
haut de fix à huit pieds. Les Perfans appellent aufli
ces perrons ouatais , c’eft-à-dire, ex pôles à la lune.
Us en ont de même dans leurs jardins , dans les
cours de leurs logis , & louvent_.il y a de grands
arbres plantés à côté , qui entretiennent le frais Sc
l ’ombre.
Ce s caravanferais font toujours- en terrafle ; les
entrées font des portiques avec des boutiques d’un
& d’ autre côté , où l’on vend les alimens communs.
Ils font de la hauteur de l’édifice , fermés par de
liantes portes dont les linteaux font de charpente
f aits d’ une -pièce. Quelques uns n’ont feulement de
chaque côté qu’une chambre voûtée avec un b a lcon.
On ne trouve rien dans ces fortes d’hôtelleries
que les quatre murailles. Chacun en entrant fe met
dans la première chambre qu’il trouve v u id e , du
cô té qu’ il lui p la ît, & puis il s’en va fans qu’on
lu i demande rien. Les gens riches donnent au valet
du concierge la valeur de quelques fols en fortant,
& autant qu’ il leur plaît. O n ne fayroit exiger aucun
frais de location , ces édifices étant des fon dations
charitables pour le fervice des voyageu rs,
dont le concierge & les valets font rentés pour
avoir foin. Le concierge vend d’ordinaire ce q u ’ il
faut pour les chevaux & les objets de première
néceffité , comme du pain » du vin , dans les endroits
où iVeft en abondance ; du beurre , des laitages
, des fruits & des volailles , & de quoi faire
le feu.
Qu ant aux caravanferais des v ille s , les uns fonc
pour les voyagesus & pour les pèlerins , dans lef-
■ queis on loge aufii fans payer ; le s autres pour les
atiarchands , & ceux-ci font d’ordinaire plus beaux
Sc plus commodes.
Dans toutes les villes chaque caravanferai eft
particuliérement defiinê ou aux gens de certains
p a y s , ou aux marchands de certaines marchandai
fes.
C h a rd in , de qui j ’ai tiré ces détails, avoitplus
parcouru la Perfe que la Turquie ; ainfi ce qu’il
jdit des caravanferais n’eft appliquable qu’à ceux de
3a Perfe. V o ic i comment T ournefort, en fon voyage
du L e v a n t , lett. 4 tom. 2 pag. 4 7 , parle de ceux
de Turquie.
« Les hôtelleries de fondation qu’on trouve furies
chemins , font de grands édifices longs ou quarrés
qui ont l’apparence d’une grange. On ne v o it en
dedans qu’une banquette attachée aux murailles ,
8c relevée d’environ trois pieds fur fix de largeur ;
le refte de la place eft deftiné pour les chevaux ,
pour les mulets 8c pour les chameaux. La banquette
fert de f i t , de table & de cuifine aux hommes.
D e petites cheminées y font pratiquées à une
diftâncê- de fept à huit pieds les unes des autres.
» Les hôtelleries des villes font plus propres 8c
mieux bâties ; elles reffemblent à des monaftères,
car il y en a beaucoup où l’on a bâti une petite
mofquée : la fontaine efl ordinairement au milieu
de la co u r , les cabinets pour les néceffités font
autou r, les chambres font rangées le long d’une
grande galerie on dans des dortoirs bien éclairés.
Il y a de ces hôtelleries où l’on fou rn it, aux dépens
du fondateur, la p a ille, l ’o rg e , le pain: 6c
le riz. Celles d’Europe font mieux bâties, mieux
rentées 8c plus propres que celles d’ Afie. Dans
les grandes villes elles font couvertes de plomb
8c embellies de plufieurs dômes ; mais comme
les pluies font moins fréquentes en A f ie ,. on
aime mieux, pendant la belle faifon , camper dans
des campagnes agréable s,ou le long des ruilfeaux
( ¥o ye{ H o s p i c e . )
C A R C A S S E , (voyq; Pa r q u e t ).
C A R C È R E S . C ’étoit dans les cirques des efpèces
de loges ou de remifes qui fervo ien r, comme on
va l’explique r, à renfermer les chevaux 8c les
chars qui dévoient difpnter le prix , 8c pour cet
effet partir enfemble d’un même point 8c à un
même fignal donné par celui qui prèfidoit aux
jeux.
