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les cannelures furent commencées & relièrent imparfaites.
Au-deffus de la bafe des jambages ou des
antes & pilaftres, eft un ornement compofé d’une
double grecque, qui continue & règne tout autour du
temple. L ’entablement du dehors répond à la richeffe
de celui qui règne dans l’intérieur. On a pratiqué, dans
le quart de r6nd de la corniche , des routières ornées
de mufles & de fleurs en relief. L a frife eft décorée
de feftons foutenus par des têtes d’animaux.
Mais on ne peut, dit Pockock e, rien imaginer de
plus beau que la porte 5 prefque tous les membres
font ornés de fculptures qui repréfentent des fleurs ,
des fruits & une frife d épis de bled parfaitement
bien exécutés. Le Soffite eft compofé de trois pierres.
Sur celle du milieu eft fculpté un aigle qui repréfente
peut-être le foleil à qui le temple étoit dédié. Les
enfans ailés qui font de chaque côté , font peut-être
les zéphits ou l’air qui coopère avec lui 5 8c l’on aura
voulu défio’ner par les autres accefloires, que cet aftre
produit la fertilité & l’abondance. L e caducée que
l ’a ille-tient dans fes-ferres eft peut-être un emblème
du commerce , & des richelfes qui 'font une fuite de
la bienveillance de la Nature.
M. Volney nous apprend que le tremblement de
1759 ébranla tellement les murs du petit temple , que
la pierre de la porte fur laquelle eft fculpté l’aielé ,
a gliflé entre les deux qui l’aYoifînent, & eft defeen-
due de huit pouces , enforte qu’aujourd’hui le corps
de l’oifeau fe trouve fufpendu, détaché de fes ailes,
& des deux guirlandes, q u i, de fon bec , aboutifïent
aux génies. Les voyageurs Anglois , en 17 51 , trouvèrent
au grand temple -, neuf colonnes debout , il
n’en reftoit que fix en .17845 ils en comptèrent vingt-
neu f au petit temple ; il n’y en reftè plus que vingt.
Cependant la Nature n’a pas été ici le feul agent
de deftruâàon. L ’avidité des Turcs y a beaucoup cont
in u é pour les colonnes..; Leur motif eft de s’emparer
des boulons de fer qui fervent à joindre les aflifes
des pierres. Ain.fi , par une fatalité attachée à tous
les ouvrages dé l’homme, on voit que les caufes de
leur ruine réfultent dés moyens: les mieux imaginés
pour afsurer leur confervation. On ne pouvoit en
employer de plus folides que ceux qui lient les fufts
de la plupart de ces colonnes. Comme elles font
compofées de deux , 8c le plus fouvent de trois
aflifes on Les avoit affermies, par des barres de f e r ,
pour îefquelles on avoit creufé des trous dans chacune
des pierres. L a plus grande partie des bafes avoit
deux, de ces trous., l’un circulaire & l’autre quarré j
jls répcndoient a deux trous de la meme formé 8c
des mêmes dimenfions pratiqué.? dans la partie inferieure
des fufts. On trouve , en mefurant quelques-
uns de ces trous circulaires , que le boulon qu’ils
recevoient devoir avoir un pied de long & plus d’un
pied de diamètre. Tous les débris font voir de.'fem-
blablés trous, & l’on préfume delà, que chaque pierre
avoit été probablement afsurée de cette manière, Oîi
voit dans: ce dernier temple / combien cette méthode
cpntpbuoit à affermir la conftruft.ion, Plufièurs colbn-
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nés ne fe font pas déjointes dans leur chute. Une
entr’autres déplacée par effort , & tombée contre fe
mur du temple , a enfoncé la pierre fur laquelle
elle a donné ; le coup à été affez fort pour caffer
une partie d u fu f t, {ans avoir pu, le 'moins du monde,
féparer les joints des aflifes dont il eft compofé. Rien
de fi jufte que la coupe des joints dans tous ces
édifices $ elles ne font liées par aucun ciment, &
cependant la lame la plus fine 11’entreroit pas dans leurs
interftices.
Il exifte encore à Balbeck un monumènt des plus
finguliers, & des plus curieux pour l’hiftoire de l’ar •
chiteûure. Oh en voit les ruines dans la partie méridionale
de la ville : fon rez-de-chauffée edi à préfent
une églife Grecque. C ’èft un temple circulaire 5 mais
qui ne reffemble en rien à ceux dont Vitruve nous a
confervé les règles, & dont l’antiquité nous a tranfe
mi' des modèles.
Rien de plus bizarre que la difpofition de Con plan.
