
lui fervent d’a v en u e; Sc certes, on peut dire .que
Je Bernin a enore rencontré le point milieu d’une
manière fi ju fte , qu’en vain l’imagination cherche-
roit entre ces deux objets, d ’autres proportions &
un meilleur accord.
La troifième ^difficulté confiftoit dans le raccordement
de ces galeries, avec le périftile du temple,
q u i, par l ’effet des changemens de Carle-Maderne,
n’étoit plus en colonnes ifolé es, mais offroit une
maffe de conffruéuoJn , contre laquelle des galeries
ou files de colonnes auroient peut-être produit un
contrafte trop fenfible. Bernin fauva habilement une
femblable diiparate, par les galeries pleines & rectilignes
qui commencent aux extrémités des colonnades
, & vont fe raccorder a vec la façade de Fégliie.
Je ne parle point des autres difficultés de raccordement
avec le grand efcalier du Vatican »avec
le défions du périffile de S. Pie rre, qui y a g agn é -
une plus grande étendue ; je ne parle pas des difficultés
d’exécution, que quatre rangs curvilignes de
colonnes produifent pour Pajuftement des plates-
bandes & des foffites ; de la manière" dont les colonnes
des cercles extérieurs grofîiffent en diamètre ;
ni de tous les détails d ’intelligence & de fagacité,
dont le Bernin a fait preuve dans cet ouvrage :
mais je dois répondre à une objection qu’on lui
a faite de tout temps, & dont j ’ai déjà dit deux mots
a l ’article C i r c u l a i r e ( voye^ ce m o t ) . Quelques
critiques demandent la raifon de cette forme curviligne
employée pour former, ou plutôt alonger
les avenues qui mènent au temple. A cet ég a rd,
on doit dire que le Bernin a fans doute, dans le
choix de ce plan circulaire, facrifié au plaifirdes -
y e u x & au defir d’agrandir Fafpe& de la place ;
maïs il faut (avoir aum que cette place n’a point
été rachevée félon fes projets, & qu’elle devoit offrir
un cercle ovale entier: la.partie de colonnade qui
ffevoit faire face au temple, n’a jamais été commencée.
A lo rs cette place entièrement circulaire , deftinèe
aux Droceffions & à d ’autres cérémonies, auroit
formé un tout comp let, contre lequel l ’objeâion
préfente n’auroit pu avoir lieu.
L a colonnade de S. Pierre fut commencée en
16 6.1 , fous le pape Chigi ( Alexandre V I I ) , qui en
pofa la première pierre le 25 août : elle eft formée
par deux grands portiques de 56 pieds de largeur.
Chaque côté eft divifé en trois avant-corps & deux
arrière-corps. Les avant-corps paroiffent un peu
maigres, mais les entrées des galeries qui portent
des "frontons, font d’une belle proportion. O n regrette
que le Bernin ait fait dans cet édifice un
peu trop d’ufage de gros pilafires quadrangulaires.
Quatre rangées , de colonnes doriques forment
dans chaque colonnade trois allées, dont celle du
milieu eft affez large pour que deux voitures y
paffent. On compte dans chaque colonnade 24
pilafires & 140 colonnes de pierre de tavertiri ,
élevées fur trois degrés, & qui ont 40 pieds de
hauteur, y compris les chapiteaux & les bafes.
Elles foutiennent un-entablement ionique a furmonté 1
d ’une balufirade, aü-deffns de laquelle on a placé
88 fiâmes de faims & de faintes. Ces figures ont
15 pieds & demi avec leur b a fe , & elles donnent
au total de l’édifice 6 5 pieds de hauteur au-deffus
du pavé de la place.
L ’allée du milieu , plus large que l'es deux collatérales
, eft voûtée ; les deux autres font plafbnées
& formées par de grands caiffons qui ont toute la.
largeur de l ’entre-colbnnement.
Le P. B onanï, qui a voulu évaluer la dépenfe-
de cette colonnade, Fa fait monter a 850 mille écus?
romains, ou plus de quatre mitions & demi d e
notre monnoie. Voyeç encore ce qui à été. dit de
cet ouvrage , à l’article Bernin.
C olonnade polistyle. C ’efi une colonnade
dont les colonnes font en fi grand nombre , qu’on-
ne les peut comprer d ’un feul afpeâ . Telle eft la
colonnade de S. Pierre, où l’on compte phïfieurs-
centaines de colonnes. ( Foyc^ l’article précédent ) .
