
j io B O S
Ainfi j toutes les parties qui ne réclament aucune
efpèce d’imitation, & où la pierre n’eft repréfenta-
tive d’aucune autre matière, tels que les murs, les
corps pleins, les furfaces liffes, les (oubaffemens,6*c.
font celles où le boffage convient effentiellement;
c eft - la fa véritable place. Loin qu’on puiffe
l’y réprou ve r, on doit avouer au contraire que
cette pratique, née de la taille des pierres, &
fuggérée par l’efprit même de la conftruâion en
p ie r re , produit dans tous ces endroits un effet
aufîî vrai que vraifemblable. Les anciens, comme
on l ’a v u , nous ont tranfmis toutes fortes d’exemples
de ce g en re , & toutes les raifons qui doivent
l ’autorifer.
Par une fuite des mêmes convenances, on ne
fauroit rejettér le bojfage dans toutes les façades de
maifons, dans toutes les élévations qui ne femblent
être que des murs percés, & qui n’emportent avec
elles aucun accord d’ordonnance étrangère, aucun
mélange d’ordre. L ’extérieur des palais de Florence
eft de ce genre : fi leur monotonie fatigue la v u e ,
au moins n’y exifte-t-il aucune fauffeté dont la
raifon puiffe fe plaindre.
Dans les portiques, les arcades, les piliers, les
piédroits, enfin, dans tout ce qui ne tient que par
analogie au fyftême imitatif de la charpente, le
peut encore fe montrer, pourvu qu’un
goût économe & fobre préfide à fa diftribution.
Si les ordres y paroiffent en pilaftres, leur
mélange avec le bojfage devient une licence que l’art
tolère cependant. L ’exemple de ljmphithéâtre de
V é r o n e , que nous avons rapporté , devrost moins
fervir à l ’autorifer, qu’à faire fentir par quels
facrifices on peut acheter cette condefcendance
du goût.
t Si-tôt que l’ordre domine & joue un rôle dans
1 édifice où il fe trouve employé en colonnes , le
b°JFJge y devient un abus des plus notables. Les
colonnes ne fauroient participer aux découpures-,
de la pierre, ni obéir au caprice qui les morcelle &
les décompofe au gré du deflin général de l’appareil,
fans s’accufer elles-mêmes d’une contradition choquante
qui bleffe le fpeâateur fenfible. Les exemples
qu’on a cités de ce genre de méprife à F lorence
& au Luxembourg, fi impofans qu’ils puiffent
paroîtrè , ne fauroient jamais excufer ce mélange
incohérent de principes par eux - mêmes incompatibles.
Mais le comble du v ic e & l’excès du ridicule
dans l’emploi du bojfage, eft lorfqu’il fe trouve
exclufivement appliqué aux colonnes ; lorfque
celles-ci non plus fubordonnées à des maffes de
conftrucfion dont elles font l’ornement accefloire,
non plus dépendantes d’ un enfemble de décoration
gén é ra le , mais feules, ifo lé es , jouant l’unique &
principal rôle dans l’édifice, forment des galeries ,
des périftiles, des colonnades, fupportent des
frontons , toutes les parties du comble & tous les
membres conftitutifjs de la charpente. Rien alors
ne peut ni motiver ni rendre plaufible l ’emploi
b o s
du bojfage. La colonne alors ne préfente plus l’idée
de colonne ; elle n’eft p lus , fuivant l’expreffion
d eL an g ie r , qu’un amas de tronçons de colonnes
entafles à modules inégaux , dont l ’enfemble
grotefque n’appartenant à aucun ordre de chofes
con n u es , ne peut trouver place que dans la région
des chimères. D e ce genre font les barrières
dont on a parlé. Efpérons que ce genre vicieux
par effence, n’aura point d’imitateurs.
O n v o it-d o n c que c’eft particuliérement dans
les mafiifs, ou les pleins de Parchiteéhire, que
le bojfage peut fe développer fans offenfer les principes
de l’art. La règle la plus générale à prefcrire
pour l ’emploi judicieux qu’on en peut fa ire , dérive
de la diftin&ion bien importante que nous
avons faite des parfies de la conftruéiion où la
pierre n’eft employée que comme pie r re, d’avec
celles où .elle-eft plus ou moins représentative du
bois & de la charpente. Cette diftin&ion feula
peut régler l’admifîion ou motiver l’exclufion de
ce genre d’embelliffement. Elle nous difpenfera
d’indiquer les différentes fortes de bâtimens qui
lui font analogues. Ainfi l’on vo it que les ponts,
aqueducs , remparts, quais, foubaffemens , tours,
fortereffes, & c . admettront le bojfage , ou les refends
, félon le caraélère plus ou moins grand de
force & de folidité qu’ ils auront'befoin d’annoncer
extérieurement.
