
C e t empereur, qui parîoit la langue Grecque comme
fa propre langue , ( Voye^ A d r ien . ) qui étoit jaloux
jufqu’a la paflîon d’obtenir, pour Tes ouvrages, le
fuffrage des Athéniens, devoit néceffairement le plaire
dans leur ville , où il avoir été décoré de la dignité
d’Archonte , avant d'être.empereur. Auffi, s’appliqua-
t-il à embellir Athènes. Il fit conftruire un nombre
fi prodigieux d’édifices , dans l’une de les parties ,
qu’elle en prit le nom d’Adrianopole , ou ville d A -
drien.
Un monument çompofé d’un grand arc , & fur-
monté d’ un ordre de pilaftres , montre le lieu qui
féparoit la ville d’Adrien de celle de Théfée. Les
Infcriptions qui font fur les' faces du monument, le
prouvent d’une manière inconteftable. O n lit fur celle
qui regarde la citadelle , ce fl ici la. ville de Théfée ,
& fur l’autre, c'efl ici la ville d'Adrien 6* non celle de
Théfée. On a donné fauiTement à cette porte lé nom
d’arc de Théfée.
Les grandes colonnes Corinthiennes qu’ on apper-
çoit au travers de l’arc dont on vient de parler , fem-
blent être inconteftablement les reftes d’un temple
élevé par Adrien. M. le R oy croit que c’étoit le
Panthéon , où cet empereur avoit fait graver la lifte
des temples qu’il avoit cohftruits. M. Stuart veut y
voir les refies du temple de Jupiter Olympien. Nous
renvoyons le Leéteur aux difeuflions qu’ il trouvera
fur cet o b je t , p. 21 & fuivantes, t. z des Ruines de
ta Grèce. Cette ruine préfente encore une quinzaine
de colonnes d’une très-grande élévation 5 elles ont
près de 6 pieds de diamètre & 60 de h a u t, fans frife
ni corniche ; elles font indubitablement les refies
du Naos d’un temple ; & ce temple étoit environné
d’une enceinte^. M . V em o n , dans le voyage qu’i l fit,
il y a plus d’un fiècle , & quand cette enceinte étoit
peut-être, plus entière , trouva qu’elle avoit 1000
pieds de lo n g , & 6 80 de large , ce qui donne pour
fon contour plus de cinq flades.
On voit encore quelques refies du flade d’Athènes,
dont Paufanias nous a donné une fi grande idée : il
avoit été bâti tout en marbre blanc par Hérodës,
un des plus riches citoyens d’Athènes.* On n’y remarque
plus aucun gradin 5 mais fa forme générale fe
diftingue encore.
A peu de diftance du flade , & au-delà de l’Iffus,
exifle un très-petit temple ; il étoit confacré à Diane
Agrotera. Les refies n’en font pas confidérables. M.
le Roy n en a point donné de' deffin.
On trouve auffi au pied du mont Anchefme , deux
colonnes d’ordre Ionique , dont l’architecture eft
médiocre., & dont l’entablement fait lire une Infcri-
ption qui apprend qu’Adrien avoit fait conftruire en
ce lieu un aquèduc qui portoit de l’eau à la ville
d’Athènes. C e qu’on trouve de plus beau au haut
de cette montagne, qui domine la citadelle d’Athènes
, le m u fé e& T aréopage--, c’eft la vue de toute
îh plaine d’Athènes , dont le fpeétacle enchanteur pré-
fente l’a lp ed du pays le* plus riche & le plus pittorefque.
en même tems. L ’oeil découvre jufqu’aux gol-
phe d’Engia & les„côtes qui le bordent, & le promène
enfuite fur une plaine arrofée d’un grand nombre de
ruifTeaux, & plantée d’oliviers, de vignes, d’Orangers
& de CirrOniers.
A T L A N T E S , f. f. pl. On donne ce nom à des
figures ou demi-figures d’hommes qui tiennent lieu
de colonnes ou de pilaftres, pour foutenir un entablement.
On les appelle auffi Télamones du Grec
TotAotta fero je porte. ( Voye^ T élamone s. ) Voyez
aulli Ptrfique & Caryatide. )
A T R E , f. m. C ’eft le fol & le bas de la cheminée
qui eft entre les jambages , le contre-coeur & le
fo y e r , & où l’on fait le f e u ,.L'dire ne doit point
pofer fur- des poutres ou folives, quoiqu’avec recouvrement
, fuivant l’ordonnance de Police , du z6 Janvier
1671,., qui ordonne même la démolition de ceux
qui fe trouveront conftruits ainfi , pour être rétablis
avec enchevêtrures, barres de tremie, & chevilles de
fer. Les dimenfions d’un âtre font de quatre pieds au
moins d’ouverture & de trois de profondeur, depuis
le mur jûfqu’au chevêtre qui porte les folives.