C olonnade de verdure, ( jardinage). C ’eft une
fuite de colonnes faites avec des arbres 8c de la
charmille à leur pied. ‘
L ’orme, eft de tous les arbres le plus propre à
cet ufage. O n choifit dans une pépinière des ormes
mâles, hauts, menus & rameux le long de la
t ig e , & on les plante fans leur couper la tête a vec
toutes leurs ramilles. Ces ramilles fe conduifent
8c s’élaguent dans la forme d’une colonne. On les
dépouille de quatre ou cinq pieds de haut, pour les
faire monter, 8c on garnit le bas de la colonne-
de charmilles 8c d’ormeaux, pour figurer la bafe 8c
le focle. Le chapiteau fe forme 8c fe taille fur les"
branches de Forme. Pour la corniche 8c l’entablement
, on fe fert de branches, échappées de la pa-*
liffade du fon d , qu’on arrange for des perches
traversant d’un bout à l’autre, 8c portées par d’autres
perches, fur lefquelles on attache toutes les
petites branches de l ’orme deftiné à ,former la
colonne, en les contraignant, avec de l’ofier, à
prendre le fens qu’on veut. Dans le bas 8c tout
le long des colonnes, on fait une petite banquette-
de charmille à la hauteur du piédeftal. Enfin, au -
deffus de chaque colonne s’élève ou une boule, oit
un vafe compofé de branches d’orme., ou tout<fc
autre efpèce d’omemens.
Il y a dans les jardins de M a r ly , au bas de Ht
première terraffe en defeendant du château, v er s
la grande pièce d’eau ,u n e colonnade de-verdure ; fes
colonnes ont environ dix pieds de haut ,• le piédeftal
a un pied 8c demi, 8c la corniche un pied. Le
tout eft couronné de différens vafes compofés dê
petites brandies artiftement rangées 8c taillées pro^
prement.
C O L O N N E , f. f. du latin columnay dérive d e
columen, foutien. L ’on entend fous ce nom une e f pèce
de pilier de figure circulaire, compofé d ’un;
corps qu’on appelle fû t , d’une tête qui.fe nomme
chapiteau, 8c d’un pied qui s’appelle bafe.
Mon intention n’eft pas d ’appliquer à cet article
toutes les notions que fon titre admet 8s fepfolç
comporter. La colonne fait une fi grande partie de
l ’architeéhire, que fi l’on vouloit reunir ici in u -
toire de fon origine & de fes Variétés c h e z tous
les peuples, les réglés de proportions que les Urées
v appliquèrent, les différentes notions relatives a
fes modes, fa décoration , fa difpofition, 1 emploi
qu’on en peut faire dans les édifices : un tel article
formerait prefqu’une moitié de cet ouvrage.
■ je ne reparlerai donc ici ni de l’origine des
colonnes; on peut confiilter les articles A rchitecture
, A rbre , &c. : ni des différences des
ordres f voyeq_ les mots dont ces notions dépendent
) : ni de tous les principes de goût & de proportion
que réclame cette partie de l’architetture.
Je n’ai réfolu de confidérer ici la colonne que d i-
daffiquèment & fous fes rapports élémentaires ;
& i l me femble qu’elle fe préfente méthodiquement
à nous fous fix rapports : favoir , celui des ordres ,
celui de la m atière, celui de fa conftruaion, celui de
là forme, celui de fa difpofition & celui de fes ulages.
C e t article deviendra plutôt une efpèce de table de
renvoi à tous les articles où l ’on pourra trouver
les eonnoiffances dont celui-ci ne donnera que
^indication.
O n appelle colonne d’eatt en architcflure
hydraulique, la quantité d’eau qui entre dans le
tuyau montant d’une pompe.
Colonne diaphane. Nom général qu on donne a toute
colonne' de matière tranfparente , comme etoient
celles de cryftal du théâtre de Scaurus dont parle
Pline- & celles d’albâtre tranfparent qui font dans
l’églife de S. Marc à Venife , au chevet du choeur
d’eii h a u t .. ,
Colonne fujible. On comprend fous ce nom les.
talonnes dê divers métaux & autres matières fu -
fibles, comme le v e r re , & c . _ ‘ ..
