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s'entend du point de vue pour lequel un bâtiment eft
fait : on dit qu'il préfente un bel afieS, lorfque 1 en-
femble de fon ordonnance frappe agréablement les
yeux du fpeéhiteur. Quelquefois auffi l’afped fe d i t ,
eû égard a l'effet que doit produire un édifice pour la
placé qui eft en fece. Dans ce fens on doit accommoder
& proportionner à fon afpeft l'eufemble 8ç les
détails 1 en raifon de, l'efpace & de: la nature du local
d'où l’on doit l’envifager. Sous cette acception, afpea
n’eft autre chofe qu'Optique. (F o y e tO r iiq u E .)
A S P E C T j (jardinage.) Ce mot, pris relativement
aux jardins, s’entend du coup-d'oeil que préfentenc,
ou les difpofitions de l'art , ou les points de vue
naturels dont l'attifte fait profiter pour la compofi-
tion de Ton tableau.
Ces différens effets i'afpelt ne peuvent bien fe rencontrer
que dans les jardins d'une certaine étendue ,
& dont le terrain irrégulier , prête à la variété des
{cènes , 8c aux moyens- d'en ménager la^ vue. -i outes
les parties du payfage environnant, détachées avec
art pour être appercues féparement, ou au travers des
plantations artificielles , forment particulièrement ce
que nous appelions afpett.
Un terrain qui ne confifte qu’en plaine , ne fauroit
fournir d'heureux u/pefls. Il eft trop uniforme en luimême;
Sc les variations, ; que l'art pourroit y introduire
deviendroient trop difpendieufes. Les fleurs ,
les buifTons , les arbres, les eaux & les troupeaux font
des moyens propres à rompre l'uniformité d une plaine
vasrue & unie : mais un pays montueux. & parlemé
de collines , a été fait par la Nature meme),-p us
fufceptible de variété & de mouvement. Il offre plus
de diverfité dans les inégalités , les"coudes & les
penchans du terrain , d'où il refaite plus de grandeur
& de jeu dans les afpetts.
U n parc ou jardin très-étendu exige » quune partie
foit en payfage , où l’on trouve une riche fuccefîion
d'afpetts produits par des vallons , des collines , des
enfoncement, des hauteurs , des pentes douces &
des chûtes rapides. Ici les vues fe multiplient d elles-
mêmes : chaque pas mène vers un nouveau lire , vers
un nouveau tableau. L à les fcènes-s'evanouifTent ou
reparoiffent; les nouvelles cachent les anciennes ; les
fituations changent perpétuellement malgré 1 immobilité
desobjets. Onmonte, 8c l'honxon s étend de tous
côtés; plus on s élève, plus on voit lesCantons s enfoncer
& fe perdre. A mefüre qu'on redëfcend , le ciel paraît
fe reculer ; au moins une partie du beau Qed a c e
oujil offre fe cache derrière les hauteurs C eft la
difpofition du fol qui fournit toutes ces ' dlverfités ;
ce font les inégalités du terrain qui animent la Nature
& fes afpeSs. , -
Mais , en difpofant les feènes du jardin , il faut
faire attention au caraftère de Y ajpea qu offrent
les environs. Il eft plus fecile d'accommoder le ,ardm
au payfage, que celui-ci pu jardin, a moins que d en
treprendre fur les objets d’alentour g des changemens
s u l i forcés que ceux qu'on rencontre quelquefois
A S P
datis les parcs Anglois. En général , tout dépend de
lier tellement les vues extérieures du payfage aux
vues intérieures du jardin, qu’il n’y ait point de contradiction
entr’elles. Mais c’eft l’étendue de 1 emplacement
qui aide à déterminer toute 1 ordonnance
intérieure & toute la difpofition des afpetts. ( Voyez
Emplacement. )
On doit fur-tout éviter les afpetts trop bornés.'
Les yeux & l’imagination font attriftés de trouver
trop-tôt la fin d’un lieu qui leur p la ît , & de l’idée
q u e , parvenu à ce point , il faudra revenirfur fes
pas. Il eft des afpetts pour tôutes les faifons , pour
toutes les. heures du jour. On peut remarquer que
ces feènes ou afpetts font d’autant plus d’ effet, quelles
font moins attendues , & qu’il y a plus d’objets en
contrafte. T e l paroît être le grand art des Chinois
dans leuis compofitions de ce genre. ( Voyei au mot
jardin Chinois ce que dit Chambers , au fujët des
feènes fans nombre qu’offrent leurs magiques '
jardins.)