A u cirque de Ca raca lla, le demi-cercle formé
par les carcères ne termine pas d’une manière régulière
le plan de l’édifice. Tous ceux qui ont
levé jufqu’ici le plan .de-ces moniimens antiques,
ont penfé qu’ ils formoient un parallélogramme
régulier. C ’eft ainfi qu’ils font repréfentés dans
les ouvrages de Panvinius 8c de Bullinger. Mais
d’après un plan exaéi du cirque de Caracalla., 6c
en examinant les ruines aéiuelles de ces carcères,
on vo it qu’elles ont été confiruites a in fi, pour
que dans le moment du départ des chars , tous
les points d’où devoit partir chaque char fe trou-
vaflënt à égale diftance du point milieu de la
grande allée du cirque, afin de pouvoir entrer en
même temps dans la carrière ; ce qui n’auroit pu
être , fi la ligne du départ eût été conftruite d’équerre
8c régulièrement. On comprend aifément
que les loges qui fe feroiènt trouvées en face
de l’entrée de la ca rrière, auroient eu alors un
avantage réel fur celles des autres concurrens,
qui fe feroient trou vés1 placés à l’extrémité de la
hgne- f
Un fragment très-curieux que poffède le cardinal
B o rg ia , eft ce qu’on a trouvé jufqu’à pré*
fent de plus propre à faire concevoir 8c à démont
re r , non-feulement la forme exa&e des efpèces
de divifions ou remifes appellées carcères * dans
lefquelles on renfermoit les chevaux ou les chars
avant la courfe , mais encore la manière dont de-,
voient s’ouvrir les barrières qui les fermoient.
C e fragment eft de marbre; il porte environ
deux palmes de long ( feiza pouces 8c demi) fur
un pied de hauteur. Malgré fon extrême vétufté
8c l’état de dégradation où il fe trou ve, il eft
encore poflible d’y appercevoir les portes à ban*
reaux de quatre montans perpendiculaires, croifés
par trois autres horizontaux. D e chaque côté de
ces barrières fe voient des hommes qui, au fignal
donné, ouvroient en même temps, 8c chacun de
leur c ô té , la porte dont ils éiojent chargés, afa
iiu’il n’y eut aucun retard dans le départ des con-
currens. La décoration de ces efpèces de niches
ou de remifes mérite une attention particulière.
On diftingue clairement, entre chacune un terme,
en forme de gaîne, qui les fëp'are , 8c ces termes
foutiennent une corniche failUote, qui règne au-
deffus des arcs que forment les carcères. O n peut
voir une gravure de ce précieux fragment dans
le voyage pittorefque de l ’Ita lie , par M. l’abbé
de,Saint-Nom , t. 2 , p. 65. Je renvoie au mot
cirque tomes les autres notions relatives aux carcères.
( Voyez C i r q u e ) . .
CARCHE SIUM . V itru v e appelle de ce nom une
machine qui fervoit à lever des fardeaux 8c que
l’on plaçoit fur un charriot. C ’étoit un mât au
haut duquel étoit fixé un levier ; à l’un des bouts
de ce levier étoient attachées des cordes pour le
tirer, 8c le poids s’accrochoit à l’autre.
C A R D E R O N N E R , voyez Q u a r d e r o n n e r .
C A R D IN E S , étoient les efpaces pratiqués dans
les théâtres 8c les amphithéâtres entre les gradins,
appelles cunei, 8c qui fervoientà y aborder.
C A R M O N À , ville antique d’Efpagne,dan9 l’An-
daldufie, à fix lieues de Séville. L’itinéraire d A n-
tonin la place fur le route de Séville à Merida , |
8c à vingt-deux mille pas de là première.
Cette v ille conferve encore des monumens
de fon ancienneté. La porte qui regarde Séville
èft entière , ainfi qu’une partie de Tes murailles,
il eft aifé de v o i r ,. à la grandeur des pierres 8c
à la manière dont elles font jo in te s , que c eft
un ouvrage des Romains. C e monumenc paffe
pour un des plus grands reftes d’antiquité de toute
l’Efpagne. L ’auteur du journal d’un voyag e ^en
Efpagne dît avoir appris des gens du lie u , qu on
y a trouvé 8c qu’on y trouve tous les jours , en
travaillant, des fragmens de ftatues 8c de co lonnes
de marbre , chargées d’inferiptions ; mais il
eft fouveot arrivé que ceux qui les trouvoient,
n’en connoiffant pas le p r ix , les employaient a
conftrüire les fondations des moindres bâtimens.
