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fe rompt Tous un moindre effort que le bols de |
chêne. Dans ce dernier c a s , leur rapport de force
eft comme n à 17. A in fi, quand il s’agit de poutres,
de moifes ou de clefs pendantes, le chêne vaut
mieux que le fapin. Le bois de Xapin fe conferve
mieux a vec le mortier & le plâtre que le bois de
ch ênes c’eft pourquoi l’on devroit le préférer pour
les planchers recouverts‘en deffus 8c en défions.
L e fapin eft fur-tout propre à faire ces voûtes légères
qu’on attribue à Philibert de Lo rme, quoique
Serlio en ait parlé avant lu i , & qu’il en ait
c ité des exemples fort anciens, tant en France
qu’en Italie. ( Nous en parlerons plus au long à
l ’article VOUTES EN BOIS ) .
O n emploie encore pour les ouvrages en charp
en te , le châtaignier,l’orme, le hê tre, le peuplier,
le charme, le n oye r -, l’érable, le frêne, le t illeu l,
l ’olivier & l’aulne. En Ita lie , on fait ufage du mélè
z e , du la r ix , du p in, du c y p rè s , du platane. Dans
le L e v a n t , on emploie le cèdre ; mais tous ces bois
fon t inférieurs pour la durée au chêne & au fapin :
après eux viennent l’orme , le châtaignier, le
n o y e r ; les cèd res, les cyprès , les larix & les
melèzes enfuite. Ceux-ci ont le défaut d’être caf-
fans ; les autres n’ont ni la force requ ife, ni ne
peuvent promettre la durée néceffaire aux grands
édifices; aufïi ne doit-on les employer qu’à défaut
des précédens.
O n fait ufage en Afrique des bois du palmier,, de ,
l'acacia , du ce iba, du baobad, & c . En Am é riqu e,
outre le chêne 8c le fapin, on ufe-du bois d’acajou ,
qu’on appelle cèdre de Saint-Domingue. Il eft un des
plus beaux qu’on connoiffe., fur-tout pour fa couleur;
il a aufli pour la charpente toutes les propriétés
du chêne. Sa texture eft beaucoup p lus b elle, plus !
fine ; il fe travaille mieux & reçoit un beau p oli. Le ,
balatas eft encore une efpèce de grand arbre, dont
on fe fert pour bâtir en Amérique. On en diftingue
de plufieurs fortes ; le meilleur eft le balatas rouge
de Saint-Domingue ou fapotiller maron. Cependant,
on obferve en général que les bois de charpente
d’Europe valent mieux que ceux des autres
parties du monde. Ceux d’A fie fon t trop f e c s ,
ceux d’Afrique font mou s, ceux d’Amérique font
trop humides.
Après ces connoiffances générales fur le bois 9
nous allons le confidérer fuivant fes e fp èc es , fes
façons & fes défauts ; ce qui divifera Le refte de
cet article en trois parties, qui contiendront, par
ordre a lphabétique, les différentes fortes de bois.
Du bois 9 jeton fes efpèces.
Bois de chêne rufiique ou dur. C ’eft le bois qui a
le plus gros f il 8c qu’o n emploie dans la charpenterie.
Bois de chêne tendre. Bois qui eft g ra s, c’eft-à-dire,
moins poreux que le dur 8c avec peu de fil ; il eft
propre pour la menuiferie & la iculpture.
Bois dur & précieux, C’eft ainfi qu’on caraftérife
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les différentes ébènes, les bois de la C h in e , de vro;
le t t e , de Calembourg, de cèdre 8c autres qu’on
débite par feuilles pour les ouvrages de placage
8c de marqueterie, 8c qui reço iv en t un poli fort
luifant.
Bois léger. C ’eft tout bois blanc , tel que le fapin,
le t illeu l, le tremble, &c. qui fert à faire les cloi-
fons 8c les planchers à défaut du chêne.
Bois rèfineux. O n comprend fous ce n om, le
fapin , le picéas 8c autres arbres qui portent de la
réfine. Ces kois%, employés dans les .bâtimens, font
fujets aux araignées, comme on peut le remarquer
en plus d’un endroit', fur-tout au dortoir du
couvent des. Jacobins, rue feint Jacques à Paris, le*
quel eft bâti de bois de fapin-depuis plus de 400 ans.
Bois fain & net. B.ois qui eft fans malandres,
noeuds v ic ie u x , fiftuLes, g a le s , &c.
