des autres qu’en ce qu’ils mentent avec la prétention
de paffer pour vrais : les uns nous en impofent a vec
connoiffance de cauffe, les autres ne cherchent pas
meme à nous en impofer. A tout prendre,, on ne
voit dans les uns qu’une vérité p la te , lorfque le
menfonge des autres eft au moins fpirituel.
Q u i jamais a été dupe de ces dégradations de
faillie , par lefquelles le bas-relief moderne prétend
imiter les lointains de la peinture ? Comment une
échelle la .mieux calculée pour raffoibliffement
proportionnel de l ’épaiffeur des objets, peut-elle
o p é re r , on ne dit pas l’illufion , mais une apparence
quelconque qui faffe croire à l’enfoncement
des figures ; & comment la fculpture a-t-elle pu
fe réfoudre à facrifier entièrement la forme des
objets à une.forte de preftige q u e lle n e fatfroit
jamais obtenir ? Si la peinture parvient à peine
a v ec tout fon enchantement à produire ces .effets,
comment pourroir - on les attendre d e la fculpture £
Comment, dans une épaiffeur de quelques- pouces,.
trouver ou faire croire une diftance de quelques
lieues ? & quand on parviendroit à en opérer la
yraiffemblance par les lignes, la couleur de la matière
, qui ne laurort fubir aucune dégradation,
n’eft-elle pas la première à défavouer le menfonge
& à dénoncer l’impofture ?
Cette puérilité dans la recherche d’une illufion
impoflible ne feroit pas au refte un reproche très--
grave à faire au bas-relief, fi elle n’eut été la caufe
principale de la perte des parties les plus effentielles
de l ’art ; & voilà fans doute où fe trou ve la fupé-
riorité du fyftême ancien fur le moderne. Si le bas-
reHef antique ne nous offre aucune illufion d’effet,
s’il négligea même l’emploi modéré des moyens
qui pouvoient en opérer une partie fans trop empiéter
fur la peinture au moins ne fauroit - on
lui contefler. la plus grande perfection dans l’imi-
fetion partielle des objets qu’il embraffe; tandis
que le bas - relief moderne , en abandonnant la
perfection du deffin & négligeant toutes les parties
d’une imitation pofitive , n’a pas fu gagner en revanche
celles d’une illufion qu’i l ne pou voit atteindre.
L e premier a donc beaucoup gagné par tout ce
qu’il n’a point perdu , le fécond, a beaucoup perdu
par tou t ce qu’il n’a point gagné le premier
donne tout ce qu’il promet, lé fécond promet,
beaucoup plus qu’il ne donne ;.l’un dans les bornes
où il s’eft refferré s’eft amélioré fans s’agrandir,
l ’autre ne s’eft étendu qu’en fe détériorant ; l’unJ
plus modefte^n’arriye qu’au but; l ’autre, par often-~
tation, l’outrepaffe : auffi l’un nous a trajifmis des.
objetséternels d’admiration,lorfque l’autre n’a é le y é
que des fujets.de difp.ute.
Sans prétendre enlever à la fculpture moderne,
les fruits de cette prétendue conquête fur la peinture
, ni la faire rentrer dans la propriété qu’elle femble
avoir abandonnée, puifquerfon deftin femble
être devenu de fe tenir fin? les confins de l’une &
de l’autre, nous ne lui contefterons pas, ici ,1’ef-
pèce de perfection qui femble réfulter de cette
réunion dans le bas-relief, lorfqu’il ne fort pas
la mefure d’une certaine convenance ; mais il
réiùlie au moins de ce qu’on vient de dire, que ces
bas-reliefs modernes ne doivent s’employer que
comme les tableaux, c’eft-à-dire, qu’ils ne doivent
avoir lieu que dans les endroits où ils peuvent
devenir indépendans de l’archite&ure.
Par-tout où le bas-relief devient adhérent aux
membres de.l’archite&ure, par-tout.même où il fait
partie d’un mur fans qu’il y ait de raifons de pouvoir
y fuppofer de p erc ée s ,le fyftême des anciens
eft préférable, parce que ces effets qui tendent à
enfoncer ce que l’architeCtiite a intérêt de faire,
croire plein , nuifent à l’harmonie, de la conftruc*-
tion.
