d’harmonie entre la fculpture & l’architeélure. T ou t
y fut fait exprès pour la place , quoiqu’en dife
S e r lio , qui paroît s’être mépris fur ces deux arcs,
&c avoir attribué par erreur à celui-ci 3 la fpoliation
qui eft vifible dans l’arc de Conftantin , 8c dont
celui de Sévère n’offre aucun indice. Il eft probable
que cet archite&e aura fait une tranfpofition deXes
Botes , de l’un a l’autre de ces deux arcs ; ce qui eft
certain , c’eft que Y arc , dont il s’a g i t , ne fut fait
au x dépens d’aucun autre.
Les ornemens y font moins prodigués qu’à celui
de Conftantin. Au-deffus des petits arc s , 8c dans
les entre-colonnemens règne une petite frife que fur-
montent des bas-reliefs compofés de plufieurs rancrs
de figures , toutes de même grandeur & de même
faillie. Ces figures faites fuivant le fyftêmedes anciens,
dans les monumens où elles étoient regardées particulièrement
comme hiftoriques, font beaucoup moins
bien ëntenduès que dans d’autres ouvrages. On y fent
déjà une décadence remarquable; & Ton ne peut qu’être
étonne, comment fa r t avoit pu tellement déchoir
depuis la mort de Marc-Aurèle jufqu’à Septime
Sévère ; c’eft-à-dire dans un efpace de douze ans.
ï/architecture s’y trouve, comme dans tous les mo-
numens du bas â g e , très-fupérieure à la fculpture
par lesraifôns qu’on peut voir ailleurs. ( Voye\ A rchit
e c tu r e . )
L a partie de l’ornement y eft cependant affez bien
traitée. Les voûtes des arcades y font ornées de
caifTons & de rofaces d’ un très-bon goût. L ’artique
n’eft décoré d’aucun bas-relief , ni d’ aucune fta-
tue,. Une grande Infcription l’occupe tout entier. Il
étoit furmonté , félon Pietro-Santi-Bartoli , d’un
quadrige dé deux ftatues équeftres, & de deux fio-ni-
Jeres., ( V oye^ la-F ig . i 69 )..
Sa h auteur-totale eft de 61 pieds : fâ largeur- de
7 1 pieds 4 pouces : fà profondeur de ' 21 pieds S
pouces , fans compter le diamètre dès colonnes. L a
hauteur du grand arc eft de 35 pieds 10 pouces; fa
largeur de 20 pieds 10 pouces. Les petits arcs ont u
pieds 5 pouces de.haut, fur 10 de large. Le diamètre
des colonnes eft de 2 pieds 8 pouces. Un efcalier de
marbre pratiqué dans l’intérieur de l’édifice conduit à
fi>n fommet. On a remarqué que dans l’Infcription
en lettres de bronze incruftées , les mots optimis for-
tijfimisque principibus avoient été' fubftitués aux noms
de Géta , que Ca racalla, fon frère, fît fupprimer de
tous les monumens publics. L e champ dé l’Infcription
creufé inégalement dans cet endroit le prouve.
Après ces deux arcs, le plus confîdérable qui fôit à
Home, eft celui dé Titus.. Il ne fut élevé qu’après la
mort de cet Empereur, comme nous l’indiquent le mot
D IV O placé dans l’Infcription , & l’Apothéofe représentée
dans un bas-relief au milieu d e là voûte d e lV c ,
& que Serlio a pris mal-à-propos pour un Jupiter., C e
monument, compofé d’une feule arcade, eft le premier
où l ’on voye employé l ’ordre compofîte. L ’ordonnance
générale,. & la. diipofîtion en font belles. ;.fentablement
eft bien profilé. Serlio n’y trouve à reprendre!
que l’union des denticules avec les modillons. Il
remarque aufïi que l’impofte de l’arc eft trop chargé
d’ornemens , & qu’il n’y règne point de repos. Entre
les colonnes de cet arc , il n’y a point de bas-reliefs ,
comme aux précédens , mais feulement une tablette
qui reçut quelques ornemens & une fenêtre. Les
feuilles du chapiteau font d’acanthe, refendues en
feuilles de perfil. Les volutes rentrent dans le vafe du
chapiteau. Dufleuron qui eft au milieu du tailloir, fort
un feuillage ou rinceau de chaque cô té , tournant
dans le creux de la volute. Par defïiis le tailloir, il
y a un filet quarré fur lequel pofe l’architrave. Les
bandes de celle-ci font aplomb. L a frife eft ornée de
bas-reliefs repréfentant la fuite de la pompe triomphale,
On y remarque la figure du Jourdain portée
fur un brancard, des facrificateurs , des viétimaires,
des viérimes, &c. Dans la corniche, il y a des dauphins
entortillés fous les modillons ; ceux-ci s’ap-
puyent fur une coquille , au lieu de la feuille qui
leur fert ordinairement de fupport. Les modillons ne
répondent pas au droit du milieu -des colonnes. A u -
defîus duj larmier eft un aftragale avec des feuilles
de perfil. L a cymaife de la corniche eft ornée de
trois fortes de feuilles. L ’entablement a de . hauteur
le quart de celle de la colonne entière , y compris
la bafe & le chapiteau. Une Infcription fait toute
la décoration de l’attique.wL ’édifice n’a que 41 pieds
d’élévation, il eft ruiné en partie ; mais ce qui en
refte nous offre un dès plus beaux monumens de
fculpture des anciens , & un des plus parfaits modèles
du genre qui convient à la décoration des édifices..
