
tout ce qui appartient à la vue dépend de l’oeil 5 ce
qui n eft pas vrai. L a vuè fe fert, & de l’expérience, &
des autres fens , & du jugement qui la redreflent $
& il n’arrive guère que ce jugement lui manque :
autrement la perfpeélive & la peinture tromperaient
toujours , parce qu’il n’y a pas plus de raifon de
prendre un rond pour un ovale , quand il eft vu
obliquement , que de prendre un ovale pour un
rond , quand cet ovale eft peint pour paraître rond.
C Voyei Pr o p o r t io n . )
-Angle le dit e n . peinture & en fculpture , des
figures ou ornemens qui remplirent les tympans
des arcades , & les pendentifs des dômes. C ’eft
ainfi qu on appelle Angles du Dominiquin , les
quatre evangeliftes qu’il a peints dans les triangles
fphériques du dôme de St-André délia valle à
Rome , ou les quatre vertus de la coupole de St-
Charles de Catenari.
Les ouvriers appellent aulTi généralement Angle,
tous les triangles ou pièces d ’encoignure qui fervent
dans les compartimens.
A N G L E T , f . m. petite cavité fouillée en angle
d ro it , comme font celles qui féparent les boflào-es
ou pierres de refend , ou comme les traits de ° la
gravure des infcriptions dans la pierre & dans le
marbre.
A N G U L A IR E , adj. m. ce q u ia la figure d’un
a pgle » ou ce qui forme un angle. : telles font les
pierres de l’encoignure d’un batiment , le poteau
d ’encoignure d’un pan de bois.
Il fe dit auffi des colonnes ou pilaftres 5 tels font
les pilaftres ou antes d’un temple , ( Voye^ F ig . 97)
ou les colonnes qui forment l’angle d’un périftyle.
Vitruve dit que les colonnes Angulaires doivent
être groffies d’un cinquantième , parce que l’air ou
le grand jour auquel elles font expofées , plus que
celles du milieu , iemble rétrécir leur diamètre & les
rend plus menues à l’oeil.
A N N E L E T S , f. m. pl. C e font de petits liftels
ou filets qui ornent un chapiteau. On les nomme
auffi Armilles du latin Armilla , brafleler.
L é nombre, de ces Annelets varie fuivant les chapiteaux.
On en compte trois au dorique du théâtre
de Marcellus , félon V ig n o le , & quatre aux chapiteaux
doriques du grand temple de Pæftum lef-
quels vont toujours en diminuant de faillie & d’é-
paiffeur, jufqu’au nud de la colonne. C e nom conviendrait
encore parfaitement aux petits filets qui
forment comme le gorgerin de cette colonne 5 mais
q u i , a Pæftum, au lieu d’être en faillie, font entaillés
dans le v i f même de la colonne.
A N N U L A IR E , f. m. On nomme ainfi les voûtes
qui ont la figure ^ d ’un anneau , en tout ou en
partie , comme les voûtes fur noyau.
À N N U SU R E , Voye^ E nnusure,
A N SE de P A N IE R , f. f. ornement de ferrurerîe
formé de deux enroulemens oppofés , qui forment
une Anfe de Panier dont il a pris le nom.
O n appelle en Anfe de panier une voûte furbaif-
fé e , dont la hauteur fur fon diamètre horizontal,
eft moindre que la moitié de ce diamètre. Cette
voûte eft la moitié d’un ovale ou dTune ellipfè,
dont la curvité eft formée de différens centres. (Voye£
Berceau, V oûte.)
A N T A R A D U S , ville antique de Syrie ou de
Phénicie , bâtie fur le continent , vis-à-vis , & à
l’orient de l ’ifle d’Arad e, & de la ville du même
nom fituée dans l’ifle. Antaradus eft aujourd’hui
Tortofe. On voit dans cette ville des reftes d’antiquité
les plus curieux & les plus finguliers. A u midi
d’une vallée ferrée entre des rochers , on trouve ,
félon le récit de Pockocke , une cour pratiquée dans
le r o c , avec un trône au milieu , de chaque côté
duquel eft un liège. La cour eft fermée , excepté-
du coté du nord, ou il y a deux entrées. Le trône-
eft compofé de quatre pierres , non compris le piedef-
t a l , dont une forme le doffier , l’autre le dais , &
les deux autres les côtés. Le dais eft orné d’une
corniche pareille à celle qu’on trouve dans la haute
Egypte. Il paraît y avoir eu dans les deux coins de
la cou r , un petit appartement dont les portes étoient
pratiquées dans le roc , & fubfiftent encore. Le trône
étoit probablement deftiné pour l’idolç qu’on adorait
dans ce temple. L ’on aurait de la peine à trouver
ailleurs un monument aulïi ancien & aufli extraordinaire.
