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Les tuyaux de cheminées ne font que des objets
de bel'o'm , qui , loin de figurer dans les édifices
, doivent au contraire le iouftraire , le plus
qu’il fera poffible, à la vue du fpeâateur. Leurs
formes étant fans accord comme lans liaifon ay-c
les autres parties de bâtimens , leur nombre &
leur pofition ne pouvant jamais être déterminées
par aucune règle dégoût & de fymmétrie,
l’on voit, quels que foient les ornemens qu’on leur
applique, qu’il y aura toujours plus de raifon
pour en proferire la v u e , qu’ils ne fauroient en
avoir pour plaire aux yeux. ^ ;*
Les pays où l’ufage des cheminées eft rare , ent ,
à cet égard, dans l’aipeft de leurs édifices, un grand
avantage fur ceux où le climat en commande la multiplicité.
Rien ne défigure tant les combles St les
couronnemens des maifons que cette mnl.itude
de conftruâions bizartes qui en hénfie le fommet.
Cette différence eft une des principales raifons de
la beauté des afpeéls des villes d’Italie , & delà
difformité de celles de France. «'
Mais l’architeSe ne peut rien contre les nécef-
fitès du climat. L’ufage dès ch em in é e stellement
lié , dans certains pays, aux befoins les plus impérieux
St aux commodités les plus urgentes,
que l’on feroit blâmable de les envifager fous d’autre
point de vue que celui de la firuatton la plus
avantageufe pour prévenir les inconvénient de
la fumée dans l’intérieur des appartement.
Or, cette fituation devient défavantageufe, quand
la plus haute partie du tuyau eft dominée par le toit
ou par quelque batiment luperieur comme une tour,
une églife, 8tc. Pour lors la cheminée eft fujette à fumer, même par un tems calme & ferein ;
i° . Parce que l’efpaceentre cette partie du tuyau
& les corps qui les dominent , étant plus étroit &
plus ferré , l’air y coule avec plus de force & de
rapidité, comme l’eau d’une ri v.îère entre les piles
d’un pont ; il oppofe par conféquent une plus
grande réfiflance à la fortie de la fumee»
2,°’ Si le vent vient à foufîler contre ces hauteurs
qui commandent Acheminée , l’inconvénient
en eft plus grand, parce que trouvant des obftacles
qui l’arrêtent, il fe réfléchit néceffairement vers
la cheminée, faisant un angle de réflexion proportionné
à celui de . l’incidence. Il y entre même
par la force de- fon reffort, & repouffe la fumée
dans la chambre. Plus donc la cheminée fera dominée,
plus elle fera fujetteà fumer, & ce la, eri
raifon du plus grand volume d air qui fera réfléchi,
& qui s’enfournera avec plus de violence
dans le tuyau. C é ft pour prévenir cet inconvénient
qu’il faut élever les tuyaux de cheminée,
beaucoup plus que les toits.
3°. Si les vents font violens, ou fi c’eft un vent du
nord qui fouflle , le reflux de la fumée doitfe faire
encore plus fentir, parce qu’ayant fa direftion de
haut en bas, l’angle de réflexion, d’aigu qu’il étoir,
devient obtus, 5c tend davantage à la ligne perpendiculaire
; par conféquent le v ent, eu égard à
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fa dire&ion, a plus de force pour repouffer U
fumée dans le tuyau de la cheminée. Elle doit
donc fumer davantage.
4°. Si la cheminée Te trouve proche de ce qui
la commande, & que le vent foie violent, il
peut aufft la faire fumer , quoiqu’il ait fon origine
du côté qu’elle eft commandée, parce que
1 oppofltion qu’il trouve, augmentant le reffort de
l’air qui ne peut, en cet endroit, s’étendre que par le
haut,lorfqu’il apaflépar-deflus cette hauteur qui lui
faifoit obftacle , il s’étend aufli-tôt en bas, 5c fait
refouler ainfi la famée dans le tuyau de la che-
minée , où il trouve rrès-peu de réfiflance.
Ce peu de réflexions fuffira pour faire féntir
de quel genre doivent être les confidérations qui
dirigeront Parchire&e dans la conduite & la me-
fure des tuyaux de cheminées. Toutes les caufes,
tant externes qu’internes., qui peuvent rendre
les cheminées fumeufes , & les procédés par
lefquels on remédie à ces vices, font détaillés
très au long dans "le dictionnaire des arts & métiers,
à l’art, du Fumiste: j ’y renvoyé lelefteur.
