
ne Toit pas entré dans plus, de détail fur cet article. 1
C VQye\ au mot Maifon ce qui concerne l'intérieur
& la diftribution des plus beaux palais des anciens. )
On reconnoît dans les ruines de la F i la Adriana
des appartemens qui écoient distribués avec le plus
grand art ; on y voit des bains où toutes les. commodités.
étoient ménagées, de la. manière la plus in-
duftrieufe ; des pièces, d’une bonne grandeur , éclairées
d’une façon, très-convenable pour le c lima t, &
les heures du. jour où l’o n y reftcit 5 des faites de
plain - pied dent toutes, les portes font enfilade j.
enfin les plus habiles architeéles y trouvent de quoi
juger que les Romains avoient poufie l’art de la diftri-
bu tion, & le luxe des commodités , plus loin qu’il
ne l’eft même parmi nous. Quant à. la décoration :
on y trouve des entablemens très-riches, de. beaux
profils, des corniches admirables , des murs 8c des
plafonds ornés de ftucs & de peintures, & couverts
des ornemens du meilleur goût.
Mais les modernes avec toute l’élégance des détails
, & toute la recherche des petites commodités
dans leurs appartemens, n’ont rien qui puilîe entrer
en comparaifon avec les plans & la diftribution de
quelques-unes des maifons. de Porapeii. Que l’on
confulce les figures a 1-3 , 2.14 & i i y , on verra le
p lan , l’élévation , & la reflitution de la maifon la
plus confidérable qu’on y ait découverte. , & l’on
-aura ce; qu’o n peut attendre de plus- certain & de
plus précis fur la nature des appartement, dos,Grecs,
& des Romains.
Cette maifon dont les deffins font pris du voyage
pittorefque de M . l’ abbé do St-Non-, e f t , dit ce
Lavant voyageur , fi extraordinairement refierrée dans
fes détails , & dans tout ce qui la- compofe, qu’on a
peine à concevoir que des hommes- fi grands & G.
magnifiques dans leurs monumens. publics , ayent pu
être fi minutieux dans leurs habitations particulières.
I l femble que cet étonnement feroit mieux, fondé,
fi la maifon en. queftion eut été trouvée à.Rome ou
à. Athènes. Quoique les, Romains, ayent eu fur
çes côtes beaucoup de maifons de plaifance du nombre
desquelles. celle-ci auroit. pu être , il.eft néanmoins.
enc.ore plus probable, qu’elle avoit appartenu,
à un, habitant de Pompeii. Dans, ce c a s , il n’y a aucun
motif de s.’étonner qu’une très-petite ville , dont
tous les.monumens. publics n’ont qu’une, magnificence
proportionnée à fa riçhefie & à fa grandeur, n’ait
eu aufli que des maifons très-petites, , & qui, ne
tomportoient que de très-petits appartemens. Quoi,
qu’il en foit , on ne fauroit voir les maifons. de
Pompeii , & fur-tout les intérieurs de celle-ci , fans
admirer leur élégance , leur propreté,, la commodité
des diftribudons, le bon goût des ornemens ,
& le fini des détails 5 telle e f t , entr’autres , la. partie,
F . (3 . H de cette maifon , qui compofe l’appartement
principal où l’on a trouvé la chambre à coucher
avec l’alcove deftinée à recevoir le l i t , la falle
à manger , l’office, le garde-meuble-, toutes pièces
où étoient encore les uftenfiles de ménage. Mais la
portion la plus curieufe de cette jolie maifon par
l’intelligence & les recherches avec lefquelles elle
avoit été compofée , 5c qui devroient fervir de modèle
à nos Sybarites modernes., c’eft la pièce dçfti-née-
aux bains ( Voyep les figure s fu[dite s.) Tous ces. appartemens
font ornés de ftucs , de peintures, 5c d’or-,
nemens d’un goût exquis, dont Winckelman a fait
les plus grands éloges,, 5c qu’il ne. craint pas de
mettre au-deflus des. plus, beaux morceaux des loges
de Raphaël.
Vitruve nous apprend que !>’architecture des maifons
de campagne ne diftéroit point de- celles des
grandes maifons de ville, de force qu’on peut appliquer
aux unes le plan- 6c la difpofition des. autres.