A S SEM B LA G E , f. m. fe dit en architecture de
l’art de réunir les parties avec le tout , tant par rap-
I pdrt à la décoration extérieure , que par rapport à
l'intérieure. C e t art .fe manifefte principalement dans
Y afflmblage des ordres.. Lorfqu’on décore~un grand
édifice , on place les ordres les uns fur les autres ,
en ayant foin que les plus forts portent les-plus foi-
b le s , que ceux-ci foient toujours plus délicats que
les premiers. A in fi, il faut que le Dorique foit fous
l’ionique , & ITonique fous le Corinthien ; enforte
que les axes des colonnes fe rencontrent toujours en
même à-plomb. Si les colonnes font entièrement
ifolées} fi elles font chargées de tout le poids de
l’entablement Vitruve veut que celles du fécond
ordre , foient toujours d’un quart moindres en hauteur
que celles du premier , & celles du troifiéme d’un
quart moindres que celles du fécond. Cette rég lé,
quoique fondée fur le principe fi naturel que nous
venons de preferire , eft cependant blâmée par Sca-
molli. Le fentiment de ce dernier eft que la groffeur
du pied de la colonne ftipérietiré, doit être la même
que celle du haut de la colonne inférieure ,- parce que,
félon lui, la diminution des ordres,en montant, devient
alors plus naturelle. Serlio donne encore une autre
récrie : c’eft que l’ordre fupérieur foit toujours les
trois quarts de celui fur lequel il pofe immédiatemen
t, excepté aux. édifices qui ont un ruftique nucl
pour première ordonnance. Car les deux ordres doivent
être égaux dans ce :cas * afin qué le s ' ordres
fupérieurs ne paroiffent pas trop petits , & que le
ruftique ne paroiffe pas trop élevé à proportion du
relire. (V o y e z Ouvrage Rujlique. )
M . Bélidor, après avoir examiné ces différens, feu-
timens , a cru qu’on dévoie préférer la règle de Sca-
moiii à toutes les autres..Voici ce qu’il préferit a
çet éga rd, & fur quoi il fonde fa’préférence : Lorl-
»> qu’on voudra mettre deux ordres l’un fur l’autre,
„ ü fou t , d it- il, après avoir déterminé la diminution
A S S
»s de la colonne de l’ordre inférieur , fe fervir du
demi-diamètre du haut du fuft pour le module qui
m doit régler l’ordonnance, fupérieure ; par exemple .,
9» voulant mettre le Corinthien fur l’Ionique , la
s» colonne Ionique , félon V ignole , devant diminuer
9» par le haut de trois parties de chaque c ô t é , en-
w forte que le diamètre du fommet du fuft foit
93 réduit à un module douze parties, il faut faire
» une ligne égale à la moitié de cette quantité, c’eft-
9? à-dire qui vaille quinze parties, & s’en fervir pour
3» le module qui doit régler l’ordre Corinthien, après
93 toutefois qu’on l’aura divifé en dix-huit parties
93 égales, afin de fe conformer aux mefures dont
33 vignole fe fert pour cet ordre. De même voulant
33 mettre un troifiéme ordre fur les deux précédais,
33 c’eft-à-dire le. Compofite fur le Corinthien , on
?» verra que le Corinthien devant diminuer de façon
3i que le diamètre , qui eft de dix-huit parties par le
»3 b as ,. foit réduit à quinze par le haut, on fe fervira
.3» encore de ce demi-diamètre réduit pour le module
>» qui doit régler la troifiéme ordonnance. 93
Cette-règle cependant n’eft pas affez générale pour
qu’on doive toujours s’y conformer. Il y a bien des
cas où il eft permis de s’en écarter. M. Bélidor explique
ces ca s , /ait voir les modifications qu’on peut
apporter à fa rè g le , & juftifîe par-tout fon choix
pour'Scamozzi. Quels que bons que puiffent être ces
préceptes, on délirerait qu’ils fuffent immédiatement
déduits des règles de la - perfpeftive. Cette fcience
peut feule , d’un point de vue d’un bâtiment donné,
déterminer les dimenfions que doivent avoir les ordres,
pour que leur diminution en montant foit convenablement
proportionée. ( Voyei Perspective. ) Peut-
être auflt de telles règles dépendent-elles uniquement
du goût. Ca r le beau effentiel de l’architefture
n’étant point déterminé , il doit toujours régner
beaucoup d’arbitraire dans des principes qui relient
fubordonnés au fens de la vue.
