
palais , avec des galeries & des portiques, ainlï que
ceux qu'il fit pour le bâtiment de la monoie. Il fut
chargé de la conduite de tous ces édifices. L a lo g e ,
qui eft toute de pierres de taille, & ouverte de deux
c ô t é s f u t - bâtie avec beaucoup de foin ; les arcades
, au lieu d’ être en tiers-point, félon l’ufage
univerfel de ce temps , furent faites en-plein-ceintre
ou circulaires ce qui produit un effet plus grand,
& un coup d’oeil plus agréable. Or gagna fit entre les
arcades de la principale façade , fept figures en demi
relief qui repréfentent les vertus. Cette loge plaifoit
téllement à Michel-Ange Buonaroti, que Cofme I.
de Médicis , lui ayant demandé un plan pour
décorer la place du palais des magiftrats , il lui répondit
qu’il n’avoir qu’à faire continuer la loge d’Or-
gagna, pour en environner cette pla c e, parce qu’il ne
pouvoit rien faire de mieux. Comme -ce monument
avoir coûté quatre-vingt fix mille florins, le prince
fu t épouvanté de la dépenfe , & s’en tint là. Un des
grands inconvéniens de cette fameufe loge , eft
d ’être expofée au nord , 8c par conféquent impraticable
pendant l’hyver , lors des grands vents.
-André Or gagna fit encore bâtir, une chapelle pour
y placer l ’image de la Ste V ierge ce petit édifice eft
d’un: goût mefquin ; mais le travail des Ornemens y
eft admirable. On y remarque en même-tems l’artifice
avec lequel cet architecte a joint les marbres,
entre lefquels il n’y a ni ciment, ni mortier. On y
a fupplée par des crampons de cuivre qui tiennent les
blocs de marbre dans l’épaiffeur des murs , fans
qu’on pûiffe les appercevoir.
L e frère de cet architede , -qui étoit fculpteur ,
fit auffi bâtir à Florence, la tour 8c la porte de St-
Pierre Gartolini.
A N D R E de PISE , né dans cette ville en I z y o ,
& mort en 1 3 45'. Il fut un des plus habiles archi-
tedes de fon tems. Il donna le plan du château
de Scarperia , à Mugeîlo , au pied de l’apennin.
On lui attribue encore les deffins 8c le modèle de
3’églife de St-Jean , à Piftoya , ' en 13 3 7. C ’eft
une rotonde très-bien bâtie pour le tems. Les mo-
numens qui firent le plus d’honneur à André de P ife ,
furent ceux qu’il éleva à Florence , par ordre de
G uàltieri, qui gouvemoit alors cette ville. Il augmenta
& fortifia le palais de ce duc ; dans la
fuite cet édifice fut divifé en trois, palais très-
Vaftes. C e t architéde fit environner Florence, de
tours placées de diftance en diftance , & éleva des
portes magnifiques, Il fit encore le. modèle d'une
citadelle, qui eut été bâtie du côté de.St-Georges
£ les Florentins n’euffent -chaffé Guàltieri, & fecoué
fbn joug. André de Pife continua cependant à mériter
l’eftiine dés Florentins , -qui lui - aboient‘d’àtiord
donné le droft-de. Bourgeoifie,8c,qui lui accordèrent
dans la fuite plufîêürs charges de ittàgiftfâture très-
honorabl'es. On prétfend ' que "‘cet architede donna
encore le deffin de l’arfenal de Vénife.
I l eut jpour éléve Thomas de Pife , 'que quelques
hiftoriens prennent mal-à-propos pour fon fils. C o
fut lui qui acheva la chapelle du Carnpo Santo,
ou du cimetière de P i le , & le clocher de la cathédrale
de cette ville,
A N D R O N IC , architede Grec , né à Cérefte, ère
Macédoine. On ignore dans quel fiécle -il a vécu.
