
édifices- modernes-.n offrent-ils qu'une froide monotonie
dans leur décoration toujours infignifiante &
bannale > P ourquoi, fans FInfcription qui l'a vertit,
le fpedateur ig n o r e - t - i l s’il entre dans un Temple
ou dans un théâtre ? C ’eft qu’indépendam-
ment du vice de la forme , qui n’eft point appropriée
au monument celui-ci n’offre aucun.ornement
indicatif de fon caradère. C ’eft qu’on néglige
"d’y fculpter les attributs. E t qu’elle ôçcafiop
plus heureufe pour un génie qui connoîtroit toutes
les relfourqes de fon arc , que celle d’un théâtre
, même accommodé à nos ufages ? Cependant
quelle tr.ifte ftérijité dans la décoration de ceux que
nous avons vu élever de nos jours ? Pas un foui attribut
des mufes auxquelles l’édifice eft co'nfacré•: pas un
féiflldrnémènt -aflégbriqiie àux arts qu’on y admire :
pas' urr: fymbole qui nous en indique-là deftination.
’ Tl eft1'peu dé*moriumèns modernes ’ auxquels on
ne pui.ffe faire de fombiables reproches. Cette froideur
<T imagination n’a pourtant pas toujours exifté
dans nos monumens: que l’on confîdère le Louvre,
ôn y verra par-tout l’allégorie & les attributs des
vertus, animer fcenrichir T’architedure. L a fontaine
des Innocens, ouvrage contemporain, -nous en offre
encore uq bel exemple. On doit y admirer l’ajufte-
ment heùreux des attributs aquatiques ,:dont l'architecte
fçut embellir fa frife, d’une manière analogue
au genre de fon édifice* Rien de plus ingénieux que
ces dauphins , dont les queues entre-lâcees avec les
coquilles, forment un ornement aufli léger que délicat
, & approprié au caractère d’une fontaine.
Pour peu que Farchitede eût dés -connoiffanees
mythologiques , & connût les reffources dé l’allégorie
, il trouveroit toujours-le moyen d’introduire
2e femblables ornemens, q u i, fans être'des répétitions
de ceux de l’antique pourroient acquérir l’originalité
qui en fait le prix. Il n’y a point d’ édifice dont
le caractère & la deftination ne puiffent fournir ces
allufions ingénieufes 5 & ou les attributs des Dieux ,
des fciences, des vertus, &c, ne^foient fufceptibles
des formes variées que l’imagination peut leur prêter.
A V A L , ‘adv. au deffous. On (e fort de ce terme fur
les rivières pour exprimer le coté de leur embouchure
oppofée à la fouEce qui eft te côté d’amont. On dit
le parapet dayaj.» ta face d aval d un pont.
C e terme vient du latin ad & vallis vallée. ( V o y e z
amont. }
A V A N C E , f. f , C e mot iignifie non-feulement
tout ce qui eft porté par encorbellement au-delà d’un
mur de fa c e , comme itoient autrefois certains pans
de bois. fur les ruçs mais encore, t o u t . coude qui
anticipe fur quelque rue , & qu’on retranche pour
l ’élargir & la rendre d’alignement.
O n appelle aufli avances les faillies fur la rue , qui
excèdent le njid d’un mur de face , comme font les
pas de-portes ./balcons,, bçrnes , barrières , appuis de
boutique / .auvents & leurs plafonds, appuis.& cages
de .croifoe/ Toutes ces avances payent aù voyer.
Mais celles qui fo conftruifont avec le corps du b âti- |
ment, comme font les plinthes * entablemens, pila-
ftres, çouronnemens Sc autres ornemens d’architedure,
ne doivent rien au vo y er , lorfqu’ ils n’excèdent point
l'alignement qu’il a donné.
A V A N T - B E C , f. m. C ’eft la pointe d’une pile de
pont en forme d’éperon , qui fert à le foutenir & à
fendre l’eau. L e deffus de l'avant-bec eft recouvert
de dalles-en glacis. Leur plan eft le plus fouvent un
triangle équilatéral, comme aux ponts de Paris , ou
un triangle redangle comme au pont antique de
Rimini en; Italie. (Quelquefois ces éperons font ronds,
comme au pont St-Ange à Ro'me. Il fo trouve aufli
quelques ponts ou Vavunt-beç d’amont eft aigu pour
réfifter au fil de l ’eau , tandis que celui d’aval eft
rond.
A V A N T -C (E U R . ' C ’eft la principale entrée du
choeur d’utae églifo-, qui eft comprifo entre la première
grille d’ap pui, & la porte de ferrurerie qui en forme
l’enceinte , comme à l ’églifo de Notre-Dame à Paris.
A V A N T -C O R P S , f. m. C ’eft dans la déeoratipn
des édifices une partie en faillie , comme un pilaftre,
un montant , &c. E t au contraire l’arrière-corps eft
la partie reculée, qui fert de; fond.
