
effemiels de Tes différentes parties. Sa forme étoit
elliptique, .comme celle de tous les monumens de
ce genre, qui nous reftent des anciens. Toute
la partie qui formoit les gradins pour les ipec-
tateurs fubftfte encore. C’eft un talus très-peu
incliné, il l’eft même fi peu qu’on monte très-
facilement fur l’inclinaifon de fou plan. Ce qu’il
y a de fingulier, c’eft qu’il ne paroît pas qu’il y
ait jamais eu de gradins en pierre , comme on en
voit à tous les théâtres antiques. La furface de
ce plan incliné eft non-feulement unie & fans le
moindre veftige de gradins ; mais on en voit encore
des parties confidérables toutes entières,
couvertes d’un enduit très-liffe & parfaitement
confervé, enforte qu’il paroît que les gradins fur
lefquels le peuple étoit aiïis , dévoient être conf-
truits en bois.
La première galerie extérieure qui entouroit
ce monument, étoit, comme on le voit par ce
qui en refte encore , conftruite en belles pierres
de taille pofées à fe c , & d’une manière fi indef-
truôible, que la fureur des Barbares, ni le
tems, n’ont pu encore parvenir à démolir cet édifice
; il n’en enterré que jufqu’ à la moitié' du
premier étage, qui étoit décoré d’un ordre dorique
coloffaï.
Les galeries extérieures conftruites en briques,
& revêtues de ftuc , font affez confervées, quoique
tous les jours on vienne en arracher des
matériaux, & qu’une grande partie en ait été
enlevée pour former la nouvelle v ille , l’églife
cathédrale , ainfi qu’une grande partie des maifons
& des bâtimens particuliers. On a même décoré
l ’extérieur de Thôtel-de-ville avec des buftes ou.
des têtes de divinités qui étoient placées fur les
clefs des arcades, comme on en peut juger par
celles qui font encore refiées au plan.
La diftribution des efcaliers .intérieurs étoit aufli
noble qu’ingénieufe pour la commodité & le service
du fpe&acle. Ils fe fortnoient de déux rampes
montantes à un même pallier qui difiribuoit enfuite
à deux rampes nouvelles.
Le feçond ordre étoit moins riche que le prf"
mieiv En général l’exécution de l’édifice éto,£
belle, mais l’architeâure paroît avoir eu quelque
chofe de négligé, comme dans tous les monumens
de ce genre, que leur immenfité fembloit
difpenfer des recherches & des foins qu’on ap-
portoit à ceux d’un,e moindre étendue. Ce que
l ’on peut remarquer feulement, c’eft que le
chapiteau des colonnes doriques a fon tore fait
en doucine, au lieu d’être en quart-de-rond, ce qui
ne fait point un mauvais effet.
L’intérêt & une forte de refpecl que nous inf-
pirem toujours les monumens des anciens, font
que l’on recueille avec curiofhé le% débris même
les plus informes., & tout ce qui a pu échapper
au tems ou à la barbarie des hommes, Encore
glus deftruûeurs que le teins,.
A très-peu de dîftance de l’amphithéatre dont nous
venons de donner la defeription , on rencontre plu-
fleurs arcades formées en briques & de la plus an-;
cïenne conftru&ion. Leur proportion coloffale &
leur fituation ont fait croire à plufieurs voyageurs
que ce-devoient être les portes de l’antique ville de
Capoue. Cependant cette décoration de niches que
l’on voit au milieu des maflifs , & qui fe retrouvent
fur les deux faces, femble éloigner cette idée $
feroient-ce les reftes de quelque portique fameux,
de quelque arc-de-triomplie
Les environs de Capoue font remplis de tombeaux
les plus curieux. Les plus entiers font près
_des ruines de cette ville. Il en eft un qui mérite
attention autant par la manière dont il eft décoré,
que par la folidité de fa conftru&ion. Son plan
eft circulaire & divifé eii vingt quatre entre-
colonnemens, dans lefquels font alternativement
une arcade & une niche de même grandeur j à
l’exception de neufentr e-colonnemens quioccupent
la face poftêrieure du monument-, & entre lefquels
on ne volt aucune décoration.
