
femblentinfulter le ciel, depuis la tente du pafteur 8c fes demeures ambulantes, jufqu’aux
temples de la divinité 1
On y diflingueroit peut-être le goût original de chaque peuple, l’empreilite de fon
génie, de fes inftitutions politiques 8c religieufes ; on y découvriroit quel fut ou dut
être le genre de vie des premières fociétés qui fondèrent des états. Ori y liroit le
développement de leurs connoiflances, le point de maturité oit elles purent parvenir,
les obflacles que la nature mit à leurs progrès, 8c ceux que la politique feule y
entretint. On y verroit écrites ces nuances remarquables de goût 8c de génie , par
lefquelles la nature a peut-être féparé à jamais l’efpèce humaine, comme elle lui
en a imprimé de vifibles Si de matérielles par la couleur Si la forme. Enfin, quelles
leçons la philofophie Si l’hiftoire n’y puiferoient-elles pas ï
Nous n’oferions nous flatter d’avoir porté cet enfemhle au degré d’utilité que nous
venons de faire fentir. Du moins avons-nous fait tous nos efforts pour raffembler les
traits 8c les couleurs propres à rendre ce tableau auffi vraLqu’intéreffant, Si fufceptible-
d’être perfectionné par ceux qui viendront après nous.
Cependant, l ’art de l’Architeâure proprement d it, ou l’art des Grecs , eft toujours
le but principal de la partie hijlorîque. Pour en embrafler toute l’étendue, nous avons
cru devoir réunir aux notions de l’hiftoire, la defcription des monumens. Voulant
introduire de l’ordre dans, cette foulé d’objets, 8C les daffer avec méthode, nous
n’avons pas trouvé de meilleur moyen que d’annexer ces notions à la defcription
des villes antiques, dont lès reftes nous font parvenus, 8c à la Biographie des grands
architeâes de tous les temps.
Ainfi, ce n’ëft point fous le rapport géographique que l’on doit confidérer tous les
noms de ville répandus dans ce dictionnaire. Ils n’y figurent,que pour nous donner-lieu
de décrire l'es monumens échappés aux ravages dit temps 8c de la barbarie. C’eft un cours
complet de monumens que nous avons prétendu inférer dans cet ouvrage, à deffein
d’épargner au leâeur les recherches 8c lés extraits pénibles que le fîmple curieux
n’entreprend jamais, Si que l’artifte a rarement le ïoifir ou le pouvoir de faire. Dans
cette partie défcripfive, nous avons appelfé à notre fecours les autorités des voyageurs
les plus accrédités, 8e nous les avons pefés avec la critique la-plus impartiale..
Un avantage que nous avons dans un très - grand nombre de ces a r t i c le s c ’eft de
décrire ce que nous avons v u , de pouvoir parler comme témoin oculaire Si d’après
les fenfations que de longs voyages 8i un féjour de plufîeurs années dans les plus
belles régions des arts nous ont mis à portée d’éprouver, Si nous ont donné le defir
de communiquer. Nous n’avons adopté aucune méthode dans la dénomination de ces
villes antiques. Nous avons mis fous leur nom ancien, celles dont le- nom moderne-
différoit entièrement de l ’antique. Nous avons confervé les noms modernes! à celles
dont le nom n’a fubi d’autre changement que celui de la terminaifon françoife, Nous
n’avons pas épargné les renvois qui pouvoient en faciliter la recherche, fans nous
aftreindre à l’exaâitude du géographe, ni au fcrupule de l’antiquaire.
Les monumens modernes ne pouvoient trouver place dans cet ouvrage fans, offrir
une foule de mots 8i d’articles qui ne fe lioient à aucun ordre de choies; ils fe trouvent
rangés 8i décrits aux articles qui traitent de la vie des grands architeâes de tous les
temps 8c de tous les pays. Par ce moyen , il eft peu d’ouvrage remarquable qui ne
vienne fe préfenter à nous, & qui puiffe échapper à nos yeux. On n’a pas befoin
d’obferver combien l’hiftoire des artiftes eft néceffaire au complément des connoiflances
hiftoriques d’un art. On a tâché de lui donner le degré d’intérêt que la famé critique
8c l’amour feul de la vérité peuvent y attacher, 8c toute l’extenfion qu’elle n’avoit
pas encore reçue; enforte que cette branche feule de ce diâionnaire formeroit un
ouvrage entièrement neuf. L’impartialité dont nous nous, fommes faits la loi la plus
rigoureufe, ne nous a pas permis d’étendre au-delà du commencement de ce fiecle,
la lifte des architeâes célèbres.
La mêtaphyjîque de l'art, fans ouvrir à nos recherches une carrière auffi étendue que
la partie précédente , ne préfente pas les objets les moins importans, les difcuflîons les
moins curieufes, les développemens les moins utiles. Cette partie eft celle qui fait
particuliérement connoître l ’effence de l’Arçhiteâure , la nature de fes moyens, fes
rapports avec les fens, l’entendement 8c le.goût , les routes qu’il doit parcourir pour
nous émouvoir 8c pour nous plaire, les refforts qu’il peut employer, les véritables
cordes qu’il doit toucher; enfin, les caufes des impreflions qu’il nou? fait éprouver,
le genre de fenfations 8c d’affeâlons dépendantes du pouvoir que cet art a fur notre
ame. On comprend combien peuvent être nombreufes les notions dont on a tente pour
la première fois le développement par rapport à l’Architeâure. Elles comprennent les
idées d’ordre, de fymmétrie, d’unité, de variété, de beaute, d’harmonie, de difcor-
dance, d’invention, de génie, d’imitation, &c. Ces notions fé trouvent aux articles
dont on vient d’indiquer un petit nombre de noms; mais elles, font auffi.répandues
dans beaucoup d’autres .dont il feroit difficile 8c fuperfïu de faire ici l’énumération.
La partie métaphyfique eft celle qui nous a offert le plus de difficultés 8c le moins
de reffources. Les ouvrages qui nous ont précédés, n’ont pas même tenté de l’effleurer.
Auffi, en prèfentant cette partie fous l’afpeâ de la nouveauté, le plus propre peut-être à
lui faire trouva- quelques leâeurs favorables, nous croyons avoir droit à l’indulgencè
que méritent tous les genres d’effaî.
La théorie de iArchitecture en eft la partie peut-être la plus importante à tous égards;,
elle intéreffe toutes lés efpèces de leâeurs; elle guide l’artifte dans fes ouvrages, 8c
le publie dans le jugement qu’il en porte.
La partie théorique eft très-diftinâe de la métaphyfîque ; elîe en eft le réfultat : fes
principes n’ont de force 8C d’évidence qu’autant qu’ils font fondés fur les élémens des
notions précédentes. On s’eft donc appliqué à les bien diûïnguer 8c à mettre dans
ces. connoiflances limitrophes tout le difcernement dont elles font fufceptîbles. La partie
métaphyfique embraffe particuliérement l’effence de l’art ; la partie théorique comprend
les.règlesque l’art a reçues de la nature, celles même qu’il s’eft données volontairement.
C’eft à cette partie qu’on rapporte le fyftême de fon imitation, les obfefvàtions fondées,
fur les règles de l’optique, les loix des; proportions , les. maximes de. goût déterminées.