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bien balance par l'agrément que la verdure claire &
tendre des charmilles donne dans la belle faifon.
Toutes ces confidérations, au relie , ne font
applicables qu’aux jardins peignés & apprêtés. Le
fyftême des jardins irréguliers ne permet.plus de
porter impitoyablement le cifeau fur les charmilles.
L’air de liberté qu’on y cherche, les en a même
prefqu’entièrement bannies. On trouve qu’elles
y éveillent l’idée défagrèable de clôture ; qu’elles
font trilles, monotones, humides & mal faines ;
qu’elles oppofent trop d’obftacles à la libre circulation
de l’air , ou à l’influence falutaire des
rayons du foleil.
On donne, comme on 1 a dit , le nom de charmilles*
te s paliffades faites avec d’autres arbres que
le charme. Je renvoie le leéleur, pour ce qui refte
à dire fur cet objet, au mot Palissade.
CHARNIER., f. m. C’eft un portique voûté &
percé à jour, qui entoure une grande place deftinêe
à la fépulture. Le mot de charnier vient du latin
carnarium, qui, dans Plaute, a la même fignification.
( Foyc{ Cimetière ).
CHARPENTE, f. f. Les articles fuivans, fous
le nom de charpente & de charpenterie, traiteront avec
autant de détails que doit en comporter cet ouvrage,
tout ce qui a rapport , tant aux différens affem-
blages de bois, qu’à tous les procédés qui compofent
un art dont on trouve les déveîoppemens dans le
diftionnaire des arts & métiers. -
Le peu que je me propofe de dire ici de l’art de la
charpente, n’a rien de commun avec le matériel delà
conftruâion. C’eft dans fes rapports d’imitation &
d’analogie avec l’archite&ure , que j’invite l’archi-
tede d’étudier un art dont les principes font devenus
la bafe de toutes les inventions raifonnables.
A l’article Architecture , j’ai établi fort au long
& la vérité de ce fyftême , & toutes les preuves qui
en démontrent l’évidence : j’y renvoie le leéieur ,
me contentant ici d’inftfter fur 1 utilité d avoir fans
celle préfent aux yeux & à l’efprit ce fyftême d’imitation
que je regarde comme le plus fur préfervatif
contre les erreurs de l’imagination & les écarts de la
fanraifie. '
Yauroit-ïl trop de rigueur à demander que, dans
la conception de tous fes projets , 1 architecte en
rapprochât toujours l’exécution de ce type primitif
que je propofe comme la mefure même matérielle
de la vérité & de la vraifemblance qui en eft la
compagne ? Je fais que bien peu d’édifices modernes
pourroient fe foumettre à ce rapprochement, &
fubir tonte la rigidité de cette règle.Cependant, tant
qu’on ne parviendra pas à détruire l’exiftence & la
réalité de ce modèle de l’archite&ure , j’ai, peine à
concevoir qu’on puiffe jamais exeufer toutes les in-
conféquences d’une imitation arbitraire , qui fe
permet d’admettre & de rejetter tour-à-tour les
mêmes formes , & n’offre à la fin qu’un compofé
fastaftique de combinaifons qui, ne fe liant à aucun
principe, ^’appartiennent pins à aucun ordre de
chofes. ( Voyei ARCHITECTURE ).
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J’aî réfervê pour cet article les preuves fenfibles
delà théorie, qu’on n’a jufqu’à préfent appuyées
que fur des raifonnemens.
On s’imagine fouvent que ce fyftême de l’imitation
de la charpente, fur lequel on fait repofer
celui de toute l’architeéhire,confifte plus en fuppofi-
fion de ce qui auroit pu être, qu’en réalité. Les fig,
2, 3, 4 , 3 , 6 & 7, tirées de Piranefi , vont détruire
toute efpèce de foupçon de ce genre. Çet
illuftre defîinateur n’eut en vue , dans les figures en
queftion , que d’expliquer la formation & la difpofi-
tion de la frife & du plafond de l’ordre dorique ; mais
rien n’eft plus propre à la démonftration du fyftême
général de l’architefture. Que le le&eur jette
les yeux fur ces planches, & il y verra que rien
n’exifte dans les plus beaux temples grecs qui ne
foit le réfultat exaft de la charpente, & qu’on ne
puiffe exécuter en bois.
