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timens, ce dit que à. dans fa longueur 2.2.5 tôifes , &
42 dans fa plus grande largeur.' 1
Mais quelles etcisiit, les décorations’ extérieures
& intérieures des cirques ? Quelques riches débris
trouvés au hafard dans celui de Caracalla, ne peuvent
point nous l’apprendre. Il faut donc encore
recourir à l’hiftoire & aux médailles : elles "feules
peuvent nous rendre un peu de ce que le ravage
des temps nous a dérobé. Cependant on ne doit pas
compter fur une démonstration inconteftable, parce
que les artifles lès plus habiles ne s’accordent pas
dans les deflins d’un édifice que de fimples deferip-
tions leur ont fait connoître ; & parce que les médailles
, propres à tranfmettre avec certitude la
date des événemens, & à préfenter avec correction
l’effigie d’un prince ou d’un héros , font in-
fuffifantes pour rendre les ornemens d’un édifice ,
dans leur enfemble & leur détail.
Pyrrho Ligorio, qui a recherché tout ce qui pouvoir
lui domierdes lumières fur la forme & la décoration
du grand cirque, circus maximus , mérite
par fon travail, plus de confiance que les autres antiquaires.
Il s’eft occupé de ce cirque, parce que
fon ancienneté & la richefle de fon ordonnance
lui firent donner le nom de grand : il dut auffi ce
titre aux jeux folemnels qu’on y célébroit en l’honneur
des dieux fuprêraes. C’eft le même cirque,
dont la fondation eft attribuée à Tarquin l’ancien
, & quif agrandi par Céfar, embelli par Au-
gufte, le fut encore par Tibère. Incendié fous
Néron, réparé par Trajan , il s’écroula en partie
fous Antonin ; mais relevé encore, & enrichi d’un
fécond obélifque fous Confiance, il eft enfin dif-
paru, & quelques ruines éparfes attellent à peine
qu’il fut autrefois. On le trouve dans le lieu ap-
pellé Valle di cherche, anciennement vallée Murcia :
ainfi tout efl changé, jufqu’au nom de fa place même.
Cet édifice de 2187 pieds de lonj* fur 960 de
large, étoit le plus vafle & le plus décoré de tous
ceux que Rome renfermoit dans fes murs. Sa façade
extérieure, excepté dans la partie des carcères ,
ofiroit deux rangs de portiques élevés l’un fur l’autre
, revêtus de colonnes Si terminés par une ter-
rafle. Les portiques au niveau du fo l, étoient
ordinairement occupés par des marchands ; mais
les jours deftinés aux jeux, ils étoient libres -&
procuroient au peuple des entrées & des forties
auffi facile? que multipliées. On y voyoit quatre
tours de plus qu’au cirque de Caracalla, une au-
defliis des carcères également diftante des deux
qui les terminoient, une au-deffus de la porte prin-r
çipale & une de chaque’' côté , au point d’union
entre le demi-cercle Si les ailes. Ces tours com-
mandoient les faces par leurs avant-corps, les ter-
rafles par leur hauteur, & couronnées de quadriges-,
ou de grouppes de coureurs ; elles donne jent au monument
un Caraélère de noblefle& de magnificence.
Confidérons l’intérieur. Il doit peut-être plus
étonner encore, L’euripe, large Si'profond de dix
pieds, Si enfuite une barrière en ferme de treil-
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lage, défend les fpe&ateurs de l’atteinte des chars ;
de nombreux gradins s’élèvent de tous côtés, jiif-
qii’à des portiques , fous lefquels le peuple peut fe
réfugier dans un tems contraire. Ces portiques ornés
de colonnes, ne forment qu’une même galerie avec
ceux du fécond rang de l’extérieur , Si fur la
terrafle qui les couvre, on élève au befoin, de nouveaux
gradins. Les carcères ont la même forme
' que les portiques ; mais au lieu de colonnes, ce
font des termes qui les diftinguent, Si qui y font
placés comme leurs propres attributs. A leur, droite
efl une flatue de Mercure , -fymbole de ceux qui
ouvrent les carcères, lorfque le préteur, du haut de
la tour qui efl au-deflus d’elles, leur en donne le
fignal. Le lieu du fignal diffère ici par fa pofition ,
de celui du cirque de Caracalla, Si peut-être n’y
avoit-il pas de lieu bien fixé pour cet objet dans
aucun cirque, puifque de toutes les places principales
, on voyoit pleinement les carcères.
