
angle égal à celui que Lm fait avec Taxe mD. j
Enfuité du point u » on mènera une parallèle a
l ’axe, 8c on fera l’angle au y égal à l’angle GLD;
la ligne u y ç fera une tangente au point u de la
chaînette»
Si du point «, on élève une perpendiculaire à
tangente y u ^, elle fera auffi perpendiculaire a
la courbe, ainfi elle indiquera la coupe du joint
qui pafferoit par ce point.
CHAIRE f. f. C’eft un fiège élevé avec une
devanture ou lambris, à hauteur d’appui, de figure
ronde, quarrée ou à pans coupés, où l’on monte
par un clcalier, & qui eft d’ufage dans les lieux
d'enfeignemens, tels que les écoles de droits &
les collèges, 8t dans les églifes où elles fervent
de tribune aux prédicateurs pour y annoncer les
vérités évangéliques.
L'architeâure & l’art de la décoration ont peu
de rapport aux chaires de la première efpèce. Elles
fe font ordinairement en menuiferie, & ne comportent
aucun ornement. Ces fortes de fièges
élevés ne doivent leur origine qu’au befoin d’ex-
hanffer le régent ou le profeffeur, de manière qu’il
puille fur veiller fon auditoire, & s’en faire entendre.
Les chaires d’églife ou de prédicateur, doivent
la leur également à la nèceffité de faire dominer
l’orateur fur toute l’àflemblée qui l’écoute. Mais
on ne devine pas auffi bien le motif de leurs
formes a&uelles. Les détails dans lefquels on va
entrer pourront, en donnant quelques lumières
fur cet objet, éclairer les artiftes & le public fur
l’opinion qu’on peut prendre de ces efpèces de
conftruétions, fur la manière de les difpofer & fur
les convenances qu’on doit confulter à leur égard.
On fe doute affez, fans qu’il foit néceffaire de
le dire, que les temples des anciens ne renfermèrent
jamais rien qui reffemblat a une chaire, Leur
cuire parloir aux yeux & aux fens beaucoup plus
qu’à lefprit, & les minières s’occupant moins de
l’éclairer que de le divertir, ne mettoient point
au nombre de leurs fondions celle d’interpréter
ce que perfonne ne comprenoit. Les Grecs & les
Romains n’eurent point de livres facrés : la religion
, chez eux , confiftoit toute en tradition.
M’ayant peint de code de croyance, ils n’avoient
pas befoin d’interprètes ; 8c dans le fait, ils n’eurent
jamais d’autres théologiens que les poètes,
les ftatuaires & les peintres. {Voye^ Artiste). Le
fervice des prêtres confiftoit en cérémonies &
dans i’obfervance des rites prétérits. Chez les
peuples qui ont un code religieux , & dont les
croyances ont pour bafe des livres myftiques, la
ccnnoiffance de ces livres eft un des premiers
devoirs qu’ils impofent ; & le foin de les faire
connoître & de tes interpréter , un des premiers
miniftères .des prêtres. La ledure des livres faims
fo/ma, chez les Juifs, la plus effentielle obligation
du peuple & de fes miaiftres, La religion du -
Chrîft, entée fur la judaïque, fit confifter, à foit
imitation , prefque tout fon culte dans la ledure,
le chant & l’interpellation des livres facrés. Voilà
pourquoi on retrouve, dans les plus anciennes
églifes, une tribune ou jubé deftiné à la ledure
des faints livres. L’ufage qui s’en eft confervé dans
les fynagogues, prouve que les chrétiens ont emprunté
des juifs cette pieufe pratique. Les rabbins,
en place de chaire, ont un banc plus éleve que
les autres, 8c devant ce banc uiw efpèce de bureau
, fur lequel ils placent les livres faints qu’ils
expliquent, 8c des lumières quand le tems 1 exige.
Ce que l’on appelle jubé dans quelques églifes,
peut fervir à expliquer l’origine des chaires. On
fait qu’il y a de chaque côté une tribune pour lire
l’épître, & une autre pour lire l’évangile. Cet ufage
eft encore en vigueur dans plufteurs. anciennes
bafiliques' d’Italie, à la différence qu’au lieu d’être
placées au-deffus de l’entrée du choeur, ces tribunes
font en face l’une de l’autre dans la nef, 8c
forment précifément ce que nous appelions des chaires.