Comme les raifonnemens &les exp’ications n’a-
jouteroient rien à la clarté & à la démonftration
de ces figures , je n’alongerai pas cet article de
réflexions inutiles & de redites oifeufes. Je prie
feulement le leéteur de rapprocher ces figures de
la théorie qu’on a développée aux mots A rchitecture
& C abane , & je penfe qu’il ne doit lui
refter rien à defirer fur cet objet.
Charpente, f. f. {con(lru£lon) eft , en général,
un ouvrage conftruit avec des pièces de bois d’une
certaine groffeur, réunies par des affemblages. Dans
quelques pays, on conftruit de cette manière les
maifons entières ; & dans prefque tous, des parties
confidérables de toutes fortes d’édifices , telles que
les combles, lés planchers, les pans de bois , les
cloifons; des voûtes , des ceintres, des ètatemens;
des ponts, des moulins, des éclufes, &c. ( Voye^
ces mots).
La perfeélion des ouvrages te charpente confiftea
allier la folidité avec l’économie : pour cela , il
faut avoir égard ;
i°. A la qualité des bois dont on doit faire ufage ;
2°. A la difpofition des pièces de bois ;
3°. A leurs formes & dimenfions;.
4°. A la manière dont elles doivent être réunies
par des affemblages^
Des bois de charpente & de leurs qualités.
Nous avons fait voir à l’article Bois, que le chêne
eft l’efpèce de bois qui convient le mieux aux ouvrages
de charpente, par rapport à fa force, à fa
durée, à la grandeur des pièces qu’il peut fournir 8c
à la facilité de le travailler. Après le chêne , on
peut placer le châtaignier, l’orme , le fapin , &c.
( Voye£ l’article Bois ).
La qualité la plus effentielle des bois de charpente
eft d’être bien fecs au moment où on les emploie«
La plupart de ceux dont nous faifons ufage aftuelle-
ment, ayant été coupés dans des faifons peu favorables
& employés trop tôt, font remplis d’une fève
qui fermente dans la fuite , les échauffe & les dLi
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trait. Souvent les arbres dont ils proviennent ont
été abattus avant d’avoir acquis toute la eonfiftance*
dont ils étoient fufcepiibles. Tous ces vices nail-
fent de ce que les propriétaires des forêts & les
marchands qui.les font exploiter , n’ont en vue que
leur plus grand intérêt. De-là le peu de durée des.
ouvrages de charpente a duels , tandis que ceux faits
par nos ancêtres , fe trouvent , après plufieurs
fiècles , en meilleur état que ceux qui ont été conf-
truits de nos jours. Tout le monde fait qu’on a été
obligé de changer les poutres de l’école royale militaire
au bout de fept à huit ans ; & que dans plufieurs
bâtimens confidérables , conftruits depuis
cette époque , il a fallu faire la même cliofe.
«Voici les indices les plus certains de la bonne,
qualité d’une pièce de bois de chêne : i°. par rapport
à la couleur, le jaune clair, ainfi qu’une teinte
couleur de rofe, indique une bonne qualité de bois :
lorfque la couleur eft uniforme , & qu’elle devient •
plus foncée en approchant du coeur , fi la différence
n’eft pas trop grande , c’eft l’indice d’une
qualité de bois excellente.
a0. Par rapport à la texture du bois , fi les fibres
paroiffent fortes , bien filées & raprochées les unes
des au1 res ; fi les copeaux que l’on détache en le
travaillant font liants , c'eft-à-dire , s’ils ne fe rompent
pas féchement, & ne fe féparent pas par filandres
, .c’eft une preuve que le bois eft d’une très-
bonne qualité.
Une pièce de bois de charpente doit être à vives
arêtes, fans flâches ni aubier. Il faut éviter d’employer
les bois qui ont fouffert de la gelée, & ceux
dont les cardes concentriques ne font pas unis &
adhérens les uns aux autres, parce que cela indique
un arbre defféchè fur pied.