Autour du mur du temple ou de la Cclla , dont la
forme décrit un cercle e x a é l, font difpofées huit
colonnes , qui s’en écartent, & Nen font éloignées de
plus de dix pieds de diftance : il faut excepter les
deux de l’entrée qui s’en rapprochent. Ces colonnes
ne forment point galerie couverte ; l’entablement
qu’elles portent n’eft point continu. Il décrit au contraire
huit courbes dont la partie concave porte fur
le mur du temple, en forte que chaque colonne ne
reçoit que la faillie ou les pointes avancées de chacun
de cès cercles. La même courbure elliptiquéfe trouve
répétée dans le Stylobate. Cès colonnes avec l’entablement
n’y paroiffent enfin difjpofées que comme, des
contreforts deftinés à foutenir là pouffée de la voûte.
Tous les détails de cet édifice ne préfente qu’un amas
de licences 8c d’abus. L ’entablement porte des modifions
au-deffus des denticules. La frife eft bombée :
cette forme entièrement fauffe & vicieufe ne fe trouve
que dans les monumens du bas-âge. Les niches, dont
le temple eft extérieurement orné , font ençoré dans
le goût futile 8c mefquin que nous avons remarqué
à d’autres monumens de cette ville ; elles font toutes
ornées de coquilles. Les pilaftres qui décorent la Cella,
8c qui répondent aux colonnes * n'y jouent'qu’un
rôle oifeux , puifque’ , par la nature de l’entablement
que nous avons dé crit, ils n’ont ni plate-bandes à'
recevoir ni plafonds à foutenir. L ’intérieur eft décoré
d’un ordre Ionique qui pdrte un entablement continu,
au-deffus duquel régnent les mêmes niches ou tabernacles
ornés de- colonnes qu’on trouve répétés dans
tous les- monumens de Batbeèk. L e tout étoit fur-
monté d’une coupole qui eft détruite. Pockocke penfé
quë ce temple ne recevoir de jour que par la porte.
A cônfidérer le monument ' W&. nous venons dé
décrire dans les d'éffins, des voyageurs Anglois , on
feroit tenté d’y voir , au premier ,â{pëâ;, une des
productions bizarres 'de quelques-uns de ces génies
modernes qui fe lorit rendus fameux par, ^é mépris des
règles & la témérité ;^ë. leurs 'invèntmns/ T ouf y ref*
femble à cès monumens capricieux enfantés p'àfTèfprit
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décoration en, dépit des principes dp l’art, S ans
doute les, Boromini, les Guarini n’ont jamais rien
produit de plus contraire aux principes de la. faine
architecture. On ferpit porté à croire qu’ ils auroicnt
euconnoiffah.ee deces caprices de l’antiquité, ou d’autres
à-peu-près femblables. Mais , fans leur envier le
honteux honneur de leurs inventions, on doit en conclure
Amplement que le génie de l’homme, conftam-
nient le même dans tous les tems & dans tous les
pays, eft deftiné à décrire le même cercle de vérités
& d’erreurs, de vices 8c de vertus. Peut-être la feule
différence que la diverfîté des tems & des pays peut
produire , ne confîfte-t-elle que dans le plus ou le
moins de lenteur & de rapidité qu’ils.mettent à parcourir
cet efpace. Qu oi qu’il en f a i t , on ne fauroit
trop prémunir les jeunes architectes contre les dangers
d’une autorité revêtue du nom refpe&able de l’antiquité.
Comme l’exemple du vice fert quelquefois à
eu détourner, nous les inviterons à n’envifaser ce
monument que comme un préfervatif contre l’illufîon
des paradoxes’modernes,, 8c non comme une autorité
dont ils puifient. s’appuyer. Nous finirons cet article
eii rappellanty Comme nous l’ayons dit au commencement
, quindépendamment du mauvais goût des
tems qui virent élever cette archite&ure , l’efpnt
licencieux & fertile en écarts qui eft le propre de
l’Orient, put contribuer encore à toutes ces incorrections
, autant que le fiècle où l’on peut en rapportée
l’époque.
BA L CO N , f. m. eft une faillie pratiquée fur la
façade extérieure d ’un bâtiment, portée par des colonnes
ou dès ’ cônfoles. On y fait un appui de pierre
bu de fer : lorfqu’ il eft de maçonnerie, il s’appelle
bahtftrade 5 quand il eft de ferrurerie, on le nomme
aufli balcon : il en eft de grands , de moyens & de
petits, félon l’ouverture des croifées , ou la largeur
des avapt-çorps qui les recoiffent.
