
v ien t bien aux maifons de campagne St aux édifices
champêtres, & eft très-ufitée dans les pays chauds,
où il pleut »rarement.
Les tours ne femblent guère com patibles avec
la liberté & l’agrément qui doivent caraélérifer
le s châteaux de plaifance les maifons de cam-
pagne , parce qu’elles donnent toujours au bâtiment
un air maflif. Elles rappellent d’ailleurs le
fouvenir de ces fiècles barbares, où elles étoient
tantôt des fortereffes, tantôt des magafins de pillage
, St tantôt les priions des plus foibles.
Décoration.
Le s décorations qu’on joint aux parties effen-
tielles des châteaux de plaifance St des maifons de
campagne, pour en rehauffer l’agrément, n’y font
pas plus indifférentes que dans tout autre ouvrage
des beaux arts. D ’abord il faut qu’elles conviennent
en général aux bâtimens, qu’elles femblent
naître de la nature même de la difpofition, qu’elles
l'oient fufceptibles de renforcer l’effet de chaque
partie eflentielle à laquelle on les ajou te, & de
la rendre plus agréable à l’oeil. I l faut qu’elles
foient difpenfées avec jugement St économie,
afin Me ne préjudicier en rien à l’ impreflion que
doivent faire les parties effentielles , qu’elles ne
dérobent point les forme s, qu’elles ne nuifent point
à la fim p lic ité , à la paifible magnificence des .
parties principales. Il faut qu’elles foient conformés
; iânt au rang & aux richeflès du proprié«*
ta ir e , qu’au cara&ere d’une habitation champêtre ;
qu’elles y aient une fignificatîon relative. E nfin,
il faut qu’elles s’accordant avec le cara&ère particulier
de l’édifice ; car une petite maifon de
campagne , élégante & jolie , ne fupporte pas la
mêine richeffe d’ornemens, que les châteaux .de
plaifance & les maifons de campagne de la première
claffe femblent en droit d’exiger. Principes
fondamentaux fuffifans pour guider l’artifle dans
la dé coration, ou plutôt pour l’empêcher de s’é garer.
,
En décorant une maifon de campagne, il faut
aufli avoir égard aux facultés du propriétaire ; on le
laiffera donc décider du plus ou moins de richeffe,
• ainfi que de toute la diftribution, afin qu’elle lui
loit de l’ufage le plus commode. On remarquera
ic i qu’en fait de décoration, il vaudroit mieux
faire trop peu- que trop. Les châteaux de plaifance
& les maifons de campagne ne doivent pas étaler
la fomptuofité de décoration que leurs habitans
ont coutume de déployer dans les palais des villes.
Ce s édifices doivent ie rapprocher davantage de
la fimplicité attrayante de la nature Si de la médiocrité
fans parure de la v ie champêtre.
D e même que la forme & l’ordonnance des
dehors doivent annoncer au fpeélateur cjui s’ap-
proche , le caraélère déterminé des maifons de
campagne, de même il faut qu’à fon entrée il
v o ie ce même caraâère répandu par-tout fur la
difpofition St la décoration ultérieures. Chaque
partie doit offrir la décoration , qui non-feulement
lui appartient fuivani les règles générales de la
convenance, mais encore qu’elle exige , pour
ainfi d ire , comme lui étant propre d’après le ca-
ra&ère particulier de l’habitation champêtre. L’impreflion
agréable que caufe le choix heureux des
décorations, St la plus parfaite harmonie, peut
encore être augmentée par l’attrait de la variété :
car . une falle à manger exige une autre décoration
qu’une chambre à coucher ou un cabinet dé-
tude ; St les décorations même font différentes,
tant par leur matière que par l’art de les mettre
en oeuvre.
Les décorations font en partie intérieures
dans les veffibules , les falles & les appartenons,
en partie extérieures & appartenant au dehors du
bâtiment. Q u ’elles., confiftent en tableaux, en
j feuillages, en bas-reliefs, en v a fe s , en ftatues,
& c . toujours elles doivent a voir un air champêtre,
& rappeller la liberté , l’agrément & la gaieté qui
régnent à la campagne St dans lès jardins.