A T R IU M . C e mot fe traduit imparfaitement par
celui de veftibule, Y atrium chez lesanciens étoit très-
diflinét du veflibulum. Cependant Aulu-Gelle nous
apprend q u e , de fon tems, plufieurs perfonnes favan-
tes confondoient enfemble ces deux mots. Cecilius
Gallus qui a écrit de fignificatione verborum , enfeigne
que le veflibulum n’étoit point une partie de la mai-
f o n , mais feulement une portion de la grande porte
où la maifon fe retiroit en-dedans , & faifoit un
quarré vuide. C i c é r o n d a n s une lettre à Atticus,
femble faire entendre la même ch o fe , lprfqu’i l dit
qu’en pafïant par la rue facrée , & pourfuivi p(ar des
affalfins , il fe réfu g ia , pour fe défendre., dans le
veflibulum de Tatius. SeaJJi in veflibulum Caii Tatii
Domionis.
Puifque, du tems d’A ulu-Gelle, il régnoit déjà une
pareille ambiguité entre ces deux mots devenus prefque
lynonimès, il doit être encore plus difficile aujourd’hui
d’afligner à Y atrium fa véritable lignification, & d’en
déterminer la pofition & l’ufage.
Martial place le coloffe de Néron dans Y atrium,
i & Suétone dans le veflibulum, d’où il réfulte que
l’un des deux a employé improprement un de ces
deux termes. Vitruve même fe fert quelquefois d'a-
tflum au lieu de cavadium. Virgile , par ce vers
apparet domus intus 6» atria loriga patefeunt, nous
donne à entendre que Y atrium étoit une partie intérieure
de,s édifices ; & il paroit certain que ,c’étoit
un lieu particulier des maifons , des palais & des
temples. .
D ’après la defcription qu’en donne V itru v e, Y atrium
étoit une efpèce de portique cou ve rt, eompofé de
deux rangs de colonnes qui formoient deux ailes,
c ’eft-à-dire trois allées : une large-au milieu, & deux
étroites aux- côtés. Il étoit fitué après le cavadium 1
qui étoit ce que nous appelions vulgairement la cour,
& avant le tablinum ou le cabinet.
Il y a , dit cet auteur, trois fortes d'atrium, félon
les différentes proportion? de leur longueur & de leur
largeur. La première manière confiftoit à divifer fa
longueur en cinq parties , & à donner trois à fa largeur.
Dans la fécondé, la longueur fe divifoit en
trois , & la largeur en avoit deux. Pour la troifiéme
efpèce, on décrivoit un quarré équilatéral, dont un
côté faifoit la largeur de Y atrium j & l’on prenoit la
diagonale de ce quarré pour fa longueur. Leur hauteur
, à partir du deffous des poutres du plafon d,
devoit avoir les trois quarts de leur longueur. Quant
à la profondeur des plafonds , & à la hauteur des
caifTons , il n’y avoit pas de règles précifes.
Les ailes qu’on faifoit à droite & à gauche , dévoient
avoir la troifiéme partie de la longueur de
Y atrium, s’il étoit de 3 o à 40 pieds : mais, n la' longueur
étoit de 40 à ) o pieds, on la divifoit en
trois parties & demie , dont une étoit pour lés ailes.
S’il arrivoit à la longueur de 50 à 60 pieds_, les ailes
eh avoient la quatrième partie. S’il étoit de 60 à 80,
le tout divife en quatre parties & demie, les ailes en
avoient une. E nfin, fi la longueur étoit de 80 à 100
pieds, la cinquième partie étoit juftement la largeur
des ailes. Les architraves des ailes dévoient avoir, en
hauteur, l’équivalent de leur largeur.
C ’étoit dans Yatrium que fe plaçoient les images
des ancêtres ; & l’on avoit attention que leurs orne-
mens acceffoires fuffent proportionnés à la largeur
des ailjes. Quelquefois Y atrium fërvoit de falle à manger
, quoiqu’il y éût d’autres lieux -deflinés pour la
table. Cela fe prouve par des vers de V ir g ile , q u i ,
décrivant des.atria où l?on faifoit un repas, dit qu’on
y vuidoit de grandes coupes , & que du plafond
doré pendoient des luftres :
Crateras magnos fiatuunt & vina coronant
F it firepitus teElïs vocemque per arnpla volutant
Atria dépendent lychni laquearibus auteis.