Il fut,, dit-on , le premier qui étudia les vents , & qui
les réduifît à huit , qùe les anciens regardoient comme
les féuls vents principaux. Il fit bâtir à Athènes une
tour o&ogone de marbre , fur laquelle il répréfenta ,
dans les bas-reliefs qui ornoient chaque face , l’emblème
du vent qui rauffloit du côté oppofé. C e monument
étoit terminé par une petite coupole de
marbre , fur laquelle étoit un triton de bronze mobile
: cette figure tenoit une baguette avec laquelle
elle montrait le vent qui fouffloit. Les repréfentations
des huit principaux vents failoient allufion aux
effets que p rodu is it chacun d’eux. L e Zéphir étoit
repré fente ’ fous la forme d’un jeune homme , donc
les jambes & la poitrine étoient nues , & tenant des
fleurs dans un des bouts de la draperie qui lui fer-
voit de vêtement. C e t emblème faifoit voir que ce
vent eft celui du priritems. Un vieillard avec une
longue barb e , enveloppé dans fon manteau , & les
jambes couvertes, repréfentoit le froid Borée, &c„
Il faut encore 'remarquer que la voûte de cette tour
étoit divifée en vingt-quatre compartimens égaux de
marbre blanc , pour marquer les autres vents. C e
monument qui tenoit lieu d’une grande bouffole ,
fervoit encore de cadran : on en voyoit un de forme
concave fiir chacune des faces de cette tour ; 3
eft vrai que ces cadrans ne montraient en particulier
qu’un petit nombre d’heures, mais ils les indiquoieric
toutes fucceilivement lorfque le foleil paroilloit fiir
l'horizon.
Où voit encore ce monument fîngulier parmi les
ruines d’Athènes.;( F u y tç A thènes.) Les murs extérieurs
font formés avec des blocs de marbre d’une
grandeur confidérâble ; mais l’intérieur eft obfcur &
petit.
A N D R Ô N IT ID E S . C ’étoient les appattemens des
hommes dans les maifons 'des Grecs , ils étoient
féparés, des Gyneçéés ou appàrtemens des femmes.
(FVyeç Maison. )
A N D R O U E T du C E R C E A U . ( Jacques. ) C e t
architecte vivoit vers la fin du feiziéme fiécle. On
croit qu’il naquit en France. Il fut architede de
Henri I Ï I , qui lui fit bâtir le Pont-neuf, le plus
beau qui foit a Paris. C e Pont fut commencé le 30
M a i'r 5 7 8-, mais il ne fut fini qu’en 1604 , 8c par
Guillaume Marchand. Son fol eft de douze toifes
de large , .y-compris "fept, pour les deux tro'toirs. II
eft compofé de doiize arches qui s’étendent fur les
deux bras de-la rivière dé Seine, & il eft décoré
de confdles foutenues par des mafcarôns ornés de
fleurs & de feftons, qui fupportent la cotgiche des
deux côtés.
Androuet après avoir décoré Paris de plufieurs
hôtels , tels que ceux de Sully , de Mayenne , des
Fermes Générales , 8cc. donna le deffin de la grande
galerie qùe Henri IV fit ajouter à fon château du
Louvre ; & fut encore chargé des augmentations
que ce prince fit faire au palais des Tuileries.
C e t artifte qui jouifloit d’une eftime fingulière en
France, facrifia tous les avantages qu’il y a v o it ,
pour aller vivre en pays étranger , ne voulant pas
être inquiété dans l’exercice de la religion Proteftante
à laquelle, il étoit fincèrement attaché. On ne fait
çn quelle année il eft mort.
Il fit imprimer plufieurs. ouvrages^ dont les principaux
font : différentes pièces 6» monceaux d‘architecture
; les plus excellens bâtimens de France ; def-
cription des édifices des anciens Romains ; un Traité
de perfpeflive, auquel on a joint un recueil de com-
pofitions Grecques,
A N G E & A U G U S T IN de S IEN N E . Ces deux
frères dont les ancêtres étoient architeéies dans le
douzième fiécle , le furent eux-mêmes , 8c devinrent
les meilleurs éléves de Jean de P ife , fous lequel
ils étudièrent l’architecture. Auguftin donna en 1308
le plan du palais des neuf magiftrats, qui gouvernement
alors la ville de Sienne. Ï 1 fe fit une fi grande
réputation , qu’il fut choifî avec fon frère A n g e ,
pour avoir la furintendance de tous les édifices publics
de Sienne ; ils furent chargés de faire éîever
la façade feptentrionale de la Cathédrale. Ces architectes
rebâtirent deux portes de la ville , & commencèrent
l’églife & le couvent de St-François , avec
l’églife de fainte Marie qui eft dans la place Manetti,
Ils firent enfuite conftruire la grande fontaine qui eft
en face du , palais de la feigneurie ( c’eft-à-dire de
rhôtel-de-viile , ) ainfi que la falle du grand con-
feil. Ange & Augufiin de Sienne achevèrent la tour
dû palais public , 6c firent bâtir plufieurs édifices à
Affife , à Orviéte & à Arezzo ; & y exécutèrent
auffi plufieurs morceaux de fculpture. On ignore
l ’année de leux mort.
