ïïo À D O
A D O S , t rfi. ( terme de Jardinage ) , élévation
de terre en talus le long d’un mur bien expofé ,
pour j femer pendant l’hiver & le printems, ce
qu’on veut avancer plus qu’il ne le feroit en pleine
terre ; les rayons du foleil échauffent ces talus,
comme s’ils étoient de véritables murailles. On
fa it aufli des élévations à dos de bcihu , dans les
terres froides & humides pour en corriger le défaut
, & procurer plus de bonté à tout ce quelles
produifont. Telle s font lés terres du Potager de
Verfailles. Les Ados fervent encore pour y planter
des fraifes , fur lefquelles on met des chaflis de
verre. L ’étimologie du mot Ados , n’a pas befoin
d ’explication : c’eft une élévation de terre a dos
d ’un mur.
A D O S S E R , v. aéh. c’eft joindre un appentis
appuyer une maifon contre une autre, ou fîmple-
anent contre un mur.
A D O U C IR , v. aéh c’eft l’art de laver un defïin
d’Architeéiure , de maniéré que les ombres fe perden
t infenfiblenient dans lê clair , pour éviter la
dureté qu’emportéroit avec elle une ombre trop
tranchante 3 cette règle n’.eft point cependant générale,
Lors qu’il, s’agit de corps fpheriques & de: corps
quadrangulaires , oit doit ,1a négliger pour les exprimer
diftinétement 5 la plupart des defiinateurs
ne font pas cette attention : ils fondent'indiftinéte-
ment leurs ombrés. Mais on ne peut' lés adoucir,
qu’en fuppofânt que les ombres viennent d’un certain
jou r,- & non pas du foleil 3.. & , alors les ombres ne
font plus décidées 5. elles parpilfent foibles & incertaines
& ôtent l’effet du defïin.
A D O U C IS S EM E N T > f. m. ‘c’eft la liaifon ou
Te. raccordement qui fe fait d’un corps avec un autre ,
par un chanfrein ou-un ca ve t, comme le congé du
fût d’une colonne ; ou lors* que .le plinthe d’une
b a f é , eft joint à là corniche de fôn piédeftal par
un cavet. Ordinairement .toutes les -plinthes extérieures/
d’un bâtiment, s’uhiffent. avec le nud des murs par
un adoUCiJfi ment 5 ' quelquefois âùm l’on ne pratiqué
qu’un talus en .g la c is, pour faire écouler l’èaii qui
léjourneroit fur la faillie horizontale des plinthes , .
corniches, impôftes, Stc. ’
A D R IA , ville d’Italie dans les états de Venife ,
,1a meme que Y A tria- des anciens , qui donna fou
nom à la mer Atriatique depuis Adriatique, ainfî
qn’à ces portiques appelles atrium chez les Romains.
( Voyeç A trium ). Elle fut dans l’origine une colonie
Etrufque ; on n’y voit plus d’autre preuve de
fon ancienne fplendeur-, que les reftes d’ un théâtre,
trouvé fous les fondemens d’une églife.
A D R I A N E U M , tombeau d’Adrien. Veye%
T ombeau,
A D R IE N ( l’empereur ) étoit verfé en tout genre
d’arts & de feienees : ce n’étoit pas feulement un
-conuoifTeur , un amateur , un prote&eur 3 il étoit
A D R
artifte , & il fît réellement des ftatues de marbre 58
de .bronze. Mais Viébor en parle en fiateur, quand
il dit que cet empereur pouvoir être mis à côté de
Polycléte & d’Euphranor. L ’art cependant qu’il chérît
& pratiqua le plus , fut l’Architecture 3 il
bâtit dans tout l’empire Romain , un nombre prodigieux
d’édifices, & en fît graver la lifte dans le
fameux Panthéon qu’il conftruifit à Athènes. Il voulut
qu’on nommât Adrianée- Adnaneum , tous les
temples qu’il fit élever lui même à fa propre gloire.
Le palais qu’il conftruifit à T iv o l i , étoit un af-
femblage de tou sles nionumens rares qu’il avoit vus
dans fes v o y ag e s , 8c qu’il fît copier. On en voit
encore aujourd’hui les reftes. , à la V ille,qui porte
Ion nom. ( Voyt^. V illa A drienne ). Il ternit .la'
gloire que cet amour des arts devoit lui aflurer ,.
