BANDE de COLONNES. Efpèce de boflage
dont on orne le fût des colonnes ruftiques & bandées,
le qui eft quelquefois fîmple comme aux colonnes
Totcanes du Luxembourg, ou pointillé & vermiculé,
comme à celles de la galerie du Louvre , ou enfin
taillé d’ornemens de peu de relief , différens dans
chaque bande, comme aux Ioniqués des Tuileries ou
au portail de S. Etienne-du-Mont à Paris. Ces bandes
(ont bordées d’un liftel ou autre moulure. ( Foyeç
ce qu’on dit de ce mauvais goût, & de cette méthode
vicieufe, au mot Bossage. )
BANDEAU , f. m. Plate-bande unie qui fe pratique
autour des croifées ou arcades d’un batiment
o ù l’on veut éviter la dépenfe. Elle diffère des
chambranles , en ce que ceux-ci font ornés, de moulures
, & que les bandeaux n’en ont p o in ta - l’exception
quelquefois d’un quart de rond , d’un talon
ou d’une feuillure, qu’on fait fur l’arête du tabLeau
de ces mêmes portes qu croifées. (Voyez chambranle.)
On voit fur beaucoup de fenêtres , & notamment ;
au palais des Tuileries , . le bandeau , des fenêtres ]
marqué par une forte de piédeftal qui a fa baie,
fon dez & fa corniche. Cette manière eft très-dé- :
fe&ueufe , elle ne fert qu’à augmenter le. travail &!
à multiplier les parties fans nécefiité j l’effet en'eft
petit & bizarre.
On ne doit guères non plus approuver les fenêtres
entourées d'mx bandeau fur leurs quatre côtés , quoiqu’on
en trouve mille exemples dans nos bâtimens.
Les fenêtres, ainfi que toutes les autres parties, doivent!
annoncer, par leur conftruction , un ouvrage qui
porte de fond.
BANDELETTE , f. f. Petite moulure plate , qui
a ordinairement autant de faillie, que de hauteur ,
comme celle qui couronne l’architrave Tofcan ou
Dorique, & fert de chapiteau aux triglyphes. .Vignole
l-appelle cymaife; On la,nomme anü\ jiUtonlifleau y
félon la place quelle occupe dans les. corniches &
autres membres d’arcKiteéhire. On conrioît encore la
bandelette fous le nom de tinte du latin taenia qui
dans Vitruve a la même lignification.
BANDER, v. a<ft. (conflruttion ) lignifie l’art de
pofer en place les pierres d’une voûte, & fur-tout la
clef.
On a nommé ainfi cette , opération, par analogie-
à la courbure que prend un arc quand on le bande.
Comme prefque toutes les voûtes font courbes, il:
femble que ce foie la clef qui faïTe , pour ainfi dire ,
bander l’arc ou la courbure de la v.oute., .
Bander Ce dit aulfi de la manière de diriger l’effort
d’une voûte d’un certain côté , par le moyen' des
coupes & de- fon appareil. En général, pour qu’une
voûte foit folide , il faut qu’elle foit bandée dans
le fens de fa courbure ; ainfi une voûte: en berceau
dont la courbure eft uniforme doit être bandée du
même fens dans toute fa longueur, c’eft-à-dire- que
tes joints horizontaux doivent être paralféles aux nttus
qui la fupportent.
Une voûte d’arête étant formée par deux ou
plufîeurs berceaux qui fe recroifent , chaque partie
fera bandée félon la direction dé fa courbure ; il eu
eft de même des voûtes en arc de cloître , des voûtes
fphériques Sc de toutes lés autres voûtes donc la fuiv
:face intérieure eft courbe.
Quant aux voûtes plates, plafonds & plate-bandes
qui n’ont point de courbures , ils peuvent fe b rader
en tout fens , félon la difpofition des murs ou points
d’appui qui les foutiennent ; ainfi une voûte plate
foutenue par deux murs ou deux piédroits , fera1
bandée comme une voûte en berceau on un arc.
-Celle.qui pourra être foutenue par plus de deux
piédroits ou piliers ifolés , fera bandée comme une
voûte d’arête. Si elle eft fourenue par tous les murs
qui forment l’enceinte qu’elle couvre , on la bandera
comme une voûte en arc de cloître ; enfin elle fera
bandée comme une voûte fphérique , fi elle eft fup-
portée par une enceinte circulaire. Les figures ,
2.6 , zy & 18 , (V o y e z les pi. relativesj d la con-
flruttjon. ) indiquent l’appareil qui réfulte des différentes
maniéré de bander les voûtes dont nous venons
de parler.