Ces doubles chaires fe voient encore dans plu-
fieurs bafiliques modernes, entre autres à S. Lorenfo
à Florence. En rapprochant cette difpofition de
la pratique connue des jubés, on voit que les
chaires ne furent , dans leur origine, que des
tribunes confacrées àr la le&ure des livres faints.
Lorfque l’éloquence fe fût emparée de la tribune
évangélique, ces pieufes oraifons firent en
quelque forte partie du fervice divin, & la commodité
du plus grand nombre des auditeurs voulut
que les chaires fe trouvaffent au milieu de l’auditoire.
Bientôt on n’en vit plus qu une dans chaque
églife, & elle ne fçrvit plus qu’au débit des
harangues facrées.
Mais bien certainement c’eft dans les anciennes
églifes de .Rome St dans les pratiques qui s’y font
perpétuées, qu’on peut chercher ôt la véritable ori*
gine des chaires St celle dé leurs ufagfes. J’en ai
affez dit fur ce dernier point, indifférent d’ailleurs
à l’objet principal de cet ouvrage, qui eft de con-
noître le vrai type St les convenances de formes
applicables à cette efpèce de tribune.
J’obferverai d’abord à cét égard , que les plus
anciennes chaires que l’on connoiffe, celles que l’on
nommoit ambones ou jubés, qui, comme on 1 a dit,
fe trou voient placées en face l’une de l’autre, fe
voient aux églifes de Saint-Laurent, hors des murs,
& de Saint-Clément à Rome. Cette dernière paffe
pour une des plus anciennes de la chrétienté , puisqu’on
y lit qu’elle fut érigée fur la mai fon même
de ce Saint, 8c où S. Barnabe , apôtre , avoir
logé en venant à Rome ; mais ce qui prouve fon
antiquité , dit Vafi , c’eft fon ancien presbytère
avec les ambones, c’eft-à-dire , pupitres de marbre ,
où on ltfoit au peuple l’épître St l’évangile pendant
la meffef
Ces ambones, dans les anciens monnmens dont
on parle, faifpient réellement partie de la conftru&
ion
c H A
truftîori de l’églîfe ou du choeur nommé presby-
terium , comme l’objet pour lequel on les élevoit,
faifoit partie du rite 8c du fervice divin. Auffi les
conftruifoit-on de la manière la plus folide & la
plus riche en même temps. Ceux.des deux églifes
qu’on a nommées, font de marbre de plufieurs
couleurs 8t des plus-rares , diftribués en comparti-
jnens. La forme de ceux de S. Laurent eft la
plus belle & la plus firnple qu’on puiffe imaginer*-
Ils portent de fond , fans être , comme les chaires
plus modernes , fufpendus ou .élevés fur des
colonnes : deux rampes d’efcaliers auffi de marbre
accompagnent la tribune à laquelle ils conduifenr.
L’intérieur eft occupé par un fiège de marbre , &
fur le devant eft un pupitre ou lutrin de la même
matière. Aucune efpèce de couronnement ne les
furmonte ; 8t les féuls qu’ils puiffent admettre,
font ces dais ou impériaux d’étoffe qu’on y place
dans les jours de fête , 8c qui ont pu donner
l’idée de ces doffiers 8c couronnemens folides,
que l’on verra avoir été dans l'a fuite réunis pour
compofer la malfe abfurde 8t ridicule des chaires
modernes.
On obfervera que dans ce genre, comme dans
beaucoup d’autres , l’idée primitive 8t la forme qui
en réfulte, font les feules vraies , les feules juftes ;
8t l’on va voir comment l’efprit, en croyant enchérir,
fur les inventions de i’inrcliigence la plus
ordinaire, refte réellement au-deffous , les dégrade
même 8t les rend entièrement méconnoiffàbles.
On chercha bientôt' à. élever fur des colonnes
ces fièges de marbre. Cette idée n’avoit rien d’heureux
: la inaffe générale étoit moins bonne ; mais
la folïdiié ne perdoit point à cette apparence de
légèreté. On en montreroit un grand nombre de
cette efpèce dans les églifes d’Italie. Telles font les
chaires déjà citées dé l’églife de S. Laurent à Florence
: je yeux parler fur-tout de celle placée au
côté droit , dont la fculpture eft due au Dona-
tello, un des plus grands fculpteurs modernes.
