
genre, qui font ceux de la beauté. G'eft là qu'elle
doit régner : lors même qu’on la combat, on doit la
refpeder. Ca r enfin on ne doit point, fans quelque
ménagement, contredire le fufFrage de tant de fîècles,
ni mettre fes propres inventions à la place de celles
qu’une approbation générale a confacrées depuis fi
tong-tems. C ’eft dans ce genre que l'autorité^ & la
raifon peuvent s’éclairer & doivent s’appuyer ; c’eft
à la lumière de ce double flambeau , que les plus
grands hommes modernes onr apperçu les. routes
périlleufes du beau 3 & c’eft encore à l’aide de Y autorité
que quelques-uns en ont tenté de nouvelles.
M a is , en avouant la néceflîté de ce guide éclairé ,
nous conviendrons , avec Perrault, qu’on ne lui dbit^
pas une foumiflîon d’efclave , qu’il ne faut pas
s’attacher avec un relpect fuperftitieux à en fuivre
fervilement. toutes les traces. On n’employera point
la puiflauce de Y autorité à des détails indignes , en
quelque fo r te , de fixer fon attention : oç 1s font la
groflfeur d’un aftragale , la hauteur plus ou moins
grande d’un denticule ou d’ un larmier. L a précifion
de ces proportions n’étant pas ce qui fait la beauté
de l’antique , leur changement n’eft pas d’une importance
allez grande pour ne pouvoir avoir lieu fans
fon autorité. Ces détails varient de mefures dans tous
les édifices, & le goût refte toujours le juge de cette
variété.
Dans les principes de goût , Yautorité eft très-
arbitraire 3 on en fixeroit diiücilement l’étendue. Ce -
' pendant les plus] grands maîtres nous ont donné
l’exemple de leur foumiflion à fon pouvoir. Quoique
les objets relatifs aux principes de g o û t , publient fubir
toutes les variétés de l’opinion, l’expérience de toutes
les tentatives faites inutilement pour fubftituer des
inventions plus agréables à celles que l’ufage a confacrées
, ne peut que juftifîer l’emploi modéré d’une
autorité raifonnable en ce genre.
On appelle encore autorité dans les deflîns, ou refti-
tutions dés monumens antiques , tout ce qui peut prouver
que le plan ou l’élévation qu’on en fait, eft conforme
à ce qu’elle étoit autrefois. A in f i, des reftes de
fondations, des veftiges de bafes, ou de foubaflemens,
des arrachemens d’entablemens, encore attenans aux
murs, feront des autorités, d’après lefquelles on pourra
fe permetre de reftaurer les monumens, & de leur donner
la figure que ces induélions précieufes font préfumer
avoir été telle qu’on la repréfente. C e n’eft
qu’à l’appui de femblables autorités , qu’on doit fe
permettre de rétablir les édifices ruinés. L ’archite&e
qui voudra infpirer la confiance, ne manquera jamais
de rapporter les autorités fur lefquelles il fe fonde.
Sans cela , fes deflîns, toujours fufpects , n’acquerront
jamais d’authenticité. Mais il eft bien plus difficile
qu’on ne penfe , de .découvrir ces autorités , d’en
deviner l’analogie , d’en refpectef la force , & de
réfifter aux réductions de l’imagination. Il fau t , pour
les diftinguer, une parfaite connoiflance des monumens
de l’antiquité , beaucoup de patiencé dans l’examen
qu’on en^fait, une pénétration peu commune,,
une grande jüftefle d’efprit, & fur-tout un v if amour
de la vérité. Rien de plus précieux & de plus rare en
même-tems, que les deflins & ouvrages d’antiquités ,
conduits & dirigés par ces principes. Rien de plus
ordinaire que ces imitations menfongères, où l’architecte
guidé par la routine , l’efprit de fyftême , ou
les travers de fon imagination, & fans relpeét pour
les autorités qu’il n’apperçoit point, ou qu’il ne daigne
pas confulter , nous donne fes propres idées à la place
de la vérité' dont il n’a fçu reconnoître l’indication.
À U T U N , en latin Augujtodunum , étoit déjà une
ville confidérable des Gaules , lorfque les Romains
en firent la conquête. Augufte en' fit une colonie
& lui donna fon nom.
