
établis fur un maflif d’un pied & demi aiifîl d’é -
paiffeur. Il faut paver le fond en cimen t, arrondir
les angles, & que l’intérieur des murs foit revêtu
d’un fort enduit aufii en ciment, fait avec le plus
grand foin , bien liffé & repaffé à plufieurs reprises ,
pour qu’il ne puiffe s’y-faire aucune gerçure, & que le
tout ne forme qu’une feule p ièce.G’eft au foin que les
anciens avoient de liffer, de battre & de comprimer
leurs enduits, qu’on peut attribuer la dureté extraordinaire
qu’ils acquéroient avec le temps. Il faut
avoir l’attention de n’appliquer l’enduit fur les murs
que lorfqu’ils font bien fecs à l’intérieur ; fans q u o i,
venant à féçher avant e u x , il éprouveroit de la
gerçure par l’effet de l’humidité dont les murs fe
dégageraient. ( Voyt£ le mot E n d u i t . )
Des citernes en briques.
Peur conftruire les citernes en briques , il faut
encore plus d’attention que pour les faire en moellon
s, à caufe du plus grand nombre d’amfes hori-
fontaies dont la maçonnerie en briques Le fl ccrn-
p o fé e , ce qui la rend plus fufceptible d’être pénétrée
par l’eau. Cette maçonnerie a befoin d’être
bien garnie de mortier, & d’être mouillée auparavant
, pour que ce ciment s’y attache avec plus
de force.
Comme les murs des citernes doivent avoir au
moins deux ou trois pieds d’épaiffeur, on peu t,
pour une plus grande économie, ne faire"en briques
, que le parement de ces murs & le milieu
en petites pierres à bain de mortier, à la manière
des anciens Romains : ces murs feront moins fuf-
eeptibles d’être pénétrés par l’eau que ceux qui
font tout en briques difpofées par rangs parallèles.
L e mafîif du fond pourra être fait en moellons
ou petites pierres , recouvert d’un double rang de
briques pofées à plat, ou de carreaux difpofés de
manière que les joints du premier rang foient re-
croifés par ceux du fécond.
O n applique fur les murs & le fond des citernes
en briques, un enduit en mortier de ciment fait avec
les mêmes foins que nous avons ci-devant indiqués,
en parlant des citernes en moellons. On peut voir
aufîi l’article E n d u i t .
Des citernes conduites en béton.
A L y on & dans plufieurs autres p a y s , on conf-
truit les puits, citernes, baffins & refervoirs avec
une efpèce de mortier appellé béton , compofé de
chaux v iv e nouvellement é teinte, broyée avec du
gros fable & du gravier, & employée fur le champ.
O n jette ce béton dans des encaiffemens de planches
difpofés félon la forme des murs. A mefure
qu’on remplit les encaiffemens, on bat le béton
afin de l u i donner plus de confiftance. Lorfque
cet ouvrage eftbien fa it , il dévient, avec le temps,
d’une dureté extraordinaire , & il efi impénétrable
à l’eau. ( Voye{ les articles B a s s i n & B é t o n ) .
Pour parvenir à faire une bonne citerne eft béton
, il fa u t , après avoir fait l’excavation de la
grandeur & forme requifes , & avoir bien battu
& egalifé le fond , commencer par étendre deffus
une couche de béton de 15 à 18 pouces d’épaiffeur
, qu’on aura foin de bien maîfiver avec des
pilons ferres , comme le prariquoient les anciens
Romains. C’eft fur cette couche qu’on établira les
encaiifemens néceifaires pour former les murs avec
la même matière , ainfi que la voûte. Cette efpèce
d’ouvrage doit être fait fans 'interruption , parce
que c’en toujours à l ’endroit des reprifes que l’eau
s’infinue, lorfque les parties que l’on veut raccorder
font trop fèches pour prendre avec le nouveau
béton. Il fout aufîi avoir l ’attention d’employer le
béton avant que la chaux foit refroidie.,
Conjbuftion des citernes avec des coirois de terre glaife. •
Cette manière de confira ire les citernes efi la
plus ufitée. O n commencé par creufer un efpace
affez grand pour contenir la> citerne, avec lés épaif-
feurs de murs & corro.is de glaife ; enfùite 011 étend
fur le fon d, bien dreffé de niveau , une couche de
glaife bien pétrie & maniée, comme il a été explique
à l’article B a s s i n . Sur cette cou che, qui doit
avoir 18 à 20 pouces d’èpaiffeur, on confirait une
plate - forme de maçonnerie en moellons eu en
briques d’environ un pied & demi d’épaiffeuf, en
laifiânt tout autour un intervalle de 18 à 29
pouces de large fans être recouvert, afin de pouvoir
continuer fans interruption le mafîif de glaife
de deffous la plate - forme, entre le mur de re -
vetement intérieur & un autre revêtement que
l’on fait pour retenir les terres de l’excavation.