Du bois, félon J es façons.
Bois affaibli. Bois dont on a dimfrmé confidéra-
blement de la fôrme d’équarriflage pour le rendre
d’une figure droite , courbe ou rampante, 8c pour
laiffer des boffages aux poinçons, aux poteaux des
membrures, &c. Ces lois fe toifent de la grof*
feur de leur équarriffage, pris au plus gros de
leur bofiage.
Rois apparent fe dit de celui q u i, étant mis en
oeuvre dans les planchers, cloifons ou pans de bois,
n’eft point recouvert de plâtre.
Bois bouge. C ’eft un bois qui a du bombement ou
qui.courbe en quelque endroit.
B ois.corroyé. C ’e f t , en charpenterie, un bois qui
eft repaffé au rabot; 8c, en menuiferie, celui qui
eft applani à la varlope.
Bois de brin & de tige. Bois, dont on a feulement
ôté les quatre doffes flaches pour l ’équarrir, &
qui fert pour les combles, les poteaux corniers,
les pans de bois, 8c les folives des planchers.
Bois d3 échantillon. On appelle ainfi les pièces de
bois de certaines groffeurs 8c longueurs ordinaires,
comme elles font dans les chantiers.
Bois d’equarrijfage. C ’eft un bois qui eft équarri
au-deffus de fix p ou ces , 8c qui a différens noms,
fuivant fes groffeurs.
Bois de refend. Eft celui qui fe refend par éclats
pour faire du merrain, des la ttes , des échalas, du
bois de boiffeau pour les treillages, &c.
Bois de feiage. Bois qui eft propre à refendre on
qui eft débçé à la fo ie , en ch evron s, membrures
ou planches.
Bois en grume. Bois qui eft ébranché, 8c dont la
tige n’eft pas équarrie ; il fe r t , de fa groffeur, pour
les p ieux des paiées 8c pilotis.
Bois flache. O n donne ce nom au bois qui peut
être équarri fans beaucoup de dé che t, 8c dont les
arêtes ne font pas v iv e s . Les ouvriers appellent
cantibay, celui qui n’a du flache que d ’un core.
Bois gauche ou deverfé. Bois qui n’eft pas droit
par rapport à fes angles 8c à fes c ô t é s .,
b o ï
p Q]s lavé. Bois dont on ôte tous les traits de
la feie, 8c dont on enlève toutes les rencontres.
Bois méplat. Celui qui a beaucoup plus de largeur
que d’ épaiffeur, comme les membrures de
menuiferie. . „ . . ,
Bois tortu. Bois qui n eft bon qu a faire des
courbes. .
Bois vif. C ’eft un bois dont les arêtes font bien
vives 8c îans fla ches, 8c dont il rie refte ni é c o rce ,
ni aubier.
D u bois félon fes défauts.
Sois blanc. Bois qui tient de la nature de l’aubier,
8c qui fe corrompt facilement.
Bois carié ou vicié. Bois qui a des malandres 8c
noeuds pourris..
Bois gélif. Bois qui a des gerfures ou fentes
caufées par la gelée.
Bois mort en pied. Rois qui eft fans fubftance, 8c
qui n’eft bon qu’à brûler.
Bois nouailleux. C ’eft un bois qui eft plein de
noeuds qui le rendent d éfeâu eux 8c fujet à fe caffer
aux endroits où il fe trouve ch a rg é, ou lorfqu’on
le débite.
Bois noueux, eft celui qui eft plein de noeuds.
Bois qui fe tourmente. Bois qui fe d é jette, n’étant
pas fec lorfqu’oh l’emploie.
Bois rouge\ Bois qui s’échauffe 8c qui eft fujet à
fe pourrir.
Bois roulé. Bois dont les cernes font féparées,
& qui, ne faifant pas co rp s , n’eft pas bon à débiter.
Bois tranché. Bois dont les noeuds vicieux ou
les fils obliques coupent la p iè c e , 8c q u i, à caufe
de ces défauts, ne peut pas réfifter à la charge.
Bois vermoulu. Bois qui eft piqué de vers.
B o i s , fe dit aufli d’un nombreux affemblage
d’arbres de toutes fortes, d’un can ton , d’ un lieu
planté d’arbres confufément épars.