D’après cela on- peut- encore prendre une idée, de la
di ftriburioiides apparie me ns des anciens dans la description
que Pline le jeune nous a laiflee de lès deux
maifons de campagne, l’une en Toffcne , 6c l’autre
à- Laurentum. (Fuysç Maifon*de Campagne & Laure
ntin. ) Du refte, rien de plus difficile que d’acquérir
des notions exactes Sç bien pofirives fur la nature
précifê des appartenions des anciens , dont le goût ,
la forme , & la difpofition varièrent; fuivant la riche
ffe 8c les befoins.des tems 8c des pays différens-,
.comme nous le voyons arriver chez les modernes. -
Rien, de plus inftable que ce qui peut 8c doit néceffai-
rement Cuivre- la fortune 8c le deftin des villes 5 rien
de plus mobile que ce qui eft fubordonné aux caprices
dix luxe dont, l’efprit eft de varier fans celfe. pour
prévenir le. moment du dégoût.
Les appartemens- chez les peuples modernes épron-c
vent; encore; plus de- variations , fur-tout parmi ceux
où les be.foins du climat, & les. plaifirs des arts n’ont,
point d’accord; 8c de liaifon entr’eux : fi de plus,
les inftitutipns fociales-8c la nature du gouvernement
, n’y ont établi aucune uniformité dans., les.
moeurs, on7 y voip l’arc hit eéciire dans, une perpétuelle'
inftabiiité devenir le jouet de la, mqde. Envahi dans,
ces pays, voudroit-on Cuivre le cours, 8c. la, pro-.
greffion des, arts j la mobilité qui les dirige., en.
moins d’un fiécle amène , emporte 8c ramène plu-
fieurs fois, les mêmes, goûts 5 les. appartemens .deviennent
comme les habillemens, des objets de fan-
taifie; dix ans font un fiécle pour un appartement. Tout
y change , tout s’y renouvelle, tout y vieillit , 8c tout
meurt avant d’y avoir , pour ainfi dire, vécu. Les maifons
n’étant point des monumens durables des familles,
les appartemens ne font regardés par les propriétah*
res que comme des fé jours paflagers, dont on proportionne
l’embélifTement à la durée du bail. Une
foule de petits ufages , enfans de- la mollefle 8c du
défoeuvrement , gênent &. retréeiflènt- le génie de
l’ architefte : il eft obligé de Ce conformer aux loix
du befoin, & aux ordres plus impérieux encore du
ton 8c de la mode. Une multitude d’ inventions par-
lefquelles on croit pofieder ou remplacer les arts dans
les appartemens les en ont à jamais bannis. Les glaces
. ont pris la place- des- tableaux ; les tapiiferies ont
chafie la peinture qu’elles dégradent Sç défigurent j
, les étoffes du luxe charment les yeux du riche, &
les imitations puériles qu’on en fait dédommagent
le pauvre par une apparence qui- trompe les yeux.
Ç-’eft le cas de- dire-avec. Pétrone : Pittuja?. vepo non
alium c,x_itum. hab.uU , poftquam Eciyporum audacia
tam magna- artis. campe ndjafiam invenit.
L ’Italie , dont le luxe principal 'confifte dans-les
bâtirnens , eft le pays. où. le caractère des. appartemens
eft le plus, noble , où la décoration eft la plus
riche ,. 8c. le goût le plus uniforme &. le. moins, variable.
5 leur diftribution eft toute à la fois, fimple 8C’
grande : la chaleur d.u climat y fait préférer les pièces,
hautes 8c fpacieufes y & , comme on n’y bâtit quepour-
l’été. , les architedes adoptent toujours, les partis-
qui peuyenc aérer les appartemens 5 ils. font pour
l’ordinaire difpofés en enfilade, 8c cette difpofition qui
dpnne, à la vérité, peu de commodités intérieures-
a l’avantage de ' s’accommoder aifément avec les décorations
nobles. &; impofantes des façades extérieures.
En;général, ceux qui font habitués aux petites recherches
des diftributions d'appartemens François,. trouvent.
les diftributions de ceux de l’Italie monotones
& peu commodes. Je voudrois, difoit le comte, Al-
garot.ri,, demeurer dans une maifon à la Françoife
en face d’un palais, de Palladio. Cette union de petites
commodités intérieures, avec la grandeur- 8c la
beauté de la décoration extérieurene s’ét-aiit point
encoie rençontiee , 8c. ne pouvant probablement point
avoir lieu., les Italiens., moins fenfibles à ces petites
aifts. auxquelles nous facri-fions tout, ont eu les conditions
les plus favorables à l’arçhirecfture 8c. à la
grande décoration des appartemens. Aufli rien de plus
magnifique que glufieurs d'entr’eux.
