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bains chauds. Aux bains de Dioclétien ,1 apoditere
eft en forme circulaire j il étoit orne de très-hautes
colonnes.
Les Romains nommoient auffi cette pi'ice fpolici-
torium j on s’y faifoit oindre & frotter tout le corps,
avant de reprendre fes habits. ( Voyeç Bains &
T hermes.)
APOLLODORE de DAMAS, architecte , mourut
vers l’an 130 de l’ère Chrétienne. Il vécut fbus
l’empire de Trajan, dont il obtint & mérita la faveur
par fes tâlens. Les ouvrages de cet architecte
ont été regardés" par la poftérité ^ comme les plus
parfaits de ceux qui furent exécutés à Rome par les
Grecs._ Malheureufement le tems nous a prives de
l’avantage, de pouvoir les apprécier. Apollodore avoit
fait construire la grande place ou Forum de Trajan ,
pour laquelle il fallut applanir une-montagne & diminuer
fon, élévation de cent quarante quatre pieds.
Ce fut au milieu de cette place que fut élevée cette
tameufe colonne , qui devoit non feulement fervir
de tombeau au meilleur des empereurs , mais
encore montrer par fon élévation la quantité de pieds
dont on avoit diminué la hauteur de la montagne,
comme on peut le voir par l’Infcription qu on lit fur
fon piédeftal ( Vcye[ C olonne T rajane. ) Onre-
marquoit parmi les édifices fuperbes qui environnoient
la place de Trajan, un arc de triomphe que le
peuple Romain avoit élevé pour perpétuer la mémoire
des vertus de ce prince.
Apollodore bâtit un collège, un Odeum., la bafili-
que Ulpienne , & une bibliothèque fameufe, dans le
<roût de celle que Domiiien avoit fait conftruire
fur le mont Palatin. Il fit encore élever les thermes
de Trajan & plufieurs temples , conftruire des aqueducs,
ouvrir des chemins publics j enfin il fut fauteur
d’un grand nombre d’édifices confiderableS, foit a
Rome, foit dans les différentes provinces de l’empire
Romain. On croit qu’il fut chargé des augmentations
& embelliflemens que Trajan fit faire au grand cirque.
Cet architecte eut part à prefque tous les édifices
remarquables qui furent conftruits fous le régne
de ce prince.
.Mais le monument le plus célébré que Trajan fit bâtir
par Apollodore fut fans contredit le pont du Danube.
Il fut conftruit dans la baffe Hongrie , près
de Zévérino , où ce fleuve eft le plus étroit. On
voit encore les veftiges des piles. Si le Danube
eft refferré dans cet endroit , il y eft en même
tems fi rapide & fi profond , qu’il fallut jetter une
quantité prodigieufe 'de pierres pour former juf-
qu’à la hauteur de l’eau , les maflifs des piles.
Elles étoient au nombre de vingt, & l’on com-
ptoit vingt-une arches. Chaque pile avoit foixante
pieds de large , & cent cinquante de haut 5 elles
étoient à cent foixante-dix pieds les unes des autres.
Le pont avoit plus de trois-cents pieds de haut s &
fa lono-ueur étoit d’une demie lieue, fes deux extrémités
etoient défendues par deux fortereffes. Cet
À P O
ouvrage immenfe étoit tout de pierres de taille j &
l’Europe n’avoit jamais rien vu de fi grand & de fi
hardi dans ce genre. Il fut pourtant détruit peu de
tems après avoir été achevé. Trajan l’avoit fait bâtir
pour faciliter le paffage des troupes qu’il envoyoit
contre les Barbares > mais Adrien qui lui fuccéda
craignant que ce même pont ne leur donnât envie
d’entrer dans l’empire Romain , le fit détruire entièrement.
Apollodore termina malheureufement fa vie. Au
lieu de captiver les bonnes grâces d’Adrien , qui
devoit fuccéder à Trajan , il eut l’imprudence de
le railler fur fes prétentions dans l’architeélure. Ce
prince étant devenu empereur, fit bâ.tir un temple
dédié à Rome & à Venus , d’après fes propres
deflîns. A peine cet édifice fut - il achevé qu’il
en envoya les plans à Apollodore , pour lui faire
voir qu’on pouvoit conftruire des édifices fans fon
fecours. Apollodore qui n’étoit pas né courtifan, fe
contenta de lui répondre que fi les déefles & les
ftatues qui étoient aflifes dans lé temple , avoient
envie de fe lever , elles courroient rifque de fe caffer
la tête contre la voûte , tant elle lui paroiffoit baffe.