Bois sa c r é s . Les bois avoient été les premiers
lieux deftinés au culte des dieux. Dans les temps
où les hommes ne connoiffoient ni villes ni mai-
fons, 8c lorfqu’ils habitoient les bois ou les cavernes,
ils choifirent les lieux les plus écartés, les
plus fombres, les forêts impénétrables aux rayons du
foleil, pour offrir des facrifices ; ils y élevèrent
des autels 8c des temples. Pour retracer cette ancienne
coutume, on plaçoit tou jou rs, lorfqu’on
le pouvoit, des bois autour des temples, 8c ils
étoient aufli refpeftés que les temples même.
Cet ufage fe retrouve en Egypte. L e dromos
des temples égyptiens étoit planté de palmiers,
d’arbres fruitiers 8c d’autres efpèces. C ’eft Hérodote
qui nous l’apprend, en parlant du temple de Bu-
baftes, 8c de plufieurs autres édifices fàc ré s , autour
defquels fe trouvoient des plantations confa-
crées à la divinité,
L’ufage en étoit.général en Grèce. Apollon avoit
fon bois à Claros ; E fculape avoit le lien à Epidaure. I
Architecture. Tome I«
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On s’y raffembloit, on y céiébroit des jeux 8c des
danfes. Lucien nous a confervé la description du
bois qui environnoit le temple de Vénus à Gnide :
u le parvis , d it-il, étoit rempli d’arbres frumers ,
» qu’on v o y o it toujours chargés de fruits. Parmi
w eux fe trouvoient entremêlés quelques platanes
» 8c quelques cyprès pour avoir de 1 ombre. La
» fleuriffoit le myrthe confaeré à la d e effe, 8c le
n laurier même , quoique fon ennemi. Chaque
» arbre étoit entortillé de lierres, ou de pampres
» chargés de raifins, qui faifoient un b el ombrage,
n outre que Bacchus 8c Vénus s’accordent fort
» bien enfemble, 8c font un mélangé tres-agreable.
» Sous ces arbres étoient dreffées des tentes pour
» le peuple, fous lefquelles plufieurs fe réjouif-
» fo ien t , 8c prenoient des plaifirs conformes au
» lieu n.
Il y a voit à Rome un très-grand nombre de bois
(aérés. ( Voye^ le D iâ io n . d’antiq. )
B o i s . ( Jardinage. ) Par ce mot géné rique , on
entend un grand affemblage d’arbres de toute efpèce
> diftribués fans choix 8c fans ordre , mais cependant
aflez liés entre eux pour former un tout.
C e qui diftingue fpécialement le bois du bocage
8c du b o fq u e t, c’en fon étendue. Au fli ne peut-il
être admis que dans les parcs ou grands jardins
du genre irrégulier. Ce tte plantation , quoique fans
ornement, quoique tout le foin en foit confie a
1 la feule nature, n’en eft pas moins fufceptible d un
j grand agrément.
Nous allons confidérer le bois fous deux points
de vu e : dans fa nature, 8c dans les aïpeâ s qu il
préfente.
Confidéré en lu i-m êm e , fon moyen de plaire
eft la variété. I l faut que les feenes y Soient nom-
b reufes, 8c mifes en contrafte ; car le bois admet
la multiplicité des caraélères : que-d’un can ton ,
fortement ombragé par de hautes-futaies, on paffe
dans une petite plaine r ian te , fur une peloufe
livrée à des troupeaux en liberté : que de plufieurs
parts,des allées droites ou tortueufesremettentfous
le couvert : là que les arbres efpacés pour le jeu
du jour 8c des ombres, amufent les y e u x du promeneur
folitaire, par la diverfiré de leurs tiges 8c
de leurs feuillages : qu’avant d’ éprouver l’ennui de
parcourir un (entier trop long 8c trop é g a l, il
arrive à quelque objet aufli agréable qu’ inattendu :
qu’ailleurs, après avoir erré quelque temps au milieu
des taillis entrecoupés de c lairières, il s’enfonce
dans un fourré obfcur 8c épa is, qui le mène à un
canton fau v a g e , abandonné au défordre apparent
de la nature ; mais qu’on lui mén age, au premier
dé tou r, la perfpeêUve du plus beau tableau qu’on
puifle lui offrir.
T o u s ces moyens de variété 8c de contrafle
doivent être tirés de la difpofition 8c de l’afliète
du fol : plus il eft inégal 8c montueux, plus il
eft fufceptible de grands effets. Une diftribution
bien entendue de fabriques peut encore y ajouter
un nouveau charme. On peut y trouver un temple,