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buer le deflîn de l’églife de l’hôpital connu fous
le nom de Salpétrière. La defcription de Paris nous
apprend que relativement'à la conftruâion d t cet
éd if ic e , les opinions font divifées entre Bruant
& Louis le Veau .
On fait que Bruant partagea avec d’autres architectes
la conduite de l’Egide des Auguftins de la
place des Viéfojres. Pierre le Muet en avoit jetté
les fondations ; Bruant l'éleva jufqu’à la hauteur
de fept pieds hors de terre.
Mais le plus grand ouvragfe de notre archite&e
eft l’hôtel des Invalides dont il donna les plans &
conduilit l’exécution , à la réferve de. la nouvelle
églife , ou du dôme, qui fut élev ée par Jules Har- (
douin Manfard. Cette partie la plus.magnifique
comme la plus célèbre de tout ce grand éd ifice, i
a pu contribuer à faire un peu oublier le nom de Par- |
c h ite â e , qui n’a en en partage que la partie utile. .
Qu and on perde à. ce vafie monument, l’efprit
tout-à-coup s’élance fous ces voûtes fyfpendues
& embellies, par les refiources de tou sles a rts , & y
lit le nom de Manfard écrit par la renommée. Le I
nom de celui qui a dirigé tout c e grand enfemble
de bâtimens, qui l’a fubordonné à un plan régulier ,
qui a fu l’approprier à tous les befoins variés que
comportoient la nature & la piété de cette refpec-
table inftitution , fe lit à peine dans les defcriptions
ignorées du monument le plus célèbre de Paris.
Cependant on convient que dans un plan le
plus étendu qu’on connoiffe, & qui occupe dix-
huit arpens de fuperficie , il étoit difficile de joindre
plus de régularité à plus de commodité. O n y
admire les percées en enfilade que l’archiiede y
a ménagées , la fymmetrie de tous les bâtimens, la
diftribution des c o u r s , leurs dégagemens, leurs
différentes iffu e s , & tout ce qui pouvoir rendre
les maffes de cet édifice très-régulières. O n conv
ien t auffi que ces confidérations étoient les plus
importantes à obferver dans un monument de cette
e fp è c e , où la fimplicité & les commodités relative
s à l’ufàge, font préférables à la magnificence
de la décoration.
Malgré ce principe , qui fut fans contredit celui
de Bruant dans la conftruâion de cet édifice j on
v o it a v ec plaifir que cet archîteâe fut faire fervir
dans quelques parties la fimplicité même à la
beauté de fon monument, & qu’il fut y répandre
un air de magnificence, fans fortir des bornes de
la convenance que lui prefcrivoit fon fujer. On
veu t parler fur-tout de la grande cour connue
fous le nom de cour ro y a le , dont on ne donnera
ic i aucune defcription, mais dont on parlera à
d ’autres articles {Voye^ C ou r 6* Po r t iq u e ). Il
feroit à fpuhaiter qu’il eût pu imprimer le même
caractère de grandeur, de fageffe & de fimplicité
à la principale façade de fon monument. C e lle - c i,
malgré fes grandes dîmenfions, eft reffée de beaucoup
au-deffbus du f ly le d e l’intérieur dont on vient
de parler , & de celui qui convenoit encore. Cette
éj&vaiiqn mefquine dans toutes fes parties , mauf-
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fade dans tous fes déta ils, n’offre aucutie maffe ’
aucun motif qui décèle le talent d’un architefte*
la multiplicité des percées ou des fenêtres détruit
la grandeur de la maffe, & le manque de caractère
propre qui devoit en faire la principale décoration
, ne la.ifie appercevoir que la pau vreté
qu’il falloit déguifer.
Bruant eut occafion dans un édifice d’une bien
moindre importance , de développer fon génie
pour la décoration. Le bureau des marchands drapiers
de Paris , rue des Déchargèurs, lui en fournit
la facilité. Le frontifpj.ce auffi fingulier qu’ingénieux
, qu’on y admire, devoir offrir un afpeft
encore plus r ich e , fi l’on en croit les deffins de
l ’a r ch ite â e , d’après lefquels on a exécuté la gravure
qui fe trouve dans l’arçhiteâure françoife.
I l paroît que Bruant, pour mettre plus de repos
dans l’enfemble de fa décoration, en fupprima plu-
fieurs détail^, & fimplifia plufieurs parties, telles
que les colonnes de l’ordre dorique qu’il laiffa
fans cannelures.
