
C A tf
Radier.
Pour empêcher que l’eau d’un baffin d’éclufe ne
fe perde dans les terres , & qu’en pénétrant fous
les fondations des murs, elle ne vienne à les dégrader,
on établit fur le fond du baffm 8c des
paffàges qui y conduifent une efpèce de plancher
qu’on appelle radier. Il eft ordinairement formé
par un double rang de fortes planches ou madriers,
arrêtés fur un grillage de charpente, dont les
intervalles font garnis de maçonnerie. {Foye{
Écluse 6* Radier).
Portes.
Les portes d’éclufe fe font de plufieurs manières :
les plus ufitées font les tournantes 8c les buf-
quées. Ce font ces dernières qu’on emploie pour
les canaux de navigation. Elles font compofées
d’un fort bâtis de charpente, recouvert d’un double
rang de fortes planches, jointives, bien calfatées
& goudronnées. Chaque vantail des portes buf-
quées eft arrêté dans une feuillure circulaire,
pratiquée dans les bajoyers. Par le bas eft un fort
pivot de bronze fur lequel elles roulent. Ce pivot
entre dans une crapaudine de même métal, entaillée
dans le fenil ou bufe qui fert de battement
aux. portes. Les vantaux font attachés du haut
avec un fort collier, fcellé dans les bajoyers 8c
arrêté par de fortes armatures de fer. {Foyer
ÉCLUSE ) .
Des parties de canal cemprifes entre les .eclufes.
La manière de conftruire chaque partie de
tanal dépend de fa pofuion & de la nature des
matériaux qu’on y doit employer. Chacune de
•ces parties étant uniforme dans toute fa longueur
il nous fuffira d’examiner fon profil, c’eft-à-dire
la forme qu’il auroit étant coupé en travers. Cette
forme eft toujours relative à fa fituation & à la
manière dont il doit être confinât. Par exemple
lorsqu’un canal traverfe une ville, on bâtit ordinairement
fes bords en pierres de taille ou en
maçonnerie de moellons avec des chaînes, pour
former des quais le long du canal. Son profil eft
alors rectangulaire, comme on le voit fig. 24.
Ces revêriffemens doivent être faits avec les mêmes
précautions que celles ci-devant indiquées pour les
murs de baffin d’éclufe, afin d’empêcher que l’eau
ne fe perde & ne dégrade les murs. ( Foyer
Quais & Revêtissemens ).
Mais fi le canal paffe dans des campagnes, &
fi rien n oblige à faire des revêriffemens en maçonnerie
ou en charpente, on fe contentera de
faire une efpèce de foffé plus large par le haut
que par le bas, dont le profil eft un trapèze repréfente
par-la fig. 35. La ligne I F , qui mefure
horizontalement l’inclinaifon des côtés E F doit
avoir une fois & demie la hauteur X E , qui mefure
la prçfoudeur du canal^
La largeuï 5c la profondeur d’un canal dépendent
des dimenfions des bateaux qui doivent y
naviguer. Il faut au moins que deux bateaux
puifîent paffer à côté l’un de l’autre fans fe gêner.
Quant à la profondeur, il eft befoin qu’il refte
toujours un pied d’eau fous les plus grands bateaux
, loriqu’ils ont toute la charge qu’ils peuvent
comporter. Dans les canaux exécutés ,• la largeur
du fond varie de trente à trente-ftx pieds, & la
profondeur de fept à huit pieds, parce qu’il faut
que les bords foient plus élev.és que la fuperfi-
cie de l’eau d’environ deux pieds.
Lorfqu’un canal eft creufé dans un pays uni,
dont il occupe la partie la plus élevée, de façon
que le peu de pente qui s’y trouve aille en
dèfcendant depuis les bords , il fuffir de lui donner
la forme indiquée par la fig. 3^. Si le canal, an
contraire , eft fitué dans le milieu d’une pente ,
comme le profil de la figure, il faut pratiquer le
long du canal un contre-foffé K L M , du côté
de la pente fupérieure , pour recevoir les eaux
pluviales qui tombent fur les terreins formant
cette pence. C’eft le moyen d’empêcher qu’elles
ne viennent inonder le canal dans des tems
d’orage, & y porter la terre & le limon que les
eaux entraînent avec elles. On doit donner à ce
contre-foffé allez de capacité & de pente pour
débiter toute l’eau qui peut réfulrer d’un grand
orage. Il eft d’expérience que cette quantité éft
d’environ trois pieds par toife fiiperficiells.