Cheminée adossée.C ’elt une cheminée qui eft
pofée contre un mur ou contre le tuyau d’une
autre cheminée.
Cheminée a double Foyer. Cheminée d’une
invention économique, qu’on peut employer avan-
tageufement dans les maifons neuves, en les conf-
truifanr. Suppofons une falle de compagnie adoffée
à un cabinet d’étude ou à une chambre à cour,
cher. Veut-on faire paffer le feu de la falle dans
la pièce fuivante ; il ne faut qu’un coup de pied
pour faire tourner le foyer tout entier avec le
feu. Cela fe fait parce que le foyer porte dans
la partie fupériéur fur une vis lans fan, jouant
dans un chaflîs de fer qui. traverfe le conduit
de la cheminée, & dans la partie inférieure cette cheminée
mobile porte Cur an pivot fcellé au plancher«
Toute cette machine “tourne donc avec 1^ plus
grande fimpliçité fur ces deux points d’appui, &
elle s’ajufte exactement au parement de la cheminée.
On trouve dans le journal de Paris du 14 novembre
1786, un nouveau procédé pour faire des
cheminées à double foyer.
Les cheminées tournantes, dit l’inventeur de cette
nouvelle méthode, ne font pas fans beaucoup
d’inconvéniens. La difficulté de leur exécution
exige un ouvrier habile qu’on n’eft pas toujours
fur de rencontrer. Leur dépenfe eft au-deffus des
moyens ordinaires ; leur complication , leur entretien
, lenr fujétiop pour les gens de fervice 9
tout cela en a rendu la pratique affez rare. Pour
fuppléer donc aux cheminées tournantes , fans en
avoir les inconvéniens , voici ce que j’ai imaginé
& qui m’a parfaitement réufli.
Le foyer étant ouvert à commun aux deux
pièces qu’il convient d’échauffer, dans le milieu
du tuyau , à 7 ou .8 pieds de terre environ , felort
que l’exige la différente hauteur des plaques , eft
une poulie portée fur un chaflîs de fe r , fcellé dans
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les lartguëïtés ; iitife chaîne roule deffus, & à fes
extrémités font attachées deux plaques de fonte
qui font contre-poids l’une à l’autre, font maintenues
& eliffent dans des coulifles placées aux
quatre angles intérieurs du tuyau.
Lorfqu’on veut difpofer le feu pour en jouir
dans une des deux pièces, l’on baiffe la plaque
de derrière. Elle forme alcts le fond du foyer de la
cheminée; celle de devant fe trouve élevée, fon bord
inférieur arrive de niveau au-deffous du manteau.
Lorfqu’au contraire on veut changer le feu 8c
le faire fervir pour la pièce oppofée, l’on baiffe
la plaque qui étoit relevée, 8c elle devient à fon
tour le fond de là cheminée. Toute cette mécanique,
comme on le voit, n’eft pas plus difficile a concevoir
que celle de deux féaux qui montent au
moyen d’une poulie 8c d’une chaîne. Il n’y a que
les çouliffes de plus.
Cette cheminée, en raifon de fa fimplicité, eft
fijfceptible d’être exécutée par - tout. Un ouvrier,
même médiocre, peut en être chargé ; la dépenfe
n’eft pas de cent livres d’excédent au-deffus de celle
des plaques. Les domeftiques ne peuvent pas la
déranger. Elle n’eft fujette à aucun entretien.
Cheminée affleurée, eft celle dont Pâtre 8c le
tuyau font pris dans Pépaiffeur du mur, 8c dont
FarchiteCture du manteau eft en faillie.
Cheminée l’angloise. Petite cheminée à trois
pans par fon pian, 8c fermée en anfe de panier.
Cheminée a la Prussienne. Cheminée de tôle
fort petite, qui s’introduit dans une plus grande,
dont le devant eft fort bas, 8c l’extrémité fupérieure
terminée en cône tronqué , qui fe ferme plus ou
moins au moyen d’un couvercle. Cette cheminée a
fouvent l’effet qu’on en attend, mais pas toujours.
D ’ailleurs, elle eft incommode, en ce qu’on n’y peut
faire qu’un feu étroit de bois court, 8c que, pré-
fentant peu d’ouverture , il eft difficile qu’une
compagnie un peu nombreufe s’y chauffe. En outre,
chaque fois qu’on veut faire ramonner, il faut un
maçon pour déboucher l’entrée de la cheminée.
