
Il entend oit;,parler continuellement d’arcliite&ure , il
apprit bientôt, cet art pour, lequel la Nature lui avoit
donné les plus neureafes difpofitions. Il porta Tes
vues plus haut , & il étudia la géométrie & lès belles-
lettres. Il Fut meme en état de publier des ouvrages
Fur ces ‘matières , ainfi que fur l’archireéture &
l'hydrologie ; il prit part à ces fameufes dilputes
fur l’hydroftatique , qui s’élevèrent au fujet des trois
provinces de Fèrrâre , de Bologne & de la Roma-
g n e , lefquelles font très-expofées aux inondations.
Appellé pair le pape Clément V I I , il fit conftruire
à Ferrare une citadelle que ce pontife jugea propre
à . la défenfe de cette ville. Dans la fuite y il bâtit à
Mantoue , à Modène , à Parme & à Venife plu-
üeurs p a la is, des- théâtres, Sc autres édifices publics.
A L E S S A N D R O , ( B o r to lo d ’ ) architeéFe V é nitien
: il inventa la manière de foutenir en l’air les
bâtimens, pour les reprendre par fous oeuvre. Il fe
fervit de cette invention utile & ingénieufe en
l 6 o i : ilfoutiftt en l’air le palais ducal , jufqu’à ce Ü
q u e , dans la grande cour, on eut fait les fondemens
de 70 grandes colonnes , qui maintenant foutiennent
les voûtes de ce majeftueux édifice.
A L E S S I , ( G a l e a s ) architecte , né à Péroufe
«n 1 5 0 0 , mort en 15 7 1 . Ses premières études fuient
d’abord tournées vers les belles-lettres & les
mathématiques ; mais, fon goût l’entraînant vers l’ar-
chiteélure , il apprit les élémens de cet a r t , dans
lequel il s’eft rendu véritablement recommandable.
Plufieurs villes de l’Italie font ornées des édifices
qu’il a conftruits ; mais il n’en eft aucune où l’on
en trouve alitant qu’à G ènes, cette ville qui a mérité
le nom de fuperbe par le nombre & la magnificence
de fes palais. L a réputation d'AleJJi s ’étendit
dans prelque toute l’Europe. On lui demanda des
plans en France, en Efpagne , en Allemagne, non
Feulement pour des palais & des églifes, mais encore
pour des fontaines publiques , des falles de
bains, par-tout il montra la fécondité de fon génie.
L e plan qui lui fit le plus d’honneur, fut celui du
jnonaftère & de l’églife de l’Efcu rial, qui fut préféré à
tous ceux que les plus habiles architectes de l’Europe
ayoient donnés. On dit que cet artifte étoit très-favant,
& capable de traiter les affaires les plus importantes.
À L E T T E , f. f. ( de l’ Italien ALETTA, petite aile ou
coté.) s’entend du parement extérieur d’un pied-droit.
Mais ce mot lignifie particulièrement l’avant corps
qu’on affeéte fur un pied-droit pour former une niche
carrée , lorfqu’on craint que le pied-droit, fans ce
refTauc , devienne trop ma/îif ou trop pefant, en
rapport avec le diamètre de la colonne ou pilaftre.
( Voye[ Pied-droit).
A L E X A N D R IE : cette ville d’Égypte fondée par
Alexandre le Grand , fut regardée comme la première
de l ’Afrique , après la deftru&ion de C a r - j
thage; & pouvoit même fe vanter, comme le ditHéro*
dien , d'être après Rome la première ville du mondé.
De toutes fes grandeurs palTées , dit M . de M aillet,
il ne lui relie plus que fon ancien nom. Néanmoins
peu de villes après 15 ou 18 fiécles de deftruc-
tion peuvent encore étaler autant de veftiges de leur
ancienne magnificence.
Alexandre avoit fait tirer au cordéau toutes les
rues de fa nouvelle v ille -; on en remarquoit deux
entr’autres ; qui fe coupoient à angle d ro it, & -qui
avoient chacune n o pieds de large : elles aboutif-
foient aux quatre extrémités de la ville , qui fe frou-
voit par là ouverte à tous les vents , & jouilFoit
par conféquent d’un air fort pur. On y rencontroip
à chaque pas des- monumens fuperbes ; tels étoient
la colonne de Pompée , les aiguilles de Cléopâtre ,
le Sérapium & plufieurs autres dont il relie encore
aujourd’hui des veftiges.