L’entrés du tombeau eft de ce coté. P-n communique
avec la chambre fépulcrale qui eft dans
le milieu, par un corridor revêtu du plus bel
enduit, parfaitement confervé & brillant comme
du marbre. On ne peut le brifer qu’avec peine
'& on voit par les éclats, qu’il contient en effet
de la poudre de ynarbre. Le dedans de ce monument
eft très-défiguré , cependant on peut encore
reconnoître des indices füffifans du plan
intérieur.
Il y avoit à ce tombeau un couronnement
qu’on diftingue fort mal, à caufe de la quantité de
broffailles & d’arbuftes dont il eft couvert en-
grande partie. On peut voir feulement qu’il étoit
décoré de petits pilaftres qui^ne répondent pas
aux colonnes du bas..
On voit un autre petit tombeau placé à pende
diftance du premier, & fur la route de Ça-
poue à Caferte. Il s’élève fur un foubaffement
fort haut & quarré. Les quatre faces du. premier
étage font circulaires, & préfentent par leur plan
à-peu-près la figure d’un tailloir de chapiteau,
corinthien, dont les faces, comme on le fait,,
font échancrees. Chaque angle eft flanqué d?une-
colonne dorique fans bafe , mais dont lé chapiteau
ne fubfîfte plus. Chaque face eft décorée d’une
grande niche furmoniée d’un fronton & accompagnée
de deux autres plus petites. Elles étoient.
fans doute deftinées à recevoir des urnes,.
Le fécond étage orné de colonnes corinthiennes,
& de niches, eft circulaire , & fe termiae ..par
un entablement qui a pu être couronné d’ua
piédeftal qui recevoit une ftatueeu quelque autre,
genre d’amortiffement. Quoique, ce monument
foit d’une archite&ure un peu tourmentée, fa forma
en- général eft pittprefque, & pyramide; agréa.-
H ement à Tce.iL
Mais on trouve encore aux environs de cette
ville une affez grande quantité de tombeaux, dont
on peut calculer l’antiquité par les genres diffé-
rens de leur conftruâion. Les uns élevés hors
de terre ont leurs murs faits de briques ou de_
pierres dont la grandeur eft médiocre. 11 y en a
dont les aflifes font interrompues par des cours
de briques, & fouvent on en voit dans lefquels
on a employé cette efpèce d’ouvrage en mofaïque
que Vitruve appelle retkulatum , parce qu’il eft
en forme de rézeau.'Cette manière de conftruire
s’introduifit à Rome vers la fin de la république ,
& tous ces tombeaux font évidemment romains ,
comme le prouvent encore les inferiptions qu’on
en a tirées, & qui font répandues dans les recueils
faits fur ces fortes de matières.
Les tombeaux , à tous égards les plus curieux,
qu’on découvre entre l’ancienne Capoue, No la
Calazzo , qui eft la Calatia des anciens & le Vul-
turne ; font enterrés à la maniéré des Grecs,
conftmits fans aucun mortier avec de gros quartiers
de pierre , qu’à peine deux mulets pourreient
traîner. C ’eft ainfi que fe font bâtis les murs de
Tyrinthe, ville ruinée par les Argiens, & la
porte de l’ancienne Mycènes qui paffoit pour
l’ouvrage des Cyclopes. Cette forte de fabrique
originaire des Etrnfques eft, comme nous lavons
dit ailleurs , la plus ancienne de toutes , & doit
donner une grande idée de l’antiquité des monumens.
On peut en voir la repréfentation alatete
du chap. a du tom. 11 des Antiquités etrufques,
grecques & romaines. On y apperçoir que ces
tombeaux enterrés n’avoient ci portes ni fenetres.
C AR A C T E R E , fl m. H eft peu de mots d’un
ufage plus fréquent & plus familier que celui qui
va Taire le fujet de cet. article. 11 en eft peu aufli.
qui aient éprouvé d’une manière plus fenlible lin fluence
de l’ufage.