Il faut que-le contre-foffé foit féparé du canal
par une digue, dont la partie fupérieure H K ait
trois toifes : elle forme un chemin pour le hallage
ou tirage des bateaux. On donne aux. talus '
K L , qui forment les côtés du contre-foffé, la
même inclinaifon qu’aux talus du canal, c’eft-à-
dire, une fois & demie la profondeur.
Lorfque la pente fupérieure, qui vient aboutit
au canal eft fort roide, il eft à propos de pratiquer
au-delà de la digue, une retraite horizontale
P K , fig. 3 7 , qu’on appelle bèrme. On lui
donne environ deux toifes de largeur, afin d’éloigner
le foffé & de garantir la digue de l’impé-
tuofité des eaux qui defeendent le long de la
pente dans les tems d’orage. Quelquefois on ne
peut leur donner d’iiïue qu’en pratiquant des
aqueducs de diftance en diftance fous le canal,
comme on le voit à la fig. 37.
Si le canal doit paffer à une certaine profondeur
au-deffous du fo l , il faut faire la fouille affez
large pour qu’on puiffe pratiquer dans le fonds
un foffé de chaque cote du canal, en foutenant
les berges par des talus proportionnés à leur
confiftance. La profondeur eft-elle confidérable
on interrompt les talus par des retraites de fix
pieds de large, à vingt ou -trente pieds de diftance
lune au-deffus de l’autre, comme on le
voit à la fig. 38. Il faut avoir attention de tenir
les bords de l’excavation un peu plus hauts que
lç niveau du fol où elle a été faite , afin d.’éloigne«
les eaux de pluie répandues fur les terreins ad-
jacens , 8c préferver ainfi le canal de grands dommages.
Lorfqu’il doit traverfer un vallon à une diftance
un peu confidérable du fond, 8c que dans
le creux de ce vallon il paffe une rivière ou un
torrent, il faut le conftruire en forme d’aqueduc
avec des arches fuffifamment larges pour donner
lin libre paffage aux eaux dans le tems dés plus
grandes crues ; fi le fol eft plus bas que ne doit
être le fond du canal , on le forme par deux
digues auxquelles on donne le profil de la fig, 39.
Cependant fi l’élévation de ce fond eft de plus
de fept à huit pieds- au-deffus du fol , il faut
donner aux digues le profil de la fig. 40.
Quand on eft obligé de former le fond 8c les
bords d’un canal en terres rapportées, il y a les
plus grands foins à prendre pour le rendre fo- ,
îide, capable de contenir l’eau. L’ehtreprife eft
alors fort difficile, parce que toutes, fortes de
terres ne font pas également propres à cette efpèce
d’ouvrage. La terre franche eft celle qui vaut
le mieux : lorfqu’on peut s’en procurer line
quantité fuffifante, on eft sûr du fuccès ; mais
lorfque la terre dont on eft obligé de fe feryir
eft maigre,. graveleufe, 8c fans confiftance, il
n’eft guère poftible de réuflir, à moins de former
à l’intérieur des corrois de glaife on de terre
franche , de quatre à cinq pieds d’épaiffeur. Il
eft certain cependant que la manière de mettre
les terres en oeuvre contribue beaucoup k la foli-
dité d’urj canal. A force de précautions , on vient
fou vent à bout de faire un meilleur ouvrage avec -
des terres médiocres, qu’avec de bonnes terres
mal employées. Ces précautions confiftent, i°. à
enlever toute la fuperficie du terrein fur lequel
on doit opérer, pour en ôter toutes les racines,
Touches, pierrailles qui pourroient empêcher la
liaifon des terres avec celle dont on doit former
le canal.