ANGLE , f. m. eft l’efpace compris entre deux
lignes qui fe rencontrent 8c fe coupent en un point 5
il y en a de trois fortes en général : l’angle droit ,
l ’angle aigu , 8c {‘angle obtus.
A N G L E V I S U E L , ( H ) doit être confulté en
architecture pour déterminer le rapport des grandeurs.
On obferve que. la hauteur a néceffairement des
bornes déterminées, par le befoin de voir commodément.
On voit allez commodément de bas en haut,
lorfque le rayon vifuel forme avec la ligne horizontale
• un angle de 45 degrés. C e t Angle augmenté
jufqu’a 70 degrés, commencé à mettre les objets
élevés., dans une diftance incommode à la vue. C e
meme Angle augmenté au-delà , rend la diftance fi
gênants qu’il n’eft plus poffible d’y regarder fans
fe tordre le col. En fuppofant donc que l’Angle
vifuel a 45 degrés, foie le terme m o y en , & que
cet Angle à 70 degrés , foie le terme extrême pour
; la plus grande hauteur poffible , cet Angle à 10
degrés fera l’autre terme extrême pour la moindre
des hauteurs : poffibles , parce qu’il y a le même
| progrès en descendant de 45 à ro , qu’en montant
! de 4J à 70.
On peut donc établir pour, principe que toute
I partie d’architecture fufceptiblé de hauteur , paraîtra
j trop baffe du point de vue , fi l’Angle vifuel eft
j moindre de zo degrés , & trop haute , fi cet Angle
a plus de 70 degrés. ( Voye^ Propo r t ion . )
Comme , félon [es Angles différens des lignes vi-
fuelles , les objets parôifTent glus grands ou plus
petits, il eft de certains cas où l’architecte peut
changer les proportions ordinaires des différens membres
d’architeCture. L ’antiquité nous en fournit quelques
exemples , & Vitruve nous en donne quelques,
préceptes dans le fécond chapitre de fon fixiéme
livre. Néanmoins on doit obferver que ces chànge-
mens ne peuvent être qu’en petit nombre , & ne doivent
être employés qu’avec le plus grand ménagement.
Bien des architectes même penfent que ces
changemens de proportion ne doivent jamais avoir
lieu , parce que c’eft fubftituer une tromperie réelle à
une qui n’eft qu’apparente, &qu i celle même d’en être
une par l’habitude qu’a l ’oeil d’évaluer les diftances,
& de comparer les objets entre e u x , & par rapport
à leur éloignement.
On fait qu’en général, il y a deux choies qui
font juger de la diftance des objets : lavoir la grandeur
& la {couleur. C e font des accidens qui
diminuent 5c s’affoibliffent à mefure que les objets
s’éloignent. L a diminution de la couleur fe fait
par l’augmentation de la quantité d’air interpoftf j
la grandeur eft auffi diminuée par l’étréciffement:
des Angles formant des lignes qui viennent des
extrémités de chaque corps , 5c faifant un Angle
plus aigu , lorfqu’elles viennent d’un objet éloigné,
cjue celles qui viennent d’un corps voifin. M a is , bien
que .le s images des. chofes éloignées foient effectivement
plus petites dans l’oe i l , on ne peut point,
dire qu’il foit trompé pour cela , parce qu’il ne
laiffe pas de juger de la grandeur de ces corps d’après
la connoiffance qu’il a de leur éloignement.
A in f i, fans même que nous fongions aux régies de
la perfpeCtive, 6c fans que notre imagination examine
expreffément les raifons 8c les différens effets
dé l’éloignement , qui dépendent de l’étréciflèment
des Angles formés par les lignes vifuelles, le fens
commun manque rarement à obferver ces circonftan-
ces. S’il arrive, lorfque par hazard il y manque,
que la peinture ou la perfpeCtive nous trompe, c’eft
une marque bien certaine qu’il n’y manque pas d’ordinaire.
De forte que , pour rendre néceffaires les précautions
que Vitruve demande fur le changement des
proportions contre les erreurs de l’éloignement , &
de l’obliquité dés ob jets, il faudrait luppofer que
F i j