Il y a de Fautre côté de la v a llé e , en allant
vers l’Orient , une efpéce de folle taillée dans le
roc , d’environ un ftade de long , avec fept marches
de chaque côté. Ces marchés ne font pas continuées
jufqu’au fond , & paroiffent fe terminer du
côté .de l’Orient en forme de demi cercle. Le rocher
qui eft à l’extrémité occidentale, eft taillé, de manière
à faire croire qu’il y avoit autrefois quelques
appartèmens dans cet endroit j . une partie forme
une efpéce de cour quarrée j & l ’on a pratiqué un
chemin de communication entre cette cour & le
temple dont on a parlé. Ce t endroit étoit probablement
un cirque où les habitans d’Antaradus,
à'Aradus & de Marathus avoient coutume de f é .
raffembler à l’occafion des fêtes qu’on y donnoit.
Directement au midi de la cour & du temple, on
a applani les rochers qui dominoient, & on les a
même creufés dans quelques endroits , pour en former
des efpéces de réfervoirs ; on voit auffi plu-
fieurs murailles taillées dans le roc , & entr’autres
une maifon entière, où l’on a pratiqué des niches,
des portes, des fenêtres & un -mur qui la partage
par le milieu.
Environ un mille au midi font les maufolées dont
Mandrel nous a donné les plans ; on trouve près delà
un rocher dont on a formé un piedeftal de neuf
pieds de haut , & d’enviiipn vingt-huit pieds en
quatre , avec un trou dans la face orientale elevé
d’enviroft_cinq pieds au-deffus du rez-de-chaufTée 5
on y monte par trois ou quatre marches. C e
piedeftal devoit avoir fervi de bafe à quelque mau-
îblée. On avoit coutume d’en élever de pareils fur
les grottes où l’on enterroit les morts. Ce t endroit
avoit été probablement un cimetière.
A N T E ou A N T E S , f. f. piliers faillans fur la
face d’un mur , tels que font les jambes de. fo r c e ,
formant dofleret dans un mur mitoyen, fous une poutre
ou à l’encoignure d’un bâtiment.
C e mot vient du latin ante devant.
Les Antes font proprement les jambages ou piliers
qui font aux côtés des portes , ou des édifices
en général. C e nom fe donne plus particulièrement
encore^ aux pilaftres qui ne montrent que leur partie
antérieure , ou à ces colonnes quarrées qui formoient
les coins des murs de la Cella dans les temples
anciens.
Ainfi les Antes des temples fon t, ou cette partie
du mur latéral du temple, ornée d’un pilaftre ,
comme on le voit dans le temple à Antes ( Voyeç
F ig. 57 ) , ainfi nommé parce que les Antes étoient à
dé couvert, & n’étoient précédées d’ aucun périftyle $
ou , le pilaftre quarré qui venoit en avant du mur
prolongé de la Cella ,- & fur lequel pafloient &
s’affeyoient les platebandes du périftyle , ' comme
dans tous les temples périptères. ( Voye^ Fig. 104)
Vitruve enfeigne que l’épaifïeur ou diamètre des
Antes , doit être égale à celle des colonnes.~On voit
dans l’antique que les Antes , ou Pilaftres corniers
éprouvoient la même diminution que les colonnes.
Souvent auffi elles ne fe trouvoient pas répondre
parallèlement aux colonnes du Pronaos. On obferve.
auffi dans les temples d’ordre dorique Grec , que
les chapiteaux des A n te s , font différens de celui des
autres colonnes.