C e t édifice fe compofe des trois ordres dorique,
ionique & attique. Le rez-de-chauffée eft percé
de trois arcades dont les piédroits font recouverts
& ornés aux deux côtés de pilaftres accouplés,
& dans l’avant-corps du milieu de colonnes également
accouplées, avec cette fingularité que l’une
des deux eff quarrée. On remarque ici une de ces
autorités dont on s’eft fervi pour exécuter & rendre
poffible l’accouplement de l’ordre dorique.
Pour y pa rv en ir, Bruant a diminué les pilaftres
comme les colonnes, de forte qu’il n’y a que
les bafes qui fe pénètrent ; autrement les chapiteaux
auroient eu le même défaut qu’on remarque
au portail des Minimes par François Manfard.
La frife dorique y eft divifée fort régulièrement
en triglyphes & metopes ornés d’emblèmes divers.
La partie la plus curieufe & la plus riche de
ce frontifpice eft l’étage, ionique dont le milieu
eft occupé par un maffif qui contient les armes
de la v ille , foutenues par des génies montés fur
des dauphins. C e riche avant-corps-fe couronne
par un fronton circulaire que fupportent des colonnes
ioniques quarrées, accouplées avec des
caryatides.
L e fécond étage eff un attique orné de l’ordre
auquel on donne le même nom. Le fronton circulaire
dont nous avons p a rlé , qui fait partie de
ce t é tag e, eft peut-être la partie la plus vicieufe de
l’éd ifice, puifque, contre toutes les vraifemblances,
il fe trouve brifé pour recevoir une figure affife,
d’une proportion gigantefque, d’un ch o r»& d’une
exécution médiocre. Enfin le fronton triangulaire
qui termine le tout eft condamnable, non-feulement
parce qu’il eft déplacé fur un a ttiqu e, mais
parce que fa réitération trop voifine de celui de
celui de deffous, eft contre tout principe de convenance.
C e petit monument dont notre courte defcrip-
ûon fuffit pour faire- femir les beautés & les
défauts, doitfe confidérer plutôt comme un caprice |
ingénieux, comme une production libre d’ un artifte
qui badine avec l’a r t , que comme un exemple dont
on puiffe fe propofer l’imitation.
Sa réputation vient auffi en partie de la beauté
de la feulpture qui n’y a pas été mén agée , &
qui fans doute en fait le plus grand prix. O n ne
peut s’empêcher d’applaudir à celle des caryatides
dont on parlera ailleurs f Voyi\ C a r y a t id e s ) ,
ainfi que des enfans dont on a parlé plus haut*
On ignore au cifeau d e qui l’on doit faire honneur
de cet ouvrage. Mais ce que l’on fa it , c’eft qu’un
zèle indifcret & tout-à-fait ignorant n’a pas peu
contribué à le gâter, fans doute dans l’idée de l’embellir,
par une couleur à l'h u ile dont on l’a mal à propos
fait enduire. O n ne fâuroit dire combien- ce foin
puéril & mal entendu des édifiées, les dépare, en
croyant y réparer les outrages du temps. Quant
on refuferoit de convenir que le laps des fiècles
ajoute en quelque forte aux moaumens un vernis
qui fait le charme des connoifieurs, que le ton
même de la v étufté e f t , fous plufieurs rapports, un
mérite de plus pour e u x , il fuffit de connoître
les moyens ordinaires que l’on emploie au rajeti-
niflement des édifices, pour en proscrire l’ufage.
{Voye{ Bl a n c h ir , R e g r a t t e r ). Peu d’archi-
teâes auroient à fe plaindre de ce s pratiques incon-
fidérées plus que Bruant, dont le plus grand édifice
( celui des Invalides ) vient également-de recevoir
par un regratage u n iv e r fe l, une blancheur q u i ,
fans ajouter à fes b eautés, lui a fait perdre ce
ton d’ancienneté dont le re fp e â ou l’habitude en
follicitant l’indulgence du fpeâateur , impofent
quelquefois filence à la critique.
B R U C E ( Guillaume ) Nous trouvons le nom
de cet artifte dans la lifte des meilleurs architectes
de l’Angleterre. C e que l’on fait de lu i , c’eft qu’il
vivoit dans le dernier fiècle_, & qu’ il bâtit au
commencement de ce lu i-c i, c’eft-à-dire, en 1702,
le palais Hopeton en Ecofle.
