
genre, une à Padoue, line autre à Brefcia , remarquable
par fa grandeur & fes ornemens.
Mais la plus fameufe eft la bafilique de Vicenfe ,
dont la partie extérieure eft du deffin de Palladio, &
qui fut tellement ragréée par cet archirette , qu'elle
peut pafier pour être entièrement fon ouvrage. Le
corps principal, ou la carcafle de l’édifice , eft d’une
époque beaucoup plus ancienne. Les favàns ne s’accordent
ni fur fa date , ni fur l’architeéle qui en fut
l’inventeur. Vincent Scamozzi, on ne fait fur quel
fondement , croit que c’eft un de ces majeftueux
édifices qui furent élevés fous le règne & pat ordre
de Théodoric, roi des Gots.
Le tems & plufieurs incendies 'fucceflifs avoient
réduit cette bafilique à un tel état qu’il fallut penfer
férieufement à eh prévenir la ruine totale. On n’épargna
pour cela ni foins ni dépenfës. On invita les plus
célèbres architectes du tems à chercher & indiquer’
les moyens les plus convenables pour rétablir ce
monument. Jules Romain fut un de ceux qui con-
courrurent à ce projet: il n’en eft refté aucun deffin.
Le comte Arnaldi nous allure que l’idée de ce grand
architecte étoit magnifique ; cependant, quelque bien
entendu que pût être ce projet, quand on en vint à
l’examen & qu’on le compara à celui de Palladio ,
ce dernier eut pour lui la pluralité des fuffrages, &
on réfolut de l’exécuter.
Palladio avoir jugé qu’il falloir abattre les loges
extérieures que leur caducité & leur conftruCtion
vicieufe, dans l’origine , ne permettoient point de
pouvoir réparer. Il penfa qu’il fallcit y fubftituer une
nouvelle conftruCtion.il n’épargna rien pour rendre
ce nouvel ouvrage aufïi parfait qu’il fut poflibîe.
Audi eut-il pour lui une prédile&ion particulière.
Tout modefte qu’il étoit, & quoiqu’éloigné détour
fentiment de vanité, il en parle dans ’ fes ouvrages
avec une forte de complaifànce. Voici fes propres
termes les portiques dont cette bafilique eft entourée
font de mon invention. Je ne doute pas que cet édifice
ne /oit comparable à ceux de F antiquité , & qu il ne
foit mis au nombre des plus grands & des plus beaux
qui ayent jamais été coiifiruits depuis les anciens
jüjqiùà nous.
Cette célèbre bafilique a i 50 pieds de long, fur
59 pieds 2 pouces environ de large. Le comble
eft de bois,.en dôme & couvert de lames de plomb.
Le plan de la faite eft élevé au-delfus du rez-de-
chauffée , d’environ 2 c pieds 10 pouces. Il eft formé
de voûtes foutenues par des piliers placés de tous
côtés en ligne droite, de façon qu’ils répondent les
lifts aux autres 5 ce qui auroit donné une place couverte
, fi l’on n’eut pas muré les' efpaces vüides pour,
y ménager des boutiques & des magafins. Ce batiment
n’eft décoré de loges extérieures que de trois
côtés. Le quatrième tient au Palais dq gouverneur.
Cependant Palladio , dans fes delfins , le- repréfënte
comme ifolé & entouré de portiques de toutes parts.
Les deux grands côtés de la bafilique donnent fur
deux places. L’une des: deux a fon aire de 6 pieds
pouces plus baffe que l’autre 5 & de ce côté la ,
l’édifice pofe fur un foubaffement ou focle de com-
pofition ruftique : de l’autre , il n’eft élevé au-delfus
du réz de-chaufTée que de trois marches ou degrés,
encore en couvrit-on deux lorfqu’on répara cette place.
Palladio orna les loges inférieures d’un ordre Dorique
avec des colonnes de demi-relief, adoflées à des
pilaftres : elles ont leur entablement proportionné. Les
efpaces compris entre ces colonnes font partagés par
d’autres colonnes d’un ordre Dorique moins élevé ;
elles ont leurs entre-colonnes adoffés aux pilaftres.
Le plus petit ordre foutient l’arc formé au milieu des
grands entre-colonnemens.
