* J i B A S
BASE MUTILÉE , eft celle d’un pilaftre , qui
n’eft profilée que par les côtés , & ne l’feft point par
devant : On en voit'de cette forte aux pilaftres des.
galeries couvertes du château des Tuileries j du côté
du jardin.
BASE RUDENTÉE : bafe dont les tores font
taillés en manière de cables. On voir quelques-unes
de ces bajes dans, plufieurs monümens antiques.
BASILIQUE, f. f. Ce mot auquel l’ufage a fait
prendre fucceffivement des acceptions t! ès-différentes,
êit formé de jècttroleuv roi & d’oixoç maifon : il
fignifîe donc dans fon étymologie, maifon. roycle.
Peut-être apella-t-on ainfi les endroits publics où
les rois rendoient la jufrice ; c’eft-à-dire qu’on regar-
doit alors comme la demeure des rois celle de la
jttftice. Peut-être ce nom vient-il des faîles particulières
de leurs palais où ils jugeoient publiquement ;
c’eft à-dire qu’on aura donné à la partie le nom
du tour.
Cette portion des Palais confiftoit en de grandes
& magnifiques falles fomptueufement décorées &
capables de recevoir de nombretifes aiiemblées. C ’eft
ainfi que V itruve nous les décrit dans le' Palais des
grands dont elles faifoient encore partie de fon tems : ‘
I l d. it s 'y trouver , dit-il , des bibliothèques & des
U f . l iques , qui ayeht la magnificence qu'on voit a u x
■ édifices publics , parce que dans ces mdîfons i l j e fa i t
des affimblézs p eu r les affaires de l 'E t a t , & pour les
ju g e mens & arbitrages pa r le f quels f e terminent les
d i f e rends despa rticu lcr s . Les Gordiens, dans leur magnifique
maifon de campagne bâtie fur la voie Præ-
neftine, avoient trois bafiliques de cent pieds de long.
Il paroît donc que e’eft à la -ccnfcrmité d’ufage,
que les bafiliques■ publiques durent le nom qu’elles,
portèrent, & qui leur refta, lors même qu’il n’y eut
plus de rois qui rendirent la juftice. Parmi les édi-
•fices p«blics eompofés d'un feul corps de bâtiment,
la bafilique paroît avoir été un des' plus grands.
C ’étoit un Vafte édifice toujours contigu au forum,
( à Rome , il y en avoit autant que de marchés ) où
les magiftrats jugeoient à couvert ; ce qui les diftin- '
gtroit du forum où ils tenoient leurs féancës en plein
air. Les Tribuns ou les Centumvirs y rendoient la
juftice ; tç. les Jurifconfuîtes , ou Légiftes gagés par.
la république , y répondaient aux confultaeions. C ’eft
ce que vouloir dire Cicéron dans line lettre à Atticus :
èàjdicam habeo non v i lam frequentiâ fjrmianorum ,
parce qu’on vendit le confulter dé toutes parts à fa
maifon de campagne de Formies, Il y avoit aufli des
falles où les jeunes orateurs s’ëxerçoient à la déclamation'.
La partie des portiques inférieurs étoit occup-
pée par des marchands ; ainfi ces édifices étbient
des lieux de commerce & de judicature en. même !
tems. Rien ne répond mieux à la bafilique , quant
à l’ufage & quant au nom , à la forme près , oue ce ;
qu’on appelle à Paris, le P ala is.
fi A S
Q.qanjvà fa difpofition, nous ferons 'Voir que les
églifes' modernes nous en ont tranfmis l’imitation Ja
moins équivoque ; 3c quelques-uns de ces temples
chrétiens nous ferviront même à en expliquer les détails.
Les premiers monümens du Chriftianiftne & les
plus anciens portent, comme on le fa it , le nota da
bajilique. Ce n’eft point dans l’étymologie du mot
qudique très-analogue d’ailleurs à.fon nouvel emploi
qu’on doit rechercher la raifon de l’application qui
s’en fit alors aux temples des Chrétiens. Ce rapprochement
fortuit de l’idée de fouverai'neté , qu’il a
fuffi à quelques auteurs d’appercevoir entre les bafi-
liques anciennes & les modernes , feroit une autorité
bien foible , auprès de celles que nous fournira la
comparaifon de ces monümens, fi peu femblables
dans leurs ufages, & fi reflemblaris dans leurs formes.