On apelle âuiîî avant-corps, en ferrurerie , tous les
morceaux qui excèdënt le nud de l’ouvrage , & qui
forment faillie fur-ce nud. Les moulures forment
avant-corps 5 mais les rinceaux & autres ornemens ne
font pas compris fous ce nom.
A V A N T -C O R P S , ( conflruElion, ) C ’eft tout ce
qui excède, en plan , le nud principal de la bâtifle.
Les avant-corps fervent dans.un grand mur de face à
varier l’ uniformité de fa longueur, en diftinguant les
parties principales. Ils augmentent aufli la: folidité, en
doublant l’épaiffeur des murs au droit de leurs réunions
: en forte qu’un mur très-long ,. dans lequel on
pratiqueroit, de diftance en diftance, des avant-corps,
auroit prefqu’autant de folid ité, que s’il avoit uniformément
l’épaiffeur qui fe trouve au droit des avant-
corps. L a proportion la plus convenable feroit. que
leur longueur fût égale à l’élévation du mur, & que
les diftances , entr’eux , fuffent depuis deux jufqu’à
trois fois la hauteur du mur. C ’eft ainfi qu’on auroit
dû faire les murs de Paris, pour leur donner, au moins,
l’apparence de folidité qu’exigeoit un pareil ouvrage,
A V A N T -C O U R , f. f. On appelle ainfi celle qui
précède la principale cour d’une maifon. Les avant-
cours fervent quelquefois a communiquer dans les
baffes-cours, des cujfines & écuries qui font fouvent
aux deux côtés.
A V A N T -L O G IS , f. m. C ’étoit, chez les anciens,
le corps-rde-logis de devant. Il y en avoit de cinq
efpèces : le Tojcan qui n’avoit point de colonnes,
mais feulement un auvent 3 qui cntôuroit la cour ; le
teirajlyle qui avoir quatre colonnes chargées de cet
auvent 5 fe corinthien qui étoit décoré d’un périftyle
de cet ordre dans tout le circuit de la cour j le teftitu-
d'mé, dont les portiques aYçç arcades étoienc voûtés,
ainfi que l’étage de deffus, & le dècotMït dont la cour
n’avoit ni portiques , ni périftyle, ni auvent en faillie.
( Voye\ V 1 t r u v e , 1. 6. chap. 3 .)
Palladio ( 1. i . c. 6. ) ci t e l ’avant-logis Corinthien
qu’il a bâti à la Charité de Venife , pour des C h a noines
réguliers, & où il a imité la difpofition de
celui des Romains dont parle Vitruve.
A V A N T -P IE U , (terme à'architeêiure hydraulique.)
Bout de poutre ou de pieu qu’on entretient à-plomb
fur la tête d’un pilotis , pour le ralonger , afin de
pouvoir le faire enfoncer.
A V A N T -P IE U , f. m. ( jardinage. ) C ’eft une
efpèce de cheville de fer pointu qui fert à faire des
trous pour planter des ja lons, des piquets & des
échalats de treillage, particulièrement:quand la terre
eft trop ferme & couverte d’une aire de recoupes.
A V A N T - S C È N E , f. m. C ’eft la partie du théâtre
fur laquelle s’avancent les principaux adeurs..
U avant-fcène des théâtres modernes* n’a dé commun
avec le profcenium des anciens que le nom & l-ufage.
L a fcène des ancièns éroit la décoration permanente
, ornée- de toute la richeffe dé Farohitedüre ,
qui faifoit face ,au théâtre ou viforium. Dès lors lé
profcenium, ou avant-fcène , conftituoit en entier ce
que nous appelions aujourd’hui la fcène. Il avoit la
forme d’ un quarré lo n g , & repréfentoit ordinairement
un lieu découvertV Ses côtés, ou flancs, etoient câchés
par les prifmes verfatiles , for lefquels étoient peintes
les décorations qui en mettoient les côtés en. rapport
avec la décoration du fon d , & faifoient l’effet de nos
coifliffes. (V o y e z profcenium. ) Ainfi , comme on le
voit, Xavant-ffne des anciens ne comporte , quant à
la forme , aucune comparaifon avec le nôtre*
Dans nos-ufages , nous entendons par fcène'ou par
théâtre ('car nous avons confondu' tous cés mots ) le
lieu ou fe-paffe l’aélion ; 'l’efpace- compris entre la
dernière ferme- ou couliffe - du côté de ‘l’orcheftre , &
la toile du fond; C ’eft là que -, pour la plus grande
vraifemblance} l’-afteur devroic fe tenir pour ne. pas
fortir du .tableau- dont i l fait? partie. Mais fa profondeur
de nos théâtres -, les difpofitions de nos falles,
mille ^utrès raifons , fur-tout le befoin- d'entendre,
ont Wéceflîté f’avance qu’011 appelle avnnt-fc'àie, & qui
n eft qu’une prolongation licencieufe de la fcène. Ainfi,
1 uvant-ftène-n-eQ: dans- nos-théâtres ,-ni fe lieu de la
fcene, ni lé tableau lui-même,- commechezlès anciens;
mais feulement' un grand cadre propdl- à'receVoir alter-
nativemènt les tableaux variés que -la- fcène peut
offrir. r ................................................... - r
1 ^ faiit, félon M . Nôverre', que c ê cadre Toit noble
^ f o r m e & fimple.dansfes ornemens :... car, s’il
jV charge ,<!’pr ,dè0marhres;de toutes' .couleurs, les
yçqrarions qiii; forment le fond du tableau, les aéleurs
qui en-,çpmpofent les pérfonnages -, feront écrafés par
les ornemens & détruits par fa richeffe.