Adrien vit que la faute étoit irréparable , il en devint
furieux , & abufa de fon pouvoir pour faire mourir
Apollodore.
APOPHYGE , f. f. partie de la colonne où elle
commence à fortir de fa bâfe comme d’une fource,
& à tirer vers le haut. Ce mot en Grec fignifie
effor. C ’eft dans le-même fens que les François l’appellent
efehape congé , &c. Quelques-uns l’appellent
fource de la colonne. ( Voye^ C onge.)
A PO THE C A , du Grec «.ttoôjjx«. Cabinet, falle,
cellier ou grenier dans lefquels" les anciens renfer-
moient l’huile , le vin,. & autres objets.
APOTHICAIRERIE , f. f. mot dérivé du grec
(271-08«y.«.. C ’eft, par rapport à l’architecture, une faite
dans une maifon de communauté, ou dans un hôpital
où l’on tient en ordre & avec décoration lés
médicamens. Celle de Lorette en Italie ornée de
vafes du deffin de Raphaël, eft une des plus belles.
Celle de Drefde eft auffi très-fameufe 5 on dit qu’il
y a quatorze mille boîtes d’argent toutes pleines de
drogues & de remèdes fort eftimés.
APPAREIL , f. m. Conflruttion. C ’eft l’art de
donner aux pierres de taille la forme & l’arrangement
qui conviennent à chaque partie d’un édifice ,
comme un mur, une colonne, une voûte', une porte,
une fenêtre, Sec. Cette partie eft pour les ouvriers
la plus difficile de l’art de bâtir.
Le principe général de Y Appareil , qu’on appelle
auffi coupe des pierres, eft que les lits, & joints de
pierres doivent être perpendiculaires aux furfaces que
forment ces pierres. Tout angle aigu eft vicieux ,
parce qu’il eft fufceptible de fe brifer fous une charge
un peu forte, ou fous un effort confidérable j les
angles obtus n’oot pas le même inconvénient, mais
V Appareil
l’appareil qui en réfulte ne convient pafc pour des
murs ; & , quoique les anciens en ayent fait quelquefois
ufage, c’eft plutôt aux pavés qu’il eft applicable.
{Voye^ Pa v e . )
Les anciens conftruftenrs Grecs & Romains pa-
roiflent avoir été moins favans ou moins hardis dans
cette partie que ceux de nos jours , fur-tout relativement
aux efcaliers & aux voûtes en pierre de taille ;
ils n’ont guéres exécuté de cette . manière que des
voûtes en berceau.
Les Egyptiens avoient trop peu befoin de cet art
qui le .plus fournit ne fert & ne tend qu’à remédier
& fuppléer à l’imperfeétion des matériaux ; & chez
eux la Nature fît plus que l’art ne peut faire ailleurs,
f Voyeç A rch. Egypx. ) Leur grand mérite confifta
dans la précifîon , Sc l’admirable juftefTe avec laquelle
ils équarriffoient les pierres. Après tant de
fiecles de deftruétion , on en voit encore de fi
bien liées dans leurs édifices , qu’on a peine à
remarquer les joints prefqu imperceptibles qui les
féparent.
'Le même foin fe retrouve dans les édifices des Grecs:
les pierres y font eh général d’une équerre fi jufte,
& les arêtes en font n vives que les joints réffeni-
blent à un fil mince ; les Grecs appelloienr ctçpovice
cette finelfe de joints ; on admiroit particulièrement
•cet art au temple que Scopas bâtit à 'Tégée : les
joints d’un temple' de Cyzicum étoient couverts
de lifteaux d’or. Les conftruCtions étrufques offrent
le même mérite & le même art 4 'appareil, comme
le prouvent lés murs, de Cortone , la Cloaca Maflima.
Les Romains furent trop jaloux de la durée de leurs
Rionumens pour négliger ces utiles précautions auxquelles
leur architecture eft redevable de fa con-
iervation.