I l eft encore une raifon qui plaide pour le fyf.
terne antique : elle tient aux principes du goût
& à l’accord qui doit régner dans l’enfemble des
édifices & unir la* décoration à l'architecture. Il eft.
indubitable que le ftyle de deffin & de compoft-
t io n , néceflaire à l’agencement de ces bas-reliefs.,
pittorefques ne comporte aucune fag eflè, aucune
fé v é n té , aucune p u re té , ni dans l’invention ni
dans l’exécution : la correction feule du deffin s’y
oppoferoit à l ’harmonie, la. précifion des formes
y détruiroit la prétendue magie des effets. Dès-
lors ce fty le ne peut s’admettre dans., l’architecture
fage & régulière, fans y offrir le. fpedacle de
deux arts diieordans, fans y faire voir une antipathie
de principes qui choquent le fpe&ateur
fenfib le, une inimitié domeftique, fi l’on peut,
dire, entre des arts que la nature feule des chofes
femble avoir affociés plus étroitement encore. Ces
goûts rapprochés, loin de fe faire valoir l’un par
l ’au tre, s’entre-détraifent.enfemble, & perdent plus
par le défaut d’harmonie qu’ils ne gagnent à l’op-
pofition. Le mauvais goût qui infefta fi long-temps
l’architefture en Ita lie , ayoit pu feul accréditei^le
f ty le moderne du bas-relief L ’architeClure pervertie
ne put trouver de concert qu’avec une fculpture
licencieufe ; auffi favorifa-t-elle tous les excès du
bas-relief Cependant tous ces monumens du délire,
du fiècle paffè ont - ils encore une forte d’avam
tage , c’eft celui-de l’accord qui* dans leur extrav
agance,. unit au moins par une forte, d’âmitié.
toutes les parties des édifices.
Mais l’archite&ure férieufe. & rationnée ne fau*
roit en contra&er avec le bas - relief moderne.
L ’archite&e pur & févère n’en recherchera point,
les fauffes Ululions, il en abandonnera les prétendus
charmes aux monumens des Boromini» des,.
Guarini & de. ceux qui leur refferablent. Il faura,
preferire au fculpteur les degrés de la convenance
qu’i l , doit garder avec Farchiteétiire ; il faura faire,
rentrer la fculpture clans les limites de fon reffort
& peut-être parviendra-t-il ^ en ramenant cet art.
aux analogies qui runiffent à l’archj redure., à lui
faire reconnoître celles de la nature, dont il paroi?
avoir perdu la trace véritable.
L ’emploi que l’architeéle peut faire du. bns-rdUf
dans les monumens par rapport à leur deftination,
par rapport à l’effet qui peut réfulter cfe leur dif-
tribution pour le plaifir des y e u x , tient au x loix
de l’ornement & de la décoration ( Voye^ ces
mots ).
Confidéré du coté- de, l’utilité , le bas-relief e ft
d’une grande reffource aux édifices. Il en.fait con-
noître l’ufage, le cara&ère & la nature, il tient
lieu d’inferiptions, ou les remplace de manière à
les rendre inutiles ou infipides. Cependant autant
l’on aime à lui vo ir jouer, ce rôle dans les monumens,
à l’y v oir motivé & employé par le befoin r
autant il eft néceflaire que la main de l’art & du
goût préfide à fa difpenfation & à l’accord ref-
peâ ifqui doit régner entre lui & l’édifice, pour
prévenir la confufion qui pourroit réfulter d’un
emploi exceffif & immodéré.. Le. bas-relief envi-
fagé dans l’àrchiteétiire du. côté de l’eftet qu’il,
y produit, n’eft autre chofe qu’une richeffe, un.
ornement qu’on doit ménager à> propos , qui a.
befoin de repos pour valoir , & qui do it fe fubor-
donner aux loix du goût & de l’harmonie générale.
On obfervera donc de ne point prodiguer autour
des bas-reliefs une foule d’ornemens qui détournent
l’oeil & l’attention qu’ils doivent fe concir
lier. S’ils, ne font point ifolés par un ca d re , on.
biffera autour un champ lifte pour fervir de repos
à l’oeil & faire briller le relief;, on en ménagera
de pareils entre eux & les membres de l’archir
teclure : le voiftnage des parties principales, des
profils & des détails, nuit à l’èffet du bas-relief &
introduit la difeorde dans l’enfemhle.
Le rapport de la grandeur des bas-reliefs & des
figures q u i les compofènt avec l’archite&ure &
Iqs ordres^ v eft encore une attention que l’archi-
tefte ne doit pas négliger. D e ce défaut de rapport
exaô. & bien entendu, peut réfulter une difpro-
portion choquante dans le tout; Les figures employées
dans le bas-relief deviennent pour l’oeil
«ne mefure facile & comme une efpèce d’échelle
qui fert à apprécier les grandeurs. La petiteffe ou.
la grandeur exagérée des figures rendront l’ordre
coloffal ou mefquin, atténueront ou groffiront la
maffe générale & nuiront aux proportions de l’édifice
, qurfnd même elles feroient intrinféquement
belles.