Les feuillages 6t les guirlandes feront des
ornemens très-convenables aux murs , tant intérieurs
qu’extérieurs des maifons de campagne.
Quoique l’ufage en foit fréquen t, cependant
les vafes font des ornemens peu fignificatifs ; ils
plaifent fans doute par la beauté St la fimplicité
de leurs forme s ; mais ils n’ont prefque aucun
ufage déterminé ; St objets frivoles , ils ne ferv
en t qu’à remplir une place vuide. L ’art auroit-il
donc fi peu de reflources, qu’il ne pût leur fubfli*
tuer dans les chambres & les avant - places,
rien qui préfentât plus de convenance & de va*
riété ?
En qualité d’ouvrage de la fculpture, ap-
pellée par l’archite&ure pour coopérer à fon em-
belliffement, les ftatues font des décorations très-
conformes à des châteaux de plaifance & à des
maifons de campagne. Elles peuvent augmenter
. confidérablement Timpreflion de la beauté &
de l’agrément. Elles doivent non - feulement
avoir tonie la perfeélion de l’art , mais en*
core la faculté de réveiller des idées & des fenti-
mens champêtres. Q u e font donc les ftatues de
Jupite r, de Mars, d’Hercule , dans des lieux où
nous cherchons celles de la déeffe de la Paix ,
de C é rè s , de Bacchus , de Pomone, de Flore ?
Les charmes des grâces & de l’amour , les représentations
allégoriques des differentes parties
de l’année St du jo u r , plaifent encore ici à l’imagination.
La quantité de flatues dépend du cara&ère de
l’éd ifice , de la condition St des richeffes du
poffeffeur. Encore ici le trop peu eft préférable
au t ro p , tant parce .que ces ornemens font dif-
pen dieux, qu’afin qu’ils produifent un effet plus
sûr & plus grand , il n’en faut employer qu’a v e f
réferve. Les maifons de campagne de la claffe
moyenne peuvent très-bien Se paffer de ftatues,
& celles du; f ty le modefle & (impie paroifîent
n’en point (upporter du tout.
Sans doute c’ eft des Italiens que quelques
■ An-lois ont d’ abord pris la mode de remplir leurs
inaifons de campagne de ftatues, de buftes , de
bas - reliefs & d’autres ouvrages de fculpture,
fur-tout antiques. Quelques maifons de campagne
d’Italie reffemblent plutôt à une académie qu’a des
demeures champêtres. - -
Les flatues trouveront leur véritable place
dans les appartemens, particuliérement dans les
Calons , à l’entrée & dans les avant-places des bâtimens
, parce que l’oeil les y ..peut examiner facilement.
Elles parodient des ornemens moins convenables
aux to its , à quoi fe joint encore l’incertitude
de leur affermiffement, & l ’idée inquiétante
de leur chute. D e s figures humaines, placées
dans des endroits peu naturels, fur des convexités;
.dès po in tes , des pentes où perfonne ne
poutro.it fe tenir fans danger de tomber .-.offrent
un afpeft des plus-étranges. Nous ne nierons cependant
pas que non-feulement la coutume nous
les.fait tolérer fur les to its , mais que même elles
y répandent un certain air de dignité & de magnificence.
C ’eft probablement d’après ce; .fendaient
que nous avons imité en cela les anciens ,
qui paroiffent d’abord les avoir introduites, non
fans l’aveu de leurs idées religieufes , fur les frontons
& les toits des temples & des édifices pu-
blics, ... • . « ■
Difficilement pourroit - on furcharger les toits
de ftatues & de bu ftes, plus que ne l ’ont fa it ,
dans les temps modernes, les architectes Italiens.