Les bojfages ou refen.ds adroitement combinés
entre eux & bien appropriés, font encore d’un
effet agréable dans les édifices. Ils en prononcent
heureufement les différentes parties, ils en diflin-
guent les maffes, ils.en fon t, fi T o n peut dire,
les teintes & les nuances. L’archîte&e intelligent
les emploie quelquefois comme une efpèce de
cou leu r , propre à corriger la froideur réfultante
de la monotonie des matériaux. Il s’en fervira pour
détacher des pilaftres, ou pour faire valoir des
parties liftés, pour varier l’effet de fes plans, le
renforcer ou le diminuer à fon g r é , faire briller
des parties & en rendre l’afpeél plus piquant, plus
fé rieu x^ plüs léger ou plus lourd, fuivant le caractère
qu’il leur imprime, ou la diftribution de
leurs comparttmêns.
On va reconnoître les différentes formes du lo f
fage par les différens noms qu’il reçoit. On dit :
Bojfage à angle19 celui q u i, étant chamfrené &
joint à un autre de pareille manière , forme un
angle droit.
Bojfage a cavtt, boffage dont la faillie eft terminée
par un cavet entre deux filets.
Bojfage à chanfrein : c’eft un bojfage dont l’arête
eft rabattue, & qui ne fe joint pas a v ec un autre,
mais qui laiffe un petit canal d’ une certaine largeur,
tel qu’on en vo it à la place Dauphine à Paris.
Bojfage à doucïne : c’eft celui dont l’ arête rabattue
eft moulée d’une douciné.
Bojfage arrondi. On appelle de ce nom celui dont
les arêtes font arrondies, comme aux bandes des
colonnes ruftiques du Luxembourg à Paris.
b o u
Bojfage continu : c’eft le nom de celui qui, dan?
l’étendue d’un mur de face , eft continué fans autre
interruption que des chambranles ou corps auxquels
il va fe terminer.
Bojfage en liaifon. Ce bojfage repréfente les carreaux
& les boutiffes, & eft féparé par des joints
montans de pareille largeur & renfoncement que
ceux de lit, comme au palais de la chancellerie
à Rome. v
Bojfage en pointe de diamant, boffage dont le parement
a quatre glacis, qui fe terminent à un point
lorfqu’il eft qùarré , & qui a une arête quand il eft
reftangle.
Bojfages mêlés : ce font des bojfages de deux différentes
hauteurs , mêlés alternativement, & qui
repréfentent les aflifes de haut & de bas appareil.
. Bojfage quarderonnè avec liftel. On appelle ainfi
celui qui reffemble à un panneau en faillie , bordé
d’un quart de ron d , & renfermé dans un liftel,
comme on en vo it aux pilaftres tofeans de la grande
galerie du Louvre.
Bojfage ravalé, eft le nom de celui qui a une
table fouillée en dedans d’une certaine profondeur,
bordée d’un liftel, & féparée d’un autre bojfage
par un canal quarré.
Bojfage ruflique , boffage qui eft arrondi , & dont
les paremens paroiffent bruts ou pointillés également
, tels qu’on en vo it à R om e , mais fur-tout
aux édifices de Florence.
Bojfage ruflique vermiculè : c’eft un bojfage qui eft
pointillé en tortillis , comme à la porte S* Martin
à Paris. ( Voye^ V ermiculè.)
Bojfages, ou pierres de refends : ce font les pierres
qui femblent excéder le nud du mur, parce que
les joints de lit en font marqués par des renfon-
cemens ou canaux quarrçs. ( Poye^ Refends.)
BOSSE y {. f. c’eft , dans le parement d’une
pierre, un petit boffage que l’ouvrier y laiffe, pour
marquer que la taille n’en eft pas toifée. I l l’ôte
après en ragréant*
Bosse de f pavé : c’eft une petite éminence
fur le parement d?un revers ou d’une chauffée de
pavé, caufée,. ou par le défaut d’affermiffement
égal de l’aire ou de la forme , ou par la pefan-
teur du charroi, qui a fait quelque flache,.