Cheminée angulaire. C’eft une cheminée dont
le plan eft circulaire, 8c qui eft fituée dans l’angle
d'une chambre, comme on en voit en quelques
villes du Nord.
Cheminée de cuisine. C’eft celle qui n’a
qu’une hotte, 8c le plus fouvent fans jambages.
Cheminée en hotte. Cheminée dont le manteau
fort large par le bas 8c en figure pyramidale, eft
portée en faillie par des courges & corbeaux de
pierre, comme on le voit aux anciennes cheminées.
Cheminée en saillie. On appelle ainfi celle
dont le contre-coeur affleure le nud d’un mur, 8c
dont le manteau eft en dehors.
Cheminée isolée, cheminée placée au milieu
d’un chauffoir, qui ne confifte qu’en une hotte fou-
tenue en Pair par des foupentes de fer, ou portée
par quatre colonnes, comme les anciens le prati-
quoient.
On appelle encore cheminée ifolée, celle qui
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étaiît adoffée contre une cloifon, laiffe un efpace
entre le oontre-coeur 8c les poteaux, crainte du
feu.
Cheminée ( conflruftion ). Les parties qui coin-
pofent une cheminée, font le fo y e r, le contrecoeur
, les deux jambages, la traverfe, qu’on appelle
manteau, 8c le tuyau. Les foyers, qu’on
appelle auffi âtre, lorfqu’ils font conftruits fur des
voûtes ou au rez - de - chauffée, fe font fur des
maflifs de maçonnerie. Lcrfqu’il s’agit d’en établir
fur un plancher, on fupprime les folives qui fe
trouvent à l’endroit de Pâtre. A leur place on forme
une efpèce de voûte, afin de pouvoir établir Pâtre ,
fans rifque du feu. Dans les provinces méridio-*-
nales de France, 8c dans tous les pays où le plâtre
n’eft pas commun, on confirait ces parties de voûte:
en moellons 8c mortier. A Paris dn les fait en plâtre^
en plâtras. Pour rendre cette maçonnerie plus folide i
on la foutîent par des bandes de fer coudées, qu’onf
appelle bandes de trémie.
Le contre-coeur -8c les deux jambages fervent à?
renfermer le fo y e r , dont la grandeur eft relative
à celle des cheminées. Quant à la forme du foyer 9'
on a obfervé que ceux dont le plan eft reCtangu-
laire, font les moins avantageux. Lorfqu’on leur,
donne moins de dix-huit pouces de profondeur
les cheminées font fujettes à fumer ; 8c quand on leur
donne plus de deux pieds, la chaleur fe perd par 1®
tuyau.
L’auteur de la mécanique du feu propofe dé
donner aux côtés intérieurs des jambages la formé
d’une demi-parabole, par la raifon que tous les
rayons qui partent du foyer de cete courbe fe réflé-
chiflènt parallèlement à l’a x e , de manière que fi le
feu étoit placé au foyer des deux demi-paraboles
, la chaleur fe rèfléchiroit dans la chambre
par des lignes parallèles, ce qui feroit le cas le plus
avantageux^ Mais comme il n’eft pas poffible que
toute l’aâion du feu fe réunifie à ces deux points ,
il en réfulte que cette difpofition des jambages d’une
cheminée ne peut pas produire tous les avantages
que l’auteur fait efpérer. Nous penfons même qu’il
feroit plus convenable de donner aux âtres la figure
d’une demi-ellipfe, ce qui feroit plus agréable, &
produiroit en même temps un effet plus certain,
parce que la réflexion étant plus régulière, elle
produiroit une maffe de chaleur plus forte.
La grandeur des cheminées doit être proportionné©
à celle des pièces. Le réfultat de plufieurs obfer-
vations nous a fait connoître que pour qu’une cheminée
ne fiime point, il faut que l’efpace compris
entre les jambages contienne autant de pieds cubes
que la chambre contient de toifes. D ’où il réfulte
qu’unj pièce qui auroit quatre toifes de long fur
trois de large & deux d’élévation, produifant une
capacité de vingt-quatre toifes cubes, devroit avoir
une cheminée dont la capacité entre les jambages
feroit de vingt-quatre pieds cubés, c’eft-à- dire, dont
la longueur dans oeuvre feroit de quatre pieds , la
hauteur, jufques fous le manteau, de trois pieds, &
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