Cependant il eft peu de parties dans nos théâtres
modernes qui préfèntent plus de défauts, de ridicules
& de concradiétions qtie celle de l'avant-fcène.
Défauts de forme : ils font fans nombre. Comme
cette partie rie (e trouve motivée par aucun befoin
efferitiel de conftruétiôn, & n’appartient ni au théâtre ,
ni à la falle , elle devient prefque toujours un hors
d’oeuvre , dont l’ ajuftemenc' n’a de rapport ni t a vec
f un ni avec l’autre. Chaque théâtre offre, en ce genres
les difcordancesr & les diiparates les-plus révoltantes.
I c i , e’eft un grand ceintre qui 11e s’accorde avec
aucune des parties de l’ordonnance de la falle 5 & dont
il faut fermer, par des draperies, la partie fupériéure,
de peur que fon trop grand exhauffement ne découvre
le jeu des machines, & les refforts du plancher de la
fcène. L à , c-eft une grande plate-bande dont çn cherche
à rompre la longueur par les enroulemens les plus
abfurdes : on en1 voit de éé gerûre en Italie. Ailleurs ,
ôri voit lé plafond dé avàrh-fç'èbe s'unir de la façori*
la plus bizatife à l’è'ntableihéh^circûràîrè- de la fâlfë v
& né prëfénter l’ un & l ’aiffrë tjù’ün vuidé effrayant,
& des port-à -faux les plus vicieux; Tantôt la largeur
de Vavdnt-fcène fe trouve retrécie ;dë maniéré que le-
théâtre n!en'èft féparé que par un fimple mu r , comme
à ceurd e Parme & de Manheim de forte que l ’ac-*
t e u r f e . .trouvant vis-à-vis. les premières ( couliflès
fa voix fe perd en partie dans les premiers chaflis des
décorations. Tantôt on en avance leè bord/jù-ftjues
dans la fa lle , comme à Naples, à Milan; à Rortie,
ce qui paroît trop ifoler l’-adeury & nuir à d ’ilfufîon^
Ridicules de décoration :■ on s’eft permis , . dans la
décoration des avant fcène s 3 des bizarrerie^ de toute,
efpèce , & les abfurdirés les plus choquantes : confoîes
& enroqlqmens.termes-g^înes ,.s caryatides., .ordres
fans proportion, mqnftres qe' tout geure qui femblent
fupporter l’entablement, & ne fon t, eux-mêmes-, (apportés
pàr rien. Quels çoncre-fens 1 enfin dignes des
Àlabandins , un nouveau Licinius ne trouveroit-il pas
dans tous ces frpntifpices ridicules qui dégradent l’entrée'
dé la^rcêne? . . ’’ /*J
Contradiflions dans les ufages de tavant-fcène : on
en obferye deux principales ; Tune a1 rapport à la vue ,
l ’autre à l’oreille.
Dès que l’on confidère Vavant-fcène , comme une
efpèce de bordure , qui enferme le tableau que F ad eu r
met èn .’mouvement s on peut donner ; fans doute,, à,
ce cadre- îune certaine profondeur ,- dans ’laquelle, fo
pré(kiteront -le< principaux perfonnages, fàns avoir
Fâir cependarft de des mettre hors du beu de la fcène.
Mais alors , 'n’eft-iî pas contradidoire à l’effet même
que- doit produire ce cadre , d’y admettre , au x deux
côtés , des' loges dans toute là. hauteur , de manière
qüe Fadeur fé trouve commè introduit dans la falle;
& que fillufion-même de cet encadrement difparoiffe
pour le fpedatem î
L ’oreille ne jpeut qu’y perdre aufli. Ceux qui ont
recherché les effets de facouftique dans tous les détails
de' nbs falles dé (pedaelë , ont' cru que l'avant-fcène
devoir être conftruite en bois, & revêtue de matières