L’effet d’un grand ufage eft, comme l’on fait,
d’altérer la fignification des mots , d’emouffer 1 empreinte
originelle des idées qui y font attachées ,
dV introduire enfin l’équivoque d’un fens vague
& indéterminé, fource d’erreurs & de débats
entre ceux qui s’en fervent. *
C’eft bien fur-tout dans le langage des arts que
ce genre d’abus fe fait remarquer.
Tout langage eft une peinture dont la nature
fournit les couleurs &les nuances ; mais ces couleurs
font en petit nombre & leurs nuances aufli.
Le befoin & les arts dont il eft le père s’emparèrent
les premiers & tout d’abord de ces tons
tranfpofition ou de métaphore qui fend la langue
des arts tout à la fois fi pauvre & fi équivoque.
Souvent un mot détourné du fens fimple que
préfente fon acception ordinaire , ne laiffe que
confufément appercevoir l’idée fugitive dont il eft
revêtu. D ’autres fois les fenfations compofées qu’il
doit rendre,ne fe trouvent point fuffifamentindiquées
primitifs. Les. arts qu’enfanta le plaifir ne vinrent,
qu’âprès : le langage qui voulut exprimer & rendre
toutes les fenfations qu’ils comportent, ne put e
former de ces é'iémens pmfés à la fource de la
nature. Il fallut emprunter de la langue du befoin
des couleurs déjà broyées par un ong mage,
tranfportcv enfin à ces idées nouvelles les tons
d’une autre peinture. C ’eft cette Cipece de I
; & l’idée mal repréfentée par une expref-
fton oifeufe & bannale , échappe, à l’explication
qu’on en donne, Souvent aufli le même mot, par un
double & triple emploi, fe trouve obligé d’exprimer
des idées, finon contraires, au moins très-différentes.
Telle-eft une des difficultés attachées au développement
de la théorie des arts, qu’il faut fou-
mettre les mots à-la difeuflion de la définition la
plus élémentaire, avant de paflèr à la définition
de l’idée qu’ils doivent reptéfenter.
Au milieu de tout ce que ce langage fi imparfait
prèfente d’obfct rués & d’indécifions , l’étymologie
même des mots eft toujours le point auquel
peuvent fe rallier les notions les plus con-
fufes , & ce fil en apparence fi foible, fera le
guide le plus sûr au milieu des routes incertaines
que la métaphyfique des arts jufqu’à préfent fi
peu & fi mal développée , nous force de parcourir.
On verra que les différentes acceptions-
du mot caractère trouveront dans fon étymologie
même leur explication la plus naturelle..
, Etymologie du mot caraâère.
Ce mot vient du grec %«p*)tTtip ("marque imprimée,
forme diftinflive ) qui" eft formé du verbe
ya.f cutosiv ( graver , imprimer )-• Ainfi caraHhe
fignifie une marque ou figure tracée fur la pierre,
fur le métal, fur le papier ou fur tome autre
matière , avec le cileau, le burin , le pinceau r
l'a plume oit tout autre infiniment, pour être le
figue diftinflif de quelque chofe. Il fignifie dans:
le langage figuré ce qui conftitùe la nature des
êtres d’une manière diftinflive & propre à chacun.
Mais on ne s’eft élevé à cette notion qu’en partant
de la première qui eft plus générale, plus
matérielle , & qui tient plus immédiatement ait
fens étymologique.
Définition générale ia mot caraélère prie- au figuré.
Les hommes'remarquèrent que la nature avoit
imprimé à- chaque efpèce d’êtres un figne dif-
tinftif & apparent qui les fait reconnoître pour
ce qu’ils font. Ils appliquèrent à cette grande manière
d’éerire de- ia nature , le mot qui expri-
moit les lignes dont on étoit convenu dans lar.
repréfentation des objets & des idées. Cette tranf-
pofuion du fens fimple au figuré fut d’autant plus-
naturelle, que dans l'origine des fociétés-les lignes-
matériels des objets furent les premiers èlémens-
de l’écriture, Ô4 des caraâeres dont elle fe. compote;.