Cependant les édifices Grecs font exécutés avec
plus de régularité que ceux des Romains. Dans pîu-
fieurs des monumens Grecs * non feulement les affifes
font de même hauteur , mais encore toutes les pierres
d’une même affife font égales, ce: qu’on ôbferve
à plufieurs temples de la Grèce , de la grande Grèce
■ & de la Sicile:
Les figures $ , 6 , 7 — 15 ( Voye^ la partie des
planches relatives à la conftruCtion , ) repréfentent
les différentes manières d’appareiller les murs en pierre
de taille.
L a figure j fait voir Y appareil des murs qui For-
moient la Cdla du temple de la concorde à Aoti-
gente. - v 0
»u «o'-ou.os.
Dans les, édifices Romains , non feulement le IBB ne font-pas de même hauteur ; mais, dans un
meme allile, on. trouve fouvent des pierres de diffé
rentes hauteurs. On faifoit des entailles dans le
pierres hautes pour les raccorder avec les pierre
halles . & quelquefois on mettoit deux Ä s e
Architecture. Tom. /,
raccordement avec une feule, ainfî qu’on le voit a
Rome, au théâtre de Marcellus , au colifée , a la
-porce majeure , aux arcs de Janus , de Conftantin ,
de Septime Sévère, aux ponts antiques , & aux
murs de quais le long du Tibre , aux murailles de
la ville, & à différens autres édifices antiques bâtis
en pierre de taille par les -anciens Romains , tant en
Italie qu’en France.
La figure, 6 prife des anciens murs de Rome, raffem-
ble prefqtie toutes les irrégularités qu’on trouve dans
l’appareil des édifices antiques. On voit encore à
S. Pierre de Rome , & à plufieurs autres édifices modernes
, des parties 4e murs en pierre de taille appareillées
de cette manière.
On trouve dans les conflruérions antiques des parties
d’édifices appareillées dans un fyftême tout a
fait irrégulier. Telles font les murailles de la ville
de Fondi dans le royaume de Naples, celles de Cora
près de Vellétri, celles d’Oftia ville d’Epire. Fabretti
a fait graver un pan de mur d’Albano dont les pier-
®s| font toutes d’une forme différente. Car il y en
a de pentagones ,, d’exagônes & d’eptagônes , difpo-
fées de manière qu’elles font emboîtées les unes dans
les autres. Il paroitroit que cette méthode moins dif-
pendieufe n’auroit été employée que pour les murailles
de villes ; c’étoit aufli 4 e cette manière, félon
Winckelmann , qu’étcient conftruits les murs 4e Corinthe
& ceux d’Erétria en Eubée*
Cet appareil repréfenté par la figure 7 , eft com-
pofé de grandes pierres irrégulières , dont quelques-
unes 'ont jufqù’â $ à 9 pieds de longueur. Ces pierres
font pofées fur tous fens , & ne forment aucun
rang d’affife. On ne peut attribuer cette manière de
conftruire en pierres de taille , qu’à la néceffîté d’employer
les pierres telles qu’elles fortoierit des carrières,
en dreffant feulement les joints & les paremens.
Cette manière de b âtir , mie des plus anciennes
fut employée par les Etrufques j cependant il ne
paroît pas qu’ils en ayent été les inventeurs, puifqu’on
en trouve , comme on l’a d i t , dans beaucoup de villes
Grecques. Dans l’ifîe de G oz zo , près de M a lte ,
oh voit encore les reftes d ’un ancien mur circulaire
bâti de cette forte ; la Nature fembîe avoir donné
elle-même le modèle de ce genre de conftruéHom
dans plufieurs de fes montagnes. C ora. y
C ’eft cette difpofition à'appareil que Vitruve appelle
opus incertum j il dit que cette efpéce de ftruéture
n ’eft pas belle à voir 5 mais qu’étant exécutée en
petites pierres , où l’on employé beaucoup de mortier
, elle eft plus folide que celle en petites Iofan-
ges qu’il appelle opjis redculatum. ( Voye^ Maçonnerie.)
La figure 8 fait voir l'appareil d’un mur compofé
de pierres aufli hautes que larges , dont la longueur
eft double de la hauteur. Elles font arrangées der
manière que toutes les pierres d’une affife ont leurs
parties quarrées en parement, tandis que l’affife oui
eft immédiatement au-defîus ou au-deflous, eft comw
H