On en doit dire autant du plus ou du moins
de faillie que les bas-reliefs doivent avoir. L’archi-
tefte doit en preferire la mefure, fuivant la force
eu la délicateffe de fon ordonnance ,. félon le plus-
eu le moins de fbree & d’énergie de. fes profils,
félon le caraélère général & le ftyle adopté , félon
te point de vu e de l’éd ifice , fé lon la fituation
même des bas-reliefs, le jour qu’ils doivent recevoir
, l’effet qu’ils doivent produire , enfin félon le
goût dominant des ornemens, & la- valeur, des
parties ou des détails environnans.
BA S SE -C O U R , f. f. C ’eft une cou r féparée de
là cour principale, autour de.laquelle fônt élevés
dçs. bârimeas deftinçs. aux. écuries aux. reqûfes
ou b ien , o;ù font placés les cuifines , offic es, communs,
&c. Les baffe s-cours doivent avoir des
entrées de dégagemens par le dehors, pour que
le fervice de leurs bâtimens fe puiffe faire commodément
& fans être apperçu des appartemens
des maîtres & de la cour principale.
Pour l’ordinaire, elles ont des iffues dans la principale
cour ;. mais la largeur des portes qui leur
donnent entrée dans cette c o u r , s’accordant mal
avec l’ordonnance d’un bâtiment ré g u lie r , il eft
mieux que les équipages, après avoir amené les
maîtres près du veftibu le, s’en retournent par les
dehors pour aller à leur deftination.
Basse • cour de campagne. C ou r entourée
de quelques logemens où l’on enferme tout 1’attio
rail d’une maifon de. campagne, comme charrues
beftiaux,, volailles , c u v e s , preffoirs,. & c . Les
pièces qui compofènt une baffe-cour doivent être
conftruites fuivant la qualité des revenus de la
maifon.. Si. ce re v en u .confifte en v in s , il faut des
celliers & des preffoirs; en b led s , des granges;,
en foin , des greniers ; en beftiaux & en moutons,
des étables ; des. bergeries & une laiterie. Mais-
quel que foit le revenu , une baffe-cour a toujours
des écuries y des remifes, des hangars , & c . &
toutes ces pièces doivent tenir lès unes aux autres
ou du moins ri’être pas éloignées..
B A S S I ( Barthelemi ) , peintre d ’arcliite&ure
& de perfpeétiveV fut é lèv e de Jean André An<-
faldi* 11, fe diftingua à G èn e s, fa pa trie , par fon
talent, pour orner les autels avec des colonnes &
des perfpeétives d’architeâure^feinte.. Son goût fut
fage & dans la manière antique. Il fe rendit auflï
célèbre dans la conftruétion des théâtres,. & par
l’invention de. toutes, fortes de machines & dé
fcènes de caprice.
Bassi ( Martin ) , M i la n o is fu t archite&é de
la fameufe cathédrale de Milan. L ’on fait qu’il
s’oppofa avec vigueur aux changemens que Pelle- '
grino vouldit introduire dans c e grand édifice.
ui'oppofa les raifons les plus fortes , & con-
fulta Palladio, 'Vafari &. Bertano^, qui.défapprou-
vèrent unanimement le projet de. Fellegrino , &
comblèrent d’éloges celui^de Baffi. C e dernier publia,
à cette occafion, un ouvrage intitulé': difp.areri.
in materia dyarckittetura e di profpetùva ,* c’eft-à dire.,,
difputes fur différentes fujëts d’architedure Sl de-
perfpedive. ( Voye\' Pellegrino ).
B A S S IN , f. m. fe dit en général ou d’ira réfër--
voir d’e a u , ou d’ur\vaiffeau deftiné à en contenir-
& à en puifer. Les bajjins>, félon le iin emplo i, font,
un objet d’utilité ou d’agrément. {Voye% ci-après)..
Bassin. (conflmtfion) C ’eft un enfoncement en ■
maçonnerie , revêtu de ciment ou de plomb-
H y a plufîeurs manières de faire les bajjins. Les-,
anciens les. conftruifoient en maçonnerie de. blocage.
A u x . environs- dè Rome. & de Naplès*, ils;
étôient revêtus dans l’intérieur d’un enduit d e poux- -
zolane* Dans, les amres a d r o it s on. emp lo yo k le.'