Le rez-de-chauffée de ce palais renferme, un
portique, une falle & quatre beaux appartemens.
On voit au milieu un grand efcalier o âo gon e qui
conduit au premier étage. La façade eft ornée de
boffages d’une belle pie r re , & les fenêtres bien
efpacées y font d’une belle proportion. L ’édifice
fe termine par une baluftrade ornée de vafes &
de ftatues. U n e belle coupole de pierre s’élève
du milieu d e ce bâtiment pour couvrir l’efcalier.
Les dômes font communs dans les palgis & dans
les châteaux d’Angleterre. En e f fe t , pourquoi fe
borne-t-on ailleurs à ne les employer que dans
les édifices facrés ? I l femble même que les coupoles
conviendroient particuliérement dans les palais
pour éclairer le principal efcalier & les falles
<jui font environnées de bâtimens. Elles fervent
à la commodité, elles contribuent encore à la
décoration intérieure & extérieure. Un auteur
italien defiroit qu’on employâ t en Italie les coupoles
de préférence aux belvédères quarrés qu’on
élève au-defîùs des toits', c’eft-à-diré q u e , fans y
renoncer , on leur donnât une foi me. circulaire ,
& que leur couverture fe terminât en dôme. L ’af-
p e â extérieur de la plupart'des mai fon s ne pourvoit
qu’y gagner.
BR U K ( Jacques de ). On ignore fi cet architecte
naquit précifément à Mon-s ou à Saint - O rner ;
mais ce qu’il y a de certain , c’eft que ees deux
villes fe clifputent la gloire de l’avoir vu naître.
Jacques de Bruk fe diftingua dans l’architeélure ,
& fe rendit capable d’exécuter les plus grandes
chpfes. Ses idées étoient nobles * fes partis grand*,
& fon talent femble s’être exercé* fur-tout dans
l’art de faifir & de concevoir les enfembles. O n
ne trou ve pas néanmoins qu’il ait été moins heu-,
reux dans les, détails. Ses diftributions font très-,
commodes, & le goût qu’il avoir pour la décoration
ne nuifi't jamais- à la- folidité de fes. édifices.
C e t artifte bâtit plufieurs édifices confidérables
à Saint-Omer en 1 6 2 1 , & fit conftruire à Mons
en 16 3 4 , le ftiperbe monaftère des Bénédiâins
de Saint Guillain. Jacques de Bruk fàifoit encore
fon amufement de la feulpture.
B R U N D U S IUM . Ce tte ville1 antique d’I ta lie ,
fituée dans la -grande Grèce-en- Méfia pie & fur
le bord de la mer ; n?GfiVe-pl\is dans la moderne
ville de Brin dës, qüRliii a fuecédé , qu’un petit
nombre- de monumens de fon ancienne richeffe.
On- y fait voir- les pilotis que Cé far y avoit
plantés pour fermer fon p o r t , lorfqu’il y afiîégea
Pompée. C ’eft c e qui en commença la deftr-uâion-,
par les amas de fables que ces pilotis y retinrent;
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O n fait vo ir encore près du port la ruine- d’un
puits antique , qui faifoit partie-d’une maifon que
l’on dit dans le pays avoir appartenu à Cicèr-ou.
Mais peut-on a jouter foi aux traditions incertaines
dfune v ille qui a dû changer fi fou ven t de face ,
foit dans le temps des guerres civiles de Pompée ,
foit pendant celles de Marc-Antoine, & qui futdans
la fuite abfolument détruite par T o tîla vers le
milieu du fixième fiècle ?
Il n’exHte donc plus rien de tout le fafte dé
Brundwfium qne les reftes de deux colonnes qui
y avoient été é le v é e s , l’on ne' fart en quel temps.
L ’une des deux n’offre d’entier que fon piédeftal.
Un morceau du fuft de la colonne brifée , & ren-
verfé e fans doute par-l’effet d’un tremblement de
terre , eft refté comme fufpendu & pofé en travers
fur Ce piédeftal ; l’autre faine & bien con-
fervé e dans tout fon en tie r, fe fait admirer plus
encore par cette étonnante conférvation , par fa
hauteur qui eft de cinquante-deux p ied s, & la
beauté de la matière qui eft de marbre blanc,
que par le choix des proportions. Son fuft a beaucoup
trop de hauteur pour fon diamètre. Le chapiteau
, quoique hors des règles de la décoration
ordinaire , mérite attention par la nature des allégories
qui le çompofent. Chacun de fes anglés