On élève le mur de revêtement intérieur fur le
bord de la plate-forme de maçonnerie. C e mur peut-
être confirait en moellons, en briques,, ou en
pierres de taille ; lorfqu’il efi en briques ou en moellons
, on le recouvre à l’intérieur d’un enduit de
ciment, & s’il efi en pierre de taille', on fe contente
de garnir les joints en mafiie.
Pour empêcher les eaux qui n’ont pas été purifiées
dans le citerneau, d’entrer dans la citerne au
travers de la v o û te , on peut continuer le corroi
de glaife au-deffus, afin que la citerne fe trouve
enveloppée de toutes parts d’une matière impénétrable
à l’eau.
Dans plufieurs endroits de l’Italie, on confirait
des citernes tout en terre g la ife , qui font de très-
peu de dépenfe. Pour et la on fait une excavation
circulaire en forme d’entonnoir, comme pour une
glacière, c’efi-à-dire, plus étroite p a rle bas que
par le haut : après avoir donné une forme régulière
à cette excavation, on revêt le fond & les côtés
d’une forte cou che 'd e terre glaife bien corroyée ;
au milieu on pofe une pierre dure creufée en forme
d’auge percée de petits trous tout autour ; on bâtit
au-deffus une çfpèçe de puits qui monte plus haut
que le ré * -d e -c h a u ffé e . C e puits fe confirait en
brique maçônnée & revêtue de ciment. L e furplus
de la citerne fe remplit jufqu’à une certaine hauteur
en gravier bien la v é , couvert de gros fable. A u de
ffus de ce fable on confirait de petites cellules
voûtées tout autour du p u its, avec des ouvertures
pour recueillir l’eau de pluie. Cette eau , apres s’etre
filtrée au travers du gravier, v ient fe rendre toute
purifiée dans le puits du milieu , par les petits trous
percés dans h .d-^rre creufée en auge fur laquelle
efi bâti le puits.
D e tout ce oui vient d’être dit fur les citernes,
on peut conclure, i° . que leur grandeur doit être
proportionnée à la quantité d’eau de pluie qui tombe
année commune, & à la grandeur de la furface
ileftinée à la recueillir. En France , par exemple, où
il tombe environ 20 pouces d ’eau année commune,
la fiiperficie du vuide intérieur de la citerne, doit
être environ la vingtième partie de la furface fur
laquelle on reçoit l’eau.
2°. Q u e les furfaces les plus propres à recevoir
l’eau que l’on veut recueillir dans les citernes,
fo n t ' celles en pierre dure ou en terre cuite. L a r -
doife , le plomb'& . les aires de ciment trop fraîches
peuvent communiquer un goût à l’eau,
3°. Q u e pour conferver l’eau dans toute fa
pureté, il faut conftruire à côté dè chaque citerne,
un petit réfervoir appellé citerneau, rempli de gros
fable ou de gravier, dans lequel viendra fe rendre
l ’eau de là pluie avant de paffer dans la citerne,
afin de s’épurer en filtrant au travers du fable. Le
fiphon propofé p a rM .d e la H ire , efi un excellent
moyen pour tranfmettre l’eau épurée dans la citerne.
4 0. Q u ’il fau t, autant qu’il efi poffible, placer
les citernes fous des lieux couverts, & que plus
elles font profondes, mieux elles confervent l’eau.
Cependant il efi bon d’ôbferver que dans les grandes
v ille s , & fur-tout à Paris où les foffes d’aifance
empoifonnent tont le terrein environnant, il vaut
mieux placer les citernes au-deffus du rez-de-chauffée
dans des endroits frais. _
50. Q u e la meilleure manière de conftruire les
citernes, tant pour la folidité que pour l’économie,
feroit de les faire en béton ou en maçonnerie de
blocage ,-à la manière des anciens.