A SSEM B LAG E , ( conflruttion. C ’eft un terme
de charpente & de menuiferie qui défigne la manière
Üajfembler & de réunir différentes pièces de bois pour
•en former un ouvrage quelconque. On forme les
ajfemblages par le moyen d’entailles, tenons , mortaises
, queues d’aronde, clefs, ramures & languettes,
Voyei ces différens mots aux articles charpente &
menuiferie. ( V o y e z auffi le Ditt. de Maçonnerie.')
ASSEMBLER , v . a«ft. joindre enfemble les différentes
pièces de bois de charpente, préparées & taillées
pour la conftruétion d’un pan. de bois , d’un
comble, d’un clocher , .&c. ou pour former une
porte, un chaffis de croifée , un lam b r is & c .
A SSEO IR , v. a<ft. Mettre, dans une fituation convenable
, ferme , ftable & de niveau, une alfife de
pierre » ùu pa vé , &c. On dit ajjeoir une colonne fur
Ja. bafe.
1, , . * ■ *-*, *• v' t tenue d. cieux ngnuicauons
a ord il exprime la pofition d’une cnofe pefaut
Architecture. Tome ƒ.
À S S 1 5 3
•fur une autre , pour la rendre ferme & folid e , comme
lorfqu’ondit que le fondement doit avoir plus d'affiette
que le mur élevé deffus. En fécond lieu , par le mot
affiette, on entend la place & le terrain fur lequel un
bâtiment eft conftruit: une mai fon eft en belle affiette
pour la vue , quand elle eft à mi-çôte.
A SSISE , ( conflruttion.) On appelle ainfi une rangée
horizontale de pierres de .taille, pour former les
murs ou points d’appui d’un édifice. Pour la plus
grande perfection de l ’-art de bâtir, il faut que chaque
affife forme un arafement général dans toute l*éten-'
due de l’édifice ; & pour la régularité de l’appareil,
il faudroit que les ajjifes fuffent toutes de même hauteur.
(V o y e z appareil 8c arafement.)
ASSISE D E PAR PA IN . C ’eft une affife dont les
pierres traverfent l’épaiffeur du mur , comme les-
affifes qu’on met fur les murs d’échiffre, les cloifons
& pans de bois aux rez-de-chauffée. ( V^oyel
E chifpre. )
A SSISE D E PIERR E D U R E . C ’eft celle qui fe
met fur les fondemens d’un mur de maçonnerie , où
il n’en faut qu’une , deux ou trois jufqu’à hauteur de
retraite.
A S S IS E , anciennement A S S1S U M , V ille d’Italie
dans l’Om b rie, a confervé jufqu’à nos jours un monument
d’architecture remarquable fous plus d’un rapport.
C ’eft un temple antique dont il ne refte plus d’entier
que le périftyle antérieur , lequel eft formé de
fix colonnes cannelées, d’ordre Corinthien , qui foü-
tiennent un fronton. Elles ont trois pieds cinq pouces
& demi de diamètre , & font efpacées de fix pieds
cinq pouces. L a frife offre encore des veftiges d’in-
feription dont les lettres paroiffent avoir été de
métal. Les trous qui fecevoient les clous de chaque
lettre font très-diftinCls , ce qui fufïiroit pour en
retrouver l’infcription : M . Séguier reftitua celle de
la mai fon quarrée de Nifmes par le moyen de
femblables trous. Il paroît d’après le nom moderne
de YégliCe, ( fanta Maria di Minerva, à laquelle ce
périftyle fait face , que c’étoit anciennement un
temple de Minerve.
C e temple étoit fiftyle. ( Voyez -en Y élévation géa-
met raie, à la fig. 1 13 . ) On s’accorde affez généralement
a en rapporter la conftruftiôn au fièelé d’A u -
gufte. Winckelmann obferve que c’eft le feul édifice
ancien que l’on coniioiffe en Italie, dans lequel chaque
colonne ait fon ftylobate particulier. Mais on remarque
la même chofe à un temple repréfenté fur la
mofaïqué de Paleftrine , & à deux édifices de
Palmyre.
Qu oi .qu’il en f o i t , le monument d'affife réunit ,
tant dans fon enfemble que dans fes détails, tout ce
qui peut .plaire à l’oeil 3 & fatisfaire le goût par le
chôixdes proportions, pa rla fobriété des omemens,
& par une élégante .fimplicité. Malgré la petiteffe du
deilin que nous en donnons, ( Voyei Fig. ci-Ùeffus.^