On bande les voûtes de plufieurs autres manières;
mais celles que nous avons indiquées font celles qui
conviennent le mieux , tant par rapport à la régularité
que par rapport à la foiidité.
Les appareilleurs cherchent fouvent à tirer vanité
d’un arrangement extraordinaire qui n’a d’autre
mérite que la difficulté de l’exécution. On peut s’en
convaincre en voyant le plafond du porche intérieur
de Péglife de S.-Sulpice à Paris , où l’on a figuré
dans l’appareil le chiffre du Saint. II y a d’autres
voûtes , qui font bandées en fpirale, en étoile, en
lo fan g e , en échiquier, &e.
Au Palais Bourbon à P a r is , on a cru diminuer
l’effort de la pouffée, en bandant les voûtes & les
arcs doubleaux diagonalèment. y mais il eft certain
qu’on a d in^ u é .leur foiidité:,_& qrie., fi les voûtes
euffent été d’un très-grand diamètre , elles .auroient
exigé des points d’appui; beaucoup plus confidéra-
bles que celles qui font bandées * félon la courbe,
perpendiculairement aux piédroits. ( V o y e z Pouffée
des voûtes. ' ) .... ... u
On ne fauroit dire dé.la plus grande partie des
voûtes des anciens qu’elles étaient bandées ; car elles
font , pour.ia plupart, çoriftraitesf en blocage
à-dire d’un amas de petites pierres iftêlées au mortier,
jettées fans ordjre, fur uncéintre de bois qui I.eur fervoic
de moule. Çes fartçs de yaûtes ne dévoient leur foiidité
qu à la bonté du mortier , par le moyen duquel dans
la fuite elles rieformoient qu’un feul corps. Cependant,
Iorfque ces .voûtes avoient une-: certaine étendue,
elles finiffoient par fe défunir en grandes parties, dont
les joints, f e , trouvoient. fouyent en contre-fens des
coupes.} c e . qui ehtraînoit quelquefois tout-à-coup
&, en entier leur ruine , comme l’attellent enebre un
grand nombre de monumens.' Il ne relie prefque oe
Voûtés antiques que celles qui ont été bandées en
briques ou en pierres de taille. Celles qui nous relient
en blocage font ordinairement fi petites & fi épaiffes
que la défunion n’a pu s’y opérer.
Les voûtes des thermies de Dioclétien fe io n t ;fou-
teoues , p^rce qu’elles font, fortifiées de diftance en
diftance par des arcs en briques , qui fe prolongent
de droite & de gauche dans la voûte , tandis que
toutes celles dés thermes de Caracalla, de T itu s , &c.
qui n’étoientconfttuites qu’en blocage, font tombées.
{Paye{ C o n s t r u c t io n 6» V o ûte. ). .
B A N Q U E T T E , f. f. eft une retraite en pierre de
taille, pratiquée quelquefois au bas des édifices * ou
une élévation de lo i de peu de hauteur, fur laquelle
on peut s’affeoir comme fur un banc. : les Romains
appelaient decurfores toute efpèce de banquette. Ce
nom ne fauroit pourtant convenir qu’à celles qui
forment un petit .chemin relevé pour les gens de
pied , foit le long des routes , foit dans les?rues des
villes. On diftingue les banquettes, des trottoirs.!On
appelle de ce dernier mot. celles qui ont une certaine
largeur, comme on en voit aux Ponts de Paris,
ou dans les jriies de Londrés. f V o y e z trottoir. ) Le
mot de banquetteproprement d it, ne convient qu’aux
retraites de peu de largeur, pratiquées le'lon g des
édifices, pour qu’un feul homme puiffe y marcher.
C’eft ainfi qu’on appelle les rebords que l’on construit
dans les canaux , les égouts , &e. ( Foye^
plus bas. )y
Dans les ouvrages de terrâffe ou de fouille de
terre , on donne le nom de banquettes à des efpèces
de retraités qu’on pratique de quatre pieds & demi
èn quatre pieds & demi environ., pour ÿ jetter lès
terrés qu’on creufe plus b a s , & delà fur le bord de
la fouille. Ainfi, pour une fouille de quatorze à quinze
pieds dé profondeur , on pratique deux banquettes.