On y v o i t , & dans fes environs, quelques reftes
aflez confidérables d’antiquité. Les portes d’Arroux
& de St André font*des ouvrages Romains. On les
a faufTement appellés des arcs de triomphe. L a porte
d’Arroux eft compofée de deux grandes arcades :
elles étoient accompagnées de deux plus petites, dont
une exifte encore. Au-defTus règne une galerie compofée
de huit ou dix arcades , ornées , dans leurs
piédroits , de pilaftres Corinthiens , d’un goût moins
pur que maigre. Il -ne refte de cette galerie couverte
que la partie extérieure : celle qui regardoit l'intérieur
de la ville eft abattue. L es pilaftres en-dedans
de la o-alerie font du même ordre , mais les chapiteaux
n’en font qu’ébauchés. Ce tte porte reflemble
beaucoup à celle de-Véronne 5 & ce qui confîrmeroit,
s’il en étoit befoin, quelle n’étoit point un arc triomphal
, ce font les rainures , ou c o d ifie s , pratiquées
du haut en bas , dans lefquelles fe haufloient & fe
baifioient les battans de la porte. Là. conftruétion
des deux o-rands arcs eft à remarquer pour fa folidité,
& la jonétion des pierres liées enfemble fans mortier..
Les profils & les détails d’architecture feroient croire
que te monument ne feroit pas des meilleurs tems.
L a porte St André eft parfaitement fomblable à la
première : ta feule différence eft dans l’ordre de la
galerie fupérieure , lequel eft Ionique.
On voit encore dans cette ville les reftes d’un
amphithéâtre & d’un temple de Diane. Cie qu’on,
appelle le mont Dru , fèmble annoncer que a? étoit
autrefois la demeure des Druides. L é Janitoye rappelle
l’idée d’un temple de Janus 3 & le Marchamp,
le fouvenir d’un champ de Mars. L a pierre qu 011
nomme de Conar, .& qui eft un bloc dé g ranit, paroît
avoir été un tombeau : elle Ce trouve près du champ
des urnes , ainfi appëllé , parce qu’on y a découvert
une grande quantité d’urnes fopulchrales. AuX environs
l’on obferve encore plufieurs morceaux bien con-
fervés d’anciennes voies Romaines-
A U V E N T , C m . petit to it, formé ordinairement
de planches aflemblées, à rainures & languettes,, &
de triangle de recouvrement , portées par un chaflis
d’aflemblage , qu’on place au-defiîis d’une boutique.
A X E , C f . ( confiruélion. \ On appelle, ainfi une
ligne qui pafle au centre d’un corps quelconque „
ainfi ou dit Y axe d’une roue, d’un cylindre, dune
. colonne► On peut encore appellerde cette manière
une ligne verticale qui pafleroit au centre d’un édifice
ou d’une de fes parties. Quelquefois , on fait pafier
par Y axe des points d’appui d’un édifice, des barres
de fe r , pour les réunir, & pour y arrêter des chaînes
ou tirans, qui les empêchent de s’écarter à
l ’extérieur.
Dans les grandes cdnftruétions mafiîves Sc ifolées,
qui ne peuvent être formées que par une infinité de
pierres , il faut tâcher de leur procurer une tendance
à Y axe principal, pour qu’elles concourrent à former
une feule mafie. (V o y e z conjlruttion. )
B .A C
3 3 A C , f. m. ( terme de Jardinage. ) C ’eft le nom
d’un petit baflin quarré ou rond , placé d’efjpace en
efpace dans les quarrés d’un potager, & garni d’un
robinet pour àrrofer. Il y en a ainfi dans .chacun des
petits jardins de Verfailles & de Sceaux.