Bosse IfoNDE, ou R onde bo s se , terme de
décoration. Ç ’eft , en fculpture , un ouvrage dont
les parties ont leur véritable rondeur, & font ifolées,
comme 'les buftes, les ftatues. O n appelle
êemi-bojfe un bas-relief, dont les parties n’ent que
la moitié ou une partie de leur rondeur.
BO U CH E ,. f. f. fignifie le plus fouvent l’entrée
ou l’ouverture d’un lieu ou d’un objet quelconque,,
comme d’une carrière, d*u» puits, d ’un tu y au , & c.
Bouche de port ( ArcHiteÜ. Hydraul. ) c ’eft
* entrée .d’un port, qui eft ordinairement fermée
par une chaîne portée , d’efpace en efpace ,. fur
des piles de pierre, pour empêcher le libre accès•
7e8 vaiffeaux étrangers, & retenir ceux qui font
dans, le port..
B O U 311
B ouche : c’e f t , chez le roi & les princes, un
département compofé de plufieurs piè ce s, comme
de cuifines , offices , & c . où l’on apprête & où
l’on donne les viandes des premières tables. O n
appelle en cour ce lie u , la bouche du roi.
BO U CH E R IE , f. f. c^eft un lieu deftiné à tuer
les beftiaux & à vendre la viande. Che z les anc
ien s , il paroît que chacun de ces deux ufages
avoit un local particulier; que le lieu où l’on tuoit
h’étoit pas le même que celui où l’on vendoit :
par conséquent le mot de macellum. n’eft pas exactement
repréfenté par celui de boucherie. L e macellum
défignoit particuliérement le marché aux
viandes , aux poiffons , & autres comeftibles. C e pendant
on a traduit fouvent ce mot par celui de
boucherie; & l’on vo it q u e , fuivant l’acception
générale, cette dénomination lui convient toujours
en partie.
D ’après c e la , nous croyons pouvoir porter à
cet article , & défigner, comme des boucheries antiques
, les monumens indiqués, fur une médaille
de N é ro n , & dans l‘es plans du capitule, par le
mot de Macellum.
Le premier fut fans doute un édifice remarquable
: cela fe prouve par le foin qu’on prit de
fa mémoire , dans la médaille où l’on en voit le
frontifpice. C ’étoit auffi celui qu’on appelloit Ma-
cellam magnum. I l étoit comparable en magnificence
aux bains, au x cirques, aux amphithéâtres ÿ
& l’on y admiroit cet efprit diftinéHf de l’empire
romain, qui prodiguoit toute la m agnificence de l’art
aux plus flmples monumens d’utilité publique. O n
n’avoit épargné dans.celui-ci,. ni les colonnes , n i
les portiques, ni atfeune des autres richeffes de
Parchiteélure.
L e mot de Macellum , écrit fur le plan du capitole
, en face d’un édifice orné de colonnes, n e
permet pas de douter de fa deftination r mais fi,
l’on en rapproche la forme de celle indiquée par
la médaille dont nous avons pa rlé, on peut croire
que ce n’étoit point le même édifice : au refte ;
ce fragment de plan n’indique pas moins de grandeur
& de richeffe, dans cette forte de monumens,
que le témoignage de la .médaille. On vo it que
la façade de l’édifice eft précédée d’une colonnade y
qui régnoit auffi fur les cô té s , comme le prouvent
quatre colonnes en retou r , dont la fra&ure du
marbre à cet endroit y empêché de fuivre la continuation.
Boucherie , dans la plupart des villes modernes^
n’eft autre chofe qu’une^rue infeé fe, où les gens-
occupés du même commerce ont leurs étau x: telles-
font les boucheries de Paris , fi l ’on en excepte cependant
celle du M a rch é-n euf, qui confifte en une
grande falle à rez-de-chauffée , fur le bord de la
rivière , bâtie fous Charles I X , par Philibert d e
Lorrne.
B O U C L E , f. f. gros anneau de fer ou de bronzey.
qui fert à heurter à une porte cochère. Il y a d e
ces anneaux qui font fort r iches, qu’on orne d e