Veut-on .conferver ces ornemens fur les toits des
châteaux de plaifance &Me.s maifons de^ campagne
du ftyle noble , il faudra qu’ils n’y foient qu en
très-petit nombre, que ces objets non-feulement
foient bien proportionnés , mais qu’ils repréfen-
tent aufli des chofes qui aient le rapport le plus
intime avec la deftination du batiment. Les ftatues
conviennent mieux aux toits ..en terraffe ,
tant parce quelles y ont l’air plus folidement placé
es, que parce qu’elles diminuent l'uniformité
de fa furface. Cependant les ornemens de cette
efpèce feront toujours mieux affortis aux palais
& aux châteaux des grandes capitales , q u ’à des
châteaux de plaifance; où la majefté.depofe une
partie de fon fafte fatigant, St fe met plus au
niveau de" l’heureufe médiocrité. ,
Dans l ’intérieur du bâtiment & à ,io n entrée,
on fe gardera bien de cacher les ftatues dans des
niches, quoique cette coutume foit fort en ufage.
Une ftàtue ne fauroit faire un meilleur effet que
vue à découvert fur î^n piédeftal. L ’impreflion
que. doit faire fa beauté demeure imparfaite-, tant
qu’on ne, peut en ob fer ver. tous les contours.
Pourquoi enterrer dans un mur la moitié d’une
befle figure. ? ;. r
Des pots à fleu ts , des eaiffons, des figures
d’animaux, Si d’autres ornemens de cette efpèce
font fi vifiblement déplacés fur les to its , qu’il eft
inutile de rien dire à ce fujet. Par; bonheur ce
goût fingulier a déjà difparu dans plufieurs endroits.
Nous n’avons parlé dans cet article des- maifons
de campagne, que relativement aux corps
principaux de l ’édifice; Leur enfemble fe compofe
encore de plufieurs autres bâtimens moins confi-
dérables.
La commodité fut la première caufe des bâtimens
que l’on pratiqua dans les jardins. On ne
chercha que des endroits où l’on pût fe mettre
à l’abri de la pluie , du vent & de la chaleur.
Dans la fu it e , le goût ayant appris à les confi-
dérer comme des moyens d’embelliffement, St
commençant en conféquence à déterminer leurs
formes, leur élégance, leur caraélère & leur fitua-
tion, tandis que d’abord ôn s’étoit borné à la commodité
de leur diftribution intérieure : cette deftination
changea prefque entièrement.
Cependant la première deftination des bâtimens
champêtres .eft fi peu fuperdue dans le fa it ,
qu’on peut toujours en faire un ufage u t ile , étendu
St varié. D ’après ces confédérations, on les regarde
comme concourant beaucoup à , l’agrément des
maifons de campagne ; ce font des afyles agréables
où l’on fuit les incommodités du tems, des lieux
où l’on jouit des douceurs de la fociété ou de la
folitude.
On peut m ême ordonner les bâtimens dont nous
parlons, de manière à les rendre habitables. Cette
difpofition eft non-feulement agréable pour les
particuliers, elle eft encore plus commode pour
les châteaux de plaifance & les maifons-de campagne,
dont les propriétaires ont une grande fuite
ou reçoivent fouvent des v ifites nombreufes. A lors
le château de plaifance ou la maifon de campagne
n’exige plus- autant d’étend ue, Si les maîtres ne
font incommodés ni par leurs hôtes § ni par le
tumulte des dômeftiques. Le propriétaire du corps-
de-logis eonferve fon rep o s , & le convive fa liberté.
On peut pour cet effet répandre ces édifices
ifolés dans les bofquets & dans d’autres endroits
rians , placés à quelque éloignement de la demeure
principale. Chacun d’eux peut fe dif-
: tinguer par fa fituation, fa forme St fa décoration.
T o u s s’accorderont à être agréables & commodes
; ils auront des appartemens pour les maîtres
Si les domeftiques, outre un dortoir propre
St tranquille.
Leur grandeur doit être proportionnée aux
befoins St à la commodité., qu’autour de ces petits
bâtimens règne une .avant-place verte & ombragée!,
que les fleurs de la faifon & celles des ar-
buftes odorans parfument leurs alentours.
O n peut également deftiner ces bâtimens ifolés
à un:certain ufage particulier , qui tienne le
milieu entre le plaifir St la commodité. C ’eft ainfi
qu’on peut confacrer un pavillon du jardin aux