temps
ont déshonoré l’afp eft de nos villes, corrompu