6 i $ C H A
équilatéral, qui divife la flamme en trois parties
& l’abaiffe fur la chaux.
Quand la chaux , qui eft touchée par la flamme,
commence à rougir, on introduit dans le four un
râble de fer à long manche, & l’on remue pour
ramener à la furface celle qui en étoit éloignée,
obferva'nt de ne la pas jetter dans le tifard. Cette
opération qui fe répète ail moins de quart d’heure
en quart d’heure, n’eft ni pénible,ni dangereufe:
le même ouvrier peut aifémerit fournir à ce fer-
vice , entretenir le L u , enfourner laJcAuM* éteinte,
& défourner la chaux v ive, quand il a eu la précaution
de placer d’avance à la portée fous les
matériaux &. les inftrumens dont il a befoin. Chaque
fournée exige environ deux heures ; la première
quelque chofe de plus pour échauffer le four. On
met à chaque fois la chaux qu’on en tire dans
des brafiers ou autres -v ai fléaux de fer battu. On
les bouche exa&etnent, fur-tout fl la chantc ne
doit être employée que quelques jours après;
mais il efl bien plus avantageux de ne la préparer
que la veille. .
Le point eflentiel efl de juger quand la calcination
eft parfaite. La pratiqué apprendra en très-
peu de temps aux ouvriers à ne pas s’y tromper.
Voici néanmoins quelques indices qui pourront
les guider.
On remarque que la chaux eft arrivée à fon
point de cuiffon parfaite & de fon entière revivification
, lorfqu’en la ramenant au-devant du
four pour l’en tirer, il s’en élève tout-à-coup une
belle flamme blanche très-légère , qui paroît for- i
mée par le mélange fub.it de la vapeur de la chaux ■
avec l’air extérieur.
Il efl une autre indication moins fujette encore
à équivoque , & qu’il fera bon de fuivre une ou
deux fois dans les commencemens elle n’exige
ni calcul, ni appareil d’inftrumens.
On pèft exa&ement une pierre de chaux v iv e ,
en la met à part pour la laiffer éteindre à l’air,
©n msfure avec le plus d’exaétitude poflible le
volume de la chaux en pouffière que cette pierre
a donnée ; & fi, en fort-ant du f o u r u n pareil
volume n’a plus que le meme poids qu’avoir la
pierre de chaux v iv e , il n’y a pas de doute que
la nouvelle calcination l’a ramenée au même point
©à elle étoit avant l’extinâicn.
Quant à la manière d’employer cette chaux ,
elle eft abfolument la même que celle indiquée par
M- Loriot. ( voye^ Partiale Mortier ) , où L’on
parlera de la meilleure manière d’éteindre la chaux.
tant pour la maçonnerie que pour les enduits.
La dureté confidérable qu’acquiert le mélange
de la chaux avec les blancs d’oeufs & les la tages j
préfente un hénomène phyfique dont on n’a
pas encore donné de raifous fatisfaifan-t.es, qu’il
faut ranger dans la elaffe des faits purement observés..
Heelier prétend avoir porté fl lo in , par une
CHE
i manière particulière, l’endurciffement d’un ml-a
lange de chaux vive & de fromage, que la du.
retè de ce compofé artificiel étoit peu inférieure
à celle du diamant. La compofition des marbres
artificiels , la préparation 'de piufieurs. maftics
propres à recoller les porcelaines caflees, font
fondées fur cette propriété de la chaux ou dis
plâtre qui, en ceci, a la pliis grande analogie avec
la chaux. ('Voye{ PLÂTRÉ , StüC ).
Rapport & différence de la chaux & du plâtre.
Tout ce quia été rapporté jufqu’ici .des principales
propriétés de la chaux , fuffit fans doute
pour la faire dtftinguer des fubftances auxquelles
elle eft le plus analogue ; comme les alkalis fa lins,
les terres abforbantes, parmi lefquelles on comprend
la terre des cendres des végétaux. Il refte
encore à expofer les propriétés qui lui font communes
avec le plâtre, que la plupart des natu»
raliftes. ont confondu avec elle.