En venant des carcères à l’épi ne , on rencontre
1 \(£des Murcia:, ou temple de Vénus , protectrice
de la vallée, à laquelle elle donne fin de fes noms ;
enfuite efl ’auteldu dieu Confus, qui rappelle aux
Romains l’origine-de leurs jeux; puis le premier pié-
deftal, plus élevé que l’épine, & chargé de trois
bornes que l’empereur Claude fit dorer. Elles ont à
leur fommet des oeufs voués à C a fto rqu i façonna
le cheval à la courfe. Ce piédeflal, circulaire du
côté des carcères , efl reétiligne du côté de l’épine.
Son intérieur où Ton entre par ce dernier côté,
efl dédié à Neptune' qui ébranle la terre ; dédicace
dont le but efl de lé rendre propice au fol de la cité.
On monte fur l’épine par des degrés oppofés à
l’entrée du piédeflal ; mais on peut voir les objets
qui la couvrent fans y monter , puifqu’elle n’a
guère que fix pieds de hauteur & douze de largeur.
Qn y trouve d’abord l’autel des dieux puiflans ,
potcntium, Si celui des dieux Lares, Larium. Chaque
édifice avoit fes Lares ; les villes même avoient les
leurs, félon Lucrèce. Ces autels précèdent deux colonnes
unies par un fronton ; elles font dédiées à Cérès.
A quelque diftance , deux colonnes pareilles font dédiées
à Tuteline. Entre ces monumens fondes fiatues
des deux déefîes à demi couchées ; & un rameau
dans les mains, elles femblent fe repofer, fatisfaites
de leurs travaux. Nous; aimons à obferver que les
Romains, au fein.du luxe Si de la fplendeur, con-
fervoient une tendre eflime pour l’agriculture :
ils lui dévoient autant qu’à la V iéloire , à laquelle
appartient la flatue que nous voyons fur la colonne
qui domine les précédentes ; aux pieds de
■’ cette colonne efl un autel chargé de couronnes, Sx.
: la Viéloire aux ailles étendues, en préfente une à
difputer entre ceux qui s’engagent dans la carrière.
Après cette flatue efl l’autel des dieux forts, va-
lendutn. Il efl en face d’un édifice quarré, coin-
pofé de quatre colonnes ayant leur entablement.
Cet édifice efl dédié à Neptune Equeftre. Pou-
voit-on oublier, dans un cirque, le dieu qui Jfit.
préfent du cheval aux hommes ? Mais fi on lui
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doit ce bienfait, que ne doit - on pas à la terre ?
Auffi efl-elle repréfentée fous la forme d éCybèle,
affife fur un lion qui s’élance, entre le monument
du dieu dont les eaux l’environnent , 'Si l’obè-
lifque coiifacré au Soleil qui la féconde.
Nous voici donc à cet obélifque qu’Augufte
fit amener du fond de l’Egypte, pour le fu fli—
tuer au mât qui jufqu’alors avoit indiqué le milieu
de l’épine. Haut de plus de foixânte & douze
pieds , il efl encore furmonté par un globe fait
des métaux les' plus brillans, & qui réfléchit au
loin les rayons du même aflre, auquel, près de
fa bafe, on a encore érigé un temple, & fous le
nom d’Apollon, confacre un trépied. Aflez près
efl la flatue de la Fortune ,Jpofée. fur une colonne.
C’efl fouvent à cette déefle feule que nous devons
nos triomphes. Elle méritoit ainfi un double
monument , & en effet elle en a un, à la fuite
du premier, fous le nom de Seya , Si. il différencie
très-peu de celui de Neptune Equefire. Mais fi les
Romains dévoient beaucoup à la Fortune, ils dévoient
encore plus aux dieux qui préviennent ou
corrigent fes caprices. L’autel des grands dieux,
Mag. Deorum, attelle la reconnoiflance de ce peuple.
Il efl devant un chêne, fymbole de Jupiter, protecteur
du capitole. L’arbre & l’autel font entre le
monument confacré à Seya Si l’obélifque confacré
à la Lune, comme pour engager les dieux à obferver
également ces deux déefles inconfiantes. Cet
obélifque efl furmonté d’un croiflant, Si quoique
élevé fur des colonnes, il n’atteint pas à la hauteur
de celui du Soleil.
L’épine finit par de nouveaux degrés. En face
efl un autre piédeflal rediligne de leur cô té , &
circulaire 'du côté de la porte principale du cirque.
Ce piédeflal efl en tout femblable à celui dont
nous avons déjà parlé. Il en efl de même des
bornes.