C e n’eft pas, comme d’autres l’ont prétendu, que les
premiers empereurs Chrétiens- ayent fait fervir les
anciennes bafiliques à la célébration du nouveau culte;
fi cela eût é t é , nous jouirions encore de quelques-
uns de ces monümens que l’exercice du Chriftianifnie
nons eût confervés. Cependant, loin qu’on en retrouve
à Rome aucun veftige , à peine s’accorde-t-on fur
leurs emplacemens. Les plus anciennes bafiliques Chrétiennes
, & celles qui datent des premiers fiècles de
l’exercice pubîi-c de la religion , furent conftruites
exprès pour leurs ufages ; & les détails de leur archi-
tefture n’annoncent que trop clairement l’époque
de leur conftruétion. Mais ces nouveaux temples,,
comme 6n le verra , empruntèrent tant, foir de l’en-'
femble , foit de9»détails des anciennes bafiliques , qu’ils
dûrent aufli en retenir le nom. L e rapprochement de
forme , plus que celui de l’idée ou de l’ufage, devoir
le rendre commun à ces ëfpèces de moniunenct
Avant de parler des bafiliques Chrétiennes , nous
rapporterons ce quon fait des bafiliques antiques,
de leur forme, de leur conftruftion , de leur décoration
; & nous décrirons les reftes de quelques édw
fîces de ce genre que le tems nous a confervés.
Des Bafiliques Antiques.
L ’ufage des baßliques fut commun aux Grecs & aux
Romains ; mais Vitruve ne nous apprend pas les différences
qu’on y remarquoit chez ces deux Peuples.
On inférerait même de fon récit qu’il ne devoir s’y
en trouver aucune. Après avoir fait obferver les dit-
femblances de forme & de conftruftion entre le forum
des deux nations, il pafle, fans aucune diftinëticn, &
la defeription de la bafilique,
Si la forme, particulière d’ un édifice de là ville de
Pæftum , ne permet pas de le ranger au nombre des
temples, & fi l’on doit, rejetter, comme évidemment
faillies, les conjecturés d’un écrivain Italien (il P*
Pauli) qui a voulu rapporter aux anciens Tofcans lés
monurhens de cettë v ille , & qui a cru trouver dans
l’édifi'ce en queftion l'Atrium des Etrufques, peut-
être ne feroit-il pas invraifemblable d’y voir une baf-
lique grecque. (V o y ë£ Pcefitimf II eft vrai que ïft
B A S
jjfpoJtion n'auroit de commun avec celle déterminée
par Vitriive, que la proportion qu’indique cet écrivain,
pour le rapport de la largeur à la longueur,
L’efpace qu’occupe ce monument a , en longueur,
le double de fa largeur. Il eft environné d’un rang de •
colonnes, au nombre de neuf, dans chacune de fes.
faces, & de dix-huit dans chaque a ile , en y comprenant
les. colonnes des angles. Cette difpofition de
neuf colonnes dans1 les frontifpicés, la feulé que l’on
connoiflede ce genre, indique aflez par la colonne qui
fe trouve dans le milieu, que cetté partie n’écoit pas
deftinée à férvir d’entrée : ce qui le prouve encore, c’eft
que les -entre-colonnemens des façades font beaucoup
plus étroits que ceux des ailes, les premiers ayant à
pei'>e un diamètre. T ou t indique que cet édifice n’a-
voit point d’entrée principale; mais qu’il étoit ouvert
de toutes parts, pour la circulation facile du peuple.
On n’y a point trouvé de Cella ou de mur intérieur ;
ce qui le diftingue particulièrement des temples. Du
moins les petites indications de mur dont on a reconnu
les vefHges, par les fouilles, loin de faire préfumer
l’exifiencevde la Cella, annoncent par le peu d’épaif-
feur & la foiblefle de leur conftrudHon, qu’elle n’ é-
toient deftinées qu’à foutenir le plan élevé qu’on remarque
au milieu de l’édifice.
Neuf colonnes, cçmnie on l’a v u , ornent fon fron-
tifpiee. De ce nombre impair il réfulte qu’une en
occupe le milieu. A la rencontre de celle-ci s’aligne une
file de colonnes qui partage en deux parties égales
toute la longueur de l’édifice. A u tour deces colonnes
intérieures, le terrain eft plus élevé. Cette efpèce d.’ef-
trade formoit probablement un lieu réfèrvé pour les
principaux citoyens ou peut-être pour les magiftrats.
On a trouvé que le pavé de .cet endroit étoit décoré
avec quelque recherche ; ' les molaïques qn’on y a
découvertes en font la preuve. Cette rangée de colonnes
qui indique que l’entrée de l’édifice étoit furies
flancs,a donné lieu d’y obferver une autre particularité :
c’eft que le tout fe terminoit par une terrafTe dont les
colonnes du milieu foutenoient la portée : beaucoup
d’autres indications le donnent à péri fer. ( V o y . au mot
Pxjlum, la defeription- plus détaillée de ce monument).