Ces deux fubftances ont de commun leur origine
, ou la qualité, de produit de la calcination;
leur, confiftance rare & - friable, leur mifeibilitè
réelle avec l’eau, & leur qualité diflblvante du
fouffre ; leurs caractères diftinCVtfs confident en
ce que la plupart des pierres gypfeufes fe réduifent
en plâtre par un feu très-léger & très-intérieur à
celui qu’exige la calcination des matières calcaires,
que-la chaux eft foluble dans tous les.acides, &
que le plâtre ne fe diflout dans aucun d’eux ; que
le mélange, du plâtre avec dë l’eau fe durcit, ce
qui n’arrive point pour la chaux, à moins qu’on,
n’y mêle du fable. De plus, le plâtre fe durcit plus,
promptement que la chaux ; & fi ©n lui ajoure des
parties, limonneufes , il devient plus dur. que le
-mortier. La chaux ne fe détruit pas par un feu
violent, & quand elle a été éteinte , elle reprend
fa première qualité,fl on la fait rougir au feu. Le
plâtre , au contraire, eft tellement détruit par un
feu violent,, qu’il perd fon gluten, au point de ne
plus faire corps avec l’eau de ne pouvoir plus
reprendre fa première qualité par une fécondé
calcination,. Le plâtre détrempé avec de l’eau a
une odeur d’oeufs pourris, que n’à point la chaux,.
La décodion du plâtre ne diflout pas fi bien le
fouffre, que la décod'tpn de la chaux.
La chaux fe vend à Paris au muta ,, qui contient
48. minots. Le muid fe divife encore en douze
feptier le fept-ier en deux, mines, l’a miné en
deux minots, dont chacun contient un pied cube.
Qn mefure.encore la chaux par futailles chaque
futaille contient huid pieds cubes ; pour un muid!
il faut fîx futailles,.dont trois font mefurées combles
& les trois autres rafes.
Un. minot de bonne- chaux en pierre doit rendre
deux minots de chaux éteinte.
1 CHEF-D’OE l) VR E , f. m. Tout le monde con«°
ttûît l’acception de ce mot,, dans la fens & l’idée
C H E
a j perfeflion ou de beauté qu’on y attache.-Mais
il a dans les arts d’utilité une lignification1 plus
technique, & il fe donne à.l’ouvrage propofé par
une communauté à ceux qui veulent devenir
maîtres, pour faire montre de leurs talens St de
leur capacité.
Chaque communauté a fon genre particulier de
chef-d’oeuvtt.Celui du maître maçon eft uneptece.
de trait, telle qu’une defeente biaife par tête en
talu, qui rachète un berceau ; celui d’un charpentier
eft la courbe .retapante d’un efcalier; celui
d’un ferrurier eft une ferrure à piufieurs fermetures,
avec des clefs forées & - évidées entrefle,
en tiers-point, en lofange & à double garniture ;
celui du couvreur eft une lucarne proprement
raccordée en fa fourchette, avec un comble ; celui
du vitrier, un panneau de compartiment de verres
de couleurs, caves', encadrés & affembiés avec
du plomb. Au refte , on fe formerott de ce genre
d’inftitution une idée trop avamageufe fi 1 on
croyoit que l’examen de la capacité de 1 afpirant
fe faffe de manière à s’en affûter réellement. Outre
que de telles précautions étant de véritables entraves
mifes à l’exercice des facultés individuelles,
font injuftes, elles font dé plus illufoites, parce
que l’argent, qui peut acheier, pour faire un
chef-a oeuvre, les talens d autrui, fert aufli a cor
rompre les juges.
CHELM1NAR. (Voyiq Persepolis.)
CHEMIN , f. m. Efpace en longueur fur une
certaine largeur, qui fert de paffage pour aller
d’un lieu à un autre.
Chemin aquatique. On appelle ainfi tous les chemins
faits fur les eaux courantes des fleuves & des
torrens, comme les ponts & les dignes & fur
les eaux dormantes, comme les levées à travers
les marais & les étangs. On comprend aufli,
fous le nom de chemin aquatique, les rivières navigables
& les canaux faits à la main, comme on
en voit dans toutes les contrées de l’Europe.