Nous obferverons ici qu’à chaque tour que fài-
foient les chars , des hommes montés , à l’aide
d’une échelle, fur la plate - forme des monumens
de Neptune Equefire 8i de Seya , mettoient un
dauphin de bronze fur le premier, & une pierre
taillée en oeuf fur le fécond. Ils en mettoient
jufqu’à fept, qui étoit le nombre des tours que les
chars dévoient faire, ainfi que nous l’avons déjà remarqué
, pour obtenir le prix deftiné à leur rapidité.
Qu’on fe repréfente maintenant trois cents mille
citoyens réunis dans ce cirque, fans confufion ni
défordre ; qu’on réunifie- à la magnificence de f’ar-
chitefture , celle de l’empereur Si de fà cour ; que
l’on confidère la variété des jeux & l’importance
que leur donnoit leur origine Si la religion de
l’étnt ; on ne fera plus furpris de voir les Romains
fe paflionner pour ces fpe&acles, Si s’y porter avec
une efpèce de fureur. L’univers entier s’y rendôit'
tributaire de leurs plaifirs v & leur orgueil 's’ap-
plaudiflbit de l’avoir enchaîné.
Le plan du cirque de Caracalla > que nous avons
développé, Si les décorations du grand cirque que
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nous venons de'xlétaiUer, fuffifent pour nous apprendre
en partie ce que de, pareils édifices pou-
voient être : nous ne parlerons donc point des
cirques entièrement détruits , Si dont là place
efl à peine reconnue : les conjeélures 11e fervi-
roient qu’à faire defirer la certitude. Nous nous
bornerons à regretter des monumens dont la com-
paranon auroit multiplié nos lumières , Si qui nous
auroient montré jufqu’oîi s’étendoient, dans un
même objet, les divèrfes conceptions de l’art.
Cirque. Les modernes donnent encore ce nom
à des objets qui tantôt par leurs ufages , tantôt
uniquement par leur forme, ont quelque refiem-
blance avec les cirques des anciens.
Ainfi l’on appelle de ce nom certains lieux de
fpeélacle couverts & fermés, qui fervent à des exercices
de chevaux & à des jeux d’agilité , comme
auffi des lieux de réunion & de plaifir, qui n’ont
de commun avec les cirques antiques, que l’aflem-r
blage des fpeélateurs.
Dans la ville de Bath en Angleterre ,o n a donné
le nom de cirque à une grande Si belle place circulaire
formée de trois grands corps de bâtimens
réguliers & fymmétriques , Si compofés des trois
ordres d’architeflure. Cette place a été bâtie en
1754 fur les deflins de M. Wood.
CISELURE, f.f. C’eft l’art d’enrichir & d’embellir
les ouvrages d’o r, d’argent, & d’autres métaux
par quelque deflin ou fculpture d’ornemens.
Les procédés de cet art n’ont que peu de rapport
avec l’architeélure , fi ce n’eft dans le cas ou l’on
emploie des colonnes de métal. Cependant on doit
avertir que c’eft généralement un défaut,à l’ornement
que d’être exécuté «omme de la cifelure. Le
travail des métaux comporte une certaine féche- ;
refie qui devient vicieufe, lorfque par un goût trop
recherché, on veut en tranfporter le fini dans l’exécution
du marbre ou de la pierre. Chaque matière
veut être travaillée félon la nature de fa qualité.
Le genre de la cifelure fe plaît auffi dans les petites
chôfes & dans une légéreté incompatible'avec
les matières ordinaires qu’emploie l’architeéhire.
Ciselure. C’eft le petit bord qu’on fait avec le
cifeau à l’entour du parement d’une pierre dure
pour la drefler; ce qui s’appelle relever les cifdures.
Ce bord fert auffi à diftinguer les comparamens
ruftiques , fur les paremens des pierres dures.
C I T É , fe prend dans les grandes villes anciennes
pour la partie la plus ancienne de la ville. Une
ville s’eft peuplée, il s’eft formé des fauxbourgs
tout à l’entoür. Le nombre des habitans s’étant
fort multiplié, fes fauxbourgs fe font trouvés environnés
d’une enceinte , hors de laquelle il s’eft
formé de nouveaux fauxbourgs ; infenfiblement on
a laifle tomber comme inutiles les murs qui fé-
paroient ces premiers fauxbourgs d’avec la ville.
En ce cas qn appelle cité l’ancienne v ille , & l’augmentation
qu’elle a reçue autour d’elle prend la
- qualité de ville. Et comme dans les villes anciennes
l’églife primitive, ou la première bâtie., efl dans Je