• ■' Ge mot vient de l’Italien balcone. Covarruvias le
fait venir de ficLWetv jacere lancer, . fondé fur l’opinion
que les balcons étoient de petites tourelles élevées
ur les principales portes des fortereflès, du haut def-
quelles on Iançoit des dards fur les ennemis.
On ne voit point que l’ufage des balcons propre-
ment dits, c’eft-à-dire de ces avances ou de ces appuis
pratiqués ,à chaque fenêtre , ait été connu des anciens.
La plupart de leurs maifons n’avoient point , ou que
très-ypeu d’oùvertures fur la rue. Les appuis des fenêtres
etoient fi élevés qu’on ne pouvoit s’en fervirpour
regarder au-dehors, comme nous l’indique la peinr
va^e étrufque du Vatican, où eft repréfentée
1 hiftoire d’Alcmène 5 les anciens faifoient venir du
le jour dans leurs chambres. (Voye^ F xnetre.)
Cette pratique favorable à la belle arcbite&ure , &
* a flecoration des intérieurs, étoit peut-être aufli
effet de la nature des moeurs, & de la retenue ou
i,s finîmes vivoient renfermées dans leurs maifons. .
Cependant on crpit voir mie efpèce de balconcontinu
le menianum des anciens. Il fut ainfi appellé du
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nom de Mcnliis , citoyen Romain. Ayant vendu fa
maifon qui regardoit fur la place des fpeClacIes, il
fe ré fer va feulement une colonne qui étoit devant ,
for laquelle il bâtît ur.e efpèce de tcrraffe en balcon.
mais il femble que ces mcniani étoient plutôt ce que
les Italiens appellent lo g g i c ç’eft-à-dire des portiquei
continus fervant de dégagement aux appartemens 8c
de balcons couverts d’où l’on regarde fur la place.
Aux maifons des particuliers , dit Wînckelmann , il
y avoit aufli une plate-forme en faillie , dite en
GïZc çyQccîov : c’eft ce que les Italiens appellent
vinghiera , 8c qui revient à ce que nous nommons
balcon.
L ’ufage du balcon , chez les peuplés modernes, né
paroit pas très-ancien. Les plus anciennes villes 11’en
offrent point d’exemples dans celles où la durée des
édifices permet de remontera quelques fiècles. On
retrouve les fenêtres de ces premiers tems, à-peu-
près dans- le genre de celles des anciens : c’eft-à-dire
plutôt faites pour recevoir le jour , que pour donner
le plaifir de la vue. On y voit leurs formes fuivre les
ufages des fociétés , & s’aggrandir en raifon du plus
ou du moins de liberté dans les moeurs , & d’aifance
dans la manière de vivre. Enfin, lorfque les principaux
appartemens fuient placés fur les rues , & que
le plaihr d’y voir les paffans , & d’en être vu , fut
-■ devenu un paflè-tems habituel, on chercha à rendre
plus commodes les appuis des fenêtres j & par leur
faillie fur la rue , & par l’étendue qu’on leur donna.
En I talie, l’on ne s’eft pas contenté des balcons ordinaL
res : il s’en pratique à certains étages qui font vitrés'
& qui forment une efpèce d’avant-corps d’o ù , fans
être vu , l’on peut voir à couvert. Qupique ces balcons,
qu’on appelle mignani, gâtent fouvent l'ordonnance
de l’architecture & les façades des palais , cependant
on peut ne les cônfidérer que comme des hors-d’oeu-
vres poftiches & , par leur nature, indépendants de la
conftruélion. L a forme des fenêtres y refte dans de
belles proportions, & les balcons n’en ont point encore
altère la forme,. fur-tout dans les grands édifices.
En France , & dans d’autres pa ys, îa mode des
balcons eft devenue générale. Elle eft une de celles
auxquelles l’architedure eft obligée de facrifier le plus
fouvent, & l’enfemble des façades •extérieures , & les
proportions de leurs détails. Rien né dépare plus
l’ordonnance des palais & des maifons , que ces
faillies prefejue toujours en port-à-faux , d o n f unfe
fauffe hardieffe de conftru&ion femble tirer un puéril
honneur. Rien ne gâte plus la forme des croifées
que cette longueur démefurée , néceffaire à l’ouver-
ture du balcon, 8c qui fait fortir la fenêtre des proportions
que l’oeil juge être les plus belles.
On diftingue deux fortes de balcons. Les grands
fon t. ceux qui portent en fa illie , & qui font plus
larges que les croifées. Les petits , ceux qui font
entre les tableauxr des mêmes croifées, & qui fervent
d’appui.
On ne trouvera ici aucune règle pour la difppfi