Un de ces reftes précieux , eft une fuperbe colonnade
qu’on voit vers le milieu de l’enceinte' des
murs : elle confifte en un rang de colonnes encore
debout, d’une grolfeur & d’une hauteur extraordinaires
, entre lefquelles on en remarque une qui a
encore fon chapiteau. Ces colonnes qui font élevées
fur une même lign é, s’étendent près de cinq-cents
pas de longueur, & ne font plus aujourd’hui dans
une diftance égale les unes des autres , parce que
la plus grande partie en a été enlevée. Il s’en trouve
même plufieurs de renverfées , entre celles qui fub-
fiftent encore, & font reliées débout. Vis-a-vis de
ce rang de colonnes , on en voit d’autres fembla-
bles , qui leur font oppofée« ; & , quoiqu’il n’eh
relie aujourd’hui que trois ou quatre , il eft vifible
?ue ce lieu étoit jadis une place , dont la figure
ormoit un quarré long. Un édifice de briques qu’on
voit au milieu avec des réfervoirs au-deflus , & des
badins deftinés à recevoir l’eau , fait connoître qu’ il
y avoit dans cet endroit une fontaine alfez magnifique
pour répondre à la beauté du lieu qu’elle
occupoit.
A u milieu de cette grande colonnade , eft une
mofquée, dont le quarré long qui la compofe eft,
environné de quatrè rangs de colonnes de porphyre
parfaitement belles ; ces colonnes foutiennent des
arcades modernes faites ou rebâties par les Turcs.
On admire encore à Alexandrie , les deux aiguilles
ou obélifques qu’on attribue à Cléopâtre, fans
qu’on fâche fur quel fondement : ( Voyeç O bélisque.)
l’une des deux eft aujourd’hui renverfée , &
prefqu’enfévelie fous les fables ; l’autre relie encore
debout ; & , quoiqu’on ne voye pas le piédeftal fur
lequel elle porte , à caufe des fables qui s’y font accumulés,
cependant il eft aifé de connoître, en mefurant
un des côtés de la bafe de celle qui eft renverfée ,
que la portion enterrée de celle qui eft debout,
n’eft pas for t confidérable. Ces aiguilles font couvertes
d’hiéroglyphes.
L a colonne appellée de Pompée , Sc que M.
Savari prouve être celle de Sévère , eft un des reftes
les mieux confervés d’Alexandrie , & . des plus précieux
de l’antiquité. Cette colonne, dit M. de Maillet
, qui autrefois étoit inconteftablement dans l’enceinte
d’Alexandrie , fe trouve aujourd’hui à un
grand quart de lieue des murs de la nouvelle v ille ,
tirant vers le lac Maréotis : elle eft élevée fur un
tertre naturel de pierre folide , efearpée de toute
p a r t , & de la hauteur de vingt-cinq à trente coudées.
Si ce monument fubfifte encore de nos jours,
nous en fommes redevables à l’énormité de fon poids,
qui n’a pas permis aux Arabes d’arracher les pierres
fur lefquelles fa bafe eft pofée. Cependant, à force
d ’attaquer fes fondemens , dans l ’efpérance , fans
doute , d ’y trouver quelque tréfor , ils font parvenus
à tirer une pierre d’un coin. Par-là ils nous ont
donné lieu d’appercevoir fur celle qui la fuit immédiatement
, des caraélères hiéroglyphiques encore
entiers , & de voir que précifement au milieu de*
groffes pierres fur lefquelles s’appuye la bafe de cette
colonne énorme, il y a auffi une efpéce de co-
donne , fur laquelle repofe tout le poids de
l ’ouvrage. On découvre de même fur cette dernière,
qui fert en quelque forte de point d’appui , plufieurs
caraélères hiéroglyphiques, qui vraisemblablement
doivent régner à l’entour.
Ce tte fameufe colonne eft d’ordre Corinthien,
félon qu’on peut en juger d’après les delfins affq r ,
imparfaits que nous en avons : car jamais elle n’a
été mefurée ; & ce ne feroit pas une enrreprife auffi
facile qu’on pourroit le croire , que de porter une
échelle jufques-là , pour faire cette opération. M . de
Maillet allure que la colonne eft dans de très-belles
proportions ; qu’on y obferve une diminution par
les deux b ou ts , & un renflemènt dans le milieu ; •
qu’enfin l’oeil le plus difficile n’y peut trouver rien
a redire. Elle eft de trois morceaux : le chapiteau
jîrt a un ; le fu i t , & trois pieds de la bafe qui y
font joints, fans dou te , pour donner plus d e f é l i - ’
dité à la colonne , forment fe fécond ; enfin la
bafe même compofe la troifiéme pièce. Chacune
des faces de cette bafe a quinze pieds au moins
de largeur , & autant de hauteur, d’où l’on peut
juger du poids énorme de ce quartier de marbre.