On ne p e u t , en fait de bas-reliefs, rien mettre
au-deffus dès deux qui ornent le deffous de l’arcade.
L ’un ‘repréfente Titus dans le char de triomphe,
attelé de quatre chevaux ,. conduits par une figure
de femme, fous laquelle Rome eft perfonnifiée. L ’empereur
tient en main le bâton de commandant ; la
victoire le couronne. Les autres perfonnages font- les-
liéteurs 8c les fénateurs couronnés quifuivent le cortège
avec des branches de laurier. Dans l’autre bas-
relief on voit les dépouilles de la Judée 8c du temple
de Jérufalem , le chandelier à fept branches , la
table d’or , lès tables de la L o i , les vafés & inftru-
mens facrés qui précèdent le triomphateur.*
On doit encore admirer dans cet arc les belles
victoires qui en décorent l’archivolte ; la belle agraffe.
en forme de confole qui fait la c lef dès vouflbirs,
les rinceaux qui ornent les montans intérieurs des
piédroits jufqu’à l’impofte.. C e monument qui le
cédc-it en grandeur &. en magnificence à ceux de
Trajan , de Marc-Aurèle , &c. peut être mis , pour
la beauté de la ic u lp tu r e a u rang des chefs-d’oeuvre
dè l'antiquité-
II. n’en eft pas ainfi du petit arc de Septime Sévère,,
dit Y arc des orfèvres , parce que l’Infcription porte
qu’il fut bâti par les orfèvres , 8c les marchands du
forum boarium. Il n’a- de particulier que fa petiteffe p
fa fortne quarrée, & la profufîon des ornemens,
dont il eft plutôt cifelé que fculpté. Il confîfte en
deux trumeaux ornés de chaque côté de deuxpilaftres
qui foutiennent un entablement recouvert d’une in-
lcription. Les pilaftres font tous chargés d’enfeignes,
de t r o p h é e s d e rinceaux 8c d’enroulemens. Les
entrepilaftres font décorés de bas-reliefs , ainfi que
les montans intérieurs de Yarc. Plufieurs de ces bas-
reliefs ont été mutilés & détruits par la~ haine de
l’infâme C aracalla, qui pourfuivit la mémoire de Géta,
fon frère , jufques dans les images & les Infcriptions
©d elle pouvoit fe perpétuer. C e petit monument a
de hauteur 18 pieds 4 pouces, fur 18 pieds «^pouces
de large.
Il exifte à Rome plufieurs autres arcs, tels que ceux
de la porte St Sébaftien , & de la porte St Laurent,
celui de Galien, appellé aujourd’hui Y arc de St V i t ,
parce qu’il eft contigu à l’églife de ce Saint ; mais
ces monumens n’ont rien de remarquable du côté
de l’art. Ce t arc de St V it offre un bien trifte témoignage
des malheurs du tems od il fut bâti. L ’empire
étoit déchiré par les guerres civiles., le tréfor épuifé ,
Sc les particuliers enfouiffoient leurs richefles. Marc-
Aurèle Viétor le fit ériger en l’honneur de G alien
& de Salonine, fon époufe. L a conftruftion eft
de pierre travertine. Il en refte encore Parc du milieu.
Piétro-Santi-Bartoli, dans le deflîn qu’il en a fa it , accompagne
le grand arc de deux autres plus petits, mais
fermés dans le bas par le foubaffement continu
des pilaftres ; ce qui indique qu’on ne pafloit pas
fous ces arcs , & qu’on les avoit deftinés à recevoir.
des ftatues ou des trophées.
Mais ces monumens de la gloire dè Rome ne
furent pas particuliers à cette capitale du monde.
Toutes les villes de l’Empire en élevèrent à l’envie ,
q u i , pour la richeffe 8c la beauté ne le cédèrent en
rien à ceux dont s’énorgueilliftoit la métropole. Nous
allons en décrire quelquesruns des plus fameux , qui.
fe font confervés jufqu’à nos jours : nous-nous contenterons
d’indiquer les autres.
