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timent jufie & profond des formes effentielles
& des habitudes de lam e ? C ’eft que l’artifte facrifie
fon art & fa gloire au plaifir designorans, & à celui
d’une réputation momentanée. C ’eft que pour
plaire à fes contemporains il pré fè re , dans fes
bußes, l’expreffion fuperficielle de l’efprit à l’im-
preflion profonde de Tarne. C ’eft qu’il n’a pas
étudié chez les anciens le fyftême de leurs portraits
, ou que le connoiflant il s’eft trop perfuadé
qu’ il ne pouvoit être applicable au genre de nos
phyfionomies & à la nature de nos coftumes.
Quant à m o i , je penfe qu’il eft plus ailé qu’on
ne le croit, de re v en ir , dans ce genre , à ce fyftême
oublié qui donneroit de la gravité aux repréfen-
tations de nos grands hommes & de tous ceux
. dont les traits pourront intèreffer la poftérité. Les
repréfentations en büße font plus fa c ile s , moins
difpendieufes, & par .cela même beaucoup plus
communes que celles des ftatues. * O n ne fauroit
trop f prendre foin de ce genre de fculpture. L ’intérêt
de notre gloire s’y trouve particuliérement
attaché. Pourqu oi, dans tous les lieux qu’on veut
orner de ces repréfentations économiques des
grands hommes, ne reviendroit-on pas à l’ufage
grec des bußes en hermes ou en termes ? Rien de
plus fim p le , de plus fage & de plus avantageux
que ce n y te . Toutes les faces du terme offri-
lô ien t un vafte champ aux infcriptions qui pour-
roient joindre l’hiftoire morale de l’homme à
l ’hiftoire matérielle de fa perfonne ; un grand
nombre d'hermes antiques nous offrent cet ufage à imiter.
. Les bußes en hermes peuvent de ven ir , comme
©n le v o i t , un objet de décoration , tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur des édifices. Mais cette manière
n’a pas encore été jufqu’à préfent employée
par les modernes.
O n ne connoît que trois méthodes ufitées dans
l’emploi qu’ils ont fait des bußes à cet objet.
La première eft de placer les bußes fur des
gaines , efpèce de fupport qui tire fon oiigine
des te rm e s , mais q u i , fans l’union effentielle
a v ec le büße, telle q u e lle étoit ch ez les anciens,
ne préfente plus à l’oeil qu’une forme allez bi-
fa r r e , que l’ habitude feule peut faire to lé re r ,
puifque le foible y fupporte le fort. C ’eft certainement
un v ice pour tout objet dont le but effen-
tiel eft d’en fupporter un autre ; & l’on ne peut
ic i l’excufer par les raifonsqui motivè rent, comme
on l’a dit plus h a u t , la formation des termes ou
hermes.
La fécondé manière eft d’employer les confoles
au fupport des buftes. Alors ils font acjoffés aux
murs. O n retrouve ce genre de décoration affez
fréquent en Italie & dans plufieurs anciens palais
de France. S c e au x , C h a n tilly , V e r fa ille s , Fontainebleau
nous offrent des exemples de cette efpèce.
Le büße alors n’eft regardé que comme objet
«Tornemem, puifque la hauteur à laquelle il eft
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élevé empêche fouvent d’en diftinguer les traits'
A u fli font-ce , pour la plupart, des bujles antiques
ou des têtes idéales.
O n place aufli les bujles dans des fiiches rondes
ou o v a le s , proportionnées à leur grandeur.Telles
font les niches pratiquées dans le panthéon, mjj
contiennent les effigies de Raphaël & de Car-
rache & de plufieurs autres grands hommes. Le
fupport immédiat des bujles modernes eft ce que l’on
' appelle le piédouche ( voyes^ ce mot ) , dont il ne
paroît pas qu’on ait jamais retrouvé la forme
chez les anciens.
BU S TU M étoit l’endroit du champ dé Mars,
dans lequel on brûla le corps d’Augufte , &
dans la fuite ceux de plufieurs ’ .empereurs &
princes. Strabon dit qu’ il étoit placé au milieu
du champ de M a rs , & qu’il étoit fait de pierres
franches, qu’une grille l’entouroit, & qu’il étoit
planté d’arbres. ( FoyeçUsTRiNUM ) .
B U T T É E , f. f. ( Conjlruiïion ). Il paroît que ce
mot vient de b u t te , qui fignifie une élévation
de terre , un monticule.
Une butte étant ordinairement pyramidale, cette
forme , qui eft la plus folide , a fait donner le nom
de buttée à toutes les parties d’un édifice qui ont
un effort latéral ^R>utenir. A in f i , dans toute forte
de conftruéfion, il fe fait deux genres d’efforts:
l’un vertical ou d’à-plomb , qui exige des fondent
ens folides , & l’autre latéral, auquel il faut op*
pofer des buttées fufîifantes. Un édifice quelconque
en bois ou en que rre, voûté ou non voûté, eô
capable d’éprouver des efforts latéraux : un maffif
même a befoin d’être fortifié par un talus.
On forme les buttées a vec des malfifs de maçonnerie
, des contreforts, des arcs ou piliers
buttans, des talus, des chaînes de f e r , & c . ( Voyt\
ces mots ).
Les étaiemens font des buttées provifionnelles,'
qu’on eft fouvent obligé d’oppofer aux efforts latéraux
d’un édifice qui menace ruine.
Un édifice conftruit félon toutes les règles de
l’a r t , qui n’auroit ni v o û te s , ni autres conftruc*
tions capables de produire des efforts latéraux,
peut encore avoir quelquefois befoin de buttée t
pour obvier au taflement inégal du f o l , des ma?*
tériaux & des conftruélions. En général le moindre
déplacement du centre de gravité d’un édifice
occafionné par un effet quelconque , produit un
effort latéral, qui exige une buttée.
La forme & les dimenfions qu’il faut donner
aux buttées dépendent des efforts qu’elles ont à
foutenir ; c’eft pourquoi nous renvoyons au mot
Poussée la manière de les déterminer ( Voye% aujjl
Ef fo r t latéral ).
B U T T E R , v . aft. ( Canjlru&ion ) C ’eft oppofer
aux efforts latéraux d’une partie d’édifice une buttée
fuffi ante.
On a mal défini ce mot dans le premier dictionnaire
encyclopédique, en difant que cefi
B U T
U moyen fu n arc ou pilier buttant contrelenir ou
empêcher la pouffée' d’un mur. Un mur eft fait pour
renfler à la pouffée , & jamais pour l’occafionner.
C’eft pourquoi il a befoin, dans certaines circonf-
tances, d’être foutenu. Ainft on devoir dire : c’ejl
par le moyen d ’un arc ou pilier buttant, empêcher
B Y Z î $i
la poujfée d*une voûte ou l’écartement d'un mur. T o u s
ceux qui ont copié le dictionnaire de D a v ile r ,
tels que C o rn e ille , Roland , le V ir lo y s , Blondel
, & c . ont fait la même faute.
B Y Z A N T IU M , By fan ce { Voyc\ C onstant
TINOPLE )%