2r°* A nettoyer aufli les terres qu’on doit employer,
de toutes les matières capables de nuire
à leur union, ou de faciliter la filtration. -
30. A arranger ces terres par lits d’environ un
pied, égalifés de niveau , 8c battus à la dame,
en ayant foin d’arrofer à mefure, afin de former
une malle folide, compafte, 8c impénétrable à
l’eau : on fe fervira des meilleures terres pour former
le fond 8c _l’intérieur des digues.
40. A revêtir cet intérieur 8c ce fond , fi les
terres n’ont pas affez de confiftance, d’un corroi '
de glaife ou de terre franche , arrangé 8c battu
par lit de fix pouces d’épaiffeur. Les corrois fe
font en même tems que le refte de l’ouvrage,
pour que le tout fe lie mieux enfemble.
Dans les pays où l’on ne pourroit pas trouver
une quantité fuffifante de glaife ou de terre franche
pour faire ces corrois, on peut y fuppléer ainfi :
ayant choifi la meilleure terre qu’on pourra fe
procurer, on la paffera à la claie un peu fine,
pour en ôter toutes les pierres 8c racines ; & on
la préparera en l’arrofant avec du lait de chaux,
& en la remuant à la pelle, afin qu’elle foit également
humedée. Cette terre encore fraîche, on
l’arrangera par lits de fix pouces d’épaiffeur , bien
battus Jufqu’à ce qu’ils foient réduits aux deux
tiers. Cette efpèce de revêtiffement, auquel on
donnera trois*' ou quatre pieds d’épaiffeur, fera
aufli impénétrable à Veau qu’un corroi.de glaife.
Malgré tous les foins qu’on peut avoir pris à
former une partie de canal en terres rapportées,
il faut encore avoir la précaution de ne le remplir
d’eau que quelque tems après qu’il aura été achevé ,
afin que tomes les terres aient toute la confiftance
8c l’afiiette dont elles font fufceptibles. Il ne faut
pas y introduire l’eau tout à la fois, mais par
gradation, de manière à l’éprouver. On conftruit
à cet effet, aux extrémités & à différentes distances
, félon que la partie de canal eft plus ou
moins longue, des batardeaux en travers, dans
lefqucls on pratique des vannes pour lâcher l’eau
à volonté. De cette manière , s’il venoit à fe faire
quelque rupture » i| n’y auroit qué l’eau comprife
entre les batardeaux qui pourroit s’échapper. Sans
cette précaution , on rifqueroit d’inonder tout un
pays , 8c de càufer des dommages dont on feroit
refponfable.
Lorfque le canal doit traverfer un marais, il
faut commencer par creufer deux foffés parallèles
dans la dire&ion donnée : ces foffés doivent être
éloignés l’un de Vautre d’environ vingt-cinq toifes;
leur deftination eft de deffécher la partie de ter-
rein qu’occupera le canal. S’il faut que le fond
de ce même canal foit plus élevé que le fo l, on
formera avec les précautions que nous avons ci-
devant indiquées , une plate-forme fur laquelle on
conftruira les digues qui devront former les bords
du canal. ( Voye£ fig. 41 ).
Lorfque le fond, au contraire , doit être plus bas
que le fo l, on creufe au milieu de l’efpace compris
entre les deux foffés.;. 8c avec les terres provenant
de la fouille, on forme deux digues , à deux
ou trois toifes environ des bords du canal, comme
on le voit à la fig. 42.
Le cas le plus difficile 8c le plus difpendieux
c’eft lorfque le canal doit traverfer un étang : on
eft alors obligé de former les digues entre deux
files de pieux garnis de palplanches, pour fou-
tenir les terres, 8c parvenir à faire un bon chemin
de hallage. Comme cet ouvrage eft fujet à
beaucoup d’inconVéniens , il De faut s’y déterminer
qu’après s’être convaincu qu’on ne peut faire autrement.
11 faut fur-tout éviter de pratiquer des
baffins à écltifes dans ,toute la partie qui traverfe
le canal.
S’agit-il de creufer un canal dans un fond de
tourbe , il y a bien des précautions à prendre ,
parce qu’il eft dangereux de l’éventer, 8c pa-ce
que les bords font fufceptibles de fe rapprocher
lorfqu’ils font vuides. Pour éviter cet inconvè