Banquette >(e dit encore' des appuis de pierre* ou
des petites élévations ordinairement de quatorze polices,
qu’on pratique au ban des croifées qui doivent
avoir un balcon extérieur. C e s banquettes :(ont en
pierre de taille * avec mie feuillure pour recevoir la
croifée de menuiferie. On s’y afiied : pour plus de
commodité, on les garnit de couffins. La hauteur des
balcons, réunie à celle de la banquette » doit être le
niveau du; coude pour qu’on puiffe s’y appuyer commodément.^
Voyeç A p pu i . ) Banquette eft auffi le
nom d u balcon qui pofe fur cet appui: le nom de balcon
ne fe donne qu’à celui .qui occupe toute la hauteur
depuis je niveau: du parquet jufqu’au fommet de
l’appui.
B A N Q U E T T E ..-( architeBure hydraulique.) C ’eft
nn [entier co.nftruit dés, deux côtés du canal d’un aejue-
,uc 011 lô.n peut marcher , afin d ’examiner fi. l’eau
6ajf et® ôu . j e 1 perd .en quelqu’éndroit. On donne
?r mWement 5$ pouces de large : à ces fortes de
banquetas. ■ ,,, ■
B A N Q U E T T E . (jardinagei ) Nom qu’on donne,
dans les jardins peignés, à des palfiffadas qui n’excèdent
point la hautéiU* d’appui, c’eft-à-dire trois o a
uatre pieds. CeS paliffades ainfi ravalées ^’employent
ans lescôtés des allées doubles, parce quelles n’iü-
cerrompent point le coup d’ccil entre lés tiges des
arbres. On y laiffe quelquefois, d’efpace en efpace.,
des boules échappées de la banquette même.
Les banquettes Ce font d’i f s , de buis & de charmille.
B A P T IS T È R E , f. m. C ’eft le lieu, ou l’édifice
dans lequel on conferve l’eau pour baptifer.
Les premiers'Chrétiens, fuiyant Tertulien , n’a-
voient d’autres bautifières que les fontaines, les rivières
, les lacs o,u la mèr , qui fe trouvoiént plus à
portée-de leurs habitations.
Dès .que la religion Chrétienne fut devenue celle
d;es empereurs , outre les églifes on bâtit des édifices
particuliers , uniquement deftinés ; à l’adminiftration
du baptême, & que , par cette raifon , on nomma
bqptijlcres.
Quelques auteurs ont prétendu que ces baptiflères
étoient anciennement placés'dans lé veftibule intérieur
des églifes comme lè font, aujourd’hui nos fonts
baptifmaux. C ’eft une erreur : les baptiflères étoient
des ' édifices entièrement’ féparés des bafiliqües, &
placés à quelque diftance des murs extérieurs de
celles-ci. On confond aujourd'hui le baptiflèreavéc les
fonts.baptifmaux. Anciennement on diftirio-uoit exactement
ces deux chofes , comme lé tout & là partie.
Par baptiflère .on entendait tout ledifice où l’on
admihiftroit le baptême 5 & ‘leS 'fonts^ietoient autre
chofe que la fontaine, - oii fe réfervoir qui contenoic
les eaux dont on fe fervoit pour le baptême*
Les bavtiflètcs féparés dès églifes ont fubfifté jaC-
qu’a la fin du VIe fiècle , quoique dès lors on en voyé
déjà quelquesf-ünÿ plâcés; dans le veftibule intérieur
dé rég life,.te l que celui ou Clovis reçut lé baptême
dés.mains de S. Remi.- Ce t ufage eft enfuite devenu
général., fi l’oii en excepté un périt nombré d’ëglifes
qiii o n f retenu l ’ancien, comme celle de Florence,
toutes, les villes épifçqpâles de la Tofcane , la métropole
de Ravenne, & î’églife de S. Jean-de-Latran à
Rome. 1 ‘
. -Ces.édifices , la plu p a r t, .étoient d’une
grandeur .cpjyfidéral^le.^Selqn la; difeipline des pre-
rpiers^.^è^le?,* : je., baptême ne fe. dqnnoit alors que
pay- iinmerfto;n , & 4,hors.fe. cas de néceflité ) feulement
.aux deux- .fêtes les .pins, foftmnélles de l’année.
Le concours prodigieux dé^ceux qui fe préfentoient
au baptême; , la bienféance qui vouloir que les
liommes fuffent baprifés féparément des femmes,
demandèrent de vâftes édifices. Auffi le baptiflère
de l’églife de Ste Sophie à Confia ntinople , étoit-
il fi fpacieux , qu’il' fervit d’afyle à l’empereur
Bafïlifque, ôc de falè d’affemblée à un Concile fore
nombreux.