L a colonne pofée fur ce piedeftal, eft fans con^
tredit la plus grofTe & la plus haute qui foit dans
l ’univers; Suivant l’eftime de plufieurs perfonnçs qui
en ont pris les dimenfions avec des inftrumens de
mathématiques, elle a quatre-vingt-huit pieds entre la
bafe Sc le chapiteau ; enforte que fans craindre de
fe tromper , on peut lui donner hardiment cent dix
pieds d’élévation. Sa grofTeur eft proportionnée à fa
hauteur, Sc quatre hommespourroient à peinel’em-
br aller. Son diamètre , fuivant- les melures de M . Savari,
eft de vingt-huit pieds trois pouces , fa bafe
eft auffi entière que le premier jour j le chapiteau
eft- un peu écaillé, pu plutôt dépoli ; il répond par
fa beauté au relie de î'puyrage. Il eft creufé par
deflus : peut-être foutenoif-t-il la repréfentâtion d e
l ’empereur, dont on avoit placé la ftatue au haut
de cette malle prodigieufe. Si ce foupçon eft fondé ,
il falloir que cette figure fût d’une grandeur extraordinaire
, pour répondre à la hauteur de la colonne, Sc
pour être apperçue d’en bas dans une proportion
naturelle. Quelques-uns font d ’un autre fentiment ;
comme on apperçoit cette colonne de la mer , long-
tems avant de découvrir la terre d ’A lexandrie, Us
penfent que ce monument peut avoir été deftiné à
fervir de fanal aux vailTeaux qui abordoient. Mais
comment auroit-on porté du fèu au haut-, puilque
la colonne n’ eft pas creufe, Sc qu’elle a au moins
cent dix pieds d’élévation ?•
M. de Maillet rapporte qu’un danfeur de corde
Arabe de nation , entreprit un jour de monter fur
cette colonne , & en vint à bout. Il attacha une
ficelle à une flèche, qu’il eut l’ adrefle de faire palier
dans les jours d’une volute du chapiteau ; enfuite
par le moyen de la ficelle , il y éleva, une corde- à la
faveur de laquelle il monta réellement fur le haut
de la colonne, C ’eft de cet Arabe qu’on a fçu q u e
le chapiteau étoit creufé confidérablement.
Le même M . de Maillet , conful au C a ire, donna
le projet dç tranfpoçter cette colonne à Paris, Sc de
.placer au-deflus la ftatue de Louis X IV .
On voit encore à Alexandrie un grand nombre
de citernes antiques , dans lefquelles on admire la
beauté de la çonllruélion , la confervatjon des voûtes
& des Hues dont elles étoient revêtues. ( Voyeç
C iterne; ) - , 3 _
On marche par-tout aüx environs de cette ville
fur des débris d’antiquité, ' fur dès fragmens (ans
nombre de colonnes, & de reftes de conftruélions
amoncelées , que l’avidité des Arabes augmente tous
les jours par les mutilations de toute èfpéce dont
leur avarice efpère tirer parti.
On découvre encore fur le bord de la mer, &
dans la mer même , des veftiges de ce fameux phare
qui devint .une des merveilles du monde. ( Voye%
Phare. )
À L G À R D I , ( Alexandre ) fculpteur & architeéle
né à Bologne en 1 6oz , mort à Rome en 16^4. Son
père, marchand de f o i e , le fit élever avec foin , Sc
inftruire dans le delfin à ’ l ’école des Carraches ; un
goût naturel l’entraînoit déjà, vers la.fculpture. Ayant
eu occafion de connoître Jules Céfar-Convenri, alfez
bon fculpteur de Bologne, il reçut de lui les premiers
-principesde cet art, & y fit des progrès rapides; à l’âge
de vingt ans il fe rendit à Mantoue, où il travailla
fans relâche à copier des figures antiques. II y fit des
ornemens pour le palais du duc Ferdinand. C e prince
avoit reconnu le mérite du jeune artifte ’ & il confentit
volontiers à le lailTer aller à Rome, pour perfeélionner
fes talents ; il voulut même l’entretenir a fes dépens
dans cette v ille , à condition qu’il retourneroit à Man-,
toue, Sc qu’il s’atcacheroit à faperfonne ; mais la mort
P *