L a folidité des matériaux, la facilité de faire-des
voûtes , la bonté des enduits, la pratique de la peinture
à-frefque , fournifTent aux architectes des moyens
de décoration dans les plafonds qui donnent aux
appartemens une grandeur & une élévation que d’au-
t£es pays, ne pourroient obtenir qu’à o-rands frais:
Sç encore imparfairement. Tels font les appartemens
d.es. palais Pitti à Florence , Farnèfe , Coftagati,
Vérofpi, Barberini, 8cc, à Rome, dont les plafonds
ont été décorés par les plus grands peintres. Les revê-
tifiemens, des marbres, les plus précieux brillent ailleurs,
& marient leur éclat à- celui de la. dorure , du
bronze' 8c de la peinture , comme on le voit aux
- "O- * - | — J. XCo Qj
fartcmtnf occapsiit la. liaimair da deax. étages c
rangs des croifées,, ce qui donne la facilité d’Iclair.
par, en haut les galeries de tableaux & toutes I.
piéqes. dont, la, peinture, fait la principale décoracioi
L evenjple le plus parfait de la peinture employi
en grand-a la, décoration des app.,nemens , fe trouve
Mantoue dans le fameux palais du T . couftmit,& on
pat Jules Romain: C e f t là que ce. grand homn
déploya toutes !«-. re&urces, de n.rugination la pl,
recondc du geme le plus hardü&. le, plus po^tiqt
qu’ait, eu. la peinture moderne., Il n’exifte. point d-ap*
j)anemens qui. approchent plus. & qui puifTent-mieux
mous, donner l’idée d,e ceux des a.nciens> Il eut l’art»
de les embellir- de t-outes les riche.ffes de l’antique ,
de toutes, les formes , de tous les détails précieux
qu’il avoit fçu. fe rendre propres au choix dc-fquels
préfida le.goût le plug fage 8c le- plus exquis. 1
La. première pièce, à droite en- entrant., eft déco-,
rée d’une double frife- 8c d-’ua,- plafond, ,. dont lest
comparriraens de ftuc furent, exécutés par le. Prima-,
tice-, & repréfeiuent- des marches d'armées? &t des
fujets héroïques^
La féconde eft toute peinte à frefque- par Jüles
Romain , & l’on y voit- divers fùjets d?hiftoire-.
Dans, la tr.oifi.éme eft. repréfentée la. chûte des
géants. 3 cette pièce n’eft décorée d’aucun membre
d’architefture 5 les murs & les plafonds ne fônt-qu’un
feul fujet,;. ces, peintures font trop connues pour qu’on
s’arrête à les décrire.
Dans la première pièce à, gauche , on voit la-chute-
de Phaëton : le plafond de la fécondé office beaucoup,
de tableaux- à.firefque répartis dans la. voûte, r-epré-.-
fentauudes;chafft&, des,-pèches , des jeux , des facri-..
fica^ antiques, 8c differentes divinités.
Sur les murs de la troifiéme pièçe , Jules. Romain
a pemt à frefque les noces de Pfiché’j les fujetr de
toutes les petites lunettes ou ceintres oui font fous
la voûte , font également tirés de l’hiftoire de
Pfiché.
Il n’âppartenoit qu’à un grand; maître tel que Jules
Romain 3 à la fois peintre 8c archite&e, d'établir'
dan? la décoration de ces appartemens , ce bel accord
qui fé trouve entre farchiteéhire & la peinture.
En Italie , dans un grand nombre d}appartemens la
peinture y joue trop fouvent un rôle indépendant de
î’architedure , 8c fatigue l’oeil fans parler à l’imagination.
( Voye^1 Décoration.J
^ La France avoir adopté d’abord avec le août de
bâtir de l’Italie , fes diftributions intérieures 4'appartement
, 8ç. fon genre de décoration , èomme nous
le voyons à d’anciens- palais , tels que le Louvre
8c le Luxembourg. Mais la mode des grandes pièces
ne fut point de durée dans un pays où le climat1
devoir produire l’ufage inverfede l’Italie, c’eft-à-dire
de ne bâtir que pour l’hiver. Le befoiu, ce tyrau, des
arts, dut forcer les archite&es à adopter les petites
diftributions dans lefquellesl’archite&ure- a bien moins!
d’effor. à prendre j àuffi depuis q,ue l’ufage en eft'
devenu général, on ne cite prefque point d’apparte-.
mens on le génie-des arts ait pu déployer Ces ailes.
C ’eft donc prefque uniquement dans la d’firibution
que l’architeâe peut aujourd’hui faire preuve- d’intelligence
, de: goût & de fagacité. (Foyer Dis tr ibution.
)
Quant au goût de . la décoration intérieure des
appartemensdit J. F. Bioqdfl ; « il a fubi bien des
» révolutions en France depuis un fiéclei Sbus Louis
» X IV on la craitoit avec la même féyérité que la