L 'arc de Bénévent élevé en l’honneur de Trajan ,
eft un des reftes les plus remarquables de l’antiquité
autant par la fculpture que par l’archite&ure.
L ’ordre qui le décore eft compofîte : les colonnes
pofent fur un ftylobate commmi : leur bafe eft antique,
& de la plus belle proportion ; l’entablement eft bien
profilé. Serlio remarque que l’architrave, la frife &
la corniche font dans les plus beaux rapports entr’eux,
& parfaitement proportionnées à la malle totale de
1 édifice. Le même architecte obferve qu’on ne rencontre
point dans cet entablement le défaut ordinaire
de la réunion des denticules & des modillons, quoi-
que le membre où l’on pouvoit tailler les denticules
y loit. L a frife eft ornée, comme à l’arc de Titus,,
de figures allufîves au triomphe. Les trumeaux des
entrecolonnemens font divifés avec beaucoup de goût
en bas-reliefs fèparés par de petites frifes. Sur le
milieu de l’avant-corps de l’attique eft placée l’In-
fecnption ; & dans les ïenfoncemens, font de grands:
bas-reliefs .du même goût que ceux de l’arc de Con-
ftantin à Rome. Ils repréientent différentes aérions
de là vie de l ’empereur T rajan , & ne le cèdent
point à ceux de Rome pour la beauté de l’ordonnance
, la grandeur du f ty le , & la ftige hardieilê
, de l’exécution. Malheureufement ce beau monument
eft peu connu , parce qu’il ne fe trouve pas fur la
route ordinaire que parcourent en Italie les artiftes
& les amateurs..
L a r e de Trajan à Ancône doit encore Ce mettre
au nombre des plus beaux ouvrages de l’architeélure
antique. Il eft placé fur la jettée du p o r t , & à l ’entrée
du mçle. C ’eft une des conftruérions les mieux
confervées qu’il y ait. Il n’a fouffert du tems & de
la barbarie que dans les accelfôires 8c ornemens de-
bronze dont il a été dépouillé ; fur fon fôm m e té to i r
la ftatue équeftre de l’empereur. Onconférve encore-
à Ancône un des pieds de bronze du cheval. Rien de
plus grand & de plus admirable que la, ftru&ure de-
cet arc bâti de blocs énormes de marbre qu’on prétend
être de Paros. Les pierres en font fi étroitement:
jointes, qu’il femble n’être que d’un feul morceau..
Il n’y a que les profils qui font endommagés dans:
leurs faillies, ce Tous les membres & toutes lesparties-
» de cet édifice , dit Serlio , font dans une fi belle
proportion ; il y règne un fi bel a c c o rd , une-
as celle entente, une fi jufte harmonie que l’oeil des
ss ignorans en demeure agréablement frappé ;/& que
ss ceux qui connoifTent l ’A r t , non feulement font
» ravis de là belle intelligence qu’ils y admirent, mais-
ss rendent grâces à l ’architecfte d’avoir produit un;
ss ouvrage où notre fiècle puifTe s’ inftruire & décou-
ss vrir les règles du. beau, ssi
i eft décoré de quatre colbnnes Corinthiennes ,.
pofèes fur des piédeftaux. L ’ordre, ainfi que la proportion
générale du tout enfemble , paroiffent avoir-
été allongés à defîein ; ce queïl’architeéte fit y fans
doute , pour que cet arc de triomphe n’eût point
l’air écrafe , lorfqu’on le verroit de lo in , du côté.
de la mer où eft fbn vrai point de vue. L ’àttique
n’eft orné que d’une fîmple Infcription. Il n’y a
dans tout Yarc aucune autre fculpture que celle des
chapiteaux, & des confbles qui agraffent le bandeau
de l’arc. Le peu d’omemens étrangers étoit de bronze ,
& a .difparu , comme on l’a dit. La. beauté de la
conftruérion, l’élégance des formes 8c des p ro p o s
tio n s , & cette fimplicité qu’on- défire quelquefois,
dans plufieurs de ces monumens antiques ', font le-
principal mérite 8c le charme de celui-ci..
L ’arc de Rimini élevé en l’honneur d’Augufte 8c
à l’occafiondu rétabliflement de la voie Flaminienne y
depuis cette ville jufqu’à Rome , eft le plus anciem
de tous les arcs antiques , 8c pour l’ouverture le 1
plus grand de tous ceux qui exiftent. Il a 60 pieds-
dè haut , 2 7 de large , 8c 31 d’ouverture : Y ara de.
la porte St Denys à Paris, n’a que 24 pieds.. Ce lu i
de Rimini eft en pierre d’Iftrie , laquelle, eft une
efpèce dé marbre.. Il eft décoré' de deux colonnes-
Çorinthiennes de 3,2. pieds de hauteur*. L e ceiatre eft?