Le bois de chêne, dont la couleur eft d’un rouge
terne & foncé, indique un arbre qui eft fur le retour
& qui a déjà fouffert une altération. Cette
efpèce de bois fe pourrit &. fe décompofe en peu
de tems.
Il ne faut jamais employer en charpente des bois
tendres ou gras , ni fur-tout le bois verd , c’pft-à-
dtre, celui qui eft nouvellemement abattu., par la
raifon que la fève dont il eft rempli fermente , s’échauffe
6c le fait tomber en pourriture en moins
de trois ou quatre ans.
Ce n’eft que quatre ou cinq ans après qu’un
arbre a été abattu qu’on peut le mettre en oeuvre :
encore faut-il, pour qu’on puiffe l’employer utilement,
avoir la précaution de le faire flotter dans
l’eau de rivière ou dans de l’eau claire pour faire
dégorger les fucs groffiers & mal digérés qu’il peut
contenir.
11 faut aufli éviter d’employer les bois noueux,
fur-tout fi les noeuds pénètrent dans l’intérieur de
la pièce jufqu’à une certaine profondeur , parce que
les noeuds qui tranchent le fil du bois diminuent
beaucoup la force d’une pièce. Il feroit alors ira-'
prudeflt de les ’employer en folives, particulière-
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mont lorfque ces noeuds font de ceux qu’on nomme
malandres.
Quoique l’efpèce de bois qu’on appelle rebours
foit difficile à travailler , à .cauic que fes fibres
font finucnfes & entortillées , on peut cependant
en faire ufage dans certaines circonftances , pour
des poteaux ou autres pièces qui ont de grands
efforts à foutenir, parce qu’il eft fort liant & moins
fujet à fe fendre.
Quant à la difpofition des pièces de bois qui forment
un ouvrage te charpente , elles doivent être
placées de manière à s’entretenir mutuellement 8c
à ne former qu’un feul tout , capable de réfifter
fortement à tous les efforts & mouvemens que
l’ouvrage entier peut avoir à foutenir.
Comme l'application de ce principe eft fujette à
plufieurs modifications, nous la renvoyons aux ar-
tic’es qui traitent dès différens ouvrages de charpente
, tels que C eintre , C omble , C loison,
Plancher , Pan de bois , &c.
De la forme & des dimenfions,
On peut dire de la forme & des dimenfions des
pièces de bois, ce que nous venons de dire, par rapport
à leur difpofition ; c’eft-à-dire , qu’elles font
relatives aux différens ouvrages auxquels elles doivent
être employées. On doit diftinguer dans les
pièces de bois deux formes différentes, celle de
leur bafe , & celle qu’elles ont dans leur en-
femble.
Par rapport à la forme de la bafe , les pièces de
bois qui l’ont circulaire, font les plus fortes, fur-
tout fi les couches ligneufes & concentriques fon-t
confervées ; car alors, en ôtant \e premières couches
qui font ordinairement de bois plus tendre , on
n’a fait que perfectionner la forme naturelle de
l'arbre. Ainfi, lorfqu’il s’agit d’un point d’appui
iiolé, il faut, autant qu’il eft poffible , lui donner
ctffe forme préférablement à toute autre. Jufqu’à
préfent elle n’a été confervée que pour les pieux ;
il parôît qu’en cela on a moins eu en vue la folid.té
que l'économie. Je ne crois pas non plus que les
chinois qui n’emploient que des bois ronds dans
leurs ouvrages de charpente , aient pour but la plus
grande folidité. On pqurroit dire qu’il leur a paru
plus naturel de eonferver aux bois qu’ils emploient
la forme des arbres dont ils proviennent.
Dans la plupart des ouvrages de charpente, on ne
peut pas fe diipenfer de fe fervir de bois équarris ,
tant à caufe de la forme générale qui doit réfulter
de leur combinaifon, que par rapport aux affem-
blages &. à la réunion des pièces. Celles qui font
rondes ne pouvant fe joindre qu’en un point , ne
formeroient pas un a {fera b! âge folide.
La forme la plus avantageufe qu’on puiffe donner
aux bois équarris , dépend de la pofition qu’üs
doivent avoir, & des efforts qu’ils ont à foutenir..