Colonne hydraulique. Colonne dont le fut paroit
de c r y fta l, étant formé par des nappes d’eau qui
tombent de ceintures de fer ou de bronze en manière
de bandes à égale diftance, par le moyen
d’un tuyau montant dans fon milieu , comme aux
pilaftres à jour de l’arc de triomphe d’eau à V e r -
failles, . . . . „ , , ,
On nomme aufli colonne hydraulique, celle du haut
de laquelle fort un jet à qui le chapiteau fert de
co u p e , d’où l’eau retombe par une rigole revêtue
de gazons, qui tourne en fpirale autour du f u t ,
comme les colonnes ioniques de la cafcade de Belvédère
à Frafcati, & celles de la v illa Mathæi à
De la eolonne par rapport aux ordres.'
Colonne compojite. Colonne qui a dix diamètres,
les feuilles du chapiteau corinthien & les volutes
de l’ionique. ( Voyeç C omposite ) .
Colonne corinthienne. C 'e ft la colonne la plus riche
& la plus fvelte. Elle a ordinairement dix diamètres
, & fon chapiteau eft orné de feuilles de cau-
licoles & de petites volutes. ( Voye£ C orinthien ).
Colonne dorique. Colonne qui a depuis quatre jui-
«u’à huit diamètres, qui, chez les anciens, étoit fans
bafe, & dont le chapiteaù fe compofé de moulures,
filets & quarts de ronds. ( Voyeq D orique).
Colonne ionique. Cette colonne v a jufqua neut
'diamètres ; elle eft remarquable par la forme CSC fes
volutes de fon chapiteau. ( Voyeq Ion iq ue;. .
Colonne tofeane. O n donne à cette colonne fept
diamètres de hauteur , y compris la bafe & le fut.
I l n’y a point de modèle authentique de cette
.colonne, ni de l’ordre dont elle a pris le nom.
( f jp j f iE trusque & T oscan ).
De la colonne par rapport à la matière',
Colonne d’air. O n appelle ainfi le vuide rond ou
ovale d’un efcalier à vis fufpendu, formé par^ le
limon en hélice de fes marches gironnèes ; c eft
pourquoi un efcalier de huit pieds de diamètre doit
avoir une colonne d’air de quinze à feize pou ces,
pour être d’une grande facilité. | H
. Colonne d’eau. Colonne dont le fût eft forme par
un gros jet d’eau, qui ,fortant de la bafe avec nn-
pétuofité , v a frapper dans le tambour du chapiteau
qui eft creu x , oc en retombant fait l’effet dune
qplotme 4e eryftal liquide,
Colonne métallique. O n appelle ainfi toute colonne
frappée ou fondue, comme les quatre corinthiennes
antiques qui font à l’autel de la croifee de S. Jean
de Latran à Rome. ( Voye^ Bronze ).
Colonne moulée. C ’eft une colonne qui eft faite par
impaftation de graviers & de cailloux de diverfes
couleurs , liés avec un ciment ou maftic qui durcit
parfaitement & reçoit le poli comme le maître.
C ’eft un fecret qu’avoient les anciens , à en. juger
par des colonnes découvertes à Alger , qui . font
apparemment des ruines de l’ancienne Julia Cæfarea,
& fù r , lefquelles on v o it une infeription èn caraâères
antiques, dont les contours, les accens 8c les fautes
même font répétés fur chaque fû t , ce qui paraît
une preuve inconteflable que ces colonnes font
moulées.
Colonne précieufe. C ’eft toute colonne de pierre ou
de marbre ra re , comme les quatre du grand autel
de la chapelle Pauline à Sainte-Marie-Majeure à
R om e , qui font d’un jafpe oriental. Les colonnes
de lapis, d’aventurine , d’ambre , 8cc. dont ou
décore les tabernacles 8c les cabinets de marqueterie
, font aufli des colonnes précieufes.
Colonne de rocaille. Colonne dont le noyau de tuf
de pierre ou de moellon, eft revêtu de pétrifications
& coquillages par compartimens , comme on en voit
à quelques grottes 8c fontaines. ( V jyej; R ocaille ) .
Colonne de treillage. C ’eft une colonne à jo u r , dont
le fût eft formé avec du fer 8c des échalas , &
la bafe comme le chapiteau de bois de boiffeau
contourné félon leurs profils, 8c qui fert à décorer
les portiques de treillage que l’on voit fréquemment
dans les jardins françois, ( Voye;; T reillage
Y y y y a