On n’ignore pas que l’ornement n’eft bien fou-
vént que le fupplément de la beauté : lorfque
l’art ne fait plus faire beau , il fait riche. Il faut
avouer que fi l’on doit regretter la fimpltcité de
forme des anciennes chaires qu’on vient de
décrire , on fe trouve dédommagé dans celle dont
on parle ic i, par les beaux bas-reliefs où le cifeau
du Donatello exprima toutes les fcènes différentes
de la paffion. Ce fameux artifte n’eut pas le temps
d’âchever cet admirable ouvrage : la mort le furprit,
8c Ber toi do , fon élève, le termina. Quel que foit
cependant le mérite de ce travail, ainfi que de
plufieurs autres du même genre dont l’Italie eft
remplie, on eft forcé de n’y voir que l’ornement,
8c de détourner fa penfée de la forme générale.
Cette efpèce de coffre carré , porté fur quatre
piliers, n’offre rien de fatisfaifant à la vue, n’a rien
de noble dans fa forme , rien d’heureux dans fon
ajuftement. L’efcalier qui y conduit, devient toujours
un hors-d’oeuvre embarraflant, parce qu’il
Architecture» Tome /.
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ne fait plus partie de la tribune comme dans celles
des premiers fiècles. On vit même plufieurs ar-
tiftes imaginer des moyens nouveaux pour dérober
aux yeux ces montées gênantes 8c fafti-
dieufes.
On cite comme une idée nouvelle 8c heureufe
en ce genre celle de Bendetto da Mayano , pour
la chaire de l’églife de Sainte-Croix a Florence ,
ornée d’ailleurs de bas-reliefs précieux, & de
feupltures dont on peut vanter le goût 8c 1 exécution.
L’artifte voulait appuyer fa chaire à un
des piliers de l’églife, 8c avoit conçu l’idee de
percer ce pilier pour y faire paffer l’efcalier. Les
architeâes s’oppofoient à cette nouveauté, qu ils
regardoiènt comme dangereufe 8c capable de por**
ter préjudice à la, conftru&ion , puifqu’il s’agiffoit
d’une part d’affoiblir le pilier , 8c de l’autre de
le charger du poids de la chaire. Mais Benedetto da
Mayano, dit Yafari, leva toutes ces difficultés ;
au grand étonnement de tout le monde, d’un
côté en armant le pilier de liens de bronze || &
de l’autre en le renfonçant extérieurement d’autant
de matières qu’il en avoit ôte à l’interièur,
pour former le vuide où fe trouve l’efcalier.
Voilà , comme on le voit, une chaire de marbre
, fufpendue en l’air par le moyen de ces petites
fupercheries de conftruétion, que les gens
| du métier peuvent feuls admirer , mais dont le
| port-à-faux eft fenfiblement defë&ueùx, 8c doit
révolter fur-tout ceux qui ne favent point ce que
c’eft qu’un port-à-faux.
Suivons la marche rétrogade de 1 art dans la
difpofition des chaires ,, car nous ne fora mes pas
encore parvenus au dernier' terme de l'invention,
en ce genre.
• Dès qu’il fut permis par l’ufage 8c par l’exemple
d’attacher aux piliers des églifes , ces tribunes
fufpendues fans aucun ftipport apparent., il fut
naturel d’y employer les matériaux les moins '
pefans ; 8c les bois offroient à ce genre de com-
pofition, les reffources les plus faciles, les plus
variables .& les plus économiques en même temps;
On vit donc prefque toutes les chaires, dans les
pays fur-tout où les marbres font rares, devenir
des ouvrages de menuiferie. Mais bientôrauffi
l’efprit de la menuiferie (car chez les modernes
chaque art à fon efprit, fes habitudes , fes pratiques
8c fon goût ) , dirigea feui les formes de la
compofition 8c la décoration des chaires. Plufieurs
reffemblèrent. à des ouvrages de tourneur ; des
culs-de-lampe ridicules x des contours chantournés ,
des ornemens invraifemblables cara&érifèrent ces
coffres bizarres dans lefquels l’orateur facre rappelle
, malgré qu’on en ait, la pieufe plaifante-
! rie du yero Pulciiiello de la place de, Venise.
Mais l’art de la menuiferie devoir amener un
plus grand effort cl’ i ti v rai fe m b la n c. e clans ces coin-
pofitions. Comme le bois, par falegétete 8c la faci-
1 lité avec laquelle on le cramponne, fe prête à toutes
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