Les conftruétions en corroi de terre glaife placées
entre deux murs font aufîi fort bonnes, mais l’ouvrage
revient aufii cher qu’en b éton, & il efi moins
durable.
6°. Q u e pour les petites citernes, lorfqu’on veut
faire peu de dépenfe, on pourrait faire îescorrois
de glaife fans revêtemens de maçonnerie, en les
difpofant comme nous avons dit qu’on le faifoit erv
plufieurs endroits de l’Ita lie, principalement à V e -
nife.
Enfin , quant à la forme des citernes, la plus
avantageufe & la plus folide efi la circulaire, tant
pour réfifter aux efforts de l’ea u , qu’à ceux des terres
environnantes.
•CITIUM , ville de l’île de C h y p r e , fondée par
les Phéniciens avant l.e guerre de I r o y e , & habitée
par des Grecs depuis cette guerre. Elle dut être
aufîi importante par fon commerce que par fa
fituation & 'fa grandeur. Elle a voit trois milles de
circu it, & étoit environnée d’épaiffes murailles,
que la mer baignoit du côté du midi. A l’orient 9
elle avoit un port facile à fermer, & défendu par
une fortereffe redoutable.
Maintenant Citium efi à près de trois cents toifes
de la mer ; fon port n’efi plus qu’un bafîin fans
profondeur ; fes murs & fa citadelle n’offrént que
des débris, où l’on apperçoit quelques réfies d’inf-
criptions phéniciennes, & fa place efi prefque entièrement
ufurpée par deux v ille s , dont l’u n e ,
Larnica, renferme un grand nombre de tombeaux
antiques : plufieurs font en pierre : l’un d’entre eux
a un comble qui fe termine en pointe,; un autre
efi couvert de pierres difpofées comme des poutres,
& fur ce lles -ci, d’autres pierres font rangées en
foliveaux. Le genre de confiraélion de ces ouvrages
femble autorifer à les attribuer aux Phéniciens. ou
aux anciens Grecs leurs imitateurs. On ne peut
qu’en' admirer la folidité, puifqu’ils ont réfifté. aux
coups de la guerre & du temps, fous lefqueb Citium
entière a fuccombé.
Il y eut en Macédoine une ville aufîi appelle«
Citium ; mais l’hiftoire ne nous apprend pas quels
en furent les monumens. A
„ C I V I È R E , f. f. (conjlruction) , petit bard ou
machine à tranfporter les fardeaux, compôfée de
deux barres parallèles, réunies par fept ou huit tra-
verfes. Voye^ le mot Bard.
C L A IR IÈ R E ( jardinage ) . C ’eft un efpace
ouvert , qui interrompt la continuité d’un bois
ou d’une forêt ; il n’y a point d’arbres, ou du
moins ils y font clair-femés & en très-petit nombre.
Quelque agréables que foient les bois , leur
étendue trop confidérable deviendrait faftidieufe ,
fi on n’a voit foin de les divifer d’efpace en efpace
par des clairières. Après s’être égaré à travers des
maflifs ferrés & touffus , après avoir erré fous des
voûtes fombres & obfcures, où la vue efi bornée
de tous cô té s, on aime à fe trouver dans une
clairière, où l’air circule plus librement, où l’on
refpire avec plus de facilité ; un ciel découvert &
l’éclat du grand jour ré jou it, & l’oeil parcourt
avec plaifir les tableaux rians, les fîtes agréables ,
& les afpeéb v ar ié s, que l’on, aura foin de ménager
dans fes détours.
Q u ’on évite fur-tout de renfermer les clairières
entré deux lignes parallèles & des arbres égaux „
femblabies & efpaccs à égale diftance. I l faut les
encadrer de bois contraftes, tant par la variété des
arbres, que par les lignes qu’ils tracent. Ces lignes
tantôt s’approcheront, tantôt s’éloigneront & formeront
un beau développement, & enfin, en fe
courbant mollement, & en deffinaat des ondulations
douces & faciles, elles fe déroberont infen-
fiblement à la v u e , & iront fe perdre derrière
quelque plantation, dans une prairie ou dans î&
fond d’une vallée.