par la cruauté qu’il eut de faire1, mourir TArchiteéte-
Apolladore , pour avoir fait des railleries d*un temple
de V én u s , qu’il avoit compofé;. ( Voye\ A pollo-
dore. )
Un autre Archite&e plus courtifan qu’Apollodore
j (^Detrianus ) , captiva'les bonnes grâces d’A d rien ,
exécuta une infinité 'çfédifices, d’après les idées,
bonnes ou mauvaifes.de fon maître. Adrien voyagea
beaucoup 3. & par-tout, il ordonnoit des conftruc-
: rions! Il fît bâtif. non-feulement à Athènes comme
Përiclés, mais encore, dans tous les endroits.célèbres
.de là Greçe.3 il acheva le temple de Jupiter Olympien
à Athènes , qjii étoit refté imparfait pendant fept-
cents ans , depuis Pififtrate. Le temple qu’il éleva
à Cyfîque , , étoit compté parmi les merveilles du
monde. Une certaine grande muraille qui fépa-
j rdît l’Ecoffe de l’Agîeterre , & qui avoit vingt-fept
lieues de lo n g , fut bâtie par fes ordres ., lors qu’il
paftà dans la Grande-Bretagne. Il répara la ville
de Jérufalem , & conftruifit un temple de Jupiter à
la place de l’ancien. Enfin il fit élever tant d’édifices
, fur les murailles de {quelles il faifoit graver fon
n om , & fa qualité de reftaurateur, qu’on le comparoir
à da pariétaire, qui fe trouve fur toutes les
vieilles murailles.
A D R IE N E ville ( ou maifon de campagne
d’Adrien à T iv o li ) ; c’étoit un édifice immenfe , ou
plutôt une réunion d’un très grand nombre d’édifices
fuperbes , dans lefquels l’empereur Adrien fit repré-
fenter des contrées entières, avec leurs plus célébrés
monumens , jufou’aux lieux fortunés connus fous
le nom de champs-élifées. I l orna cettè maifon
vraiment impériale , de tous lès, ouvrages de l’art
qu’il avoit raffemblés dans les pays où il avoit
voyagé. La circonférence des. ruines de ce batiment
, félon Winckelmann, étoit de plus de dix milles
d’Italie. Mais ce qu’on peut en examiner aduellement,
n’a pas le quart de cette étendue. On peut avoir une
idée de l'immenfité de cette maifon, & des fes dépendances,
envoyant le. plan & la defeription qu’en
ont donnés Pirro Ligôris , le P. Kircher , & un Archi-
teétè nommé. François Contini 3 néammoins tout ce
qui a été fait jufqu’à préfent fur cetrôbjec f laifîè beaiv
Hül
A D R
•ottp a défifer 3 Doos-nous contenterons de rapporter '
ici le détail des diverfes parties lubfiftantes, extrait
des auteurs les plus accrédités.
O n reconnoît aux extrémités de ces ruines, deux
théâtres en demi-cercle, dont l’un avoit trente-quatre
toifes de diamètre , & l’autre vingt-quatre. Dans
iin de ces théâtres on ap,perçoit encore le portique
extérieur , les falles qui fervoient aux aôtëiirs, les
îix efcaliers par lefquels on montoit au théâtre , la
porte de la fc& ie , les portiques latéraux du profee-
mum » ou de l’avant - fcène , forcheftre, &c. Ce
théâtre a été defïiné par Pânnini, & eft gravé en trois
feuilles. On y a -trouvé les fragmens de 48 ftatues
dont il étoit décoré.-
• Lâpaleftre qui eft près de-là, formoit: une grande
jx>ur de 1 1 7 toifes de lo n g , fur y4 de large , autour
de laquelle , fuivant les débris qui en reftent,
SI y avoit des portiques en arcades. Dans le fond
eft une grande niche, où l’on croit que l’empereur
& p laçoit, pour faire la revue de fes troupes.
Un peu plus lo in , eft un autre édifice qui refte
prefqu’en fon entier , & qui paroit avoir fervi de
bain. Toutes les pièces en font fort petites, &
prefque toutes éclairées par en haut. Les formes
de ces pièces font toutes différentes les unes des
autres , & il y en a quelques*-mies q u i ‘font affez
fingulières,. :'!|-
On reconnoit aufli un emplacement rond de 12.
toifes de diamètre, qui paroit avoir été mie ménagerie,
enfuite une naumachie de 8 y toifes de longeur, qui
fe rempliffoit, avec les eaux de ,1’Anio 5 elle fe ter-
minoit à un., temple. Winckelmann prétend que ce
grand étang , qui- iervoit de naumachie, étoit revêtu
de marbre jaune antique.
Une cour carrée de 3 0 toifes en tout fens, ornée
de colomiades & de portiques. Un pan de mur de 180
toifes de lon g , percé d’arcades, à l’extrémité duquel
eft une petite rotonde de 7 toifes de diamètre, dont
la circonférence eft formée par trois arcs concaves',
& trois arcs convexes, placés alternativement.