B A C C IO D ’A G N O L O , architecte Florentin,
né en 14-60 , & mort en IJ43. Sa première pro-
feflïon fut la fculpture en bois. Il la quitta pour
l’architeéture dans laquelle il fe rendit célèbre , fans
avoir eu aucun maître , & fans en avoir étudié les
premiers principes , ailleurs que dans l’analogie qui
lie enfemble tous les arts du defiin. C ’eft au fujet
de cet architëéte , que Vafari ojgTeive la facilité avec
laquelle l’architecture avoit été profeflee dans les
premiers , tems par mie foule de gens qui en ignoraient
jufqu’aux termes-, & ne connoifloient pas même
les élémens-de la perfpéctive. Il eft v ra i, ajoute-t-hl ,
qu’on ne fauroit exceller dans l’architeCture , fans un
très-bon jugement, & fans avoir une connoiflance
très-pratique de-la peinture ou de la fculpture , foit
en marbre foit en bois. L a raifon de cette facilité
qu’ont les peintres & les fculpteurs à apprendre l'architecture
, continue V a fa r i, eft que les uns & les
autres, foit dans les rapports des ftatues avec les
édifices, & de J/ornement avec l’a'rchiteCture , foit
par la néceflîté de faire & de peindre les fonds d’architecture
dans les tableaux, font forcés de con-
noître cet a r t , & de faire l’étude des mefures qui
y font relatives. ( V o y e z Architefte. )
1 intelligence-fie rarchiteCture. Après avoir fculpté
I ^es -belles ftalles du choeur de fauta Maria Novclla;
| fait les ornemens de l’orgue de cette églife , & beau-
[ coup d’autres ouvrages de ce genre à Florence, il
[ J3uicta. patrie pour aller à Rome ^ où il confacra
[ fon tems a l’ étude de l’architeCture. De retour à Flo-
’ rence, il eut occafîon d’y développer fon nouveau
| talent, lors de l’entrée que fit dans cette ville Léon X ,
! «n élevant à l’honneur de ce pontife plufieurs arcs
de triofnphe en bois. Bientôt la réputation qu’il s’étoit
acqUife lui procura la conduite des édifices les plus
coniiflérables. Il eut part à la conftruétion de la
j e du grand palais. Il bâtit le palais Bertolini fur
3 ae , & le couronna par un bel
entablement copié fur un frontifpice antique. Vafari
«maigre toutes les beautés qu’il y admire , lui reproche
trop de hauteur, x/iccio eut à eflîiyer bien d’au-*
très critiques dans la décoration de ce palais. On
n’avoit point encore imaginé avant lui d’orner de
frontons les fenêtres des palais, d’employer les colonnes
à l ’embelliflement des portes ,• ainfi que les autres
membres de l’entablement. Cette innovation de notre
architecte, lui attira des fatyres & des railleries de
toute efpèce. On lui reprochoit d’avoir fait une églifo
en voulant faire un palais. Baccio ne répondit à tous’
les farcafmes que par cette Infcription qu’il fit graver
en grandes lettres fur la porte du palais : carpere
promptius quàm imicari.
Un grand nombre de palais dont l’énumération
feroit trop longue , & qui ornent la ville de Florence y
ont afluré, à Baccio une place illuftre parmi les grand?
architectes. Il eut part à toutes les entreprifes confidérables
de fon tems. Brunnélefchi avoit lai/Té à
terminer la galerie qui devoit environner la o-rande
coupole de Janta Maria del Fiore. Les deflîns&qu’en
avoit fait ce grand homme, s’étoient perdus. Baccio fut
chargé de cet ouvrage : il en fit le defiin & les modèles.
D é j à il avoit mis la main à l ’oeuvre, & déjà l ’on en
avoit exécuté la huitième partie : Michel-Ange à
fon retour de Rome , vit qu’on tailloit les pierres
d’attente que Brunnélefchi avoit laiflees à deflein : il
trouva petits & mefquins les projets de Baccio : il
comparoit fa galerie à une cage à poulets. Enfin il
fit un autre projet qui n’excita que des débats entre
les artiftes 3 les opinions fe partagèrent, & l’ouvrage
eft refté imparfait. °
Baccio , quoiqu’employé aux plus grands travaux
de l’architeétiire , n’avoit pas renoncé entièrement
à ceux de la fculpture d’ornemens. Vafari nous apprend
qu’il n’avoit pas quitté la boutique qui lui fervoit
d’attelier 3 c’étoit au contraire le xèndez-vous d’un
grand' nombre d’amateurs & fur-tout des premiers
artiftes du tems. Raphaël d’Urbin , jeune alors , San-
fovino , Phiiippino , Mayano , le Cronaca , les $an-
Galle & Michel-Ange même quelquefois , quoique
rarement , s’y raflembloient, particulièrement l ’hiver
pour y difcourir des arts.
Baccio mourut à 8 3 ans, laiflfant trois fils , Giu-
lian o , Philippo & Dominico. Le premier lui fuc-
céda dans les ouvrages qu’il avoit commencés.
B A D E . Ville antique de Suifle : elle fe nommoic
autrefois Aquar Helvetioe , ou CaftclLum A quarum.
Elle dut fa première originé à fes bains qui étoienc
Zij