Les loges de deffus font décorées d’un ordre Ionique
avec lonpiédeftal, quirégnant le long du pourtour,
forme l’appui de ces mêmes loges. Entre les entrecolonnes
de ce grand Ionique s’élèvent des colonnes
d’un plus petit ordre , fur lefquelleç porte l’arc de la
même manière que dans les loges inférieures. Au-deffus
eft une belle baluftrade ornée de ftatues , que foutien-
nent des piédeftaux placés entre les travées de la
baluftrade même ; ce qui forme tout autour de l’édifice
un ornement d’un goût très^noble. Le corps du
bâtiment eft terminé par un dôme magnifique qui
porte fur un attique de conftruétion Gothique. Ces
deux parties font telles qu’elles étoient avant la reftau-
ration. •
Palladio eut de grandes difficultés à vaincre pour
le raccordement de cet édifice. Le plan de la grande
falle portoit fur de gros piliers qui, dans la longueur,
foutenoient fept arcs , & trois dans la largeur. Le
vuide de ces arcs a 18 pieds ^ dë large. Le but principal,
& le devoir de l’arcbite<fte étoit donc de faire
en forte que le milieu des arcs, qu’il falloir eonftruire,
répondit exa&ement au milieu de ceux qui exiftoient
déjà. Or fuppofons que Palladio n’eut formé l’extérieur
de fes loges que, d’arcs feuls , en ce cas il
auroit dû placer leurs pilaftres vis-à-vis de ceux qui
foutiennent la falle 5 & alors le vuide des nouveaux
arcs eut été d’une largeur qui ne lui auroit pas permis
de leur donner- une hauteur proportionnée. Si au con-?
traire il avoit fait fes arcs d’une largeur relative à la
hauteur qu’il pôuvoit leur donner, les pilaftres auraient
été démefurement larges à proportion de leurs
arcs. Enfin s’il n’eut voulu employer que des colonnes,
de quelqu’ordre qu’ellçs euffent été, en s’en tenant
aux règles des entre-colonnemens , il étoit d’une îm-
poffibilité abfolue de eonftruire uti extérieur couver
ble & adapté au corps qui exiftoit.
Mais Palladio trouva le moyen de furmonter tous
ces obftacles5 il fçut mettre en oeuvre , & les arcs
& lès entre-colonnemens , de manière que leur afTem-
blage forme un tout qui s’accorde admirablement
avec le corps de l’édifice, Il y règne une réunion
d’élégance & de folidité qui peut le faire regarder
comme un mpdèle parfait de ce genre de batiment »
& comparable en tout aux ouvrages qu’a produit la
magnificence Romaine.
Ce monument s’appelle , à Vicenfe , il paUaiJS,
délia ragïone. ' * I WÊÊÊÊÊ&
BAS-RELIEF,
B A S
BAS-RELIEF, f. m. O n appelle généralement
de ce nom , quoique affez improprement, tout
ouvrage de fculpture dont les objets ne font point
ifolés, mais font adhérens à un fond ( ou ch amp ) ,
foit qu’ils y foient appliqués & attachés, foit qu*ils
faffent partie de la matière dans laquelle ils ont été
pris ou taillés.
• On diftingue trois genres de relief. O n donne
Je nom de haut-relief ou plein-relief à ceux dont les
•figures font entières, ou paroiffent faillantes hors
•du fond ; le demi-relief eft quand la figure fort à
demi-corps du plan fur lequel elle eft ; 1 o-bas-relief
idevroit être celui où les figures perdent leur faillie,
& font repréfentées comme applaties fu r le fond.
.Cependant l’ufage a confacré cette dernière dénomination
à tous les ouvrages de relief, de telle
faillie qu’fis foient. I l en eft où ces trois manières
•fe trouvent employées; tels font les beaux bas-
reliefs de l’arc de Titus", à Rome ; il en eft
d’autres qui ne font traités que d’une feule de ces
maniérés ; les uns comme les autres s’appellent
bas-reliefs.
Quoique cette forte d’ouvrage foit particuliérement
du refîort' de la fculpture, néanmoins l’ufage
fi fréquent, fi néceffaire & fi varié que l’archi-
teéiure en fait pour la décoration tant intérieure
qu’extérieure des édifices, ne fauroit nous permettre
de regarder ce mot comme étranger à notre
objet. L ’architede a moins befoin fans doute que
le fculpteur, de connoître tous les détails & tous
•les préceptes d’exécution relatifs à cette partie de
la fculpture ; cependant il ne doit point ignorer
l ’origine de ce genre d’ornemens, fa nature, & les
véritables règles de goût qui en confiituent la perfection.
Ces connoifîances peuvent feules le diriger
dans l’emploi qu’il en fe r a , & le mettre en état de
^guider le fculpteur dans la forme , la difpofition
& le fiyle qui conviennent aux bas-reliefs, & dans
l’accord qu’ils doivent avoir avec l’architeéhire,
fuivant le cara&ère des édifices.