En e f fe t , pourfuit-il, j’en vis une afiez entière
à la porte de la grande églife. J’allai voir deux
ftatues de marbre blanc placées fur la porte qui
va à Ecija. Elles font fur .des pièdeftaux £ mais
très-maltraitées ; une n’a point de tete_, 8c 1 autre
eft toute défigurée des coups qu’on lui a donnés-.
( Journal d'un voyage en Efpagne, p. 150.)
C A R N E , C f. Angle folide d’ une pie r re, d’une
pièce de bois.
C A R N E A U , voyez C r é n e a u .
' C A R R E A U , f. m. (con jiru tiion ) O n donne ce
nom à des pièces de marbre, de pierre ,d e terre
cuite, qui ont ordinairement peu d’épaiffeur 8c
dont o n .fe fert pour former le pavé de Pinte-
rienr des. édifices, quelquefois même- de 1 extérieur,
comme à la cour de marbre à Versailles ,8c
dans d’autres endr^ts, O n leur a donné ce n om ,
parce que leur forme la plus ordinaire eft le
quarré.
Aftuellement on comprend fous ce nom t o u t e
les figures régulières dont tous les côtés font
égaux, comme le triangle équilatètal, le quarré, 1er
pentagone, l’exagone, l’o âo gon e , &c. ; en combinant
ces différentes figures on vient à bout de
former toutes fortes de compartimens agréables.
Le père Sébaftien Truchet a trouvé foixante-
quatre manière différentes de combiner dés carreaux
mi-partis, c’eft-à-'dire , de deux couleurs r
la plupart de ces combinaifons font peu intéref*
fautes ; là planche A repréfente un choix des plus
heureux que l’on puiffe faire a re c des figures régu lières.
La dimenfiort des carreaux doit être relative à
la grandeur des pièces ; ainfi ceux de 4 pouces co n viennent
aux pièces de 10 à t a pieds de largeur;
ceux de fi pouces, à celles de 18 à 10 ; ceux
d’un p ie d , à celles de »4 à 30 pied s, & c .
Les carreaux en marbre ne s’emploient que dans
les églifes ou les grands palais ; on fait ufage de
ceux en pierre pour les veftibules, les. falies à
manger, les paliers d’efcaliers : ils font ordinairement
o â o g o n e s ; on les combine avec de petits
carreaux noirs de forme quarrée,-dont les côtés
font égaux à ceux des oâogones. Les carreaux
oâogones qu’on emploie à Paris .font faits d’une
efpèce de liais blanc de peu d’épaiffeur, & qu’on
- tire des environs de Chafenton. Cette pierre a
le grain & la dureté convenables à cet ufage ;
pour les carreaux noirs , on les tire de Flandres
ou de Caen.
Pour les appartemens ordinaires , on fe fertpref-
que par-tout de carreaux en terre cuite, auxquels on
donne différentes formes. Ce lle qui convient le
mieux- eft l’exagone régulier , parce que ces angles
étant plus grands que ceux du quarré , ils font
moins fujets. à fe brifer. D ’ailleurs, loïfqu’on ne
veut, employer qu’une même efpèce de carreaux,
le pavé qui en réfulre eft en même temps le pins
agréable & le jplus folid e, à caufe de la liaifon
en tout fens qu’ ils forment le s uns avec ies autres ;
ce qui ne peut avoir lieu avec aucune autre figure
régulière de même efpèce. O n remarque à ce
fufet qu’il n’y a que trois poligones réguliers
avec lefquels ou puiffe carreler une fa lle , en n’y
employant que des carreaux d’une même figure'.
Ces poligones font le triangle équilatéral , le
quarré & l’exagone. O n obferve encore que les
carreaux de même forme ou de formes différentes ,
ne peuvent fe joindre fans interruption , à moins
que la fomme de leurs angles ne foit égale à 360-
degrés; Six triangles équilatéraux peuvent fe réunir
amour d’un point fans interruption , parce que
leur fomme eft de 360 degrés ; il en eft de même
d é ’quatre quarrés & de trois exagones réguliers.
Pour que les autres poligones puiffent.fe réunir