Il réfulte de ce qu’on vient de dire que Y atrium faifoit
une des parties intérieures de la maifon, ei\ quoi
il différoit du veflibulum , & qu’il étoit couvert 5 ce
qui le diftinguoit encore du cavadium ou de Y impluvium.
Quelques temples avoient auffi un atrium : de ce
nombre étoit le temple de Vefta , & celui de la liberté.
Il eft fouvent fait mention dans l’hiftoire , de Y atrium
libertatis : ce fut là , dit Tite-Live , qu’on dépofa
les otages des Tarentins. Il paroît que c’étoit une
cour découverte & demi-circulaire j fi l’on en juge
par le plan qui nous en eft relié dans les marbres au
caprtole , où l’on lit encore ces deux mots atrium
libertatis.
A en croire les hiftoriens , l’ufage & la forme de
atrium furent empruntés des Etrufques , & ce nom
m vint de la ville d’Atria qu A d r ia , qui donna (on
nom à la mer atriatiqut ou adratîque , & où ces
fortes de portiques étoient fort ufités.
Feftusdit : atrium propriè eflgenus edificii......diltum
atrium quia id genus edificii primum A tria; in Etruria
fit inflitutum
Varro de ling. latin. 1. 4 : atrium apellatum ah
atriaticis tufeis : illinc enim exemplum fumptum.
A T T A C H E M E N S , f. m. pl. font les notes des
ouvrages de différentes efpèces que prend l’architeéle,
iiifpééleur ou toifeur , pendant qu’ils font apparens ,
& en préfence des entrepreneurs, pour y avoir recours,
lors du règlement des Mémoires ; par exemple , on
prend les attachemens des longueurs & grofleurs des
bois d’un plancher, avant qu’ils foient couverts ou
plafonés : on prend auffi par attachement l’état des
vieux matéraux de quelqu’efpèce qu’ils foient, qu’on
donne en compte aux entrepreneurs. Ces attachemens
doivent être faits doubles pour éviter les fraudes ;
l’un relie entre les mains de l’architeéle , & l’autre
entre les mains de l’entrepreneur.
A T T A C H E R , v. a d . Joindre une chofe à une
autre avec un lien ou quèlquè ferrure.
A T T E L IE R , f. m. C ’eft en général le nom qu’on
donne à un lieu où les artiftes travaillent.
Quoique les mots n’ayent de valeur que par l’idée
qu’on y attache , & que l’ufage en détourné lé fens,
cependant le mot communique auffi fouvent, à l’idée
qu’il repréfente, une efpèce de faufleté , fur-tout
lorfqu’ une acception vulgaire l’a confacré à un ufage
trivial. : D e ce nombre eft , fans doute , le hom d'atte-
lier, dont les artiftes eux-mêmes appellfent leur laboratoire
ou cabinet d’ étude. C e mot employé aux travaux
les plus méchaniques des arts les moins libéraux,
paroît peu convenir à l’exercice des arts du génie. I l
n’a pu s’introduire que par le ! défaut de diftindion
que le peuple n’aura point fçu faire ■ , entre les arts
la main& ceux où il croit que fon habileté entre pour,
beaucoup , lorfque c’eft l’efprit qui fait tout. L ’équivoque
du mot ne peut être que défavorable aux .arts
dans un pa ys, où l’opinion produit l’eftime, & où.
le moindre préjugé influe fur ,l’opinion.
Les Italiens appellent fludio, lien d’étude , ce qu«
les artiftes appellent attelicr en France. Si le langage
des peuples eft la première peinture de leurs idées, 011
ne faurôit difeonvenir que cette dénomination n’indique
de la part des Italiens , une appréciation plus
jufte desxhofes , & une connoiflançe plus vraie de la
nature des arts , & de la manière dont ils s’exercent,
A T T E L IÉ R PU B L IC . Lieu où l’on travaille à
tranfporter des terres, ou à conftruire & réparer des
murs, quais, chau/Tées & autres ouvrages publics ,
autant pour l’utilité ■ & l’embellifl'ement des villes ,
que pour occuper, pendant la paix , ceux qui n’onc
point d’emploi. On en ufa ainfi à Paris, pour élever
& régaler, une partie des remparts de cette" ville où
l’on a planté des arbres. L e pape Alexandre V I I ne