Selon Perrault, les Antes que nous avons déjà
appellées pilaftres , & les Paraflatce ne font le plus
fouvènt qu’une feule & même chofe. On peut
cependant y mettre cette différence, que le mot Antes
convient mieux aux pilaftres plats qui ne montrent
que leur partie antérieure , parce qu 'Ante fignifïe
devant 5 & celui de Paraflatce aux pieds-droits qui
font des piliers quarrés, ou qui fortent du mur la
moitié ou les deux tiers du quarré. ( Voye{ Pa~
Rastatæ. )
On peut diftinguer trois efpéces à' Antes : Les
Antes des portes qui font des pilaftres qui en ac-
compagnent les côtés : les Antes angulaires des
murs latéraux des temples qui ne font auffi que
des pilaftres plats : & les Antes des murs prolonges
de la Cella ou corps du temple , qui font les
pilliers quarrés '
Les Latins appelloient Antes les premiers des feps1,
qui bordent une piece de vigne. Jam canit extremos
efftetus vinitor Antes , dit Virgile. Il y a lieu de croire
que d e - là , par Métaphore ce nom fera pafTé dans
l’architedure. ( Voye{ T emple. )
À N T H EM IU S , architecte né, au v i e fiécle, à Tralies,
ville de Lydie dans l’Afie mineure : il fut choifipar
Juftinien avec Ifidore de Milet pour conftruire le fameux
temple de Ste Sophie à Confrantinople. C e vafte
édifice avoit d’abord été bâti par Conftantin; comme
la couverture nlétoit qu’en bois , il fut brûlé plu-
fieurs fois , & rétabli par les empereurs , fur-tout par
Théodofe. Juftinien le propofa d’en faire un temple
des plus magnifiques. Lorfqu’ il le vit achevé , il
s’écria tranfporté de joie : Je t*ai furpafle Salomon*
( Vyyeç la defcription de ce monument aux mots
(B asilique 6* C onstantinople. )
Anthemius fut non feulement architecte, mais encore
fculpteur & habile méchanicien. Il exifte un recueil
de machines qu’on lui attribue._ Ce t artifte trouva
différentes manières d’imiter les tremblemens de terre,
le tonnere & les éclairs. Le rhéteur Zénon ayant
fait quelqu’impolitefTe à Anthémius , celui-ci s’en
vengea en lui faifant éprouver un tremblement de
terre. Zénon tout effrayé s’enfuit de fa maifon. On
prétend qu’il parvint à lui caufer cette fra yeur, en
plaçant.le long dès murs de fa maifon, des chaudières
d’eau bouillante, donc le bruit imitoit celui
qui précède quelquefois les tremblemens de terre.
A N T I -C A B IN E T , f. m. grande pièce d’un appartement
, entre le fallon & le cabinet appellé communément
falie d’afTemblée, ( Voyeç Salle d’A s-
semblee. )
A N T I -C H AM B R E , f. f. grande pièce d’un appartement
, précédée d’un veftibule , & qui donne
entrée ordinairement à une autre pièce qu’on appelle
deuxième antichambre.
U Anti-Thalamus chez les anciens répondoit exaéte-
ment à notre Antichambre, mais dans les maifon»
des Gre cs, félon Vitruve , il étoit féparé du Thalamus
par un pafTage appellé Profias. Il y a apparence
que cette pièce des appartemens eft la même
que celle que Pline dans fes épitres appelle Procceton9
c’eft-à-dire , un lieu qui eft devant celui où l’on
couche. Il eft à remarquer que Pline, dans une de
fes lettres , dit que fon Antichambre étoit jointe
immédiatement à fa chambre , au lieu qu’on voie
dans Vitruve que l’Anti-Thalamus étoit féparé de la
chambre à coucher j & c’eft peut-être par cette raifon
que Pline fait remarquer , comme une chofe
qui n’étoit, pas ordinaire , cette jon&ion de fon
Antichambre à fa chambre.
Dans nos ufages on appelle Antichambre , non
point la pièce qui précède la chambre à coucher,
mais celle qui précède toutes les chambres d’un
appartement. Che z les particuliers où i l n’y a point
de falie à manger , cette pièce en tient lieu.
Dans les maifons des grands, il y a de petites
Antichambres qui féparent la chambre à coucher des