Un autre édifice peu endommagé , dont plufieurs
pièces font belles , grandes bien proportionnées 3
& dont les formes font fagement variées; D ’un côté
font plufieurs petites pièces qui fervoient probablement
s pour la commodité de la diftribution 3 & de
l’autre lès pièces de parades. On remarque fur-tout
les débris d’un grand édifice , appellé Canope. Il eft
jfitué fur une colline , & forme un vafte baflin,
qu’on prétend avoir été une naumachie. Au fond , on
trouve une très grande niche. T o u t le devant de cet
édifice eft tombé, à moins qu’on ne le fuppofe avoir été
un. temple demi-circulaire , ou en forme de coquille.,
c ’étoit le temple de Neptune que les Egyptiens rér
- véroient fous le nom de C an op e, & qui donna fon
nom à cette partie de la v ille 'Adriene. On y a trouvé
le cheval marin confacré à Neptune, Ifis , Offris,,
X)i'us , l’oifeau Ibis, & d’autres, hiéroglyphes qui
font voi&.que c’étoit là le Canope, Le P ,' Kircher
| o b% v a Ues efcaliers à y is , par lefquels ôj> roçrtfqîf
ADR i f
SU fb ft delcendoît par deux routes différentes. Dan*
le fond eft une efpèce de grande niche , qui renferme
d’autres petites niches quarréés & rondes, ayant
fur le derrière des chambres voûtées , & fur le devant
, des dégrés l’un defquels eft revêtu, de marbre
blanc. Dans le fond de ces niches il refté des or-
nemens faits avec des pétrifications. Par ce qui fubfîfte
de cet édifice , on juge que c’étoit une grotte ornée
de çafeades qui étaient dans les niches quarréés
dont on a parlé ci-deffus. L a lumière y eft répartie
de façon à faire beaucoup d’effet 3 & , ' cette partie
avec la naumachie' qui étoit devant, dévoit former
un bel enfemble.
Dans l’emplacement où eft la Roccabruha , maifon
qui appartenoit aux Jéfuites , on croit qu’étofent'les
endroits appelles les champs-éfffées., .& le royaume;
de Pluton 3 on y avoit pratiqué des canaux- pour,
repréfenter le Léthé , le C ocyte , & le Phlégétpn j ,
des fculptùres y repréfentoient les fupplicés d’Ixion ,
de Prométhée, &c. Dans d’autres endroits , on ap-
perçoit encore quelques falles prefqu’entières, une*
fur-tout qu’on appelle flau^a d Adrïano , des' reftes
de grands efcaliers, des. cou rs, des colonnades, des
temples des aqueducs. On diftingue une.grande place
de y 9 toifes de long fur 4 1 de large, qui .fuivant
Ligorio , étoit un hippodrome.
D u côté du nord , on trouva une autre placé qui
a i z y toifes de long fur $6 de la rg e , un portique
circulaire avec des Colonnes de 14 pieds , auquel eft.
joint un temple quadrangulaire , qui a y 3 pieds
fur 4 4 , avec fon hémicycle ou tribune circulaire,
qui a 3 6 pieds de large 6c fept niches carrées!
Mais un des plus renommés de ces édifices, & celui.
peut-être qui mérite le plus d’être vu feloa
Winckelmann ,■ eft celui qu’on nomme les cent charii--
bres deftinées pour la garde impériale 3 elles n’avoient
de communication l’une avec l’aütre , que par une.
gallerie extérieure de b o is ., qu’on pouvoit fermer
& faire occuper par une fentinélleL II y a un bâtiment
rond , où il eft à croire que fe tenoit le côrps-
de-garde , à chaque rang de vo ûte étoient deux
guérites élevées fur un plancher aflîs fur des pierresTaillantes
5 dans l’une on a trouvé le nom abrégé d’un
fo ld a t , écrit en noir comme avec le doigt.
Spartien nous apprend qu’Adrien avoit raffémblA
ou du moins imité dans ce palais , tout ce que l’an-,
tiquité avoit eu de plus célèbre. Le L y c é e , l’Académie
, 1e Pritanée , le Portique, le temple d©
Theffalie , le Poecile d’Athènes, &c. C e Poecile étoit
un double portique d’ une. très grande longueur , avec,
un mur très élevé dans le milieu , qui garantiffoit
foleil à toute heure du jour 3 ce mur exifte encore
prefque tout entier , & fe dirige d’occident en orient c
il avoit 800/ pieds, de long , & étoit orné de portiques
en colonnes, & de peintures comme le Poecile
d’Athènes.-
L a bibliothèque étoit près du Poecile : il en refté
un mur fort élevé-avec zy niches pour' des ftatues.
Euim i ’ÇiDpére^c-svGÎt fâit V jiilÿorter.d’A f ie , d’Afçiy
B i j