Nous en avons dit aflez pour faire voir qu’il n’a aucun .
rapport de forme & de difpofition avec les templesi
Nous ferons voir au mot Dorique que fon goût d’ar-
chitefture ne fauroit fe rapporter aux Tofcans; & que
la conjecture qui attnbueroit cet édifice aux Etruf-
ques eft deftituée de fondement. Puis donc qu’on ne
fauroit y voir un temple ni un atrium, l’opinion de
ceux qui y trouvent une bafilique grecque fembleroit
la plus vraifemblable. Du moins cette conjeélure eft
ce ^u’on peut offrir de plus probable fur la nature
de ceite efpèce de monümens chez les Grecs.
Si fa difpofition ne s’accorde pas avec les règles que
vitruve aflïgne à la bafilique, on peut répondre que
cec archiçefte lui-même<aje les fuivit pas dans celle
qu il bâtit à Fano, à enr juger d’ après fa propre def- I
Çnption. Il paroît aufli par d’autres édifices du même |
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genre dont on donnera lé détail, que les formes 2c
l ’ordonnance n’en e'toiént point aufli fixes que fern-
bl'ent l’indiquer les règles de Vicmve. Les vo».ci cependant'
telles qu’il nous les a tranfmifes.
« L a bafilique que l’on fait contiguë au fornn ou place
publique, doit être fituée dans l’expoficion la plus
chaude , afin que les commerçans qui la fréquentent
pendant l ’hiver , y reflentent moins les incommodités
de la.faifon. «
e« Sa proportion générale confifte à h’avoii'janrais en
largeur moins de fa troifiéme partie de fa longueur ,•
, ni plus.de la moitié, à moins que le lieu ne permette
point d’y obferver ces dimenfions. Si l'efpace deftiné-
a l’édifice a plus de longueur, on pratique aux extrémités,
des Chàlcidiques ; il y en avoit ainfi à la Bajilique
Julia Aquili ma
« Les colonn^ ont en. hauteur la largeur des portiques
ou bas-côtés ; & ceux-ci o n t , en largeur, le tiers-
de celle de l’efpace du milieu ou de la grande nef.
Les colonnes du fécond ordre doivent être plus petites
que celle d’en-bas, par la raifon naturelle qui veut
que les objets diminuent de volume en raifon de leur
élévation. Le fécond ordre fera pofé fur un piédefinal
continu qui forme appui (Pltiteus) , ou baluf*
trade aflez Oevée, pour empêcher ceux qui font dans
les galeries hautes d’être vus par les marchands qui
occupent la partie inférieure. Quant aux architraves,
aux frifes 3c aux corniches, elles auront lés propor-'
rions qu’on leur donne dans les autres édifices. »
. Les bafiliques , comme ajoute V itru v e , & ainfi
qu’on peut le voir , étoient fufceptibles de toute la
irrajefté & de toute la beauté de l’architecture. C ’étoit
donc une vafte falle , de forme longue, diftribuie
en plufieurs allées , dont celle du milieu étoi1- toujours
la plus large. D ’après Vitruve^ il femble que la grande
nef n’ étoit accompagnée que d’une feule aile , ou rano-
de bas-côtés. C ’eft ainfi que nous la repréfentent cous
ceux qui en ont refticué le plan d’après fa defeription
: cependant le plan de Rome, levé fous Septirne
Sévère, nous fait-voir, parmi les fragmens qui s’en,
font confervés, une partie de-la bafi’ique Emiîienne.
D ’après cette indication très authentique , on trouve
qu’elle avoit deux rangs de colonnes de chaque côté,
ce qui dévoie donner peux rangs de bas-côtés , en y
fuppofant un mur extérieur. Mais ce refte précieux,,
dont l’autorité nïeft point fufpe&ë, donne encore à
douter fi les bafiliques étoient entourées de murs , ou
fi leurs galeries ouvertes de toutes parts commuai-,
quoient à la place publique. On a vu que la courte
defeription d,e Vitruve n’explique rien à cet égard..
Peut-être pourroit - on foupçonner qu’elles écoiene
ouvertes, d’après ce qu’il recommandé relativement à
la chaleur de leurs expofitions; cependant prefaue tous
les interprètes de l’écrivain R omain, dans les figures
qu’ ils ont données de la bafilique, d’après les paroles de
cet auteur, en font un vafte édifice environné de murs.
Perrault eft le ft.ul qui ait percé par des arcades ou?
vertes fes mu »s extérieurs ; & en cela , il fe raproçhe