^ l ' i i y e e C A N A L . )
Chemin artificiel. C ’eft un chemin qu’on fait à
force de bras , fait de terre rapportée , foit de
maçonnerie, & dont Fexiftence eft due entièrement
au travail des hommes. Telles font la
plupart des levées, le long des rivières, des marais,
des étangs.
Chemin comblé. Ceci a deux fignificarions. Ou
c’eft un chemin qui eft fait dans une vallée ou
fondrière, pour regagner deux côtes de montagne,
©u un chemin antique que les décombres de quelque
ville voiflne ont couvert d’une certaine epai fleur
de matériaux , enforte qu’en fouillant on découvre
l ’aire de l’ancien pavé.
Chemin de carrière. C ’eft ou le puits par ou 1 on
defeend dans une carrière pour la fouiller, ou
l ’ouverture qu’on fait à la côte d une montagne
pour eu tirer de la pierre ou du marbre»
C H E <329
Chemin de traverfe. Eft celui qui communique à
un grand chemin. On appellé aufli chemin de traverfe
tout fentier de détour plus court qu une route
ordinaire.
Chemin double. On appelloit ainfi , chez les
romains, un chemin pour les chas rois à deux
chauffées, l’une pour aller, 1 autre pour venir,
afin d’éviter- la confufion. Elles étoient (èparéesr
par une levée, en manière de banquette de certaine
largeur, pavée de briques de champ, pour les
gens à pied , avec bordures & tablettes de piene
dure, des monteirs à cheval d’efpace en efpace,
& des colonnes militaires pour marquer les dif- •
tances. Le chemin de Rome a Oftie, appelle le
Portuenfe, étoit de cette manière.
Chemin droit. C’eft le chemin le plus court, la
plus à la ligne & de niveau qu’il eft poflible.
Chemin efcarpe. C ’eft celui qui eft fait fur la
côte d’une montagne, par ftnuofités , & qui efl
foutenu du côté du précipice par des levées de
pièces fèches & quelquefois de maçonnerie en
certains endroits, comme ceux des Alpes; pour
paffer de France en Italie , & ceux des Pyrénées
pour aller en Efpagne.
Chemin fendu. Chemin qui eft fait dans quelque
butte ou montagne, dont on a ôté la crête 8c
relevé les berges pour le rendre plus doux. On
entend encore par chemin fendu celui qui eft taillé
dans un rocher, comme il y en a en Provence
&• en Languedoc, faits par les Romains, ou
comme celui des Alpes, que Charles-Emmanuel II,
duc de Savoie, a fait couper en 1670, entre
Chambéry & Turin.
Chemin ferme. On donne ce nom à celui dont
le fol eft affermi par la terre battue, ou formé de
cailloux , de roche ou de- fable, ou d’une aire de
maçonnerie, compofée de chaux, de gravois, de
Briques & de teffôns de pots, ou enfin qui eft-
pavé de quartiers de roche. ,
Chemin ferré. Les Romains appelaient ainfi tout
chemin pavé de pierres extrêmement dures, ou parce
que ces pierres avoient la dut été du fer, ou plutôt
parce qu’elles réfiftoient aux fers des chevaux 8c
des charrois. On nomme aujourd’hui chemin ferré
celui dont le fol eft de roche vive ou formé
d’une aire de cailloux.
Chemin militaire. Les Romains donnoient ee nom
aux grands chemins par où pailoient les armées.
. Chemin naturel. Celui qui eft fréquenté par une
longue fijccéftton de teins, à caufe de fa difpo-,
fi don , & qui fubfifte avec .peu d’entretien.
Chemin particulier. Chemin fait pour la communication
d’un château à un autre, ou à un grand
chemin. ( Voye:| A V EN U E .)
. Chemin public ou grand chemin. C ’eft tout chemin
droit ou trâverfant , militaire oU royal.
I Chemin rampant. Se dit de celui qui a une pente j fenfible. Quand cette pente eft de plus de fept