L’origine du bas-relief fe confond a v e c celle de
l’hiéroglyphe, c ’eft-à-dire, qu’il doit fa naifiànce à
1 écriture figurée. Sous ce point de v u e , l’ufage
du bas-relief fut commun à tous les peuples, & fe
retrouve chez les plus fauvages. Ce tte manière
d’écrire fur la pierre fut la première de toutes :
le befoin l’inventa : la religion fe l’appropria. Le
progrès feul des arts d’imitation pouvoit perfectionner
ces premiers fig-nes , & leur donner la vie.
Cet honneur étoit réfervé aux Grecs. En G r è c e ,
les arts furent en quelque forte les miniftres de
la religion. En E g yp te & dans l’A f i e , ils en fu-
tent les efclaves. Un refpeâ religieux pour ces
earaftèrôs primitifs que le culte avoit fanCtifiés ,
la crainte peut-être de changer les idées en changeant
les formes auxquelles elles étoient attachées ,
tout contribua , chez les Egyptiens , à retenir les
arts dans l’efpèce d’enfance d’où la religion les
empêcha de fortir. ( Voyeç Eg y p t . A rchitec. )
. Le bas-relief, affervi à l’écriture fymboüque ,
Architecture. Tome I.
B A S 233
refta donc en Egypte dans les bornes de l’fii'ê-
roglyphe ; ce n’eft que fous cette dernière forme
qu’on peut l’y confidérer. Cependant tous les favarts
font d’accord qu’il faut diftinguer trois efpèces d’hié-
roglyphes , qui tiennent à la perfeéfion dont cette
écriture étoit fufceptible ; ceux qui repréfentent les
chofes par des figures entières, ceux qui n’indir
quent que l’idée des chofes par des portions de
figures, & ceux qui repréfentent les fons & léfc
mots par des fignes abrégés & conventionnels 9
& qui étoient de véritables lettres. Ces trois efpèces
fe trouvent employées dans les édifices &
fur les monumens de l’Egypte. Toutes les trois ne
le font que comme équivalent d’inferiptions ; cependant,
on entrevoit que la première méthode1,
quoique la plus éloignée de l’écriture, fe rapproche
le plus de la forme & de l’idée des bas-reliefs. On
peut même foupçonner qu’une partie de ces hiéroglyphes
jouoient, dans les édifices égyptiens,
le rôle que jouent les bas-reliefs dans l’architeé-
ture grecque, c’eft-à-dire, qu’indépendamment de
leur utilité fous le rapport d’inferiptions, ils s’eni-
ployoient au fil comme objets de décoration, fous
la forme de compofitions hiftoriques. Do ce genre
étoient ceux que Diodore de Sicile nous décrit,
& qui ornoient le tombeau du roi Ofimanduasj ils
repréfentoient les batailles & les viéloires de ce
prince. Les détails que l’hiftorien grec nous en a
confervés, fuffifent pour faire comprendre que
c’étoit de véritables bas - reliefs , dont' les figures
plus qu’indicatives, repréfentoient un fujet & exprimaient
une aélion. Il s’en eft peu confervé de
ce genre : prefque tous ceux que l’on voit en
Egypte ne nous offrent que des figures fans aélion,
& ne paroiffent que des hiéroglyphes animés &
perfeétionnés. On en excepte pourtant ceux que
Pockocke a vus à Thèbes, & dont les perfonnages
femblent être en colloque les uns avec les autres.
La difpofition des bas-reliefs égyptiens fur les édifices
qui en font ornés, tient encore plus à l’idée de
l’écriture, que leur formé ne s’en rapproche. On
les y voit toujours diftribués par rangées horifori-
tales, ou par files perpendiculaires. Tels font ceux
que Norden a deflinés à Thèbes & ceux que M. le
duc de Chaulnes a trouvés près de Saccara. On
chercheroit en vain dans leur arrangement, un
ordre qui parût tenir à quelque principe de goût
& de décoration ; la main feule de la nécefliré les
y aura tracés ; car on n’oferoit croire que le caorice
eût préfidé à l’emploi qu’on en faifoit. ( Voye{ Hiéroglyphes
& A rchitecture égyptienne).
Les hiéroglyphes fe fculptoient de trois manières
différentes ; la première ne fauroit convenir au bas-
relief, ni à l’idée que ce mot comporte. Elle con-
fiftoit dans le contour des objets fimplement creufé ,
& fans aucune fuperficie relevée ou faillante.
La fécondé nous fait voir les premiers pas de l’art
du bas-relief Les figures y font relevées en boffe,
mais leur faillie intérieure eft .moindre que celle
des contours qui les environnent, &-où elles
G S